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Le transhumanisme et son concurrent.2.2

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  27/11/2021

Pour moi le point de contact le plus serré entre les scientifiques mécanistes et les vitalistes est mis en évidence par le prigoginien François Roddier, comme on peut le voir dans son article " " (1) où apparaissent côte à côte la falaise de Sénèque, d'origine thermodynamique et quantitative, et la fronce thomienne d'origine mathématique et qualitative pour modéliser les mêmes cycles évolutifs (2). À la suite de Thom je crois qu'à ce niveau "le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience", et que ce n'est pas loin d'être le point de vue le plus ultime qu'un positiviste darwinien (comme JPB?) puisse accepter, laissant ainsi entrevoir l'abîme qui sépare Thom de Prigogine (3).

Je me suis mis récemment à m'intéresser à ce qu'écrit Alain de Benoist parce que je suis intrigué par les motivations profondes qui ont amené l'un des chefs de la nouvelle droite à s'intéresser à Mélenchon. Dans "La place de l'homme dans la nature" il commence par mettre Prigogine et Thom dans le même sac (p.145), pour juste ensuite prendre une position plus vitaliste/biologique/concurrence/thomienne que mécaniste/biochimique/transhumaniste/prigoginienne : "c'est en tant qu'il est porteur d'une nature biologique porteuse de propriétés émergentes qui lui sont propres que l'homme est devenu proprement humain". Thom précise dans SSM ce qui, selon lui, différencie l'humain des autres Vertébrés supérieurs :

"Ici se pose le problème de savoir comment la cervelle humaine, anatomiquement et physiologiquement si peu différente de la cervelle des Vertébrés supérieurs, a pu réaliser cette architecture compliquée, cette hiérarchie de champs dont les animaux paraissent incapables. Je crois, personnellement, que tout tient en une discontinuité de caractère topologique dans la cinétique des activités neuroniques ; dans le cerveau humain s'est réalisé un dispositif simulateur des singularités auto-reproductrices de l'épigenèse qui permet, en présence d'une catastrophe d’espace interne Y et de déploiement U, de renvoyer le déploiement U dans l'espace interne Y, réalisant ainsi la confusion des variables internes et externes. Un tel dispositif n'exige pas de modification considérable des supports anatomiques et physiologiques.". Je pense que Mélenchon aurait beaucoup de mal à franchir le fossé conceptuel qui sépare Prigogine et Thom. Quid de AdB ?


(1) https://www.dedefensa.org/article/vers-un-effondrement-de-civilisation
(2) Thom : "Malgré son caractère non quantitatif, qui a suscité la dérision des scientifiques professionnels, il [le modèle "fronce" de l'agressivité du chien de Christopher Zeeman] a l'avantage inestimable de montrer ce qui fait la supériorité d'un modèle géométrique sur une construction conceptuelle. Expliquer linguistiquement  son contenu oblige à des paraphrases compliquées dont la cohérence sémantique n'est pas évidente." (AL, Envoi)
(3) Thom : "La Physique actuelle a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité. Je veux croire qu'elle n'aura pas à se repentir de ce choix."
 

Le transhumanisme et son concurrent.2.1

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  27/11/2021

Dans le .2 j'écrivais : "Car ce qui distingue, toujours selon moi, les points de vue de Thom et de PhG, c'est que PhG est un logocrate alors que Thom est d'abord un topocrate, PhG étant exclusivement pour "Et le Verbe s'est fait Chair", alors que Thom accepte aussi l'inverse ("Et la Chair s'est faite Verbe"), PhG n'acceptant que de descendre l'arbre de Porphyre alors que Thom accepte également de le remonter.". Je précise un peu.

Je vois l'arbre de Porphyre comme un toboggan que PhG emprunte (tous les jours?) avec plaisir ("Il suffit d'un mot ... C'était un moment de bonheur fou"), la différence avec Thom étant que ce dernier a une théorie (1) sur la façon de descendre le toboggan et, par suite, a des idées sur la façon de le remonter (par une échelle que j'apparente à l'échelle de Jacob, dont les sept premiers barreaux sont les sept catastrophes élémentaires (1)). Il m'apparaît de plus en plus clair que, pour Thom, l'évolution se déroule conformément à un plan (2)-"sauf accident, συμβεβηκός dirait Aristote", rappelle Thom-, vision qui, actuellement, n'est pas vraiment courant principal (3)(4) !

