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Article : Notes sur le déchaînement de la Matière à Boston

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Une simple répétition pour un contrôle plus général

Jean-Paul Baquiast

  23/04/2013

Vous avez sans doute remarqué que pour certains commentateurs (par ex. le WSWS) ce coup de Boston aurait été monté pour répéter et tester ce qui pourrait être une prise en mains de l’ensemble des USA (ou de certains Etats seulement) par une dictature s’établissant à la suite de révoltes populaires massives naissant de l’aggravation de la crise économique.
http://www.wsws.org/en/articles/2013/04/22/pers-a22.html

Drôle d'ambiance.

Jack v.

  23/04/2013

En écrivant, “Monday showed us how fragile life and social tranquility are. Today shows us how fragile liberty is”, Anthony Gregory montre qu’il n’a pas vraiment conscience d’être dans un pays qui est en guerre depuis très longtemps, et même dans pays qui est structuré et organisé pour la guerre et qui n’excelle plus que dans ce domaine, comme le disait très bien l’humoriste George Carlin .

Comment peut-on prétendre aspirer à la paix et à la tranquillité quand on est en guerre de façon quasi-permanente avec le reste du monde ? Cette contradiction n’avait pas échappé à Oussama Ben Laden quand il faisait observer : « ... qu’il ( Bush) explique pourquoi nous ne frappons pas, par exemple, la Suède ? »

Ce que l’on appelle l’inculpabilité sur dedefensa.org n’est peut-être qu’une conséquence de l’impunité dont profitent les US. Celui qui ne peut être puni pour ses actes peut-il réellement concevoir sa propre culpabilité ? Mais cette indifférence envers le sort des autres peuples apparaît-elle spontanément chez le citoyen US ou n’est-elle pas plutôt le résultat d’un conditionnement qui permet d’obtenir chez l’individu une forme d’insouciance vis à vis des dégâts occasionnés par la politique agressive raciste de son pays dans le reste du monde (essentiellement le monde des « brown people » comme le fait observer George Carlin) ?

On rapporte qu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, dans l’Allemagne vaincue et occupée, les Allemands furent effarés en réalisant la nature des crimes du régime nazi. Il devait sans doute s’agir d’un retour du sentiment d’empathie avec les victimes de ces crimes chez un peuple qui savait pratiquement tout de ce qui se passait chez lui mais qui, convaincu de vivre entouré d’ennemis mortels et grisé par la puissance de son pays, se croyait peut-être au-dessus de la condition des autres hommes, un peu comme le citoyen US des dernières décennies, pour qui les seules victimes humaines qui comptent dans un conflit impliquant son pays sont ses compatriotes.

Aujourd’hui, en regardant les images montrant Boston «occupée» par les forces de police, on peut penser que l’Amérique, qui est en régression sur bien des plans, s’est aujourd’hui ratatinée, réduite à cette caricature d’état, l’état guerrier/policier que décrivait George Carlin où aujourd’hui, la guerre s’introduit insidieusement dans les mœurs et envahit la vie quotidienne, un peu comme dans l’Allemagne aux abois des années 44-45.

ZC

  23/04/2013

Bonne analyse de JACK V.

Oui bien sûr l’américain moyen dans sa tranquille forteresse ne peut ni comprendre ni même réaliser ce que les convulsions du monde doivent à ses dirigeants et selon le principe bien connu que la douleur ne prend sens que lorsqu’on en est la victime, les bombes qui explosent dans les “mondes barbares” n’émeuvent que les marchands de “bons sentiments” qui décernent les labels “terroristes” “rebelles” “resistants” ou “criminels” selon les nécessités de stratégies qui restent hermétiques à la “masse” heureuse et anesthésiée.
Mais peut-on se pencher un instant sur le “déchainement de la matière bostonienne” vu de notre vieille Europe. Et nous que sommes nous devenus? où est notre degré d’empathie à l’égard des victimes des guerres pilotées par le “SYSTEME”; notre ambassade qui explose à Tripoli a une importance moindre que le circus maximus bostonien. Que penser de ceux qui “souffrent ” moins de la violence qu’ils subissent que de celle infligée à leur Maitres.
Qui a dit que nous sommes tous américains?
Quest-ce qu’une affirmation pareille a de signifiant? Aujourd’hui nous devons nous rendre à une seule évidence: le conscient et l’inconscient européen a tout cédé à l’impérium américain. De la part de la puissance US, il n’y a que du positif à une telle rédition civilisationnelle, mais l’Europe qu’en restera-t-il lorsque l’effondrement de la puissance US sera réalité.
L’esclave s’est trouvé plus pauvre et plus esclave que jamais quand le NORD a brulé les domaines des seigneurs du SUD à la fin de la guerre de secession.
La fin de l’esclavage légal des noirs a ouvert une longue et sinistre période d’insécurité et de précarité pour les Noirs des Etats du SUD;
Si comparaison n’est pas raison, il n’en reste pas moins que sans reflexion sur les racines de notre servitude intellectuelles et les voies pour nous en libérer avant que nous ne soyons abandonnés à notre propre sort, je crains que nous ne soyons à terme les vrais dindons de la farce.

