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Article : Regard sur l’“attaque du vendredi-13”

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Lang est bien gentil, mais...

Alexis Toulet

  25/04/2018

Le coeur de son argument est cette phrase : "I am told by several foreign sources with access to the information needed to make a valid judgment that the Russians are correct". Un argument intéressant, mais qui ne convainc pas entièrement, pour dire le moins : "On m'a dit que…"
Le reste est une collection de généralités assez creuses sur la manière dont une défense aérienne peut être organisée.

Pourquoi la communication du MinDef russe sur les "71 missiles" censément interceptés ne tient pas debout :

- La Terre est ronde. C'est un fait que tout le monde connaît, mais qui est très facile à oublier. Or, les missiles de croisière volent à très basse altitude, certainement en-dessous de 100 mètres, probablement en-dessous de 50. L'horizon pour un aéronef volant à 100 mètres se situe à 35 kilomètres, et à 25 s'il vole à 50 mètres. Tout système de défense aérienne situé au-delà, fût-il le meilleur au monde, sera totalement impuissant contre ce missile : aussi performant soit-il, il ne peut tirer en-dessous de l'horizon !

- Ce fait physique de base est aggravé par le relief, que les missiles de croisière utilisent pour se dissimuler aux radars, réduisant encore la distance à laquelle ceux-ci peuvent les détecter. Il faut noter que l'ouest de la Syrie, là où se trouvaient les cibles du raid du 14 avril, est très vallonné

- La trajectoire des missiles de croisière est déterminée aussi de manière à éviter les batteries sol-air les plus dangereuses, ce qui n'est pas difficile à faire étant donné qu'émettant des ondes radar très reconnaissables, il est facile de les cartographier

- La conséquence est qu'en l'absence de détection radar aéroportée - la Russie a déployé en Syrie un radar volant A-50 mais il ne peut assurer une veille permanente à lui tout seul - la seule défense pertinente contre les missiles de croisière est la défense de point à courte portée. C'est la province des fameux Pantsyr S1. Oui… mais il en existe peu. Et ils sont naturellement affectés en priorité aux bases et aéroports militaires, non aux stocks d'armes chimiques ni aux centres de recherches

- Cette défense de point est d'ailleurs loin d'être imparable, car tout système peut être dépassée par une vague coordonnée de missiles de croisière - ce qu'ils sont évidemment programmés pour faire - surtout comme lorsque les Etats-Unis contre le centre de recherches à Damas on en tire des douzaines

- Que dit la communication russe ? Que 71 missiles ont été abattus avec la répartition suivante :
Buk: 24 missiles abattus
Osa: 5
S-125: 5
Strela-10: 3
Kvadrat: 11
S-200: 0
Pantsir-S1: 23
Or, au minimum S-125 et Kvadrat sont des systèmes de défense à moyenne et haute altitude, dont l'altitude minimale d'engagement est d'au moins 100 mètres, et qui n'ont par conséquent pas la moindre chance de toucher un missile de croisière, lequel vole trop bas. Ce simple fait établit que la communication russe est mensongère

Reste bien sûr à déterminer à quel point :

- La charge militaire des missiles de croisière modernes est "à risques atténués", c'est-à-dire conçue pour ne pas exploser si une explosion proche se produit. C'est nécessaire pour la sécurité, sachant que ces missiles sont stockés en groupe. La conséquence est que si un missile est abattu - ou s'il s'égare - sa charge militaire survivra dans la plupart des cas. Nous parlons d'un objet métallique de plusieurs centaines de kilogs, pas vraiment difficile à retrouver. Et très intéressant pour la propagande naturellement !

Si plusieurs missiles de croisière avaient été abattus par la DCA syrienne, ou avaient gravement dysfonctionné, la communication russe ou syrienne pourrait présenter quelques épaves pour s'en gausser - au moins leur charge militaire. Et si 71 missiles avaient été abattus, alors ce sont les images de dizaines de charges militaires qui pourraient être présentées.

A ce jour, Syrie et Russie n'en ont présenté pas une seule.

Ce fait est d'ailleurs légèrement surprenant. Car enfin, même dépassée, parmi plus d'une centaine de missiles de croisière, y compris un bon nombre en plein sur leur capitale, il pouvait sembler naturel que la DCA syrienne parvienne à en abattre quand même une poignée… deux ou trois, enfin !

La défense antiaérienne syrienne a de fait été en-dessous de tout. Ce fut probablement une surprise pour les planificateurs militaires occidentaux. L'une des raisons d'envoyer des douzaines de missiles sur une seule cible, c'est qu'on s'attend à ce qu'un certain nombre soit abattu.

Pourquoi cet échec ? On en est réduit aux hypothèses :
- Il est par exemple possible que la guerre électronique ait joué un rôle. Les radars syriens sont relativement anciens, et sont peut-être vulnérables aux contre-mesures électroniques les plus récentes
- Les Etats-Unis ont pu lancer aussi des missiles leurres miniature ADM-160 - petits et faciles à transporter en nombre - sur lesquels la DCA syrienne se serait concentrée
- Pour certains missiles de croisière, notamment les Scalp français et britanniques et les JASSM américains, la furtivité a pu jouer un rôle - pas pour les Tomahawk américains cependant
- La défense antiaérienne syrienne peut avoir largement perdu de ses compétences - nous parlons d'un pays en guerre civile depuis sept ans, tout de même
... Ou bien un peu de tout cela à la fois ?