(1) Le chapitre où Thom propose un modèle d'apparition des organes sexuels utilisant la catastrophe "champignon" (alias ombilic parabolique) est épigraphé "Et le verbe s'est fait chair".
(2) Thom : "Expliquons-le [le mécanisme formel qui, à mes yeux commande toute morphogenèse] de manière assez élémentaire, par l'analogie suivante avec le développement d'un embryon d'une part, et une série de Taylor à coefficients indéterminés d'autre part" (SSM, p.32).
(3) Jean-Paul Baquiast : "Je voudrais d'abord revenir sur le darwinisme et plus précisément sur l'évolution darwinienne. Selon moi et je pense pour la plupart des darwinistes, il n'est pas possible d'imaginer que cette évolution soit orientée dans le sens d'une finalité quelconque, accomplissement de la vie, de l'humain, de l'esprit, voire pour les mystique montée vers la panspiritualité de Teilhard de Chardin." (Préalable sur le darwinisme, https://www.dedefensa.org/article/dialogues-4-de-lindividu-dans-lhistoire )
(4) JPB: "Il est toujours possible a postériori de décrire la succession des formes et les succès ou impasses auxquelles celles-ci ont donné lieu, mais ce travail est fait par un observateur qui projette sur le monde ses propres grilles mentales d'analyse, lesquelles ont été construites dans son cerveau par les types de contraintes évolutives que ce cerveau lui-même a précédemment subi.". Thom : "Un des problèmes centraux posés à l'esprit humain est le problème de la succession des formes." (l'une des premières phrases de SSM, et Thom va s'attacher à montrer que les formes se succèdent dans un certain ordre -et va appliquer ce postulat général pour produire des modèles mathématiques de l'embryogenèse).

Le transhumaniste et son concurrent.2

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  26/11/2021

|Le changement de transhumanisme en transhumaniste n'est pas une erreur]

En continuant la relecture de "Le grain de sable divin" je tombe sur le paragraphe suivant, intitulé "Hypothèse du “système anthropomystique” ", où PhG oppose sa façon anthropomystique de voir les choses à la façon anthropotechnique que JPB (1) a de les voir. Il est intéressant, selon moi, de lire la réponse de JPB (2) et de mesurer l'abîme qui sépare les mondes vus par le transhumaniste JPB et son concurrent PhG, abîme qui est selon moi en rapport avec celui -peut-être un peu moins abyssal- qui sépare le matérialisme mécanique XIXème dans lequel évolue JPB de la position de Thom proche, selon moi, d'un matérialisme vitaliste. Car ce qui distingue, toujours selon moi, les points de vue de Thom et de PhG, c'est que PhG est un logocrate alors que Thom est d'abord un topocrate (3), PhG étant exclusivement pour "Et le Verbe s'est fait Chair", alors que Thom accepte aussi l'inverse ("Et la Chair s'est faite Verbe"), PhG n'acceptant que de descendre l'arbre de Porphyre alors que Thom accepte également de le remonter. La citation suivante indique que pour Thom la mystique est du côté du topos :

"(...) il y a une certaine opposition entre géométrie et algèbre. Le matériau fondamental de la géométrie, de la topologie, c'est le continu géométrique; étendue pure, instructurée, c'est une notion « mystique » par excellence. L'algèbre, au contraire, témoigne d'une attitude opératoire fondamentalement « diaïrétique ». Les topologues sont les enfants de la nuit ; les algébristes, eux, manient le couteau de la rigueur dans une parfaite clarté."

Le rapport entre les âmes de Verdun et la dernière citation thomienne du .1 est, pour moi, le point de contact le plus profond -et de loin- entre les visions du monde qu'ont Thom et PhG. Je ne suis pas opposé à qualifier le système de pensée dans lequel évolue Thom d'anthropotechnique, à condition de redonner à la technique moderne le supplément d'âme (qu'elle a perdu aux alentours de la coupure galiléenne) en revenant à son sens ancien d'art., et à la Physique son sens ancien de Phusis.

Thom : "Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés. L'usage de vocables anthropomorphes en Physique se trouve ainsi foncièrement justifié." (SSM, conclusion, cité de mémoire) (4)

(1) Je rappelle qu'il y a  une dizaine d'année eu lieu sur ce site une série d'une trentaine d'échanges entre Philippe Grasset et Jean-Paul Baquiast (JPB), énarque à propos duquel on lit (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Baquiast): "Jean-Paul Baquiast a consacré sa carrière de haut fonctionnaire aux technologies de l'information et de la communication dont il a été l'un des pionniers au sein de l'administration française.".
(2) https://www.dedefensa.org/article/dialogues-4-lindividu-dans-lhistoire
(3) Pour moi "Apologie du logos" est plutôt une apologie du topos.
(4) Il est clair pour moi que dans cette citation Physique doit être pris non seulement au sens moderne mais surtout au sens ancien (phusis).

