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Article : Un bonus trop loin, – pour Wall Street ou pour BHO?

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Stephane Eybert

  18/03/2009

C’est pas plutot Eichman qui parlait des victimes de la Shoah comme d’une statistique..?

Dernières nouvelles à propos d' AIG, selon le Figaro 18 Mars 2009

CMLFdA

  18/03/2009

Le Trésor américain va procéder à la liquidation d’AIG
18/03/2009

Des politiciens estimaient déjà qu’il fallait purement et simplement laisser tomber l’assureur, jugeant le plan de soutien extravagant pour une société qui a commis de telles folies.
Après le tollé provoqué par les bonus versés à des salariés d’AIG, le Trésor américain lâche l’assureur et annonce sa liquidation «de manière ordonnée». AIG devra rembourser l’intégralité des primes controversées.

L’espoir d’un redressement d’AIG prend fin. La récente révélation des 165 millions de dollars de bonus aux responsables de la filiale financière londonienne de l’assureur, à l’origine de l’énorme perte de la société, a provoqué un tollé aux Etats-Unis. La colère de l’opinion publique a poussé l’administration américaine à jeter l’éponge. Dans une lettre adressée à la présidente démocrate de la Chambre des Représentants Nancy Pelosi, le Trésor américain indique travailler «sur des mesures pour liquider AIG de manière ordonnée et pour protéger le contribuable américain», assurant que «tous les moyens responsables pour accélérer cette liquidation» seront mis en œuvre.

Timothy Geithner, secrétaire au Trésor, a précisé qu’AIG devra rembourser l’intégralité des primes controversées. Les fonds supplémentaires que doit lui verser l’Etat, d’un montant de 30 milliards de dollars, seront amputés d’une somme équivalente. Il a demandé au PDG Edward M. Liddy, qui a pris les rênes du groupe après la première intervention de l’Etat en septembre, de supprimer «les centaines de millions de dollars» de primes encore dues par le groupe.

Le Washington Post indique qu’Edward Liddy a reconnu que de grosses «erreurs» avaient été commises au sein de la société, «et à une échelle que peu de gens auraient pu imaginer». Parmi ces erreurs figurent l’attribution des primes. Il précise que s’il avait été aux commandes à cette époque, il n’aurait «jamais approuvé ces contrats de versement d’énormes bonus pour retenir des cadres mis en place il y a un an. C’était détestable d’effectuer ces paiements». Mais le groupe n’avait d’autre choix que de verser ces primes «déplaisantes».

Les contribuables «doivent savoir qu’AIG a un plan pour rendre l’argent au gouvernement et que nous faisons des progrès,» affirme le PDG. Timothy Geithner fait l’objet de nombreuses critiques concernant sa gestion du dossier et ne peut guère se défausser sur l’ancienne administration, étant donné le rôle qu’il a lui-même joué dans le sauvetage d’AIG et de Citigroup.

Un sauvetage très critiqué

L’Etat Fédéral avait mis des moyens colossaux afin d’essayer de sauver AIG, craignant l’impact désastreux qu’aurait eu une faillite de l’ex-numéro un mondial de l’assurance sur le système financier et sur l’économie mondiale. AIG avait ainsi bénéficié de quatre plans successifs d’aide de l’Etat dont le montant cumulé avoisine les 180 milliards de dollars. En échange, le gouvernement américain est monté à près de 80% du capital de la compagnie. Cette dernière avait procédé à des cessions d’actifs afin de commencer à rembourser ces aides.

Des politiciens estimaient déjà qu’il fallait purement et simplement laisser tomber l’assureur, jugeant le plan de soutien extravagant pour une société qui a commis de telles folies. Mais la façon dont American International Group a géré l’après-sauvetage a fini par écœurer l’opinion publique américaine. En septembre, l’assureur avait maintenu un séminaire dans un hôtel de luxe californien pour ses employés et clients. Après l’affaire des bonus, des sénateurs américains étudiaient même un projet de loi visant à sanctionner fiscalement AIG et d’autres sociétés qui ont bénéficié de fonds publics et qui ont récompensé leurs cadres dirigeants.

Les commentaires de la Chronique Agora, conseillers en investissements

CMLFdA

  18/03/2009

QUAND LE BOOKMAKER PART AVEC LA MISE DE CEUX QUI N’ONT PAS PARIE

** L’affaire des bonus que se sont attribués les hauts dirigeants d’AIG n’a pas fini de faire couler de l’encre (mélangée aux acides les plus corrosifs). Aucun chroniqueur ne trouve de mots assez durs pour condamner les “récompenses” contractuelles allouées aux fossoyeurs de l’assureur, lesquelles devraient théoriquement être réglées rubis sur l’ongle par le contribuable.

