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Article : Le Système et « les forces de l’Esprit »

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Les fascinés de la puissance

Aruna Baoro

  26/05/2016

Beaucoup d'antisystèmes sont fascinés par des "conjurés", des puissants, des maîtres du monde qui refermeraient sur nous la porte d'une prison à base de traité d'échange ultralibéraux, de lois travail, de nouvelle lois sociétales défiant la nature. Mais ceux qui ont compris la pensée de Grasset savent que les choses citées sont comme le baroud d'honneur d'une civilisation qui ne conçoit qu'elle même, comme un tout inexpugnable, irrésistible. Tout bien considéré le Système est une superstructure de nos faiblesses (cupidité, peur, orgueil, acédie, etc…). C'est ça que les antisystème fascinés par les " sionistes", par Bruxelles, par la CIA, par Soros, par Zbig et Kissinger par un plan d'asservissement fantasmé, ne saisissent pas. Ils voient de la puissance là où il n'y a que des imbéciles satisfaits qui tirent à peine les ficelles d'un système dément. 

Je ferais un don d'ici la fin du mois (ayant retrouvé une activité qui me met dans de meilleures dispositions).

Etre progressiste et antisystème dans le Logos

jc

  26/05/2016

Merci au commentaire de Bryan Carreyron qui a provoqué  la clarifiante mise au point de PhG, mise au point avec laquelle je me sens tout à fait en phase et qui me conforte dans l'idée qu' être progressiste et antisystème dans le Chaos mène dans une impasse.

En convergence: 2 méditations récentes

Dominique DESQUINS

  26/05/2016

Le Mal découle toujours d’une dissociation, dans la conscience, entre unité et diversité ; le Mieux provient d’une actualisation consciente de la déconfliction de cette antinomie.
Quant au Bien, il s’agit d’une Idée (au sens platonicien du terme) ou, plus précisément, d’une Valeur (au sens whiteheadien) qui ne trouve d’expression dans le Monde de la Réalité que par l’occurrence d’un mieux.
Bien et Mal ne sont pas sur un même plan ni du même Monde. L’un est une Valeur intemporelle primordiale quand l’autre est un Fait réel conséquent dans son actualité.
Or, dans l’expérience que nous faisons de la Réalité, le Process suit inexorablement une pente qui conduit à l’émergence de la différentiation et de l’individualité. Chaque étape, la plus infime soit-elle, du Process produit, en conséquence, une occasion de dissociation entre l’unité (Unus Mundus) et la diversité, donc une opportunité du Mal que  peut surpasser chaque entité actuelle (au sens whiteheadien) par la Créativité d’une nouvelle solution à ce conflit : le Mieux qui génère ainsi le processus d’individuation (au sens jungien comme whiteheadien).
Le Mal est une condition sine qua non du Mieux et, donc, d’une expression actuelle du Bien.
La Créativité est le principe premier, moteur du Process, par le truchement de l’Esprit (Spiritus Mundi) tel qu’il se présente, ici et maintenant, en chaque entité actuelle.
XXX
Dieu est un concept nécessaire à notre raison comme fondement du Sens.
L’Univers est un concept nécessaire à l’expression du Ressenti par nos sens.
Cela ne dit rien de la Réalité de l’un comme de l’autre.
En chaque individualité, dans ses propres limites, L’Esprit est l’expérience vécue qui relie dynamiquement ces deux concepts à l’ensemble de la réalité locale immédiate et qui, par là même, l’influence. Dans cette dynamique Esprit/individualité l’un nourrit l’autre et réciproquement : nos actes et nos perceptions offrent un potentiel d’opportunités sans cesse renouvelées à l’Esprit
Le concept de Dieu n’a pas besoin de se manifester sous une projection apparente ; il peut simplement rester la croyance, support abstrait de notre notion du Sens. J’appelle donc Dieu toute forme de croyance au fondement de cette notion du Sens, quelle que soit cette croyance. Il n’importe donc pas de savoir si Dieu a une réalité ou une forme. Objectiver Dieu relève de la conjecture indémontrable. Dans cette acception, l’athéisme n’est pas, dans la pratique, une option possible.
Au contraire, le concept d’Univers, qui relève pourtant du même type de conjecture indémontrable, implique une projection support de notre Ressenti. Plus nos sensations se perfectionnent, notamment par des moyens techniques, plus notre projection de l’Univers s’épaissit et plus nous la croyons réelle. Mais l’Univers reste seulement une projection de ce que nous percevons et ressentons. Il n’a pas plus (ni moins) de réalité que Dieu.
[N’en déplaise à l’orgueil humain ces deux concepts sont bien antérieurs à l’apparition de notre espèce. Une corneille, par exemple, volatile intelligent à en croire nos éthologues et de sage conseil à en croire nos mythologies, utilise ces deux concepts de Dieu et d’Univers pour se saisir d’une friandise dans un mécanisme artificiel nécessitant la résolution de trois opérations successives. Son action, aussi complexe pour elle qu’un point de billard à trois bandes pour nous, implique qu’elle garde le sens du but à atteindre du premier au troisième problème à résoudre (elle croit pouvoir réussir) et la représentation de l’enchainement de ces trois obstacles dans une structure stable (son univers) qui permette d’atteindre sa proie. On peut faire remonter ces deux concepts au moins à la première cellule vivante, en fait dès que coexistent perception et sens de la vie, donc Esprit dans une réalité locale immédiate. Rien, dans notre expérience, ne s’oppose, sauf démonstration contraire, à ce que cette trinité (Dieu, Univers, Esprit) soit inhérente à toutes choses, même s’il m’est impossible d’expliciter cette notion de « toutes choses ».]

Déchaînement de la Matière

jc

  27/05/2016

Selon moi (ma formation initiale est scientifique -c'était il y a longtemps) la rupture dont parle PhG au début de ce texte ("une rupture aussi nette que la chute du couteau de la guillotine") est intimement liée à la coupure galiléenne. C'est en effet alors que la matière jusqu'alors indissociable de la forme (hylémorphisme aristotélicien) a été désenchaînée, déchaînée de la forme, pour devenir la Matière majusculée, matière dévitalisée, réduite à sa plus simple expression thermodynamique. Et c'est le Mal qui a découlé de ce déchaînement, déchaînement dont le déterminisme-narrativiste est, selon moi, l'un des lointains avatars.

Pour appuyer le propos de PhG ("Si l’on veut représenter cela d’une façon extrêmement concrète, presque palpable, je dirais que le Mal a pour but de déstructurer, de dissoudre les débris nés de la déstructuration, et de réduire le tout à l’état d’entropie conçu également d’un point de vue métaphysique, – c’est-à-dire le Rien, le Néant (ce pourquoi je parle également de néantisation))", je ne peux m'empêcher de citer René Thom: "La thermodynamique ignore les formes, qu'elle ne peut que détruire".
Et, sur ma lancée, je ne peux m'empêcher de mettre en regard Daniel-Rops (cité dans le texte de PhG): « Dans cette lutte prodigieuse entre la matière rétive et la volonté créatrice… » et Thom: "On admettra, grosso-modo, que la fonction crée l'organe ou plus exactement, que la formation de l'organe résulte d'un conflit entre un champ primitif à vocation (ou signification) fonctionnelle et une matière organique qui lui résiste et lui impose des chemins de réalisation (chréodes) génétiquement déterminés."