Le transhumanisme et son concurrent.1

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  25/11/2021

Dans le .0 j'ai cité "Le grain de sable divin". En le reparcourant j'y retrouve le passage suivant dans le paragraphe intitulé "Des cathédrales à la bataille de Verdun" :

"L’état-major français voulait décrocher devant la violence inouïe (artillerie) de l’attaque allemande du 21 février 1916; les chefs en place à Verdun (général Langles de Cary) préparaient déjà le retrait de la rive Est de la Meuse, d’ailleurs selon une tactique très raisonnable du point de vue militaire classique. Mais le soldat français a refusé en tenant, en s’accrochant, en se sacrifiant, mu par un instinct auquel il serait bon que l’on prêtât des vertus mystiques. C’est lui, le poilu, qui a imposé Verdun tel que Verdun fut. Il faut la visite d’inspection en urgence de Castelnau, adjoint de Joffre, les 24-25 février (tiens, Castelnau, surnommé “le capucin botté”, catholique fervent, pourtant général favori du franc-maçon Briand contre Joffre, – il faut être en France pour voir cela); et Castelnau, devant l’évidence et avec une certaine prescience de l’essence de la chose, décide qu’on résistera, c’est-à-dire qu’on fera comme veut le poilu.".

Deux commentaires.

1. Bel exemple, selon moi, d'action du soma/peuple sur le germen/élite. En totale contradiction avec le dogme central du néo-darwinisme (existence de la barrière dite de Weismann).

Thom : "La reconstitution de la dynamique germinale n'a lieu en principe que dans les cellules de la lignée germinale ; (...) Ce mécanisme est a priori si complexe, qu'on ne pourra que s'étonner – dans un futur pas tellement lointain – de l'étonnant dogmatisme avec lequel on a repoussé toute possibilité d'action du soma sur le germen – tout mécanisme « lamarckien ». " (ES)

2 Thom : "(...) la vie collective impose souvent — et seuls sont exclus les individus de la lignée germinale — une déformation de la figure de régulation de l'individu. Cette déformation, en stabilisant un col de la crête, donc en l'abaissant, diminue la stabilité individuelle de l'élément. De fait, dans un organisme biologique, certaines cellules peuvent même recevoir un ordre de suicide pour assurer la régulation spatiale ou physiologique de l'organisme entier (cellules de l'épiderme, hématies). Dans les sociétés humaines, cette déformation de la figure de régulation de l'individu porte le nom de morale ; ainsi qu'il est bien connu, l'égoïsme d'une société se fonde sur l'altruisme des individus qui la composent.".

Géopolitique pour les nuls

Article lié : Tripolarité et guerre hybride mondiales

Auguste Vannier

  24/11/2021

Avec son style inimitable, son ironie mordante, et un ton sarcastique stimulant, Orlov donne ici une superbe leçon de géopolitique pour nos amis américains…
Tout en ayant des points de désaccord de fond avec notre auteur dans d'autres domaines, je dois reconnaître qu'iil donne ici, en quelques pages et formules bien senties, un véritable manuel de  Gèopolitique accessible à tout citoyen même plus nul que le chef du Pentagone:
- les USA ne sont plus hégémoniques, mais toujours dangereux (la perception de leur déclin et sa dénégation peut les rendre encore plus prédateurs);
- une intelligence et un sang froid des dirigeants de la Russie et de la Chine, appuyées sur des cultures nationales puissantes,  plutôt rassurantes, vu le niveau de provocation de l'Occident à leur égard;
-des pratiques de coopération internationale réalistes et efficaces;
- ressources naturelles et humaines considérables que Chine et Russie semblent vouloir combiner pour du gagnant-gagnant;
-pas de perspective d'hégémonisme mondiale (dans les faits ça se vérifie, ils ont d'ailleurs déjà pas mal à faire chez eux)...
Et voilà qu'on se dit qu'il est préférable que s'impose une conception multilatérale des affaires du monde plutôt que l'hégémonisme de la nation "indispensable".
 

Projection politique.3

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  24/11/2021

Dans le .2 j'écrivais (de quoi je me mêle!):

"Dans le tome II de "La Grâce…" PhG cite un certain Daniel Vouga à propos de Maistre et Baudelaire: "Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l’Unité perdue…", citation qui est pour moi un indice de la façon qu'a PhG de voir les choses. Une raison pour lui aussi de s'intéresser à l'analogisme descolien et à l'œuvre de Thom? Car pour espérer retrouver l'Unité perdue il est bon d'avoir une idée de la façon dont elle a été perdue.".

Pour moi PhG a une idée très précise -car quotidienne- de la façon dont se perd l'unité. Il l'écrit dans le tome III de "La Grâce…" :

« Il suffit d’un mot, d’une phrase, d’une citation à placer en tête, la chose inspiratrice qui ouvre la voie et là-dessus se déroule le texte, à son rythme, entièrement structuré, avec sa signification déjà en forme et en place. Je n’ai rien vu venir et j’ignore où je vais, mais j’ai toujours écrit d’une main ferme et sans hésiter… et toujours, à l’arrivée, il y avait un sens, une forte signification, le texte était devenu être en soi… C’était un instant de bonheur fou. ».

