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Article : La révolution de la réalité pulvérisée se poursuit

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Guerillaleaks

Stephane Eybert

  01/12/2010

Ce qui est le plus rigolo dans cette affaire Wikileaks, c’est la nature artisanale et désordonnée de la chose. On utilise les armes que l’on a piqué à l’enemi, des armes de faible portée, mais quand même, des armes toujours efficaces. Une belle technique de guerilla, avec des attaques brèves et inatendues, surtout sans cible particulière, donc pouvant toucher tout le monde, y compris même parfois le poseur de l’engin lui même. C’est la G4G, dans toute sa grandeur, par son mode opératoire le plus efficace, le terrorisme, qui s’impose dans le domaine de la communication.

Révolte contre ce qui enferme

Ilker de Paris

  01/12/2010

ça fait penser à la rébellion intellectuelle contre la religion en Occident qui enferme les pensées et les corps dans un carcan. On finit toujours par se rebeller contre ce qui enferme, aujourd’hui il y a, malgré les beaux discours sur la liberté, enfermement dans un système (économique, technique) dont la narrative est portée par les médias officiels.

Concernant l’affaire Wikileaks sur les fuites des rapports diplomatiques, elle est intéressante à plusieurs titres :

1 . Les diplomates US sont très terre à terre, un tel est décrit comme “bosseur” un autre comme “susceptible” etc pas d’analyses, pas de profondeur politique mais des estimations sur les caractères des dirigeants.

2 . Wikileaks court-circuite les médias officiels qui ont pour fonction de commenter, de relayer la bonne parole officielle ou ce qu’ils (ces médias) croient être cette parole, là on a affaire à la parole brute (puisque volée, sans fard) et elle est pauvre. Le monde des médias officiels qui croyait (peut-être) à la profondeur diplomatique tombe de haut. Il va finir par adhérer à quelques théories de complot : “ça ne peut pas être ça”..

3 . Par contre ceux qui croient aux théories de complot auront moins de poids. Même en considérant l’opération de Wikileaks comme complot aussi.

4 . A plus ou moins moyen terme, les diplomaties du monde seront de plus en plus indépendante de la diplomatie US, qui s’est révélée bas de gamme, pauvre.

Finalement, je pense aussi que la perte de pouvoir américaine sur les affaires du monde va s’accentuer, ce qui signifie que les autres puissances, qui se développent (-aient) par rapport à la puissance US, n’auront plus cette référence, et le monde multipolaire qui se dessine devra se trouver une voie autrement différente de celle où nous évoluons encore aujourd’hui.

Une complexité non maîtrisable

Jean-Paul Baquiast

  01/12/2010

Je ne peux qu’être d’accord avec Philippe Grasset quant il voit dans certains systèmes d’informations en réseaux, tel le réseau diplomatique US, des systèmes quasi autonomes rentrant dans la définition très générales que nous nous donnons des systèmes anthropotechniques ou en ce cas anthropotechnicoinformationnels (pardonnez nous le jargon).

On y retrouve étroitement imbriqués des supports informatiques et de télécommunication (technique) des contenus informationnels sémantiques rendus échangeables par la technique (les informations) et les humains de toutes sortes qui soit alimentent le système en données, soit vont chercher des données dans le système soit comme techniciens de base, assurant la connectivité, la sécurité, etc.  (les anthropos). 

On peut obtenir alors des systèmes évolutionnaires si complexes qu’ils sont indescriptibles et non gouvernables. Ceci s’applique aux différents sous-systèmes, réseaux, données et techniciens. Au niveau de ces derniers, le caractère anthropo (ou humain) fait que n’importe quel individu peut introduire des bruits, des bugs et générer des fuites. Ceci par ego, perversité ou altruisme. Dans un système totalement fermé et petit, comme une base de données stratégique d’entreprise, les individus sont suffisamment contrôlés pour que les « trahisons » individuelles soient rares. Il y en a cependant. Dans un système plus vaste, la probabilité de bugs humains augmente considérablement. Ceci d’autant plus que les déviants humains éventuels repèrent l’existence d’un système anthropotechnicoinformationnel concurrent de celui auquel ils appartiennent (le réseau wikileaks en l’espèce), dans lequel ils pourront se valoriser.

