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Article : Ibn Khâldun et le modèle arabe de la liberté

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Tarzan contre IBM

Alex Kara

  17/09/2016

(Le titre est celui qu'on avait d'abord retenu pour le film qui deviendra "Alphaville")

Je ne connais pas Ibn Khaldoun mais je lis dans tout cela un travers assez récurrent chez les intellectuels, la fascination pour l'insoumis sinon le sauvage. D'après Wikipedia " Ibn Khaldoun est issu d'une famille noble et raffinée". On est en droit de se demander quel aurait été sa vie s'il était né chez les caravaniers du désert (et leur occasionnel convoyage d'esclaves d'Afrique Noire… pour les villes).

Philippe de Macédoine, venant de ses rudes montagnes, a lui bien compris les choses et confie l'éducation de son fils Alexandre à des philosophes très urbains.

Autre objet de fascination, le gangster déclare sous les traits de Marlon Brando qu'entre le respect et la crainte il faut inspirer la dernière. C'est simpliste mais utilisable : l'autorité provient soit de la contrainte soit du  respect. Le respect est dû à celui qui améliore mon existence, la crainte est suscitée par le prédateur ou la nuisance.

Entre les deux il y a le chef, figure hybride qui crée une organisation qui me renforce en même temps qu'elle me soumet. Beaucoup plus que ses employés, c'est le chef qui est responsable de la situation. S'il aime les flatteries, les yes-men et veut un empire sans partage, il se retrouvera à la tête d'une organisation peuplée de créatures méprisables.

Le chef idéal sait mettre en place une organisation plus démocratique où l'on sait que l'information apportée par un simple ouvrier peut avoir une importance fondamentale. Ces organisations sont fugaces (et souvent pas si idéales que ça) mais marquent puissamment l'imagination de tous, car enfin la qualité des humains est aléatoire et leur association encore plus.

Les chefs classiques aiment alors imiter ces chefs éphémères (on observera l'uniforme de la coolitude que revêtent les chefs des entreprises technologiques, de Steve Jobs à Zuckerberg…), suscitant ainsi encore davantage de flatterie (car il ne s'agit que d'un costume). On peut se demander si ce costume n'est qu'un outil du pouvoir ou bien s'il participe de l'auto-intoxication du personnage (la réalité est sans doute que les deux aspects s'influencent l'un l'autre - https://www.youtube.com/watch?v=jkje4FiH9Qc  "Everything's Allright" et aussi https://www.youtube.com/watch?v=g-voeq7Cebo "Heaven on their minds")

Mais l'habit ne faisant pas le moine, ces chefs se retrouvent à la tête d'organisations de soumis, car il faut bien que la plupart des gens retournent la boue pour que les puissants-cools puissent avoir un luxe à étaler.

Alors comme la jeune ménagère dégoûtée de partager sa vie avec les soumis du travail (Cf. Guy Debord, In Girum…), on se met à rêver au Bad Boy qui sentait bon le sable chaud.

Parce que cette rêverie n'est vraiment que cela, le fantasme du Bad Boy. Seulement quand on a une appendicite, le Bad Boy n'est d'aucun secours, et il faut un médecin qui s'est assis des années sur les bancs de la fac' de Cordoue pour nous soigner, et tant pis s'il parle doucement et se montre poli.

La civilisation n'est pas la force mais la délicatesse de l'esprit, c'est le respect et non la crainte. Mais celui qui suscite la crainte aimerait bien que cela ressemble au respect, et à la fin il y a toute la forme sans rien du fond, et tout se délite.

The Shape of Things to Come

Alex Kara

  17/09/2016

https://www.youtube.com/watch?v=ZQ_Xt1Vgybo

Ce film de 1936 est l'adaptation d'un roman de HG Wells. On y voit de manière très intéressante deux personnages inquiétants qui font l'éloge de la force des âges passés.

Le premier appraît tôt dans le film (Passworthy, à partir de 6 minutes), très "chaos créateur" et qui confère à la guerre des vertus revigorantes (il ne dit plus la même chose lorsque la guerre éclate).

Le second se situe dans la dernière partie du film (vers 1h10), un artiste très (très !) "Arno Breker" qui regrette le "bon vieux temps où la vie était courte et pétillante et joyeuse" et qui complote contre le progrès. (Bon il faut dire que le monde futur fait très "Alphaville" justement).

A méditer donc…

Asabiyya : il faut sauver la Muse Clio et les Zombies

perceval78

  17/09/2016

Terminologie

Catholicisme zombie : si la pratique rituelle est devenue quasi inexistante, le catholicisme subsiste à travers des valeurs de cohésion sociale notamment.
Fracture sociale :  fossé séparant une certaine tranche socialement intégrée de la population d'une autre composée d'exclus.
Protectionisme : a pour but de sauvegarder la cohésion sociale
Cliodynamics : science de la modélisation des cycles historiques
Peter Turchin : créateur de la Cliodynamics à partir entre autres des travaux de Ibn Khaldoun.


Asabiyya : représente la cohésion sociale en arabe tel que définie par Ibn Khaldoun.


Ibn Khaldoun définit l’asabiya comme le lien de cohésion dans un groupe humain formant une communauté. Ce lien existe à tous les niveaux de la civilisation, allant de la société nomade aux Etats et aux empires. Mais l’asabiya est forte surtout à l’état nomade. Son influence diminue au gré de l’avancée de la civilisation. Une asabiya plus contraignante peut remplacer une première asabiya en plein déclin. C’est ainsi que, d’après Ibn Khaldoun, les civilisations montent en puissance et dépérissent. L’histoire décrit ces cycles au fur et à mesure qu’ils se développent et disparaissent. Ibn Khaldoun affirme que chaque dynastie (ou civilisation)
possède en son sein les germes de sa propre décadence. Il montre que les tribus dominantes ont tendance à surgir dans la périphérie des grands empires.



Articles de Peter Turchin

Pourquoi les empires naissent et meurent

Tocqueville : l'étrange disparition.

Valeurs non-communes en Europe.

Theorie des révolutions qui viennent.

Tribut vs impôt

Dont Acte

  18/09/2016


Votre fougue néo-libérale vous fait confondre le tribut que doit le vaincu humilié et servile envers son vainqueur et l’impôt de nos société, qui reste tout de même redistributif.