Forum

Article : Le temps du “Tout devenant Rien”

Pour poster un commentaire, vous devez vous identifier

Le temps du “Rien devenant Tout”

jc

  30/03/2020

En philosophie chinoise "le Yi Jing est le fameux livre des mutations qui est une grille de 64 états transitoires symbolisés par les hexagrammes et les nombreuses possibilités de transformations qu'ils proposent", nous apprend Wikipédia. En le simplifiant on a un digramme à quatre états qui a la même structure et la même fonction avec 8 fois moins d'états que l'hexagramme. C'est plus grossier mais ça permet de mieux comprendre comment ça se structure et comment ça fonctionne. En simplifiant encore on a un monogramme à seulement deux états, le yin , souvent noté - - (trait pointillé) et le yang, noté —- (trait plein).

Pour raccorder avec "notre" philosophie occidentale, il suffit d'associer yin avec "puissance" et yang avec "acte". Il faut voir le yin comme un individu "potent" (qui peut faire une chose) et le yang comme un individu impotent (qui ne peut rien faire). Une fois la chose faite, une fois passé à l'acte, eh bien c'est fait, ça n'est plus à faire, c'est mort comme on dit familièrement (parfois immortel comme une conjecture mathématique ouverte qui s'est refermée quand elle s'est trouvée démontrée et rangée dans la bibliothèque des matheux: "Ci gît le théorème untel"). À deux temps il y a un cycle immuable très monotone, yin yang yin yang ..., tension relâchement tension relâchement ..., systole diastole systole diastole ..., etc. À quatre temps (trigramme) il y a plusieurs cycles "logiques", mais l'un d'entre eux semble s'imposer en pratique: yin-yin, yin-yang, yang-yin, yang-yang, yin-yin ... avec une "catastrophe" en fin de cycle beaucoup plus marquée que les autres parce qu'il y a un plus grand saut (yang-yang à yin-yin) qui est le saut de la mort vers la vie. Nous y  sommes. Nous sommes quasiment morts, nous sommes le roi impotent qui est "échec et mat". Fin de partie (dirait Beckett), nous en sommes aux eschata de "notre" contre-civilisation, nous, en tant que civilisation, sommes actuellement quasiment rien. Mais nous sommes sur le point d'en commencer un autre cycle où nous aurons alors un nouvel avenir qui s'ouvrira devant nous, le rideau se lèvera, ce sera une apocalypse, nous serons brutalement quasiment tout.

Clockwise or counterclockwise ?

jc

  30/03/2020

 


Du tout au rien ou du rien au tout ? That is THE question ? La mort plus forte que la vie ou la vie plus forte qu la mort ?

Pour les darwiniens et peut-être aussi pour ceux qui acceptent le second principe de la thermodynamique, c'est la mort qui gagne le match, c'est fin de partie, le tout se finit effectivement par le rien. Mais pour ceux qui ont foi en la vie, c'est l'inverse. La foi n'a pas bonne presse par les sombres temps qui courent. Y a-t-il quelques arguments en faveur de cette deuxième façon de penser -ou de ressentir- l'évolution? Je crois que oui, bien que ce ne puissent pas être des arguments scientifiques au sens actuel du terme. Car François Roddier, entre autres, a fourni un nombre important de tels arguments sur les quelque 140 billets de son blog. Je vais en donner un seul ci-après, peut-être archétypique. C'est le cycle du moteur "thermique" à explosion "à quatre temps", non pas admission-compression-[explosion]-détente-échappement mais conjonction-compression-[explosion]-détente-disjonction, applicable dans ce cas: conjonction de gazole et d'air-compression du mélange jusqu'à [explosion (sans bougie…)]-détente-séparation de la puissance disponible sur l'arbre (bon grain) et des gaz brulés. Mais aussi, peut-être, dans d'autres. Car il me semble que c'est aussi le cas du "moteur" animal: conjonction du prédateur et de sa proie-capture-[ingestion]-digestion-séparation du bon grain (regain d'énergie disponible) et de l'ivraie (excréments)¹.

Chacun fait un schéma de la chose dans le sens qu'il veut puisque c'est une pure convention. Moi, formaté matheux, c'est évidemment le sens trigonométrique, counterclockwise: je remonte le temps…

NB pour les curieux: J'ai proposé, en commentaire du site lupascien tiersinclus.fr que j'ai découvert très récemment mais que je squatte déjà résolument, une alternative au second principe de la thermo. Pure spéculation, bien sûr.

