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Article : GW, le président après lequel on ne veut plus être président

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La défaite peut être un choix tactique...

Todo Nada

  05/11/2008

Il n’est jamais sage de sous-estimer le cynisme et la crapulerie des protagonistes du grand jeu politique. A mon sens, on ne prend pas assez en compte l’hypothèse d’un choix délibéré des factions au pouvoir de passer la patate chaude, que dis-je, brûlante, à la fraction la plus naïve et la moins utile de l’establishment, ie les démocrates.

Ayant constaté les cafouillages de leur politique étrangère belliciste, ayant perçu le début de l’effondrement de l’économie (le cœur de la crise étant très probablement encore à venir, avec une forte dévaluation du dollar et une dette nationale toujours plus en expansion), peut être même ayant entraperçu la gravité réelle des défis posés par l’extinction des ressources naturelles (pétrole, minerais, air pur, climat supportable), il est tentant, et somme toute pragmatique, de laisser l’addition à d’autres; surtout après avoir pris soin pendant que l’on était encore aux commandes de siphonner ce qui pouvait encore l’être de la richesse publique (les milliards du plan Paulson ).

Quels risques pour les détenteurs réels du pouvoir (ie les cercles restreints des clans politico-affairistes) de laisser les manettes pour quelques années (mois?) à  un nouveau venu? Ils savent/pensent,  pour bien connaître les arcanes du système US dont ils sont les architectes et les fins utilisateurs,  que les marges de manœuvre pour changer radicalement la route d’un tel paquebot sont infimes, sans un soulèvement populaire auquel ils ne croient pas une seconde (à juste titre vu l’état de la conscience politique des populations occidentales ); ils savent d’autre part qu’ Obama a été élu avec LEUR argent (énormes contributions financières à ce dernier…), et qu’ au royaume de l’argent roi cela donne des assurances sur la vie; last but not the least, ils ont des réserves immenses d’argent et de pouvoir pour se mettre à l’abri des turbulences économiques, financières et climatiques possibles (on sait peu que le “ranch” de GW Bush est équipé du nec plus ultra des équipement écologiques autonomes pour l’eau et l’énergie- faites ce que je dis, pas ce que je fais…)

Quels avantages pour les mêmes? Bien sûr, éviter le pénible travail de nettoyer les écuries d’Augias ; se faire oublier quelque temps -l’époque moderne a la mémoire courte et l’analyse myope- afin de ne pas donner prise à la rancœur. Privilégier une fois de plus une vision politique du “sauveur” venu d’en haut au détriment d’une réelle réflexion sur les pratiques sociales concrètes, et en bons communicants offrir du symbolique (enfin un président noir !) pour faire oublier l’essentiel (bizness as usual).

Mieux encore, réapparaître en sauveur quand l’équipe au pouvoir est épuisée par une tache insoluble, et avoir la latitude d’imposer des solutions douloureuses pour les libertés et les portefeuilles, certes, mais comme les solutions “libérales” ont échoué, n’est ce pas…Pour les plus réactionnaires d’entre eux, avoir la satisfaction de “prouver” que les noirs et les libéraux, décidément, sont bien des incapables…

Quelques indices donnent à penser que cette hypothèse n’est pas si “complotiste” (invective devenue fumeuse qui sert de plus en plus souvent à couvrir une naïveté voulue ou aveugle sur la réalité des rapports de pouvoir modernes): n’est-il pas étonnant que le camp républicain ait choisi pour le représenter un “maverick” de 73 ans sans charisme et une hurluberlue sans grande carrure politique, tous les deux sans réseaux puissants, et qu’ils n’aient “pas pu” mobiliser plus d’argent que leurs adversaires?

En conclusion, les frustrations et les rancœurs risquent fort d’être à la hauteur des attentes et espérances que la candidature Obama a engendrées: immenses…