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Article : La Russie, centre de contre-culture

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L'implosion du Russia gate

Richard Rutily

  24/01/2018

https://original.antiwar.com/justin/2018/01/22/russsia-gate-implodes/

Excellent article , pour arréter le feu , des fois faut mettre le feu ....

Christian Feugnet

  25/01/2018

j'approuve tout à fait l'approche , significative , çà pointe l'essentiel : le peuple est Souverain . perdu de sens en occident on y pratique la novlangue . Le peuple n'est plus un moyen en Russie mais une fin , d'où le fait : le pouvoir est populaire .
C'est pourquoi je parle de contre feu , quoique je déplore , je conçois cette concession . Les Américains , franco de port , l'ont pourtant eux méme appelé contre culture tandis que ces pédants de Français l'ont nommé deconstruction . C'est normal , dans l'esprit scolastique , Université de Paris le Docteur a dit queu , par defintion , c'est de la culture ; si le croyant n'est pas capable d'admettre la vérité , il est endiablé . Reste quelques moyens regrettables pour sauver son ame , malgré lui, faire sortir le diable . Au pire une mort lente , il a encore une chance .
J'en conclu qu'il faut utiliser la novlangue , la droite est à gauche , la gauche est à droite , les démocrates dans le Nord et les républicains  au Sud ( aux States)  , en France pareil , les chrétiens-zombies de Bretagne et Vendée , socialistes , et et les sans culottes Lepenistes .
Alors appelons culture , anti culture er anti culture , culture pour se faire comprendre .

Il peut se le permettre.

Ni Ando

  06/02/2018

Un peuple qui a été capable de faire Stalingrad à un contre deux contre ce que le Reich avait de plus puisssant et de plus efficace sur le plan militaire, et quand on a une vague idée de ce que cette bataille a été, peut certes se regarder sans rougir dans un miroir, mais aussi peut avoir des prétentions. Cela tombe bien, c'est l'anniversaire de cet evénement extraordinaire. Commémoration.

Depuis que l'ampleur et les pertes de la bataille des Champs catalauniques de l’an 451 ont été revues à la baisse la bataille de Stalingrad, la "mère de toutes les batailles", est devenue la plus grande et la plus féroce de l'histoire de l'humanité, devant celle de Moscou un an plus tôt. Avec les grandes batailles industrielles et d’anéantissement de Smolensk, Moscou, Koursk, du Dniepr, de la Vistule, etc…cette bataille atroce et invraisemblable est l’un des jalons majeurs de la guerre à l'est, théâtre principal du second conflit mondial en Europe. Elle a joué un rôle charnière dans l’anéantissement militaire du Reich nazi par l’Union soviétique (de juin 1941 à mai 1945 80% des pertes totales de la Wehrmacht sont subies contre les Soviétiques). Elle constitue le tournant militaire et psychologique du second conflit mondial.

Au fil des rotations d’effectifs, c’est un total de plus d’un million d’hommes de chaque côté qui s’y sont affrontés. Une Armée rouge affaiblie doit combattre à un contre deux, sous les bombardements massifs de la Luftwaffe, le plus efficace, le mieux armé, le plus important, bref le meilleur des corps d'armées de l'Allemagne nazie, la 6ième armée de Paulus (armée également connue pour le concours qu'elle  a apporté à l'einsatzgruppe C pour la commission du massacre de Babi Yar à Kiev, l'extermination les 29 et 30 septembre 1941 de 33 771 Juifs soviétiques). Lors des combats urbains, l'armée allemande y a consommé chaque jour un million de balles, 25.000 obus de mortiers, 22.000 obus d'artillerie et 6.000 roquettes (soit de 110.000 à 170.000 tonnes de munitions consommées par mois). L’envahisseur allemand y a déversé en moyenne 100 mines, obus et bombes par mètre carré de terre. Les pertes atteignent deux millions pour les deux camps dont près d’un million de tués, sans compter 100.000 morts parmi les civils russes. Stalingrad, c'est deux fois Verdun (six mois de combat contre trois mois pour Verdun, 912.000 tués au total contre 490.000 pour Verdun). Mais note l’historien Jean Lopez: " A la différence des unités de Pétain qui passaient quelques semaines dans l'enfer de Verdun avant de repartir pour des secteurs plus calmes, les divisions rouges entraient dans Stalingrad pour n'en plus ressortir". La bataille se déroule en trois périodes. D’août 1942 au 14 septembre, la conquête du glacis de Stalingrad par la Wehrmacht; du 14 septembre au 14 novembre, l'assaut contre la ville, et du 19 novembre au 2 février 1943 l'anéantissement de la 6ième Armée.