Le président des Etats-Unis monte à son tour au créneau et demande à Edward Liddy—le nouveau CEO d’AIG qui sera entendu mercredi devant une sous-commission de la Chambre des représentants—de renoncer aux émoluments récemment négociées avec Timothy Geithner. La prime de départ était en effet de 450 millions de dollars ; elle a ensuite été divisée par trois, en espérant peut-être que ce “sacrifice” consenti par les 400 bénéficiaires rende l’opération plus acceptable.

Elle ne l’est apparemment pas aux yeux d’un sénateur républicain du nom de Charles Grassley qui leur propose l’alternative suivante : “démissionner ou se suicider”. Le suicide se pratique au Japon lorsque le déshonneur est immense, a-t-il précisé dans une autre partie de l’interview qu’il a accordée à WMT, une station de radio de Cedar Rapids dans l’Iowa, l’état dont il est le représentant au Congrès.

Cela peut vous apparaître un peu radical… mais peut-être pas autant que cela. Attendez de connaître la suite : vous constaterez que même Madoff n’aurait pas osé aller aussi loin dans le dynamitage de l’entreprise AIG. La pyramide de Ponzi n’est que la version 1.0 d’un inexorable désastre financier, lequel en était au stade 5.2 chez l’assureur.

** Ce que vous savez—et que nous supposions sans pouvoir l’écrire—du dossier AIG et des effroyables erreurs commises ces dernières années n’était que parcellaire. De nombreuses zones d’ombre du dossier commencent seulement à s’éclairer, les contours de certaines opérations demeurent flous, mais nous commençons à deviner le fin mot de l’histoire.

Dans les révélations publiées ce week-end—avec la liste des noms des banques partenaires—, il apparaît qu’une bonne partie de l’aide publique a été utilisée pour “satisfaire des obligations envers des contreparties financières liées à des opérations de prêt d’obligations”.

Hem ! Rien que de très anodin en apparence. Cependant, cette phrase laconique expliquerait une perte de plus de 50 milliards de dollars qui n’a apparemment rien à voir avec une activité classique d’assureur de crédit qui aurait pris de plein fouet une vague de demandes de versement des garanties associées aux CDS avec l’éclatement de la bulle des subprime.

Ce n’était certes pas le coeur de métier d’AIG ; l’affaire aurait pu en rester au stade d’une diversification qui aurait très, très mal tourné mais nous découvrons maintenant qu’en plus d’une totale—et impardonnable—mésestimation du risque encouru, AIG aurait de surcroît endossé la veste de bookmaker sur le marché obligataire. L’assureur aurait en effet mis en oeuvre des stratégies d’emprunts de titres ainsi que de ventes à découvert d’énormes lignes obligataires.

Le but théorique pouvait être de couvrir les CDS en shortant les emprunts sous-jacents. Cependant, dans la plupart des cas, les fameux CDS avaient été achetés par de purs spéculateurs misant—à juste raison—sur l’effondrement de la bulle du crédit. L’assureur n’avait tout simplement aucune position identifiable en sous-jacent (comme un emprunt General Motors ou Citigroup) à protéger.

L’acheteur du CDS (ou autre contrat de couverture) ne risquait au fond que la prime payée, ce qui, dans le climat de confiance excessive de 2004 à 2007, devenait dérisoire. Jusqu’à ce que le temps se gâte ! Sentant le vent tourner, AIG ne s’est pas contenté de provisionner les pertes potentielles. Les dirigeants se sont aussi mis en tête de les neutraliser par le biais de prises de position hautement spéculatives—à la baisse—sur les marchés obligataires.

Vous connaissez l’aphorisme “ça marche sur le papier, ça ne fonctionnera jamais en pratique”. Eh bien, AIG s’est payé le luxe de constater qu’il n’y a guère d’exception à cette règle. Pour protéger des milliards d’encours de CDS adossés à... rien, les traders de la filiale londonienne ont vendu des tombereaux de lignes d’obligations empruntées—c’est là le clou du spectacle—à ceux-là même auxquels ils devaient verser la prime des CDS !

Contrairement aux attentes des fins stratèges d’AIG, la plupart des lignes shortées n’ont pas perdu de valeur. Elles se sont au contraire envolées l’automne dernier en plein cyclone boursier… comme de simples bons du Trésor bénéficiant d’un phénomène de fuite vers la qualité !

Ils ont fichtrement mal choisi leurs cibles car il existe un grand nombre d’émissions obligataires qui se portent très mal. Encore faut-il qu’il y ait une liquidité suffisante pour pouvoir les vendre et les racheter. Et lorsque l’on pèse 50 milliards de dollars, il devient difficile de trouver une contrepartie suffisante… sauf sur les bons du Trésor !

