jc
16/06/2025
Genèse de ma pensée bipolaire.
Le fait de tenter de systématiquement "penser bipolaire" m'est venu en découvrant l'ago-antagonisme d'un certain Élie Bernard-Weil dont je n'avais jamais entendu parler auparavant :
" Il faut apprendre ou réapprendre à penser toujours d'une manière bipolaire et de ne pas céder à l'attrait d'une pensée unipolaire, branchée sur un pôle dominant - ce qu'on appelle aussi « pensée unique » de nos jours - une tentation qui fait immanquablement plonger dans l'erreur et l'impuissance.
La seule excuse, c'est que presque tout le monde considère que c'est là l'enjeu de la rationalité : trouver le bon pôle. Faux! "
( http://www.afscet.asso.fr/Ande14/agoantagonismeComplexiteJdeG.pdf (p.5) )
Exit le TINA thatchérien.
Passer à une pensée bipolaire nécessite un peu d'entraînement mais on s'y fait assez vite. Il suffit en effet de penser les concepts par paires antagonistes : oppositions puissance/acte, matière/forme, essence/substance, tension/relâchement, masculin/féminin, jacobinisme/girondisme, etc.
[ Je pense que René Guénon fait une grave erreur lorsqu'il ne procède pas ainsi dans l'opposition élite/peuple (cf. La crise du monde moderne, chap. VI "Le chaos social : "L’argument le plus décisif contre la « démocratie » se résume en quelques mots : le supérieur ne peut émaner de l’inférieur, parce que
le « plus » ne peut pas sortir du « moins » ; cela est d’une rigueur mathématique absolue, contre laquelle rien ne saurait prévaloir. ]
Il est plus difficile d'avoir constamment en ligne de mire l'harmonie de ces contraires, surtout si on vise l'harmonie suprême (selon Héraclite) : l'unité dans la coïncidence des opposés. Car l'opposition n'est jamais parfaite : il existe toujours une part d'agonisme dans l'antagonisme, même s'il s'agit de contradictoires (car le seul fait d'être contradictoires réunit les contraires).
J'ai eu plus de mal à comprendre l'ago-antagonisme car, je crois, on ne peut le comprendre que dynamiquement. C'est en parcourant les billets de feu François Roddier que j'ai trouvé un exemple éclairant, à savoir celui du fonctionnement ago-antagoniste du moteur de 2CV : la dépression dans un cylindre favorise la compression dans l'autre*. Ça m'a donné un exemple encore plus simple, tellement simple qu'on n'y pense pas lorsqu'on marche : la flexion d'une jambe favorise la tension de l'autre (les humains ne sont pas des kangourous : https://www.youtube.com/watch?v=4kdOzm-w_Vk ).
Dans la suite du billet Roddier propose d'appliquer l'ago-antagonisme à l'économie et à la finance…
Remarque : Bourrine : "Il faudrait sans doute nuancer l’analogie, la solution de continuité "
Il me semble difficile d'avoir à la fois analogie et solution de continuité, car ces deux notions sont antagonistes… (voir plus haut).
(*) francois-roddier.fr/Mines-2018.pdf (vers la fin)
Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier