jc
09/10/2019
Je viens de (re?)parcourir "Les fissures dans la Grande Muraille", chapitre XXV de "Le règne de la quantité..." avec une autre idée en tête. Mais, à la lecture de cet article, je ne peux m'empêcher de souligner la juxtaposition:
PhG: "Nous sommes entrés dans une séquence de dynamique de déstructuration maximale, dans le cadre d’une structuration qui est comme une prison empêchant les promoteurs et acteurs de la chose de sortir de cette dynamique, encore moins de la stopper."
RG: "Quelque loin qu’ait pu être poussée la « solidification » du monde sensible, elle ne peut jamais être telle que celui-ci soit réellement un « système clos » comme le croient les matérialistes ; elle a d’ailleurs des limites imposées par la nature même des choses, et plus elle approche de ces limites, plus l’état qu’elle représente est instable ; en fait, comme nous l’avons vu, le point correspondant à ce maximum de « solidité » est déjà dépassé, et cette apparence de « système clos » ne peut maintenant que devenir de plus en plus illusoire et inadéquate à la réalité."
René Guénon, bien que s'exprimant ci-après en termes plutôt elliptiques, est optimiste:
RG: "Du reste, en réalité, une muraille n’est pas fermée par le haut et, par conséquent, n’empêche pas la communication avec les domaines supérieurs, et ceci correspond à l’état normal des choses ; à l’époque moderne, c’est la « coquille » sans issue construite par le matérialisme qui a fermé cette communication. Or, comme nous l’avons dit, la « descente » n’étant pas encore achevée, cette « coquille » ne peut que subsister intacte par le haut, c’est-à-dire du côté où précisément le monde n’a pas besoin de protection et ne peut au contraire que recevoir des influences bénéfiques ; les « fissures » ne se produisent que par le bas, donc dans la véritable muraille protectrice elle-même (...)"
Pour tenter de lever l'ellipticité de la citation précédente, c'est le moment d'expérimenter une fois encore le principe analogique thomien:
RT: "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés (...)".
L'analogie corps humain/corps social permet de faire l'analogie entre le haut de la coquille guénonienne et la lignée germinale en embryologie, les "fissures" ne se produisant que dans la lignée somatique.
Il est clair pour moi que l'organisation du corps-âme humain est grandement supérieure à celle de nos sociétés actuelles. Je me suis amusé jadis sur ce site à noter thomiennement les organisations rencontrées dans la nature à l'aide de leur supposée catastrophe thomienne organisatrice, et je verrais bien la catastrophe "ombilic parabolique" organisatrice minimale du corps-âme humain et la catastrophe fronce comme, au mieux, organisatrice des "corps sociaux" actuels du monde des humains. Si on note la complexité d'une catastrophe par son nombre total de variables -un amusement- (le pli noté 2, la fronce 3, la queue d'aronde 4, le papillon et les ombilics elliptique et hyperbolique 5, l'ombilic parabolique 6), alors les corps sociaux" du monde actuel sont notés au mieux 3. Verdict pour les "corps sociaux": peuvent mieux faire.
Pour améliorer les choses il serait peut-être bon d'essayer d'être intelligent "à la Thom", c'est-à-dire d'essayer de se glisser soi-même dans la peau d'un "corps social" et d'en tirer les conséquences. Vers des constitutions embryologiques pour remplacer celles écrites sur un coin de table?
Dans son article "Thèmes de Holton et apories fondatrices" (AL), Thom compare les apories fondatrices de la Biologie et de la Sociologie en des termes pratiquement identiques:
- "Biologie. Aporie essentielle: expliquer la stabilité de la forme spatiale des être vivants et ce, en dépit du "turn over" constant des molécules qui les constituent."
- "Sociologie. Ici, c'est l'opposition entre la permanence de la société -en particulier la structure du pouvoir- et la fluence continuelle des individus qui fait problème."
Et, dans "Révolutions, catastrophes sociales?" (AL), Thom s'efforce "d'établir qu'aucune société stable ne peut exister sans une certaine forme de pouvoir sémiotique."
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