En août, la Wehrmacht s’élance vers Stalingrad avec 35 divisions dont 16 blindées et mécanisées. L’assaut commence le 19 août 1942. La ville évacue ses civils, mais elle est rasée le 23 août par des raids massifs de la Luftwaffe (plus de 2.000 raids, 43.000 tués, 50.000 blessés) qui largue en particulier des bombes de démolition d’une tonne. 12.500 bombes de ce type sont lâchées sur Stalingrad la seule première semaine de l’attaque (les cratères y ont la taille d’un immeuble de deux étages, l’asphalte fond lors des bombardements). 80% de l'espace habitable de la ville est rasé. A titre de comparaison, les bombardements allemands sur Londres à la fin de 1940 (le "blitz") font 50.000 tués mais en deux mois, non pas en une journée. La phase urbaine des combats démarre le 14 septembre. Tchouïkov doit se battre dos au fleuve. Il est soutenu par 300 canons lourds enterrés sur la rive opposée de la Volga. Il dispose initialement de 60.000 hommes épuisés qui viennent de battre en retraite, de 60 chars à peine et 400 canons (il recevra par la suite 100.000 hommes de renfort jusqu'au 1er novembre). En face, Paulus engage 150.000 hommes d'excellentes troupes puissamment armées, 1000 chars, plus de 1000 canons et lance-roquettes multiples. Il peut se reposer, en outre, sur 135.000 hommes gardant ses flancs et est soutenu par la plus puissante des Fliegerkorps de la Luftwaffe, qui a la maîtrise absolue du ciel (lors de l'assaut du 14 octobre la Luftwaffe assure 1000 sorties de bombardement sur un espace rectangulaire de 5000 mètres sur 1500!). Facteur aggravant pour les Soviétiques, s’il en fallait, l’acheminement des renforts est devenu très difficile depuis que les Allemands ont pris le contrôle de deux des quatre gares de la zone de Stalingrad. Les troupes sont donc débarquées de train à Leninsk, au sud de la Volga. De là, les colonnes d’infanterie parcourent à marches forcées, et de nuit afin d’éviter les attaques de la Luftwaffe, les 50 kilomètres de steppe qui les séparent du fleuve. Arrivées sur ses berges, elles doivent encore traverser à découvert la Volga sous le feu croisé des mitrailleuses, des canons et des bombardiers allemands. A bord des navires, des troupes du NKVD abattent tous ceux qui tentent de s'enfuir ou qui font preuve de "lâcheté" (se coucher pour se protéger était considéré comme de la lâcheté). Jean Lopez donne à Tchouïkov une chance sur cent de sauver Stalingrad. L'état-major de Paulus fixe à quatre jours maximum le délai pour prendre une ville qui, si elle s’étend sur quarante kilomètres le long de la Volga, fait à peine six kilomètres de large. La bataille urbaine va pourtant durer 69 jours et 69 nuits et se solder par un échec pour Paulus.

