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Article : RapSit-USA2022 : Situation de l’effondrement

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Impeccable analyse

jc

  24/01/2022

Pour moi impeccable analyse de VD Hanson, dans sa version corrigée par PhG:

"En aucun cas, on ne peut décrire la crise de l’effondrement de l’Amérique, qui est plutôt celle de l’américanisme, ou des deux (“crise d’effondrement de l’Amérique et de l’américanisme”), à partir des cas vénézuélien, grec, ni même romain d’ailleurs." ;

"... avec les USA le Système cèdera parce que l’Amérique s’effondre en raison de l’effondrement du Système, et qu’il s’agira de revoir l’ensemble des composants du monde, de leur ordre, de leur harmonisation et de leur équilibre. Ainsi l’“effondrement de l’Amérique et de l’américanisme” mérite-t-il une approche spécifique.".

Une remarque à propos de "de leur ordre, de leur harmonisation et de leur équilibre" (où je note un soupçon de dynamique -harmonisation au lieu de harmonie- dans la trilogie chère à PhG. Pour Guénon, ces trois mots sont synonymes :

"... le but même de la guerre, c’est l’établissement de la paix, car la paix, même en son sens le plus ordinaire, n’est en somme pas autre chose que l’ordre, l’équilibre ou l’harmonie, ces trois termes étant à peu près synonymes et désignant tous, sous des aspects quelque peu différents, le reflet de l’unité dans la multiplicité même, lorsque celle-ci est rapportée à son principe." (Le symbolisme de la croix, chap. VIII) .

Je suis d'accord avec Guénon sur le fait que la trilogie ordre-harmonie-équilibre reflète la trilogie unité-harmonie-diversité qui a ma préférence. Pour moi le choix de PhG est typique d'un aristo-démocrate "embryologiste": l'ordre naturel est celui du verbe qui se fait chair dans l'harmonie et l'équilibre. Ma préférence personnelle va à l'ordre inverse (selon moi typique d'un démo-aristocrate) : équilibre-harmonie-ordre, à la reconstitution de l'aristocratie à partir du peuple, c'est-à-dire, en termes biologiques, à la gamétogenèse, reconstitution du germen à partir du soma.

Pour moi remonter l'arbre de Porphyre jusqu'à l'Être en soi est plus difficile que le descendre, mais si on n'y arrive pas je crois qu'on peut définitivement dire adieu (c'est le cas de le dire) à la démocratie.


Une autre remarque à propos de la citation suivante de VDH :

» Au contraire, la plupart de nos maladies sont auto-infligées. Elles sont le résultat direct d’idéologies perverses qui sont à la fois cruelles et contraires au pragmatisme américain traditionnel."

Dans son incursion en métaphysique extrême (ES p.216), Thom écrit que le pragmatisme suffit pour grimper sur les basses branches de l'arbre de Porphyre. Et il écrit quelques pages plus loin, dans les dernières lignes de ES, que le pragmatisme n'est guère que la forme conceptualisée d'un certain retour à l'animalité. Et il écrit aussi, plus loin dans son incursion en métaphysique extrême :

"Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal α (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogenèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur). Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer.".

Pour moi nous y sommes exactement : le pragmatisme US initial s'est progressivement gauchi en une idéologie -l'américanisme- qui a dégénéré en cancer.

Impeccable analyse.1

jc

  24/01/2022

Lincoln : "« Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant. ».

Je me demande si la contradiction fondamentale des USA n'est pas la même que la contradiction fondamentale de la République Française : il n'existe pas de nations, il n'existe que des patries/matries car les hommes et les femmes de ces prétendues nations ont tous un père et une mère qui, eux-mêmes, etc; De par ce même constat nous ne sommes pas totalement libres, car nous sommes liés par un passé commun. Et même plus, si on suit Spinoza et surtout Thom, nous sommes beaucoup plus liés que ce que les "hasardeux" -actuellement dominants- tentent de nous faire croire, et, pour ceux qui suivent Thom -mon cas- c'est grâce à la stabilité structurelle que notre avenir (1) n'est pas totalement contraint, et que c'est grâce à elle qu'on peut adapter notre comportement à l'évolution de notre environnement.

