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Article : René Guénon et les fissures de la grande muraille

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VOUS AVEZ DIT ENTROPIE ?

EricRobertMarcel Basillais

  30/08/2018

Pendant que Bonnal expose la théorie Guénonienne des influences maléfiques non contrebalancées par l'effet du MATERIALISME, le Bourgeois ("Orthodoxe" celui-ci ?) Orlov se lamente sur l'absence d'un EMPIRE peu ruineux et propre à maintenir intacts ...les flux commerciaux…

Puiqu'il: faut rappler les influences supérieures :


"Car il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu". (Luc 18 : 25)

 

Solution et entropie

jc

  31/08/2018

Ces deux mots apparaissent dans le e-papier de NB, le premier de façon anodine.

Pour tenter de comprendre ce qu'écrit Guénon dans "Les fissures de la Grande Muraille" j'ai d'abord lu le chapitre précédent "Dissolution" dans lequel il est question de coagulation et de solution*, termes qui renvoient à des interprétations "alchimiques" soit bénéfiques -symboliques- (cristallisation et sublimation) soit maléfiques -diaboliques- (précipitation et entropisation**).

Selon moi nous sommes là au coeur du problème: soit le choix symbolique de la succession "naturelle" des civilisations (la sublimation contenant "en germe" la civilisation à venir), soit le choix diabolique de l'entropisation, de la néantisation, hélas celui de notre contre-civilisation.

Je suis profondément convaincu que ce problème crucial se retrouve en Science très exactement dans la récente querelle Thom-Prigogine, Thom défendant une position déterministe de principe***, contrairement à Prigogine***. Querelle provoquée par Thom, querelle qu'il a voulu violente****.

Aussi je vois dans l'article "Vers un effondrement de civilisation"***** du très prigoginien François Roddier un savoureux côté "Auto-fissuration dans la petite muraille de notre contre-civilisation".


*: qui renvoient au chapitre VI "Solve et coagula" de "La Grande Triade"

**: Entropisation me semble traduire correctement le guénonien "retour final à l'indistinction du chaos"

***: Thom: "En quoi est-il plus scientifique de faire appel au hasard que de faire appel à Dieu?"

****: L'article initiateur de la querelle a pour titre "Halte au hasard, silence au bruit" (Je ne l'ai pas lu)

*****: http://www.dedefensa.org/article/vers-un-effondrement-de-civilisation

Solution et entropie.1

jc

  31/08/2018

Ma lecture attentive de quelques chapitres de "Le règne de la quantité et les signes des temps" (et le survol de plusieurs autres) me suggère que l'opposition Prigogine/Thom pourrait recouper assez fidèlement l'opposition "Règne de la quantité"/"Signes des temps".

Thom: "La physique moderne a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité. Je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix."

Ce qui est en jeu c'est l'opposition entre le mécanisme de la Physique moderne (depuis Descartes et ses animaux-machine) et le vitalisme de la position thomienne (qui postule l'existence d'un champ morphogénétique autre(?) que ceux de la Physique contemporaine*). Il me semble -sur le divan- que la position vitaliste thomienne s'accommode mal (voire très mal) du deuxième principe de la thermodynamique. Thom est beaucoup plus prudent que moi, mais son "car la thermodynamique ignore les formes ... qu'elle ne peut que détruire" peut laisser penser qu'il y a problème, le deuxième principe de la thermodynamique licitant en effet un déchaînement de la matière par entropisation, c'est-à-dire un déchaînement par perte de ce qui l'enchaîne, à savoir sa forme**.


*: Thom: "La nature ultime dudit champ [morphogénétique], savoir s'il peut s'expliquer en fonction des champs connus de la matière inerte [la Matière pour PhG, il me semble], est une question proprement métaphysique."

**: J'ai lu (il me semble…) qu'en aristotélisme orthodoxe la matière est indissociable de la forme (et ne peut donc être Matière…).

Néo-intuitionnisme à trois kopecks

jc

  01/09/2018

C'est dans le texte de NB.