Le mot, la phrase, la citation à placer en tête représente pour moi l'unité, le centre organisateur, l'être en soi en puissance dont parle Thom dans sa citation concernant l'arbre de Porphyre, alors que l'être en soi dont parle PhG est l'être en soi déployé, en acte.

Quel rapport avec la biologie? Dans son œuvre philosophique Thom s'intéresse principalement à la biologie, à la linguistique et tout naturellement, puisque sa théorie des catastrophes est une théorie de l'analogie, aux relations entre les deux :

"(...) l'homme est pourvu d'un dispositif universel qui, sur un champ de dynamique neuronique, peut en reconstituer le centre organisateur. Véritable gonade mentale, ce dispositif condense les champs en mots, vraies semences d'idées ; placé dans un contexte approprié, le mot germe et éclate dans l'esprit de l'auditeur, et la forme globale ainsi reproduite est l'idée. Ainsi, la pensée conceptuelle est une Embryologie permanente.";

"La signification d'un mot peut être considérée comme un oscillateur (...) de la dynamique neuronique. Un tel système [régulé] forme une sorte de passage obligé entre deux types d'activités psychiques : l'activité sensorielle ou affective, d'une part, qui nous pousse à dire quelque chose, et l'activité motrice d'autre part : car tout mot est finalement, au stade de l'émission, un champ moteur musculaire (une chréode au sens de Waddington), affectant les muscles du thorax, de la glotte, des cordes vocales, de la bouche…. L'aspect « entrée » peut être considéré comme une embryologie de la forme sémantique ; une fois que celle-ci est constituée dans sa plénitude, elle atteint le stade de la « maturité sexuelle » : dans une zone spéciale de la figure de régulation, l'analogue de la gonade des êtres vivants, elle engendre une forme qui, par simplification progressive, retourne au centre organisateur de la structure, comme chez les gamètes des êtres vivants. L'énergie apportée par l'évanouissement de cet oscillateur local sert alors à déclencher le champ moteur musculaire. Ces deux processus constitution et destruction de la forme sémantique peuvent être considérés — en première approximation — comme inverses l'un de l'autre. Après émission du mot, la forme sémantique devient instable et se désagrège rapidement (peut-être subsiste-t-elle quelque temps dans la mémoire immédiate comme un souvenir stérile à l'instar d'un individu âgé devenu incapable de procréer).".

Si les vues de Thom sont correctes, dégenrer le genre des mots (1), ce que tentent de faire actuellement les déconstructeurs, est peut-être (très probablement pour moi) contre nature, car "l'activité sensorielle et affective qui nous pousse à dire quelque chose" nous pousse à mon avis à inconsciemment genrer certains mots, ce genre étant commun à toutes les langues parlées par les humains (2).

(1) Je pense au "iel".
(2) Je suppose, je ne suis pas linguiste.

Le transhumanisme et son concurrent

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  24/11/2021

Pour moi ce qui caractérise l'état actuel de notre civilisation occidentale c'est la disparition progressive de l'intériorité, ce qui aboutit au matérialisme XIXème et au transhumanisme XXIème. J'ai tendance à situer le début de cette disparition à la coupure galiléenne, mais auparavant il y a eu la lente disparition de l'essentialisme au profit du nominalisme. ainsi que celle de l'intériorité dans l'art (τέχνη en grec ancien) devenu technique (et dans l'artisan devenu technicien) (1).

La disparition des intériorités dans le monde actuel plonge celui-ci dans une sorte de coma. Il est pour moi essentiel et urgent de faire réapparaître l'âme, de réanimer les matérialistes, en particulier les scientifiques. Mais, prévient Thom, réanimer le matérialisme mécaniste du XIXème pour un matérialisme vitaliste du XXIème ne sera pas une mince affaire :

"La synthèse ici entrevue des pensées « vitalistes » et « mécaniste » en Biologie n'ira pas sans un profond remaniement de nos conceptions du monde inanimé. ("Une théorie dynamique de la morphogenèse", conclusion, MMM).

Ce n'est pas autre chose que veut dire Thom lorsqu'il écrit que "la science doit réapprendre à penser" car pour lui penser c'est relier l'intérieur et l'extérieur :

"L'homme en éveil ne peut, comme le nourrisson de neuf mois, passer son existence à saisir les objets pour les mettre en bouche. Il a mieux à faire: aussi va-t-il penser, c'est-à-dire saisir des êtres intermédiaires entre les objets extérieurs et les formes génétiques: les concepts" (2).

Inversement il souhaite que ceux qui ont tendance à trop intérioriser se tournent vers l'extérieur :

"Les Philosophes ont abandonné aux savants la Phusis et se sont repliés dans la forteresse de la subjectivité. Il leur faut réapprendre la leçon des Présocratiques, rouvrir les yeux grands sur le monde, et ne pas se laisser impressionner par l'expertise souvent dérisoire d'insignifiance de l'expérimentateur.".