¹: Voire séparation des gamètes (le bon grain) et des excréments (l'ivraie), pour perpétuer la vie.
 

 

Paul Kammerer

jc

  30/03/2020

Jamais entendu ce nom auparavant. Il y avait une courte présentation à son sujet ce soir 30/03/2020 sur Arte.

"Tandis que l'hypothèse de l'hérédité des caractères acquis, naguère soutenue aussi bien par Lamarck que Darwin, était écartée par une majorité de chercheurs à la suite des travaux de Weismann et de Mendel, les recherches de Kammerer suscitent une polémique mondiale durant une quinzaine d'années."

"... il fut vraisemblablement assassiné ..." (Arte parle de suicide)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Kammerer#Biographie

Hexagramme: une longue marche de LaRem à LaDem ?

jc

  31/03/2020

J'ai découvert l'hexagramme Yi Jing¹, un peu avant la nomination d'E. Macron. Peu après cette nomination où il nous a annoncé qu'il allait gouverner par ordonnance, j'ai regardé de plus près cet hexagramme sans comprendre grand chose -pour être franc sans rien y comprendre- à la signification des 64 symboles. Mais, m'étant déjà fait mon opinion sur sa façon de gouverner, j'ai été accroché par le symbolisme très "parlant" des symboles 9 "le pouvoir d'apprivoisement du petit") et 10 "en marche", qui m'ont aussitôt fait penser à son élection (9) et à la mise en marche de la France au pas cadencé (10), le symbolisme parlant de lui-même.

Maintenant que je crois commencer à comprendre l'usage qu'on peut faire des trigrammes, je me demande si l'hexagramme n'est pas une sorte de jeu de l'oie qui nous raconte la toujours même sempiternelle histoire. C'est, après tout, peut-être une longue marche qui nous attend avant la grande inversion des symboles 63 et 64. (Mais quand on y regarde de plus près ce saut 63->64 est le plus soft de tous entre deux symboles consécutifs, le saut le plus "hard" étant incontestablement celui du passage du symbole 1 au symbole 2, véritable armageddon symbolique.)

Une longue marche de "La République en Marche" à "La Démocratie en Marche" ?


¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagramme_Yi_Jing

²: https://fr.wikipedia.org/wiki/Armageddon

La marche au chaos

jc

  31/03/2020

C'est un expression que j'ai trouvée bizarre dans le contexte où je l'ai lue (Es pp. 80 et 86). En fouillant sur la toile je me suis aperçu que Thom avait écrit un article mathématique à ce sujet¹: je n'en ai strictement rien compris.

Tout le monde sent que notre société actuelle, voire notre civilisation occidentale, est en cours d'effondrement, qu'elle marche au chaos, voire qu'elle y court, vu l'accélération des évènements crisiques. Et nous voyons ça très négativement, comme un désordre galopant, comme une "augmentation de l'entropie", une entropisation, pour ceux qui ont reçu -mon cas- un formatage scientiste.

Mais la lecture de Thom m'a convaincu qu'il n'en était rien, et que, au contraire, cette marche au chaos est bénéfique, c'est la marche vers la richesse de la vie -par gain de compétence- vers le Tout totipotent qui, une fois atteint, nous permettra de démarrer une nouvelle vie, une nouvelle civilisation qui, à son tour, se terminera comme l'actuelle, par la mort (à moins que nous ne soyons bien sages -et bien amoureux de cette sagesse- et que nous atteignions la sempiternelle immortalité du cosmos).

Précisément c'est la vision de la thomienne carte du sens² et la rumination de sa "tirade de Porphyre" (ES p.216) qui ont abouti à ma position actuelle (que je n'imagine pas évoluer).

Il faut voir cette marche au chaos comme une marche vers l'Unité dont  la richesse est d'une ampleur telle qu'elle paraît chaotique à nos maigres sens de "gens d'en bas 3D". Ainsi Unité=Chaos(=Déesse³ toute puissante).

J'ai découvert tout récemment la pensée du philosophe Stéphane Lupasco par le site tiersinclus.fr qui lui est consacré. Pensée que j'ai aussitôt trouvée passionnante parce qu'il a été l'un des premiers à voir que la logique quantique ne devait pas se confiner à l'infiniment petit, mais était la logique qu'on devait utiliser dans la vie de tous les jours, son intuition de base étant que c'était la logique de la vie. Sa logique est dynamique, allant de l'homogénéisation vers l'hétérogénéisation (ce sont les termes qu'il utilise), ou l'inverse. Et il prend comme principe que le sens de la vie est une hétérogénisation parce que, dans son esprit, une homogénéisation est une entropisation (deuxième principe de la thermodynamique) qui conduit alors évidemment à la mort par néantisation.