Pour les matheux l'intuitionnisme a un sens précis qui renvoie à l'abandon du principe du tiers exclu (c'est ce qu'on en retient en général) mais, fondamentalement selon moi, au constructivisme, ce qui fait que je classe yang cet intuitionnisme-là*.

En parcourant "Le règne de la quantité et les signes des temps" je me suis aperçu qu'il était question d'intuitionnisme au chapitre XXXIII. Après lecture en diagonale je me suis rapidement rendu compte qu'il ne s'agissait pas du tout de la même chose, Guénon y critiquant (à boulets rouges!) l'intuitionnisme de Bergson (visant sans doute l'évolutionniste -horreur pour Guénon?- de "L'évolution créatrice") et son infra-intuition puisée dans les bas-fonds du psychisme animal.

Les seules lignes que j'ai lues de Bergson concernent les paradoxes de Zénon. Et j'ai nettement préféré les explications** que donne Guénon à ce sujet dans "Les principes du calcul infinitésimal" -de mémoire ...-. Pour cette raison j'ai a priori plus de sympathie pour la position de Guénon que celle de Bergson en ce qui concerne l'intuition.

A priori seulement. Quid en effet, pour un guénonien, des intuitions de Grothendieck -d'origine juive, cf. la remarque finale- (intuitions qu'il va puiser chez "Le Rêveur" -pour lui Dieu, cf. "La clef des songes"-, supra-intuitions yang ou infra-intuitions yin?)?


Remarque finale:

En parcourant le chapitre suivant "Les méfaits de la psychanalyse" je suis tombé sur la note suivante (bas de page 165) qui, à mes yeux éclaire peut-être l'insistance qu'a Nicolas Bonnal -à la foi en Guénon qui semble bien assurée?- à égratigner, non pas tous les Juifs, mais les Juifs détachés de leur tradition?

Guénon: "Une remarque en passant: pourquoi les principaux représentants des tendances nouvelles, comme Einstein en Physique, Bergson en Philosophie, Freud en Psychologie, et bien d'autres de moindre importance, sont-ils à peu près tous d'origine juive, sinon parce qu'il y a là quelque chose qui correspond exactement au côté "maléfique" et dissolvant du nomadisme¹ dévié, lequel prédomine inévitablement chez les Juifs détachés de leur tradition?" (1: Cf. le chapitre XXI "Caïn et Abel")


*: En logique mathématique classique la négation de l'inexistence implique l'existence (principe du tiers exclu): existence en puissance. Ce n'est pas le cas en logique mathématique intuitionniste où l'existence doit être construite: existence en acte.

**: Guénon s'oppose à Leibniz (et de la grande -l'immense?- majorité des mathématiciens). Thom également.



 

Guénon, Thom et le règne de la quantité

jc

  03/09/2018

Dans "Solution et entropie.1" j'ai rangé Thom du côté des "signes des temps" (et Prigogine du côté du "règne de la quantité"). Après relecture plus attentive des premiers chapitres de "Le règne de la quantité et les signes des temps", je me demande si Guénon et Thom ne sont pas également du côté du règne de la quantité (alors que dans un survol très rapide j'ai classé le règne de la quantité du côté de la Modernité et les signes des temps du côté de la Tradition).

Dans le chapitre II Guénon distingue "quantité discontinue, qui est proprement le nombre" et "quantité continue, qui est représentée principalement par les grandeurs d'ordre spatial", range saint Thomas d'Aquin plutôt du côté du discontinu et Descartes du côté du continu, et conclut son argumentation par: "En définitive, c'est bien le nombre (...) qui doit être considéré en premier lieu dans le domaine de la quantité. (Ce qui me conforte dans mon choix de ranger Prigogine et Roddier du côté du règne de cette quantité-là, et donc de la Modernité.)

On sait que pour Thom l'opposition discontinu/continu domine non seulement les mathématiques mais encore toute la pensée. Et Guénon et Thom ont les mêmes vues sur le continu. (Pour preuve leur vision commune des paradoxes de Zénon -qui va à l'encontre de celle de la majorité des scientifiques- et la citation suivante de Thom comparée à une note de bas de page de Guénon:
"Où se trouve le monde réel, l'univers concret où nous vivons? La réponse est simple: le monde réel se trouve dans l'abîme qui sépare le véritable continu, celui que nous procure l'intuition immédiate du temps, du faux continu pseudo-numérique que nous fabriquent les logiciens et autres théoriciens des fondations de la mathématique.".)