Elle va croître en intensité jusqu’en octobre 1942, où les Allemands lancent leurs dernières réserves. Tout ce que le Reich compte en Europe de troupes et de blindés disponibles prend la route de Stalingrad. Aucun des deux camps ne fait de prisonnier. La Wehrmacht ne fait pas de distinction entre civil et militaire. Enfants et adolescents de Stalingrad participent pourtant aux combats et accomplissent des missions de reconnaissance. La situation est si désespérée que le NKVD fusille sur le champ tout soldat exprimant des doutes sur l’issue de la bataille (14 000 soldats soviétiques seront fusillés à Stalingrad par le NKVD, l’équivalent d’une division d’infanterie). Le vétéran Ivan Gorine raconte ses souvenirs à Catherine Merridale, un professeur d’histoire contemporaine à l’université de Londres. "Nous voulions tous la défendre" (la Russie). "Je crois que les criminels ressentaient davantage de dévotion, d’amour pour le sol natal que les haut gradés du commandement ». Gorine est le seul survivant d’un bataillon disciplinaire de 330 « shtrafniki » envoyé à l’assaut d’une position allemande. Avec l'aide des ouvriers des usines des centaines d'immeubles d'habitation sont transformés en forteresses reliées par des corridors souterrains. L’un de ces immeubles, tenu par un peloton soviétique sous les ordres de Yakov Pavlov, tient près d’un mois face aux assauts incessants des Allemands. Dans un immeuble proche de la gare centrale, tenu par un bataillon, six hommes seulement survivent à cinq jours de lutte. La progression de la Wehrmacht se mesure en mètres. La gare centrale change 15 fois de mains du 14 au 19 septembre, pour rester aux mains des Russes, provisoirement. Dans le ciel, en septembre, les Allemands perdent 103 avions, les Soviétiques 520. Le 14 octobre, il faut aux Allemands engager pas moins de cinq divisions d’infanterie pour s’emparer de la seule « usine des tracteurs » (gigantesque complexe industriel de 4.000 mètres sur 1.500), qui sera reprise par les Russes en novembre. Il faut à Paulus deux divisions pendant une semaine de combats ininterrompus pour s'emparer simplement du silo à grains de Stalingrad. Les combats pour les usines « Octobre rouge », « Barricade » ou « l’Elévateur » donnent lieu à d’effrayants carnages. Le général Hans Doerr note « Pour chaque maison, chaque atelier, chaque château d’eau, chaque talus de chemin de fer, chaque mur, chaque cave, pour chaque tas de ruines, une bataille implacable fit rage, sans équivalent même durant la première guerre mondiale avec ses énormes consommations de munitions ». La pression sur les deux chefs militaires est intense : Paulus développe un tic incontrôlable à l’œil. Tchouïkov éprouve une manifestation violente d'eczéma qui exige de lui bander complètement les mains.
Pour les seuls combats de rue des 14 et 15 octobre les Soviétiques comptent 10.000 tués. « A Stalingrad, il n’y avait pas un pouce de terre qui ne fût imbibé de sang humain, russe et allemand. Des renforts arrivent. De beaux jeunes gars. Et deux jours plus tard, ils ont tous péri, il n’en restait plus un. Une fois, sur trois cent que nous étions, nous n’étions plus que dix à la fin du jour. Et quand les tirs ont cessé, et que nous nous sommes comptés, nous nous sommes embrassés en pleurant, tant nous étions bouleversés d’être encore en vie. Nous formions comme une famille ». Tamara Stepanovna Oumniaguina (engagée volontaire à 17 ans - Sergent de la Garde, brancardière). L'espérance de vie d'un soldat soviétique venant d'arriver dans la ville chute à moins de vingt-quatre heures. Les unités soviétiques sont détruites si rapidement qu'il semble n'en rien rester au bout de quelques jours. L'intensité des déflagrations est telle qu'il est courant que les bataillons perdent la moitié de leur effectif simplement en allant relever une unité. Les soldats russes se battent dans un demi-sommeil. Ils dorment rarement plus de trois heures d'affilée et quand ils sont à cours de munitions ils se battent au corps à corps. S'y révèlent des chefs de guerre d'une qualité exceptionnelle: Tchouïkov, le "taureau de la Volga" dont Jean Lopez pense qu'il aimait la guerre, Eremenko, Rodimtsev et son incroyable 13ième division de la Garde dont tous les soldats ont moins de 25 ans et qui casse net la déferlante allemande du 14 septembre avant, dans le même élan, de reprendre la colline Mamaïev aux régiments allemands (la 13ième Garde perd 80% de ses effectifs en quelques jours de combat, 320 survivants sur 10.000 hommes à la fin de la bataille), colline Mamaïev où les bottes des soldats des deux camps pataugent littéralement dans le sang (la colline change plus de huit fois de main au prix de dizaines de milliers de tués). Larissa Zemlakova, historienne, dit :“We do not know the exact figures of how many died on this hill, but after the war, when they looked at the soil, in each square meter there were between 500 and 1,200 metal fragments embedded in the soil from the thousands of bombs and bullets dropped here. “During the first spring of 1943, there was no grass on this hill because the grass couldn’t grow through the metal, but many, many people were lost on this hill.” Jean Lopez aborde la question de l'invraisemblable résistance de l'infanterie russe à Stalingrad, citant l'historien anglais Richard Overy "Comment l'Armée rouge a survécu à Stalingrad défie l'explication militaire".  En novembre, les Allemands parviennent enfin à occuper la plus grande partie de la cité (90%) mais se heurtent à une résistance irréductible dans les faubourgs ouvriers toujours solidement tenus par l’infanterie de Tchouïkov.