Il y a pour moi deux grandes catégories de penseurs, ceux qui pensent d'abord le monde depuis l'extérieur et ceux qui, à l'inverse, le pensent d'abord depuis l'intérieur. Pour moi Thom le pense plutôt d'abord depuis l'intérieur :

"(...) en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur: qui connaît l'Homme connaîtra l'univers. " (SSM, épilogue) ,

"(...) notre modèle offre d'intéressantes perspectives sur le psychisme, et sur le mécanisme lui-même de la connaissance. En effet, de notre point de vue, notre vie psychique n'est rien d'autre qu'une suite de catastrophes entre attracteurs de la dynamique constituée des activités stationnaires de nos neurones. La dynamique intrinsèque de notre pensée n'est donc pas fondamentalement différente de la dynamique agissant sur le monde extérieur. On s'expliquera ainsi que des structures simulatrices des forces extérieures puissent par couplage se constituer à l'intérieur même de notre esprit, ce qui est précisément le fait de la connaissance.".


Nous arrivons à un point de bifurcation. Première option: continuer dans la voie du mécanisme et du transhumanisme, celle choisie par l'élite-Système. Deuxième option : choisir la voie du vitalisme, voie concurrente de la précédente.

Mais de même que la mort fait partie de la vie, de même pour Thom, je crois, le mécanisme fait partie intégrante du vitalisme géométrique qu'il a en vue et est destiné à être absorbé par lui comme un cas marginal:

"L'hypothèse réductionniste devra peut-être un jour être retournée : ce sont les phénomènes vitaux qui pourront nous expliquer certaines énigmes de la structure de la matière ou de l'énergie. Après tout, n'oublions pas que le principe de la conservation de l'énergie a été exprimé pour la première fois par von Mayer, un médecin…".




(1) Cf. "Des cathédrales à la tour de Doubaï" ( https://www.dedefensa.org/article/dialogues-3-le-grain-de-sable-divin )
(2) Cette citation indique que Thom est conceptualiste, entre nominalisme et essentialisme (et pour une continuité entre les deux pôles "ante rem" et "post rem", avec cependant, à mon avis, un penchant pour l'essentialisme).

 

Pkus ou moins hors sujet

Article lié : La doctrine ‘Dark Eagle

Geo

  23/11/2021

https://elucid.media/politique/emmanuel-todd-la-russophobie-traduit-la-chute-d-une-amerique-brisee/

La trahison-pépère de dedefensa

Article lié : La trahison-pépère

Auguste Vannier

  22/11/2021

Donc avec cet article dedefensa persiste dans le Melenchon-bashing, en insinuant, puis affirmant, qu'il y aurait une continuité entre la gauche wokeniste US et "La Gauche " française. Déjà que la gauche US n'a rien à voir avec "Une gauche" hexagonale qui n'a jamais existé en tant qu'ensemble unitaire que conjecturellement  et sur des faibles durées gouvernementales. Les élites progressistes n'ont présenté cette étiquette que par opportunisme de carrière, le 2 ème Miterrand inaugure cette posture plus tactique qu'idéologique et elle s'écroule dans la caricature avec Hollande et autres Vals, voire même dans un Macron propulsé sous le nez et à la barbe de Hollande…Il y a bien des gauches différentes ici comme en atteste l'impossibilité de refaire une union plausible.
Quant au "wokenisme", personne ne sait exactement ce que ça signifie idéologiquement et encore moins politiquement, mais c'est pratique pour couper court aux débats et à la réflexion, en passe de succèder, à la même fin, au "complotisme".
La plupart des citoyens ne s'intéressent que moyennement à ces questions tant les autres problèmes sont pressants au quotidien.
Le véritable concept de "créolisation" est d'une plus haute volée intellectuelle et opératoire que ce produit frelaté de wokenisme…
En "attaquant" de cette manière, Mélenchon (toutefois moins ridicule que l'accusation d'islamo-gauchisme) vous entrez sérieusement dans un combat de "campagne" électoraliste…Ça me semble à moi, qui suit et apprécie les analyses fines sur la crise du système américaniste de defensa depuis longtemps, ça me paraît une trahison, et pour être apparemment gentil, je dirais même plus, une trahison-pépère…

Projection politique.2

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  22/11/2021

Le problème fondamental de l'analogisme -au sens de Descola- est d'établir des liens assurant la cohésion entre les atomes sociaux (les individus ou les familles) et c'est, je crois, l'un des principaux obstacles avancés par les jacobins (depuis Philippe le Bel) pour refuser une organisation sociale girondine selon le principe de la subsidiarité ascendante. Dans le .1 j'ai souhaité que Michel Onfray et Alain de Benoist s'intéressent à l'analogisme (1).