Dans le chapitre IV Guénon rejette le continu pseudo-numérique spatial cartésien, qu'il qualifie d'espace "homogène" et "vide", et aspire à un espace "qualifié", "espace, non point homogène, mais déterminé et différencié par ses directions". Guénon décrit avec une netteté que je trouve admirable de la part d'un non mathématicien* l'espace "qualifié" qu'il a en vue et à propos duquel il écrit qu'il pourrait "rendre à la géométrie, en grande partie tout au moins, le sens profond qu'elle a perdu". Et il saute aux yeux du matheux** que je suis, que l'espace "qualifié" qu'il décrit n'est autre que l'espace projectif de dimension 3***.

(Au flair**, en géométrie projective ce ne sont pas les distances linéaires qui comptent comme c'est le cas en géométrie euclidienne mais les distances angulaires. En bonne logique on devrait ainsi parler de tricôté -et de tricôté équilatéral- en géométrie euclidienne, réservant le terme de triangle -et de triangle équiangle- à la géométrie projective.)

il ressort de la lecture du chapitre IV que Guénon n'est pas opposé au règne de la quantité continue représentée par l'espace projectif (de dimension 3).

Dans le chapitre I Guénon nous dit que la première des dualités cosmiques traditionnelles est la dualité essence/substance, alias forme/matière, Purusha/Prakriti, etc.  Thom n'est pas de cet avis: pour lui la première dualité cosmique est la dualité discontinu/continu (pour lui c'est l'opposition discret/continu qui domine toute la pensée), ce qui le place du côté du règne de la quantité au sens de Guénon. Thom s'oppose donc à la Tradition en général et à Aristote en particulier, Aristote refusant que la matière soit un prédicat de l'étendue.

Il me semble que les considérations de Guénon concernant l'espace "qualifié" laissent entrevoir la possibilité que ce dernier ait pu être favorablement disposé envers la position thomienne s'il l'avait connue.


*: En mentionnant l'analysis situs au chapitre IV Guénon montre qu'il ne connaissait pas en 1945 sa nouvelle -et toujours actuelle- dénomination de topologie, et qu'il n'était donc pas au courant des travaux pionniers de Hausdorff (1914) et Kuratowski (1922) concernant les espaces topologiques (travaux qui auraient peut-être pu influencer sa position)

**: Troisième couteau, émoussé

***: L'espace projectif de dimension n est classiquement défini comme l'ensemble des directions de droites -non orientées, de là vient la difficulté d'imaginer ces espaces- issues d'un point de l'espace euclidien de dimension n+1 pris pour origine. L'espace projectif de dimension 2 et ses représentations en Cross-Cap ou en surface de Boy est très prisé par Lacan:  https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf
 

Guénon, Thom et le règne de la quantité

jc

  06/09/2018

Dans "Solution et entropie.1" j'ai rangé Thom du côté des "signes des temps" (et Prigogine du côté du "règne de la quantité"). Après relecture plus attentive des premiers chapitres de "Le règne de la quantité et les signes des temps", je me demande si Guénon et Thom ne sont pas également du côté du règne de la quantité (alors que dans un survol très rapide j'ai classé le règne de la quantité du côté de la Modernité et les signes des temps du côté de la Tradition).

Dans le chapitre II Guénon distingue "quantité discontinue, qui est proprement le nombre" et "quantité continue, qui est représentée principalement par les grandeurs d'ordre spatial", range saint Thomas d'Aquin plutôt du côté du discontinu et Descartes du côté du continu, et conclut son argumentation par: "En définitive, c'est bien le nombre (...) qui doit être considéré en premier lieu dans le domaine de la quantité. (Ce qui me conforte dans mon choix de ranger Prigogine et Roddier du côté du règne de cette quantité-là, et donc de la Modernité.)

