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Article : Notes sur Clausewitz KO debout 

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Clausewitz est KO debout

Tatanka

  14/01/2005

“La guerre a perdu sa cohérence historique, sa fonction régulatrice de renouvellement des situations politiquement bloquées qui étaient sa seule justification acceptable. Clausewitz est KO debout.”

Voici une phrase bien belle et particulièrement pertinente pour décrire la situation.
Mais elle n’est cohérente que pour décrire l’aspect opérationnel de la guerre. C’est parce que l’utilisation stratégique de la guerre comme “solution clausewitzienne” est mal menée que la guerre semble ne plus avoir de sens. Pourtant l’ennemi existe toujours, il suffit d’en désigner physiquement un qui soit à portée.

C’est justement la crise de civilisation comme écrit “d’une ampleur considérable”, qui empêche l’usage de la guerre pour ce qu’elle devrait être.
Car dans le fond c’est une affaire de survie et la question est simple: comment continuer à exploiter les ressources mondiales à notre profit?
L’usage de la force et l’annexion pure et simple apparaissent dans notre civilisation déclinante comme inaceptable. L’alternative, qui est l’acceptation d’une réduction de satisfaction par le partage des ressources, n’arrive pas a l’idée des gouvernements toujours et nécessairement figés dans une attitude actuellement en retrait par rapport à l’évolution idéologique de la société.
La réponse est un écartèlement entre une vision humaniste populaire et la sauvagerie étatique, parfaitement illustrée par la scène du sampan dans “Apocalypse Now”.
Le commandant du patrouilleur remontant la rivière décidant de contrôler un sampan de paysans contre l’avis de Willard. L’affaire évidemment tourne mal et le massacre inutile se conclut justement par l’excution pure et simple des survivants.
Ce type de comportement, caractéristique de la guerre d’Irak, une fois connu, amplifie le malaise et ne fait qu’accélérer la décomposition de la société.
Donc à mon sens la “destruction de la guerre” ne vient pas de l’absence d’ennemi mais du mauvais usage de l’outil “Guerre” parce qu’on ne sait plus l’utiliser.
L’illustration extrème est la déclaration du Président Bush comme quoi “les USA avaient un plan en Irak mais que l’ennemi ne l’a pas respecté”. De quoi mourrir de rire.