Dans le tome II de "La Grâce…" PhG cite un certain Daniel Vouga à propos de Maistre et Baudelaire: "Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l’Unité perdue…", citation qui est pour moi un indice de la façon qu'a PhG de voir les choses.

Une raison pour lui aussi de s'intéresser à l'analogisme descolien et à l'œuvre de Thom? Car pour espérer retrouver l'Unité perdue il est bon d'avoir une idée de la façon dont elle a été perdue. Thom donne -selon moi- de précieuses indications à ce sujet dans la citation suivante (que je fais ici souvent) (ES, p.216) :

""L'image de l'arbre de Porphyre me suggère une échappée en "Métaphysique extrême" que le lecteur me pardonnera peut-être. Il ressort de tous les exemples considérés dans ce livre qu'aux étages inférieurs, proches des individus, le graphe de Porphyre est susceptible -au moins partiellement- d'être déterminé par l'expérience. En revanche, lorsqu'on veut atteindre les étages supérieurs, on est conduit à la notion d' "hypergenre", dont on a vu qu'elle n'était guère susceptible d'une définition opératoire (hormis les considérations tirées de la régulation biologique). Plus haut on aboutit, au voisinage du sommet, à l'Être en soi. Le métaphysicien est précisément l'esprit capable de remonter cet arbre de Porphyre jusqu'au contact avec l'Être. De même que les cellules sexuées peuvent reconstituer le centre organisateur de l'espèce, le point germinal alpha (pour en redescendre ensuite les bifurcations somatiques au cours de l'ontogénèse), de même le métaphysicien doit en principe parvenir à ce point originel de l'ontologie, d'où il pourra redescendre par paliers jusqu'à nous, individus d'en bas. Son programme, fort immodeste, est de réitérer le geste du Créateur. Mais très fréquemment, épuisé par l'effort de son ascension dans ces régions arides de l'Être, le métaphysicien s'arrête à mi-hauteur à un centre organisateur partiel, à vocation fonctionnelle. Il produira alors une "idéologie", prégnance efficace, laquelle, en déployant cette fonction, va se multiplier dans les esprits. Dans notre métaphore biologique ce sera précisément cette prolifération incontrôlée qu'est le cancer."

"Aristote a dit du germe, à la naissance, qu'il est inachevé. On peut dès lors se demander si tout en haut du graphe on n'a pas quelque chose comme un fluide homogène indistinct, ce premier mouvant indifférencié décrit dans sa Métaphysique; que serait la rencontre de l'esprit avec ce matériau informe dont sortira le monde? Une nuit mystique, une parfaite plénitude, le pur néant? Mais la formule d'Aristote suggère une autre réponse, théologiquement étrange: peut-être Dieu n'existera-t-il pleinement qu'une fois sa création achevée: "Premier selon l'être, dernier selon la génération"."


(1) : "Cette forme d'ontologie est « très commune » sur la face du monde. «." (https://wiki.p2pfoundation.net/Matrices_Ontologiques_-_Philippe_Descola)

Pour info

Article lié : “Mergitur Nec Fluctuat

Philippe GIRAUDET

  19/11/2021

Le turcopolier était le frère sergent commandant les turcopoles, troupes auxiliaires des croisés, mais peut-être aviez-vous cherché...

Projection politique.1

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  19/11/2021

Je viens d'apprendre que le parti que créerait EZ s'appellerait Vox populi : pour moi une bonne introduction pour ce .1 .

J'ai entendu que EZ se réclame fréquemment de de Gaulle et du gaullisme (1) en je me souviens de ce que de Gaulle disait du peuple :

"La révolution n'a pas appelé au pouvoir le peuple français, mais cette classe artificielle qu'est la bourgeoisie. En réalité il y a deux bourgeoisies. La bourgeoisie d'argent, à droite, et la bourgeoisie intellectuelle, à gauche. Mais les deux font la paire, elles s'entendent comme larrons en foire pour se partager le pouvoir, même si c'est contraire aux intérêts de la France. Tandis que le populo ne partage pas du tout ces sentiments, le populo est patriote, le populo a des réflexes sains, ... , le populo sent où est l'intérêt du pays , le populo ne s'y trompe pas souvent." .

EZ s'affichant bonapartiste, je pense qu'il consultera le peuple "à la de Gaulle" : question(s) posée(s) par le chef auquel le peuple acquiesce ou non, avec démission à la clef si la réponse est négative (les référendums sont pour eux des plébiscites et, à mon avis,  il n'est pas, par principe, question pour eux de votation populaire impérative).