Le 19 novembre, la Stavka (QG de l’Armée rouge) engage 1.134.000 hommes, 900 chars et 13.500 canons dans l’ « opération Uranus », offensive visant à prendre en tenailles le corps d’armées de Paulus. Sous le feu roulant de plus de 3.000 pièces d’artillerie lourde, Joukov donne le signal d’une vaste contre-offensive sur un front de 400 km entre Don et Volga. Le même jour, à Stalingrad, Paulus se réjouit devant ses officiers d’avoir conquis deux blocs d’immeubles dans le quartier d’Octobre rouge. Les forces de l’Axe (430.000 hommes) sont enfoncées par l’élan furieux des Russes. Elles sont en partie anéanties ou battent en retraite précipitamment. Le 22 novembre, Paulus est encerclé avec 280.000 hommes (22 divisions). Le 31 janvier 1943, en tenue de feldmarechal, il remet sa capitulation au général Laskine. Le 2 février, les 90.000 survivants du corps d’armées rendent les armes. La défaite s’étend à la totalité du front sud et en deux mois (février et mars 1943) les Soviétiques ont repris tous les territoires conquis par la Wehrmacht au cours de la campagne de l’été 1942.

Le caractère de fin du monde de cette bataille inouïe vient de ce qu'elle se transforme très vite en un choc frontal et tectonique entre deux nations plus qu'entre deux armées. La Wehrmacht et les armées des pays satellites perdent en six mois de combat 760.000 hommes, l'équivalent de 50 divisions (à peu près la moitié de la totalité des effectifs engagés par le Reich dans sa campagne de France de 1940), 100.000 tués dans la phase finale, du 10 janvier à la capitulation, et 541.000 prisonniers (la Wehrmacht seule perd 1,3 millions d'hommes pour la seule année 1942 sur le front russe). Le Reich perd à Stalingrad des chars et des véhicules pour une quantité équivalente à six mois de production de son industrie de guerre, quatre mois pour les armes. La défaite de Stalingrad affecte les alliés de l'Allemagne : après avoir perdu durant l'hiver 1942-1943 la majeure partie de leurs troupes opérationnelles, la Roumanie, la Hongrie et l'Italie cessent pratiquement de participer à la guerre sur le front germano-soviétique. L’Armée rouge compte 478.000 tués et 651.000 blessés et mutilés, soit plus d’un million de victimes.

En 1941, la ville comptait 525.000 habitants. Le 4 février 1943, deux jours après la fin de la bataille, elle n’en comptait plus que 23.000 (moins de 5%) dont 7 survivants seulement dans le quartier central de Stalinski. Des immeubles de 1941 seuls 9% sont encore intacts. Au printemps 1943, il régnait une puanteur insupportable dans la ville, ses rues étaient envahies par les cadavres. 150.000 dépouilles humaines et 16.000 animaux morts n'avaient pas encore été enlevés. Le kourgane Mamaïev est devenu après 1945 une nécropole rassemblant les restes de plus de 36 000 combattants soviétiques (en 2013 y a été inaugurée une stèle révélant 17 000 nouveaux noms de soldat disparus). Le temps manquait en février 1943, l’urgence était ailleurs. Le front monstrueux de la guerre germano-soviétique se déplaçait vers l’ouest où se préparait la gigantesque bataille de Koursk (juillet - août 1943) avec ses 1,3 millions de tués, blessés et disparus, avant d’enchaîner sur la bataille du Dniepr (août - déc. 1943, 4 millions de soldats s’affrontent sur un front de 1.400 km) qui permettra enfin la libération de l’Ukraine, bataille tout aussi féroce et sanglante que celle de Stalingrad.