** Parmi les produits obligataires qui se portent de plus en plus mal, il y a les émissions adossées aux cartes de crédit. Les annonces de retard de paiements se multiplient, et pas seulement chez American Express.

Le numéro un américain constate que le taux de défauts sur les cartes de crédit est au plus haut depuis 20 ans avec à une moyenne de 8,7% (contre 8,3% en janvier).

Son principal concurrent, Citigroup, l’un des principaux émetteurs de MasterCard, avoue un taux de défauts de paiement record de 9,33% en février, contre 6,95% en janvier.

JP Morgan Chase et Capital One ont également annoncé une hausse des pertes constatées sur les cartes de crédit ; cependant, mais les analystes s’attendaient à pire, c’est-à-dire à un taux compris entre 9% et 10%, contre 6% à 7% fin 2008. Dans l’hypothèse d’un taux de défaut de 10%, les pertes pourraient atteindre au total entre 70 et 75 milliards de dollars.

** Les hypothèses les plus pessimistes pourraient cependant être court-circuitées par une embellie dans le secteur immobilier. De l’avis de la plupart des économistes, aucune perspective de rebond du PIB, aucune stabilisation du bilan des banques n’est envisageable si le nombre de transactions et le prix de maisons continuent de s’effondrer comme cela se passe aux Etats-Unis depuis octobre dernier.

La série noire pourrait s’être enrayée au mois de février avec des mises en chantier qui ont grimpé de 22,2%, pour atteindre 583 000 en rythme annualisé. Le mois de janvier avait quant à lui été marqué par une nouvelle contraction de -14,5%.

En ce qui concerne les prix à la production aux Etats-Unis, ils ont signé une hausse de 0,1% au mois de février contre +0,4% attendu par les analystes. C’est, paradoxalement, un peu moins bon signe puisque le PPI recule de 1,3% sur les 12 derniers mois, un repli tel qu’il n’en avait plus été observé depuis septembre 1982.

** Les chiffres américains ont semblé satisfaire Wall Street en deuxième analyse. En effet, le Dow Jones n’affichait que +0,6% vers 17h30 contre +1,5% à une heure de la clôture. Le Nasdaq affichait plus de 2,3% vers 18h45, heure française.

En partie rassuré par Wall Street, Paris a consolidé dans de tout petits volumes (2,5 milliards d’euros). Cela a peut-être contribué à accroître la volatilité à la baisse, puisque le CAC 40 perdait jusqu’à 2,5% vers 14h45—un plus bas a été inscrit vers 2 722 points.

Le repli de 0,87% est d’autant plus bénin que cela n’efface que les gains de la dernière demi-heure de la séance de lundi. En outre, une clôture intervenant au-dessus de 2 750 points—et proche des plus hauts du jour—est plutôt encourageante.

Les marchés vont maintenant guetter le communiqué final de la Réserve fédérale, qui tient son comité de politique monétaire (FOMC). Selon les analystes, l’annonce de l’adoption d’une politique d’assouplissement quantitatif pourrait donner un coup de fouet aux marchés, surtout si la Fed inaugure une vague d’achats de bons du Trésor.

Le serpent se mordrait alors la queue… mais cela vaut mieux que de mordre la main des investisseurs chinois (de plus en plus sourcilleux) qui remplissent un gros chèque libellé en dollars chaque fin de mois pour permettre aux Etats-Unis de ne pas déposer le bilan.

Philippe Béchade,
Paris
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extraits de la chronique de Bill Bonner:
...
* AIG est la principale affaire du jour. Elle provoque consternation, outrage… et crises d’apoplexie. Pour commencer, les bonus distribués ont été largement sous-évalués. La somme réelle est de 450 millions de dollars, déclare le Wall Street Journal. Un membre du Congrès américain avance que de nombreuses primes étaient déguisées en d’autres choses… et que le total réel approche plutôt les un milliard de dollars.

* Le lumpenélecteur moyen n’a aucune idée de la manière dont fonctionnent les renflouages. Il était prêt à croire que des centaines de milliards de dollars provenant des contribuables feraient grimper le prix de sa maison, mais maintenant qu’il voit comment les choses fonctionnent vraiment, il est assez irrité. Il ne comprend peut-être rien à la macroéconomie, mais il sait reconnaître la duplicité quand il la voit.

* Sous la pression, AIG a révélé ce qu’elle avait fait de l’argent du renflouage. Nous n’avons pas été surpris de découvrir Goldman Sachs au sommet de la liste des destinataires. Le grand homme de Goldman était dans la pièce avec les autorités—en tant que seul représentant de Wall Street—lorsque la décision a été prise de secourir AIG. De plus, le grand homme des autorités de l’époque—Hank Paulson—avait lui aussi été une huile chez Goldman. Les dés étaient donc pipés dès le départ. Le gouvernement a donné de l’argent à AIG, et AIG l’a donné à une longue liste de spéculateurs—dont Goldman.