(En "bon" thomien je ne peux m'empêcher de faire les analogies soma/peuple et germen/élite. Avec ces analogies je compare la position constatée de de Gaulle et présumée de Zemmour en transposant à la société le dogme central du néo-darwinisme qu'est l'existence d'une barrière (dite de Weismann) qui interdit toute action directe du soma sur le germen (2). Il est pour moi clair que De Gaulle allait chercher son inspiration autre part que dans le peuple (transcendance de l'origine du pouvoir), et je présume que EZ pense de même : pour eux il y possibilité d'action directe de l'élite sur le peuple mais impossibilité d'action directe du peuple sur l'élite (il y a possibilité d'action indirecte: destitution du chef par référendum). Tel est pour moi l'esprit de la Vème (mais pas de la lettre, qui permet (?) aux présidents de se passer des référendums (3)).)

Le "vox populi" zemmourien appelle un vox dei. Pour moi l'esprit de la Vème c'est plutôt l'inverse, à savoir "Vox dei, vox populi", c'est plus l'aristo-populisme jacobin patriotique que la démo-aristocratie girondine matriotique (4).

La citation de Machiavel qui suit est, une fois n'est pas coutume, machiavélienne et non machiavélique:

 « Ce n’est pas sans raison qu’on dit que la voix du peuple est la voix de Dieu. On voit l’opinion publique pronostiquer les événements d’une manière si merveilleuse, qu’on dirait que le peuple est doué de la faculté occulte de prévoir et les biens et les maux.».

Cette citation laisse entrevoir une autre possibilité d'organisation sociale qui serait analogiste -au sens de Descola-, où le peuple contiendrait en lui-même son propre principe (immanence de l'origine du pouvoir), ce qui lui permettrait de sécréter lui-même sa propre aristocratie (démo-aristocratie). en procédant de bas en haut par analogie depuis le local (la famille -l'atome social pour Auguste Comte- et le village, la commune…) jusqu'au global (La France, l'Europe, le monde) selon le principe de la subsidiarité ascendante (girondisme tel que je le conçois) (5). L'œuvre de Thom va, selon moi, dans ce sens puisque pour lui d'une part sa théorie des catastrophes est en quelque sorte immanente (6) et d'autre part :

"En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la théorie des catastrophes permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera : i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles des sciences de la signification ; ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée."

La liberté me semble a priori potentiellement plus grande dans une organisation sociale de type analogiste où tout diffère que dans une organisation de type totémiste où tout se ressemble (7).

J'ai écrit précédemment que je verrais bien évoluer Michel Onfray vers l'analogisme. Je me demande si ce n'est pas quelque chose comme ça que cherche Alain de Benoist, présenté sur Wikipédia comme l'un des leaders de la nouvelle droite, dont j'apprends -toujours sur Wikipédia- qu' "il apporte son suffrage à Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle française de 2017, en raison de son virage « populiste » lors de la campagne présidentielle".


(1) J'ai également entendu dire que si EZ se déclare candidat alors sa déclaration de candidature sera faite à Colombey.
(2) Darwin acceptait ce genre typiquement lamarckien d'action (cf. sa théorie des gemmules).
(3) De l'interprétation de la conjonction "et" dans l'article 2 : "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum".
(4) Chateaubriand : "La France est ma patrie et la Bretagne est ma matrie" (et peut-être du Bellay aurait-il pu écrire "Le monde est ma patrie et mon petit Liré est ma matrie). Pour tenter de rester dans le cadre de l'article, j'ai appris à ce propos que Jean-François gautier était farouchement charentais.
(5) À la suite d'une votation les suisses ont récemment  introduit dans leur constitution le principe de subsidiarité -mais sans préciser s'il s'agit de subsidiarité ascendante ou descendante-.
(6) "Le monde de l'analogie est un monde qui porte son ontologie en quelque sorte avec soi".
(7) Dans "nos" grandes religions monothéistes le rôle de la femme est parfois pratiquement totalement occulté (y a-t-il un autre choix possible dans les sociétés totémistes que celui d'occulter le rôle soit de l'homme soit de la femme?).
 

Projection politique

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  19/11/2021

Pour moi les sociétés idéalistes et monothéistes sont plutôt à ranger parmi les sociétés totémistes* alors que je range plutôt les sociétés matérialistes et polythéistes du côté des sociétés analogistes*.

Compte tenu de mes précédents commentaires descoliens le thème de l'immigration qui domine actuellement la pré-campagne présidentielle (thème vigoureusement impulsé par Éric Zemmour) devient celui de l'intégration d'une société totémiste (l'Islam) dans une société laïque qui refuse idéologiquement l'idée d'intériorité, donc une société soit naturaliste* soit analogiste* . Aussi, pour moi très logiquement, EZ prône un retour au statu quo ante de la civilisation judéo-chrétienne également totémiste pour pouvoir s'opposer à l'Islam à armes égales.