Il faut attendre à cet égard avec impatience la prochaine fuite massive annoncée par Aussenge (s’il n’est pas suicidé d’ici là) qui concernerait une grande banque US voire le système City-Wall Street tout entier. Dans la perspective méthodologique résumée ici, cette banque serait un élément ou noeud plus ou moins important du vaste réseau anthropotechnique constitué par la finance mondialisée (où les informations de base s’échangent à ultra-haute vitesse. Voyez mon article http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2010/112/HFT.htm). S’agit-il d’un système lui aussi incontrôlable, générant les crises en chaine sans interventions possibles des anthropos? Dans ce cas,  il pourrait également souffrir de fuites telles que les « confessions de banquiers pourris », les erreurs de traders perdant le nord, etc. La divulgation massive annoncée par Wikileaks pourrait en être un nouvel exemple.

Mais je commence à penser pour ma part, bien que me méfiant de l’esprit conspirationniste, que le système anthropotechnique de la finance internationale (disons anglosaxonne pour simplifier) a réussi (par hasard sans doute au début) à s’organiser depuis des décennies d’une façon lui permettant de dominer le monde. C’est ce que faisait dans le même temps de façon plus visible et dans un autre domaine le système anthropotechnique incarné par le Pentagone-MICC. Concernant la banque, il semble bien qu’un véritable « complot » nous assujettissant tous en tant qu’acteurs économiques de base, sans que nous puissions nous en rendre compte, s’est mis en place;

Cependant, et nous retrouvons là l’idée de la complexité non maîtrisable, ce système pourrait lui aussi ne pas pouvoir totalement échapper aux bugs et fuites provenant de son sein même. La film Inside Job en est un exemple éclatant (film dont on a malheureusement pas assez parlé.) D’autres signes commencent à apparaître. Le simple fait que commencent à circuler des articles grand public et pédagogiques sur la dictature des banques, tels « lettre à mon banquier » http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/lettre-a-mon-banquier-85169, pourrait faire espérer que le système se fissure. Mais ne respirons pas trop. Il dispose de tellement de moyens qu’il saura se transformer pour continuer à dominer, alors même que le système Pentagone aurait à peu près implosé faute d’avoir suffisamment muté pour survivre. 

Je compléterai ce texte, si Philippe en est d’accord, pour Ouverture Libre

Wikileaks vaut un Echelon ! Un de plus.

Francis Lambert

  01/12/2010

Rappelez vous “Echelon” : “Australia, Canada, New Zealand, the United Kingdom, and the United States. C’est LE réseau d’espionnage anglo-saxon ... spécialisé dans l’espionnage, notamment industriel. Surtout.
http://en.wikipedia.org/wiki/Echelon_(signals_intelligence)

Mais pourquoi espionner nos Nations ?
Elles s’acoquinent dans la concurrence avec des groupes aussi ambigus et aussi sinistres que le Groupe Carlisle,  où l’on trouve le frère du président Sarkozy.
Sans rire.

Wikileaks c’est quoi ces débutants ...
Sarkoleaks avait déjà révélé à Bush (!) sa candidature présidentielle 15 mois avant de l’annoncer aux français eux-même.
Un vrai wiki-pipeline à l’échelon National tant qu’à faire.
Et la France parle anglais en France ... même plus la peine de traduire.

D’aussi vertueuses “Nations” d’europe s’empressent d’autant plus à couler systématiquement elle-même leur propre monnaie :

“La zone euro rongée de l’intérieur
... la zone euro est attaquée, pour l’essentiel, non de l’extérieur par de mystérieux fonds spéculatifs américains ou chinois, mais de l’intérieur, par ses propres banques, assurances, fonds de pension, gérants de patrimoine, établissements financiers divers qui gèrent l’épargne des particuliers (votre assurance-vie, par exemple, ou votre livret A), des entreprises et leurs propres fonds. Ce sont eux qui, en effet, possèdent la très grande majorité de la dette européenne et ce sont donc eux qui font grimper les taux d’intérêt, acculant certains pays de la zone à la faillite.”

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/11/la-zone-euro-rongée-de-lintérieur.html#more

NB: Sarkosy achètera le F35, pour le sauver ... un petit coup de main comme en Afghanistan.

Et Bush a été réélu.