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Article : L’Europe-puissance, — par inspiration

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2 commentaires

Bruno Hanzen

  11/04/2005

2 commentaires:
1) Notre civilisation occidentale vit dans une aversion grandissante du risque. Au nom du principe de précaution, on nous obligera bientôt à mourir de faim plutôt que d’avaler de la nourriture non certifiée. Cette aversion du risque est encore bien plus grande de l’autre côté de l’Atlantique. Elle est en soi indicatrice et génératrice de décadence, mais aussi génératrice de violence: pour éviter le risque, on est prêt à tout, y compris détruire l’Irak.
2) Partenariat Europe/Chine: de Gaulle nous parlait de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural: il avait peut-être les idées un peu courtes. Je me réfère aux théories géostratégiques de Mackinder (disponible sur stratisc.org). La perspective d’une alliance continentale Europe-Chine est la principale menace à long terme pour la puissance des Etats-Unis. Dans un cycle précédent, la discorde France-reste du continent fut longtemps la ligne directrice fondamentale de l’Angleterre, pour les mêmes raisons: la puissance maritime dominante devient “irrelevante” (comme disent nos amis anglo-saxons) en cas de concorde continentale: en effet, les communications terrestres deviennent possibles, sont plus rapides et plus directes que par voie maritime et la maîtrise des mers n’apporte plus qu’un avantage marginal.
La Chine essaie de développer les communications terrestres (initiatives sur la nouvelle route de la soie par chemin de fer, par exemple). Je me demande si la constante de la politique US depuis la fin de la guerre froide n’est pas d’entretenir les tensions au centre de l’Eurasie afin d’empêcher la réalisation de leur pire cauchemar: Canton-Hambourg via le centre de l’Europe (toutes les voies physiques existent) plutôt que via le détroit de la Sonde et le Cap de Bonne Espérance.

Pour en savoir plus sur : UE

Maria

  08/05/2005

sur vous, Debray, et l'Amérique

geo

  04/10/2009

Dans sa préface à votre « chronique de l’ébranlement », Régis Debray a noté son désaccord avec vous sur la nature des USA et leur rapport à un transcendant.

De son livre « Les communions humaines », je tire ces deux extraits:

(.........)

Là où il y a du commun, il y a du qui-dépasse, et là où il n’y en a plus, il n’y a
plus solidarité, unité et identité mais grouillement de souvenirs, d’avidités, de
jalousies, d’intérêts, ou au mieux juxtaposition passive de réflexes catégoriels.
On pourrait opposer à cet égard la nation américaine, où le déisme confédéral
neutralise l’éclatement ethnique, social et racial, et la société française,
morcelée en bateliers, agriculteurs,  marins-pêcheurs,  chercheurs-
enseignants, percepteurs, camionneurs, etc., par épuisement de la foi
républicaine. Quelle que soit sa taille, une communion suppose une
convention, soit la participation à un mythe historique qui garantit l’intégrité
et la permanence du groupe qui se reconnaît en lui.
Sera du même coup délimité un domaine de sacralité où nul ne pourra, sans
dommages sérieux pour le violeur, dire et faire n’importe quoi.

(............)

et plus tôt dans le texte:

(........)
Les Américains ne le sont pas seulement par état civil, ils habitent un
sanctuaire : un espace consacré où toute intrusion vaut profanation (et
donc représailles).
Et pour cause, s’ils sont une île sous l’œil de Dieu, imprimé dans un triangle
sur chaque dollar. Le sacré est un effet de seuil, qui ne sépare pas le retrait de
l’accueil. Il y a un rêve américain, il n’y a qu’une banque européenne. Aussi les
États-Unis, où il n’y a pas de villes fortifiées, sont-ils une forteresse ; et
l’Europe unie, où il y en a tant, une usine à gaz.  Les premiers ont
transcendance et consistance, la seconde a des calculettes et pourvoit aux
subsistances.

(............)

A l’opposé de vos vues, il y aurait donc référence à un transcendant aux USA, et absence d’une telle référence non seulement en Europe, ce qui va avec vos descriptions, mais aussi en France. (« Seule la France est capable de se penser libre dans l’ensemble européen », écriviez vous en 2005, mais peut-t-elle le vouloir ?
la grande nation peut même sembler pionnière de l’esprit suicidaire par abus d’immanence.)

Pourrait on avoir quelques précisions sur vos vues sur ce sujet, sur votre perceptions de « nations historiques » et d’ « artefact anti-historiques », assez peu claires parfois.

(Je pense que votre opus annoncé de méta-histoire a entre autres pour but de préciser ces aspects de vos conceptions, mais je serai preneur d’un exposé synthétique sur le site de De Defensa, comme d’autres, j’imagine.)