L'athée Michel Onfray, athée matérialiste moniste (2) et droit-de-l 'hommiste pense, lui aussi très logiquement de mon point de vue, que notre civilisation est en train d'évoluer catastrophiquement (au sens usuel du terme) vers le transhumanisme. Toujours compte tenu de ce qui précède il me semble logique que MO évolue vers l'option analogiste (3).

En ce qui me concerne il y a longtemps que j'oppose ici le matérialisme mécaniste XIXème à un matérialisme vitaliste (ou un vitalisme matérialiste…) XXIème que je propose avec conviction (4), matérialisme peut-être pas si éloigné que ça du matérialisme aristotélicien (5). Si j'ai compris correctement l'esprit de la classification descolienne je crois qu'on peut ranger sans trop de dommages le matérialisme XIXème parmi les sociétés naturalistes et le matérialisme XXIème parmi les sociétés analogistes.

Je rappelle à ce propos que, dès le début de son pontificat, le pape François a édicté quatre principes dont l'un -"La réalité est supérieure à l'idée"- me semble s'opposer quasi frontalement au plus classique "Et le verbe s'est fait chair" (participant ainsi à justifier de traiter François de pape matérialiste). L'idée de François serait-elle de faire basculer le catholicisme du totémisme à l'analogisme ?


(1) L'usage chrétien (entre autres) d'attribuer le prénom d'un saint du calendrier (Michel, Paul et .... Pascal, Noêl, Toussaint): tradition totémiste ?
(2 Au sens où l'existence implique l'essence (sens différent de celui que donne Thom).
(3) Michel sur le chemin de Chambois tel Paul sur le chemin de Damas?
(4) Thom : "Ce n'est pas faire preuve de vitalisme que de déclarer qu'un être vivant est une structure globale, c'est constater une évidence. Ce qui est inadmissible, en effet, et entaché de métaphysique vitaliste, c'est d'expliquer les phénomènes locaux par la structure globale" ; "(...) on pourrait rapporter tous les phénomènes vitaux à la manifestation d'un être géométrique qu'on appellerait le champ vital (tout comme le champ gravitationnel ou le champ électromagnétique)".
(5) Esquisse d'une sémiophysique est sous-titré "Physique aristotélicienne et théorie des catastrophes".
 

À propos de la classification de Descola.1

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  19/11/2021

J'ai fait une erreur grossière dans le .0 . L'identification intériorité/extériorité (monisme thomien (1) ) conduit en effet à ne considérer que l'analogisme* et le totémisme* puisque, la différence intériorité/extériorité n'existant plus, il ne reste que l'opposition identité/rupture (ressemblance/différence). Donc avec le choix du monisme thomien -mon cas- exeunt l'animalisme* (tant pis?) et le naturalisme* (tant mieux) (2) .

* Pour moi il s'agit ici du sens descolien.

(1) : "C'est sans doute sur le plan philosophique que nos modèles présentent l'apport immédiat le plus intéressant. Ils offrent le premier modèle rigoureusement moniste de l'être vivant, ils dissolvent l'antinomie de l'âme et du corps en une entité géométrique unique." (SSM, 2ème ed., conclusion) ; "(...) le problème classique de l'opposition : « réalisme-idéalisme » ne se pose pas pour nous ; car on se place à un niveau (celui de l'image homomorphe du réel dans l'esprit) où cette distinction s'abolit." .
(2) Je lis dans Wikipédia que pour Lévi-Strauss « le totémisme est une unité artificielle, qui existe seulement dans la pensée de l'ethnologue, et à quoi rien de spécifique ne correspond au dehors ».
 

De Derrida à Descola

Article lié : Le transhumanisme et la concurrence

jc

  18/11/2021

Descola nous montre que le structuralisme n'est pas mort (et qu'il est même, selon moi, bien vivant), malgré les efforts des post-structuralistes (Derrida, Deleuze et cie) pour le discréditer.

Pour moi, la façon qu'a Descola de classer les rapports des groupes humains au reste du monde est un véritable plan général d'organisation sociale (PGOS) en quatre catégories (1), plan général qu'il ne me semble pas déraisonnable de mettre en regard du plan général d'organisation animale (PGOA) proposé par Thom (2), structuraliste à ses heures (3).

(1) : Descola considère que sa classification ne concerne que les superstructures (il laisse aux ethnologues le soin de s'occuper des infrastructures ( https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques1-2011-4-page-23.htm ).
(2) Cf. Esquisse d'une sémiophysique.
(3) Pour Jakobson il n'y avait de son temps (années 1960) que quatre structuralistes (outre lui-même) : Saussure, Lévi-Strauss, Troubetskoï et Thom. Ce que Thom reproche aux structuralistes "classiques" c'est leur incapacité (ou leur refus) de considérer les choses du point de vue du continu : "Le grand vice du structuralisme est son caractère discret, qui ne lui permet pas de prendre en compte les variations continues des formes, en particulier leur mouvement.".