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Article : Une situation hors de contrôle et sa fatalité tragique

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"Une situation hors de contrôle et sa fatalité tragique"

Bert

  31/01/2007

Bonjour

Une réaction à votre article ci-dessus.

Je m’interroge sur la nature d’une “attaque” contre l’Iran, si l’on retient la possiblité effective d’une telle action.

L’Iran, à tout point de vue, ne correspond pas aux récents précédents en matière d’intervention militaire.
Tout d’abord, contrairement à l’Irak, et même à l’Afghanistan, l’Iran est géographiquement un très grand pays, aux caractéristiques variées: De très longues zones côtières, au nord comme au sud, d’importantes chaînes de montagne, des déserts, de grands centres urbains, tout cela répartis sur une surface extrêmement importante. Militairement, cela rendrait donc ce pays extrêmement difficile à occuper, et permettrait de développer d’importantes stratégies de défense.
L’offensive en Irak reposait sur des routes stratégiques préexistantes, des axes routiers parfaitement adaptés et sur moins de mille kilomètres. Celle contre l’Afghanistan ne concernait que quatre ou cinq centres urbains, et une poignée de points stratégiques.

Militairement, l’Iran est loin de la situation afghane ou irakienne. Dans ces deux cas, force est de constater qu’il n’y avait aucune sérieuse opposition militaire aux interventions extérieures. Ceux que l’on appelait les “talibans” étaient peu nombreux et faiblement armés. Quant à l’armée irakienne, elle était totalement désorganisée, sans armement lourd (mise à part quelques chars et artillerie hors d’âge)et sans aucune volonté de combattre.

Enfin, la population afghane était dans l’ensemble, sinon désireuse de voir des forces étrangères intervenir, du moins indifférentes au combat. En Irak, il y eut carrément une grande part de collaboration, au moins avec le nord, et de neutralité effective au sud. Une situation difficile à imaginer en Iran.

Relativement à ces trois aspects, je m’interroge d’une part sur ce que pourrait être une intervention militaire en Iran, qui concernerait en premier lieu les Etats-Unis, et peut être avec l’active aide d’Israel, voire de certains pays européens, et d’autre part sur les buts poursuivis.

Tout d’abord, il m’apparaît que les USA, avec ou sans coopération, ne pourraient occuper l’Iran, sinon quelques points très ciblés et difficile à défendre. Seule une campagne de bombardement plus ou moins longue me paraît envisageable, avec les conséquences tactiques et stratégiques que l’on connait, notamment quant à l’innefficacité à court et long terme d’offensives uniquement basées sur de telles actions.
Si les buts de guerre concernent uniquement la destruction de la capacité nucléaire de l’Iran, il est peut être envisageable pour les USA et leurs éventuels alliés de réussir, au moins sur le moyen terme, à atteindre leurs objectifs.
Mais tout autre option me paraît difficilement envisageable.

Et l'Europe dans tout ça....∫

swisswatch

  31/01/2007

Je ne suis toujours pas d’accord avec votre opinion que l’Europe “suit” les USA.
Je pense que dans bien des capitales le l’Union les responsables qui s’intéressent à la géopolitique se frottent les mains de plaisir. Les problèmes posés par l’occupation de l’Iraq ne sont qu’une épine dans le pied pour la force militaire US. Si l’Army et les Marines en subissent la peine (disons grosso-modo 30 000 “casualities”) l’aviation et la Navy sont intactes. L’administration US sait qu’elles les a en son entière disposition, les européens aussi le savent.
Que pourrait-il se passer de plus profitable pour les européens que l’implication de ce qui représente le reste de la suprématie militaire US dans un nouveau conflit qui paralyserait l’ensemble des forces US?
Pour appuyer ma thèse, je me réfère au silence, tant des politiques que des médias en Europe concernant ce sujet qui devrait être sur toutes les bouches: “Les USA vont-ils attaquer l’Iran?”
Si les européens se taisent, ce n’est pas à mon avis par suivisve ou couardise mais bien plutôt pour ne rien faire qui empêche l’épine de se transformer en pieu.

Vue des Etats-Unis

Dantiste

  03/02/2007

Que l’emballement des déséquilibres économiques entraîne une fuite en avant expansionniste des Etats-Unis, c’est un point de vue confirmé par l’histoire. Les USA ont été assez malins en armant l’Irak pour entretenir la faiblesse militaire de l’Iran. Qui plus est, ceci est révolu, et la méfiance envers cette pratique politique est fortement amplifiée, suffisamment pour que le monde des affaires dépasse les intérêts des quelques multinationales, tirées par la tendance néoconservatrice qui occupe la Maison Blanche. Aujourd’hui, il ne serait pas insensé de prévoir un nouveau centre de convergences géostratégiques circonscrit par la Russie, la Chine, l’Inde et la Caucase d’ici trois décennies. Une région présicément où les états-Unis ont manqué de savoir-faire pour s’y imposer.

Que le Sénat américain, devenu démocrate, autorise une telle agression, et le recul de la position américaine, tel que vécu lors du conflit du Sud-est asiatique, sera amplifié comme jamais connu auparavant. Les USA précipiteraient leur régression sur la scène internationale bien plus vite que ne l’a prédit l’ancien gouverneur de la BCE.

Il ne faisait pas bon être américain hors les murs occidentaux jusque dans les années 80, et les décideurs de tous bords de ce pays s’en souviennent avec douleur.