Quoi qu'il en soit, le raid du 14 avril a confirmé les points suivants :
- Les Occidentaux peuvent bombarder la Syrie à loisir, sans qu'elle puisse se défendre efficacement
- La Russie n'a pas les moyens de protéger la Syrie de ces attaques - les fameux S-400 comme tous les autres systèmes au sol ne peuvent voir en-dessous de l'horizon
- Les Occidentaux ont une peur bleue de bombarder par erreur des soldats russes - à distinguer des mercenaires - car la Russie contrairement à la Syrie aurait naturellement les moyens de riposter
 

Encore un Saint ou Héros post moderne du Systéme .

Christian Feugnet

  26/04/2018

Necessaire à son reste de crédibilité . Toutefois en prenant soin de bien faire acte d'allégeance . Et d'embaumer ces propos pour rendre la vérité moins amére . C'est un Américain normal , méfiant par rapport au fédéral ( le Systéme ) , mais , au bilan y trouvant encore son compte .
Situation qui se raréfie , pour beaucoup et de plus en plus vite . Faut en profiter , aprés ce sera le bordel ou un ordre qu'on appréciera trés modérément nous occidentaux , habitués , un peu trop , sans doute à dominer , méme en temps que subalternes ( voire Macron qui donne ordres et directives et n'abuse personne ) .

Peut étre faut le mentionner aussi .

Christian Feugnet

  26/04/2018

Macron c'est de la grossiére pub . Si par exemple , la nouvelle auto à vendre est petite , on va faire la photo en perspective de façon à lui donner une image de limousine pour star . Là on a un politique qui fait le toutou , expert en fayotage , excellente expression de Todd à mon avis . Il est tellement bon qu'il fait la leçon , bien apprise à sa maitresse . Qui évidemment le laisse faire çà intimide les autres éléves et accroit son aurorité . Oui mais les autres le détestent , le fayot , et lui réglerons son compte , le moment venu . Il est quoi , au juste , aujourd'hui , Blair ? Autre expert es fayotage

Comme un parfum de Pearl Karbor inverti

David Cayla

  26/04/2018

Il y a quelques jours, j'ai lu sur dedefensa une reprise d'un article où l'auteur évoquait ses craintes d'un nouveau Pearl Harbor - en forme d'attaque sous faux drapeau - où la cible serait cette fois le groupe aéronaval américain qui vient d'entrer en Méditerranée.

Mais au fond, ce Pearl Harbor totalement inverti n'est-il pas survenu dans la nuit du 13 au 14 avril 2018 ?

Quand nous apprenons que jusqu'au tout dernier moment, le gouvernement français aura feint de négocier avec les Russes la mise en place d'un mécanisme d'enquête sur les événements du 7 avril pour brusquement cesser tout contact, laissant les Russes dans l'expectative pendant les quelques heures qui ont précédé le déclenchement des frappes sur la Syrie, il me semble qu'il y a comme une similitude avec le silence du gouvernement japonais dans les jours qui précédèrent l'attaque sur Pearl Harbor…

Jusqu'à ce navrant problème de transmission de la déclaration de guerre qui fit qu'à quelques heures près, les Japonais auraient pu déclencher leur attaque tout en ayant respecté les formes. Sauf que le gouvernement français aura laborieusement tenté d'expliquer que des actes de guerre ne sont pas constitutifs d'une entrée en guerre :  la preuve par l'absence de déclaration de guerre dans les formes.

Etaient-ils bêtes ces Japonais ! Que n'eussent-ils procédé de la sorte, expliquant au gouvernement américain que c'était là une manière de leur faire savoir le refus du gouvernement japonais de les voir intervenir dans le Pacifique ?

Mais voilà, les anti-parallèles ne s'arrêtent pas là. Si l'une et l'autre attaques étaient si pas annoncées, du moins largement prévisibles, au point où dans le cas du précédent historique de Pearl Harbor, les porte-avions manquaient à l'appel, laissant les prestigieux mais dépassés cuirassés en victimes sacrificielles, les frappes sur la Syrie auront fait l'effet d'un coup d'épée dans l'eau. Comme si, au lieu d'attendre les frappes et de se faire détruire au sol, la chasse américaine dûment prévenue par ses tous nouveaux radars avait intercepté et détruit successivement les trois vagues d'attaque japonaises…

Mais, certes, encore aurait-il fallu d'une part que la chasse américaine en fut capable, et d'autre part que les opérateurs radars aient été familiarisés avec l'utilisation d'un matériel qu'ils n'avaient encore jamais utilisé. Or, là encore, l'histoire ne s'est pas répétée. Non seulement le matériel syrien s'est avéré largement capable de faire face à une attaque "surprise", mais en plus le guidage assuré par les opérateurs russes a été exemplaire.

Pour conclure sur cet anti-parallèle avec un Pearl Harbor inversé, quelle course auraient pris les événements si en lieu et place du massacre des cuirassés et du triomphe futur de l'aéronavale, le 7 décembre 1941 avait été témoin au contraire du massacre de l'aéronavale japonaise ?