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Article : La catastrophe de l’hégémonisme

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Roi sacré US

Denis Monod-Broca

  28/02/2020

Le roi sacré des tribus primitives était une victime émissaire en instance de sacrifice. Vénéré, il avait tous les droits. Il était aussi détesté. La tribu attendait de lui qu’il soit un transgresseur hautement coupable, qu’il se livre devant tous, publiquement, aux pires transgressions, notamment sexuelles. Car ainsi il mériterait son châtiment. Et, mis à mort, il emporterait alors avec lui les fautes de tous.
Le système était injuste, bien sûr, mais il a connu des siècles et des siècles d’efficacité. Il a permis aux hommes de contenir leur propre violence et à la civilisation de se développer.
Voir les ouvrages de René Girard.
Derrière le vernis moderne de nos lois et de notre aspiration à la justice, les ressorts des rites de jadis n’ont pas disparu.
Notre roi sacré, on le connait, ce sont les USA. Ils ont tous les droits. Mais le moindre de leurs écarts est guetté par la terre entière.
Ils sont vénérés et détestés.
Comment ne pas voir dans l’actuelle campagne électorale américaine (texte écrit le 10-10-2016), dans l’incroyable étalage de turpitudes auquel elle donne lieu, un remake des transgressions rituelles des temps anciens ?
N’est-ce pas absolument extraordinaire ? Si les USA voulaient donner d’eux l’image d’un transgresseur méritant d’être sacrifié, ils ne s’y prendraient pas autrement !
Et s’ils le font, n’est-ce parce qu’ils sentent, atavisme ou fatalisme comment savoir ?, que c’est cela que nous attendons d’eux ? Car en effet, inutile de le nier, nous sommes littéralement fascinés par ce qui est en train de se passer là-bas !
Dans un monde qui a perdu la foi en ses propres lois, en ses propres principes, en son propre héritage spirituel, ces deux candidats, Trump et Clinton, sont ceux que nous attendions, ils sont ceux que notre attente a suscités.
Notre monde délibérément dérégulé vit une terrifiante régression. Quand les mots n’ont plus de sens la raison s’évanouit, et il reste ça. Saurons-nous retrouver nos esprits, échapper au pire ?