Non, l'homogénéisation n'est pas une entropisation, c'est ce qu'elle dit être étymologiquement, c'est un retour vers l'Unité génétique,vers les bras de "Mère Nature", vers l'Unité perdue. Dans "La Grâce…"⁴ PhG cite un dénommé Daniel Vouga à propos de Maistre et de Baudelaire:

"Progresser ce n'est pas avancer, ni conquérir, mais revenir et retrouver ... [...] Le progrès donc, le seul progrès possible, consiste à vouloir retrouver l'Unité perdue."


¹: https://www.sciencedirect.com/sdfe/pdf/download/eid/1-s2.0-S0304020808721108/first-page-pdf

²: http://strangepaths.com/forum/viewtopic.php?t=41

³: Déesse et non Dieu parce que le chaos est yin, féminin -et le cosmos yang, masculin

⁴: Je suis convaincu que PhG est, face à la GCES, dans le même état psychologique que le corps médical actuel face au Covid-19: il a certes besoin d'argent pour survivre (et nous sommes le 31 du mois), mais il a surtout -comme le corps médical- besoin de soutien moral. Et j'ai l'intuition (bien entendu haute) que le meilleur soutien moral pour Semper Phi c'est que l'on achète "La Grâce…" et, bien sûr, qu'on le lise.

Unité-Harmonie-Diversité ou Ordre-Harmonie-Équilibre ?

jc

  31/03/2020

Je propose Unité-Harmonie-Diversité comme devise de la Première Démocratie Française (PDF). Dans une telle circonstance où la République et en train de disparaître et sera peut-être remplacée par la Démocratie, la devise Liberté-Égalité-Fraternité (qui, avec du recul, ne veut pas dire grand'chose) disparaît nécessairement également. Et certains préféreraient peut-être une autre devise, Ordre-Harmonie-Équilibre, par exemple.

Peu importe pour l'instant, ce qui m'intéresse ici c'est le "Harmonie" central, commun aux deux devises, et que je considère comme essentiel (un Liberté-Harmonie-Fraternité aurait peut-être changé le destin de notre agonisante République…).

Le point où je veux en venir est strictement mathématique. Les matheux sont connus pour choisir avec soin leur vocabulaire et, à ma connaissance, le terme "harmonique" n'apparaît qu'en deux occasions:

1. En arithmétique musicale avec la notion de rapport harmonique (qui, mystérieusement pour moi, s'est trouvée s'appliquer puissamment à la géométrie);
2. En analyse¹ avec la notion de fonctions harmoniques (fonctions élémentaires en 1D, car affines puisqu'à dérivée seconde nulle, fonctions qui peuvent être beaucoup plus complexes en plus grande dimension, fonctions à laplacien nul).

Je pense que de nombreux scientifiques modernes diront -comme moi il y a encore peu- que l'équation δu/δt = Δu est l'équation-de-la-chaleur-qui-augmente-l'entropie.

Mais toutes les considérations métaphυsiques² que j'ai développées me conduisent maintenant à mettre en doute cet acquis "fondamental" du XIXème siècle (équation de Fourier).

Cette équation apparaît dans la formulation même du problème de Kac ("Peut-on entendre la forme d'un tambour") dont la solution livrera peut-être les secrets des rapports de Caïn le sédentaire et Abel le nomade (pour moi, l'un des deux est femme -je penche plutôt pour le sédentaire, une femme n'accouchant pas en courant-, il s'agit donc pour moi des secrets des rapports homme-femme). Guénon présente magnifiquement le problème dans le chapitre "Caïn et Abel" de "Le règne de la quantité...":

"... il y a ceci de remarquable, que, parmi les facultés sensibles, la vue a un rapport direct avec l’espace, et l’ouïe avec le temps : les éléments du symbole visuel s’expriment en simultanéité, ceux du symbole sonore en succession ; il s’opère donc dans cet ordre une sorte de renversement des relations que nous avons envisagées précédemment, renversement qui est d’ailleurs nécessaire pour établir un certain équilibre entre les deux principes contraires dont nous avons parlé, et pour maintenir leurs actions respectives dans les limites compatibles avec l’existence humaine normale. Ainsi, les sédentaires créent les arts plastiques (architecture, sculpture, peinture), c’est-à-dire les arts des formes qui se déploient dans l’espace ; les nomades créent les arts phonétiques (musique, poésie), c’est-à-dire les arts des formes qui se déroulent dans le temps ; car, redisons-le encore une fois de plus à cette occasion, tout art, à ses origines, est essentiellement symbolique et rituel, et ce n’est que par une dégénérescence ultérieure, voire même très récente en réalité, qu’il perd ce caractère sacré pour devenir finalement le « jeu » purement profane auquel il se réduit chez nos contemporains."