On sait que pour Thom l'opposition discontinu/continu domine non seulement les mathématiques mais encore toute la pensée. Et Guénon et Thom ont les mêmes vues sur le continu. (Pour preuve leur vision commune des paradoxes de Zénon -qui va à l'encontre de celle de la majorité des scientifiques- et la citation suivante de Thom comparée à une note de bas de page de Guénon:
"Où se trouve le monde réel, l'univers concret où nous vivons? La réponse est simple: le monde réel se trouve dans l'abîme qui sépare le véritable continu, celui que nous procure l'intuition immédiate du temps, du faux continu pseudo-numérique que nous fabriquent les logiciens et autres théoriciens des fondations de la mathématique.".)

Dans le chapitre IV Guénon rejette le continu pseudo-numérique spatial cartésien, qu'il qualifie d'espace "homogène" et "vide", et aspire à un espace "qualifié", "espace, non point homogène, mais déterminé et différencié par ses directions". Guénon décrit avec une netteté que je trouve admirable de la part d'un non mathématicien* l'espace "qualifié" qu'il a en vue et à propos duquel il écrit qu'il pourrait "rendre à la géométrie, en grande partie tout au moins, le sens profond qu'elle a perdu". Et il saute aux yeux du matheux** que je suis, que l'espace "qualifié" qu'il décrit n'est autre que l'espace projectif de dimension 3***.

(Au flair**, en géométrie projective ce ne sont pas les distances linéaires qui comptent comme c'est le cas en géométrie euclidienne mais les distances angulaires. En bonne logique on devrait ainsi parler de trilatère et de trilaatère équilatéral- en géométrie euclidienne, réservant le terme de triangle -et de triangle équiangle- à la géométrie projective.)

il ressort de la lecture du chapitre IV que Guénon n'est pas opposé au règne de la quantité continue représentée par l'espace projectif (de dimension 3).

Dans le chapitre I Guénon nous dit que la première des dualités cosmiques traditionnelles est la dualité essence/substance, alias forme/matière, Purusha/Prakriti, etc.  Thom n'est pas de cet avis: pour lui la première dualité cosmique est la dualité discontinu/continu (pour lui c'est l'opposition discret/continu qui domine toute la pensée), ce qui le place du côté du règne de la quantité au sens de Guénon. Thom s'oppose donc à la Tradition en général et à Aristote en particulier, Aristote refusant que la matière soit un prédicat de l'étendue.

Il me semble que les considérations de Guénon concernant l'espace "qualifié" laissent entrevoir la possibilité que ce dernier ait pu être favorablement disposé envers la position thomienne s'il l'avait connue. Ainsi dans le symbolisme de La Croix 3D il y a 6 directions orientées issues du centre de La Croix "euclidienne". Il n'y en a plus que trois, qui sont non orientées, en géométrie projective.
Dans l'interprétation euclidienne il y a l'idée d'émanation de 6 rayons à partir d'une source lumineuse ("Et lux in tenebris lucet"), donc de temps, alors que cette idée temporelle disparaît dansl'interprétation projective. Dans l'interprétation euclidienne le "In principium" du premier évangile de Saint Jean se traduit correctement(?) par "Au commencement". Dans l'interprétation projective (et guénonienne?) elle devrait peut-être se traduire autrement: "au principe"(?) ou "de toute éternité" (?).



*: En mentionnant l'analysis situs au chapitre IV Guénon montre qu'il ne connaissait pas en 1945 sa nouvelle -et toujours actuelle- dénomination de topologie, et qu'il n'était donc pas au courant des travaux pionniers de Hausdorff (1914) et Kuratowski (1922) concernant les espaces topologiques (travaux qui auraient peut-être pu influencer sa position)

**: Troisième couteau, émoussé

***: L'espace projectif de dimension n est classiquement défini comme l'ensemble des directions de droites -non orientées, de là vient la difficulté d'imaginer ces espaces- issues d'un point de l'espace euclidien de dimension n+1 pris pour origine. L'espace projectif de dimension 2 et ses représentations en Cross-Cap ou en surface de Boy est très prisé par Lacan:  https://www.jp-petit.org/nouv_f/lacan_jpp.pdf