Je pense que notre devise nationale -qui n'est pas ma tasse de thé- devrait être inversée -fraternité en tête, liberté en queue- car c'est la fraternité (au sens de celle d'avoir des ancêtres communs) qui, seule, permet, in fine, d'assurer la cohésion sociale -et plus les ancêtre communs sont proches plus la cohésion est grande-. J'insiste sur le fait que la fraternité sous-tend des ancêtres communs, c'est à dire renvoie à une patrie/matrie et, dans cet ordre d'idées, les premiers mots de notre hymne national sont en contradiction flagrante avec l'article 2 de la constitution : "L'hymne de la nation est la Marseillaise".

Gauchissement de la liberté (mal comprise dès l'origine) en libéralisme :cancer. Gauchissement du libéralisme en ultralibéralisme : première métastase.
Gauchissement de l'égalité en égalitarisme : deuxième métastase. Phase terminale ?


1: À la suite de Fabrice Hadjadj, PhG distingue le futur, que les modernes pensent complètement libre, de l' "à venir", que les "tradi"considèrent -pour moi à juste raison- contraint par le passé :

"En un mot, le futur est relatif à ce qui va, l’avenir à ce qui vient, et il faut que ce qui va soit ouvert à ce qui vient, sous peine d’une vie qui meurt en se fixant dans un programme. Cette subordination du futur à l’avenir marque aussi la supériorité et plus encore la surprise de l’avenir par rapport au futur. Quand le monde ne va pas, quand, sous nos yeux, il court à sa perte, cela n’empêche pas le royaume de venir : sa grâce ne dépend pas de nos mérites, elle présuppose même plutôt notre condamnation.”.

Impeccable analyse.2

jc

  24/01/2022

À mon avis l'un des grands reproches que l'on peut faire à la rationalité occidentale est de penser les choses de façon statique (1). Et c'est évidemment dans les périodes de changement qu'on s'en s'aperçoit le plus. Pour moi un concept qui n'est pas systématiquement associé à un contraire est le symptôme d'une pensée statique; et c'est typiquement le cas avec l'individualisme et le libéralisme qui, par idéologie-Système, refusent idéologiquement d'être opposés au communautarisme et au communisme.

Pendant un temps un de mes dadas a été de citer ici un certain Élie Bernard-Weil :

"« Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d'une manière bipolaire et de ne pas céder à l'attrait d'une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant - ce qu'on appelle aussi « pensée unique » de nos jours - une tentation qui fait immanquablement plonger dans l'erreur et l'impuissance. (...)  La seule excuse, c'est que presque tout le monde considère que c'est là l'enjeu de la rationalité : trouver le bon pôle.  Faux! ".

Je suis convaincu qu'au moment de la chute de l'URSS,  les américains ont imposé leur "pax americana" et leur libéralisme en étant convaincus que l'URSS s'était effondrée parce que son modèle économique était mauvais. En fait je pense que les USA vont s'effondrer comme l'URSS parce que tous les deux ont "cédé à l'attrait d'une pensée unipolaire."

Faire des analogies biologie/sociologie leur aurait évité ça car, tant qu'il y a de la vie, une tension est toujours suivie d'un relâchement , puis d'une nouvelle tension, etc.: diastole/systole pour le cœur, inspiration/expiration pour les poumons, etc. Je ne serais pas étonné si, dans un futur pas tellement lointain, c'est ainsi que sera jugée notre étrange époque.


1: "Le grand vice du structuralisme est son caractère discret, qui ne lui permet pas de prendre en compte les variations continues des formes, en particulier leur mouvement."

Impeccable analyse.3

jc

  25/01/2022

L'un des très rares fois où, selon moi, E. Macron a proféré une vérité de situation, est lorsqu'il a dit que l'OTAN était en état de mort cérébrale.

Je pense que "mort psychique" est plus adéquat et je pense que cette phrase s'applique à l'UE, aux USA, au bloc BAO en général, et -le dernier mais pas le moindre pour nous-, à la France en particulier.

Mon diagnostic: énergie potentielle (δύναμις) proche de zéro; énergie agissante (ἐνέργεια) proche de zéro; encéphalogramme psychique presque plat.