Expérences anciennes et nouvelles...

Thierry de RAVINEL

  24/04/2013

Ce qui apparait en filigrame (mais restons prudent bien entendu), c’est la nième apparition du méchant monstre créé par des démiurges maladroits pour servir la “liberté”, mais ayant malencontreusement ayant échappé au controle de ses créateurs.
Si l’on se souvient que Oussama Ben Landen avait lui même été “utilisé” par les services américains contre les russes en Afghanistan (sans remonter à la longue liste allant de Ho Chi Minh à Kabila, en passant par M Kagame), la répétition des mêmes erreurs et de leurs conséquences désatreuses invite à la reflexion.
Les américains ne sont certes pas idiots et naifs au point d’ignorer volontairement toutes les leçons de l’histoire.  S’il le font, c’‘est qu’ils y sont conduits (pour ne pas dire forcés) par une culture profondement et lourdement marquée par une idéologie très structurante, dont on a sans doute pas assez analysé jusqu’ici l’origine, les contours, et surtout les effets .(je ne vais pas entreprendre de le faire je n’en ai ni les compétences ni la place :)).
Puisque c’est de l’idéologie ultra libérale dont il s’agit, elle a au moins deux effets majeurs : évacuer totalement l’histoire de l’analyse, et simplifier à outrance le réel en construisant des catégories totalement inadéquates pour l’appréhender avec réalisme.
Je pense qu’il faudrait remonter à la réforme ( en particulier au puritanisme) pour analyser en toute rigueur le phénomène.
Je ne vais pas m’atteler à cette tâche redoutable, mais je voudrais tout de même en souligner la réalité et surtout les conséquences sur des individus qui pour certains ont l’avenir de notre monde entre les mains…
Comme pour les communistes russes en leur temps, le remède viendra d’abord d’une prise de conscience par les américains eux même de cette emprise et de ses effets… Souhaitons qu’un penseur éclairé les affranchisse. Il y a urgence…

Origines de l'idéologie Américaine ?

René M

  24/04/2013

@ Thierry de RAVINEL
Suite à votre commentaire : Expériences Anciennes et Nouvelles ,  ( citation)  : (....) “Je pense qu’il faudrait remonter à la réforme (....) “

Cliquez donc sur la rubrique LA GRÂCE de l’HISTOIRE
Vous y trouverez il me semble un développement sur le sujet que vous évoquez .  De même vous trouveriez dans de nombreuses chronique du site cette piste de réflexion très ancienne pour ne pas dire fondatrice chez Philippe Grasset. C’est même un leitmotiv.
Le site réclame je crois une longue fréquentation pour bien le découvrir
Cordialement
Un lecteur de Dedefensa

Théorie du drone

Ouaille

  25/04/2013

Puisqu’on parle déchainement de la matière, je vous signale un livre potentiellement intéressant sorti très récemment

Théorie du drone
http://lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=763

« Oh, la belle cible ! J’essaierais de passer par l’arrière pour la mettre en plein dans le mille. » Ce n’est pas un sniper qui parle depuis un toit d’immeuble, c’est un personnage confortablement installé à la base de Creech, dans le Nevada. Il pilote un drone qui s’apprête à lancer un missile Hellfire sur un groupe suspect en Afghanistan. Avec le drone armé, entre la gâchette sur laquelle on a le doigt et le canon d’où va sortir le projectile, ce sont des milliers de kilomètres qui s’intercalent. Cette mise à distance fait éclater la notion même de guerre : qu’est-ce qu’un combattant sans combat ? où est le champ de bataille ? et peut-on vraiment parler de guerre quand le risque n’est pas réciproque, quand des groupes humains entiers sont réduits à l’état de cibles potentielles – en attendant de devenir légitimes ? Dans la guerre à distance, peu importe que ce soient des machines qui tuent des êtres humains : l’essentiel est qu’elles les tuent humainement. Ce livre montre la gravité des questions éthiques, psychologiques, juridiques, que pose cette nouvelle merveille de la technologie militaire.

Agrégé de philosophie, Grégoire Chamayou est chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Cerphi ENS Lyon.