¹: Terme selon moi très mal choisi, l'analyse au sens des matheux n'étant autre que l'algèbre infinitésimale, la partie analyse se réduisant souvent à couper les cheveux -de section ε comme il se doit- en quatre.

²: Paléologisme qui signale qu'il s'agit de ce qui est au delà de la phusis aristotélicienne et non au delà de la physique moderne.

La marche au chaos.1

jc

  31/03/2020

Je prolonge ici, en rebondissant (je radote sans doute un peu…) sur la fin d'un commentaire de Patrice Sanchez: "... on ne sait plus du tout ce qui est symbole, parallèle ou comparaison : l'image se présente à vous comme l'expression la plus juste, la plus simple, la plus directe." . Confusion du réel, du symbolique et de l'imaginaire, coïncidence des opposés.

Un métaphusicien étant, comme l'Aristote de sa phusis, un penseur du continu, deux entités distinctes ont toujours pour lui quelque chose qui les sépare et quelque chose qui les réunit. Mais Aristote, également penseur du discret par sa logique, a édicté des principes d'identité et de non contradiction qui font qu'il est impossible de penser le continu avec cette logique, et donc de penser l'oxymore, en particulier l'oxymore absolu, la coïncidence des opposés, et donc de penser le chaos autrement que comme un déchaînement désordonné (alors qu'il faut le voir comme un enchaînement parfaitement ordonné). Cette idée de coïncidence des opposés qui heurte la rationalité moderne est pourtant ancienne¹ et tenace.

Ce problème de coïncidence des opposés, véritablement impensable par un moderne, a brutalement été remis au goût du jour avec l'arrivée de la mécanique quantique, qui pose d'incontournables problèmes d'intelligibilité à ces mêmes modernes. Pour Thom, qui n'a cessé de dénoncer cette inintelligibilité de la MQ, il n'y a qu'une seule solution: changer de logique, changer de rationalité, c'est-à-dire au fond, selon sa jolie formule, changer de déontologie dans l'usage de l'imaginaire. Donner un sens aux oxymores tels que "le chat de Schrödinger est à la fois mort et vivant" ou "le chat affamé de Thom est à la fois prédateur et proie" ou "en véritable démocratie le peuple est à la fois dominant et dominé" n'est possible qu'à ce prix (et pour moi montre que l'effondrement de la civilisation occidentale vient de plus loin que ce que l'on en pense généralement).

L'Unité vu comme la globalisation harmonieuse de tous les oxymores locaux (le mou avec le dur, le chaud avec le froid, etc.)? Comment imaginer la chose? En se donnant une représentation typique (voire archétypique) de la chose et de la façon de résoudre le paradoxe.

Deux esclaves sont enchaînés dans une caverne "à la Platon" , chacun face à son mur, supposés perpendiculaires. L'un voit un carré 2D, l'autre voit un disque 2D dont le diamètre est égal au côté du carré. Est-il possible ou non qu'ils voient le même objet? La réponse est ici positive. À condition de penser à "monter en dimension", ici en 3D, la solution étant un cylindre dont le diamètre est égal à la longueur, orienté et éclairé convenablement. (Depuis que je connais cet exemple -qui traîne dans les bouquins de MQ- je comprends ainsi mieux pourquoi le modèle mathématique de von Neumann de la MQ utilise des espaces de Hilbert.)

Je redis ici que le grand mérite de Lupasco est, à mes yeux, que c'est l'un des tout premiers (dès 1935) à avoir perçu que la logique "quantique" ne concernait pas que l'infiniment petit. ( Cf. le site tiersinclus.fr, qui lui est dédié.)

Qui connaît Stéphane Lupasco? Qui connaît Paul Kammerer? Qui connaît Jean-Pierre Petit? Et, parmi ceux qui les connaissent ou les ont connus, qui fait ou a fait l'effort de les écouter ou de les lire?


¹: https://fr.wikipedia.org/wiki/Coincidentia_oppositorum