A l’OTAN, la Turquie maîtresse du jeu

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Aujourd’hui, un pays est l’objet de toutes les attentions à l’OTAN, et c’est la Turquie. Cette situation, partout perceptible dans les entretiens de couloir, dans les tractations bureaucratiques, etc., est la rançon de l’extraordinaire mélange de désarroi, d’impuissance et d’illusions caractérisant les positions des pays américanistes-occidentalistes, USA au premier rang, contrastant avec la politique turque qui se ménage des ouvertures dans toutes les directions, n’est entravée par aucune alliance contre nature ou idéologique, apprécie la situation d’un point de vue à la fois réaliste et équilibrée… Aujourd’hui, la Turquie est sans doute le pays le plus “gaulliste” de l’ensemble atlantico-euro-moyen-oriental, à la fois par sa liberté d’action et par son jugement des situations que n’embarrasse aucune lourdeur idéologique ni le moindre conformisme de jugement. (Tant pis pour la France, pays que tout désignait pour ce rôle, qui suit une diplomatie de l’instinct le plus bas, du désordre des intérêts électoraux immédiats, de l’intoxication de l’esprit par les élites intellectuelles les plus catastrophiques qu’elle ait connues dans son histoire, pourtant fort riche à cet égard.)

La Turquie est le seul pays de l’OTAN qui maintient des relations avec la Libye de Kadhafi sans rien s’interdire de la moindre évolution à l’égard des anti-Kadhafi. On connaît les liens de la Turquie avec la “nouvelle” Egypte, et l’on retient le fait que la Turquie est le seul pays de l’OTAN qui traite Israël d’une façon équitable par rapport aux agissements de la clique au pouvoir à Tel Aviv. La Turquie a également une position très intéressante vis-à-vis de la crise Arabie-Bahreïn, point de friction sans aucun doute encore plus grave que la crise de Libye ; elle a de bonnes relations avec les deux royaumes, mais aussi avec l’Iran dont on craint l’intervention au côté des communautés chiites dans les deux pays, qui sont l’objet des attaques des deux gouvernements.

(Ambrose Evans Pritchard écrit le 16 mars 2011, après les premières attaques de répression contre les contestataires chiites à Manama : «The risk group Exclusive Analysis said such heavy-handed methods may provoke Iran to launch a proxy war by arming insurgents. This could rapidly cross the border, fuelling Shia irredentism in Saudi Arabia's Eastern Province. Any threat to Saudi control over the 5m bpd Ghawar oil field nearby would be a global “game-changer”. “Much worse headlines can easily be imagined,” said Raza Agha from RBS…»)

En d’autres mots, si l’OTAN veut jouer un rôle autre que celui d’agiter d’inutiles menaces militaires contre l’un ou l’autre (“inutiles”, puisque suivies d’aucun effet par manque de moyens), elle sera obligée de s’appuyer sur les bons offices de la Turquie. Ce constat vaut d’ailleurs aussi bien pour les pays européens eux-mêmes, qui tiennent un rôle soit inexistant, soit à contretemps et déstabilisateur, vis-à-vis des diverses crises en cours. La Turquie est aujourd’hui le seul “pont” existant entre le monde américaniste-occidentaliste plongé dans le désarroi et l’impuissance et le monde arabe et moyen-oriental plongé dans un immense bouleversement.


Mis en ligne le 17 mars 2011 à 13H34

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