* Cela nous semble parfaitement naturel. Si nous avions été au courant de toute cette histoire, nous aurions aussi tenté d’empocher une partie du butin. Mais les politiciens feignent la stupéfaction et l’horreur. Le sénateur Grassley a même dit que les dirigeants d’AIG devraient “démissionner ou se donner la mort”. Il s’est ensuite calmé et a déclaré qu’il ne le pensait pas.

* Mais nous nous serions contenté d’une petite correction à ses remarques, donnant aux benêts d’AIG une dernière chance de s’en sortir avec honneur : “démissionner ET se donner la mort, dans cet ordre”.

* Barney Frank a ajouté qu’il était peut-être “temps de licencier des gens”. Pourquoi pas ? Les autorités détiennent désormais 80% du géant de l’assurance. Allez-y, licenciez qui vous voulez. C’est à peu près le seul plaisir restant aux vrais capitalistes.

Bush a sauvé les plus grandes banques européennes du crash des CDS dès le 21 oct 2008

Francis Lambert

  18/03/2009

Figaro 2009/03/16 Le renflouement d’AIG a permis de dédommager les banques européennes, TD

L’argent public qu’AIG a reçu pour son sauvetage a surtout profité aux banques européennes. L’assureur a en effet annoncé dimanche que plusieurs banques du Vieux Continent ont bénéficié indirectement de son renflouement par l’Etat fédéral américain. Plus de 90 milliards de dollars ont ainsi été versés entre septembre et décembre pour dénouer les positions souscrites par sa filiale financière auprès de banques telles que Société générale, Calyon (Crédit agricole), BNP Paribas, Goldman Sachs, Deutsche Bank et Barclays, entre autres.
Dans les détails, entre septembre et décembre, la, Société Générale a perçu 11,9 milliards et Deutsche Bank, 11,8 milliards. D’ailleurs, dans un communiqué, Société générale indique avoir «agi conformément à ses accords de contrepartie avec AIG».
Parmi les autres grands bénéficiaires des fonds publics, on retrouve la britannique Barclays (7 milliards), la suisse UBS (5 milliards), BNP Paribas (4,9 milliards de dollars) et Calyon, la banque d’investissements du Crédit Agricole (2,3 milliards).
Les banques d’affaires américaines Goldman Sachs et Merrill Lynch ne sont cependant pas en reste puisqu’elles ont reçu respectivement 12,9 milliards et 6,8 milliards de dollars.

Extraits de Paul Jorion,  http://www.pauljorion.com/blog/?p=2307

AIG a donc révélé la liste des bénéficiaires des 85 milliards de dollars que le gouvernement américain lui avait alloués pour régler les sommes qu’elle devait à ceux qui avaient acheté auprès d’elle des Credit-Default Swaps (CDS).
On s’était demandé à l’époque pourquoi l’effondrement de la finance que les CDS devait générer le 21 octobre dernier n’avait pas eu lieu. L’explication, on la connaît maintenant : les sommes dues furent versées à ceux à qui on les devait et c’est l’argent du contribuable américain qui fut utilisé
ce petit monde (NB le “système”) constitué d’une part de banquiers responsables de la catastrophe et d’autre part de gouvernants qui s’efforcent en ce moment de l’endiguer : ce sont les mêmes ... Et pour ces dirigeants, la situation actuelle est désastreuse, non pas simplement parce qu’ils se révèlent aussi incapables dans leur nouvelle fonction que dans l’ancienne mais parce que les nouvelles qui n’arrêtent pas de tomber soulignent toujours plus cruellement la nature perverse du système qu’ils essaient de sauver.

Lire aussi : Un assureur bien tranquille http://www.pauljorion.com/blog/?p=2318

Un coup de plus à des "Special relationships" US-UK ?

Francis Lambert

  18/03/2009

” La récente révélation des 165 millions de dollars de bonus aux responsables de
la filiale financière londonienne de l’assureur, à l’origine de l’énorme perte de la société,
a provoqué un tollé aux Etats-Unis. ” (lefigaro.fr)

La liquidation d’AIG comme la crise diminuent sinon suprimen des liens financiers importants avec la City. Reste la régulation ?
” The United States is the largest source of Foreign Direct Investment to the UK economy, likewise the United Kingdom is the largest single investor in the U.S. economy.[28] British trade and capital have been important components of the American economy since its colonial inception. ” http://en.wikipedia.org/wiki/Special_relationship

( NB la relation USA-UK a été “difficile” de la guerre d’indépendance jusqu’au coup de tonnerre de la capitulation de la France en 1940 qui amène Churchill à transférer “l’Entente cordiale” de la Manche vers l’Atlantique ).