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Article : Il se passe quelque chose en Syrie…

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LE GRAND DEAL RATÉ DU BLOC ATLANTISTE EN SYRIE

Pierre

  25/07/2012

25/07/2012 Grâce à Scarlett Haddad, peut-être la dernière grande plume indépendante de la presse francophone libanaise, on en sait un peu plus sur l’accélération des évènements en Syrie, depuis le spectaculaire attentat survenu à Damas jusqu’au nouveau veto russo-chinois à l’ONU. Il semble en effet que les Services occidentaux aient été à la manœuvre en coordonnant guerre médiatique, attentat et offensive des insurgés sur la capitale pour forcer les Russes au compromis. Avec un flop à la clé.

Dans le torchon haririen L’Orient-le-Jour ­­– où on la laisse encore s’exprimer pour faire bonne mesure sans doute–, Scarlett Haddad raconte en substance que l’attaque contre le siège de la Sécurité nationale à Damas a été coordonnée avec l’offensive des insurgés sur la capitale, le tout soutenu par une formidable opération de communication visant à faire croire que le régime était au bord de l’effondrement, et «quasiment lâché par toutes les composantes de la société syrienne». Les rumeurs annonçaient même, on s’en souvient, la fuite de Bachar el-Assad vers Lattaquié (son fief alaouite). En même temps, précise-t-elle, «les médias pro-régime ont été piratés pour ne pas laisser de place à un autre son de cloche et pour créer la confusion la plus totale chez les partisans du régime». On notera au passage que le Réseau Voltaire avait averti de la préparation d’une telle opération d’intox au mois de juin déjà.

Contre-mesures efficaces

Et, en effet, à ce moment-là, le Conseil de Sécurité a annoncé le report du vote de sa énième résolution. En fait, il s’agissait de laisser le temps à Vladimir Poutine d’étudier une offre qu’est allée lui soumettre le Premier ministre turc Erdogan himself au même moment. Selon Haddad, «il s’agissait d’offrir à Moscou de déplacer le bouclier antimissiles américain de la Turquie vers le Qatar, sachant que la présence de ce bouclier [à leurs frontières] dérange grandement les Russes et constitue l’un des plus importants dossiers conflictuels entre la Russie et les États-Unis.» Et bien sûr, les Russes devaient lâcher Bachar et voter la résolution en échange.

On connaît la suite : le régime syrien a rapidement réagi, «remplaçant au pas de charge les responsables tués dans l’explosion et menant une vaste offensive à Damas. En même temps, les chaînes du régime ont trouvé de nouvelles fréquences» pour contrer l’opération d’intox médiatique occidentale annonçant la chute du régime. Face à l’échec de la manœuvre atlantiste, auquel elle a sans doute largement contribué, la Russie a donc eu beau jeu de signer son troisième double veto (avec le soutien chinois) à la résolution votée le lendemain. Ce d’autant plus que l’offre atlantiste était un peu courte. Car pour la Russie, lâcher Bachar el-Assad, c’est ouvrir la voie à l’assaut atlantiste sur l’Iran, cible ultime du plan de remodelage de la région. Et là, Moscou aurait à nouveau beaucoup à perdre. Bien sûr, le Bloc atlantiste n’en restera pas là. Et continuera à faire monter les enchères, pour le plus grand malheur de la population syrienne.

PS: La vengeance de la Ligue arabe contre l’Irak. Dans la nuit de dimanche à lundi passé, l’Irak a rejeté l’appel à un départ d’Assad de la Ligue arabe contrôlée par les pétromonarchies théocratiques du Golfe. Et durant la journée de lundi, une série d’attentats a fait au moins 107 morts en Irak, faisant de cette journée la plus sanglante depuis deux ans. source http://www.entrefilets.com