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Article : François Roddier, 2023 & l’eschatologie

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Eschatologie et apocalysologie

jc

  01/09/2023

I. "Optimisme eschatologique" de Daria Douguina.

Pour moi, à la suite de Guénon et de Garaudy, eschatologique renvoie à la fin d''un monde (et non à la fin du monde, position du Wiktionnaire). Il suit que l'eschatologie est -toujours à mon avis- indissociable de l'apocalysologie, dit plus simplement que la fin d'un monde est indissociable du dévoilement (étymologie du mot apocalypse) du monde suivant. J'imagine que dans "Optimisme eschatologique" il est question d'un monde suivant meilleur que celui que nous sommes inéluctablement en train de quitter (ce que répète inlassablement Michel Maffesoli -cf. ses nombreuses vidéos-). En ce sens mon gourou Thom est lui aussi un optimiste eschatologique "quand ce deviendra nécessaire" :

"Dans le domaine des sciences humaines, il m'est difficile de me rendre compte si ma tentative présente quelque intérêt; mais en écrivant ces pages j'ai acquis une conviction; au cœur même du patrimoine génétique de notre espèce, au fond insaisissable du logos héraclitéen de notre âme, des structures simulatrices de toutes les forces extérieures agissent, ou en attente, sont prêtes à se déployer quand ce deviendra nécessaire. La vieille image de l'Homme microcosme reflet du macrocosme garde toute sa valeur : qui connaît l'homme connaîtra l'univers. Dans cet essai d'une théorie générale des modèles, qu'ai-je fait d'autre, sinon de dégager et d'offrir à la conscience les prémisses d'une méthode que la vie semble avoir pratiqué dès son origine?
Ce n'est pas sans quelque mauvaise conscience qu'un mathématicien s'est décidé à aborder des sujets apparemment si éloignés de ses préoccupations habituelles. Une grande partie de mes affirmations relèvent de la pure spéculation; on pourra sans doute les traiter de rêveries… J'accepte le qualificatif; la rêverie n'est-elle pas la catastrophe virtuelle en laquelle s'initie la connaissance? Au moment où tant de savants calculent de part le monde, n'est-il pas souhaitable que d'aucuns, qui le peuvent, rêvent?" (Dernières phrases de "Stabilité structurelle et morphogénèse")

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II. Qualité et quantité.

PhG nous rappelle qu'il n'est pas un prévisionniste quantitatif : "Quant à la forme, les moyens, les caractères physiques de l’événement, c’est une autre affaire, et c’est pourquoi j’ai cru devoir continuellement me garder d’un prévisionnisme évènementiel, notamment par le moyen de l’inconnaissance.".

À l'opposé de F. Roddier dont la carrière (Physique, Astrophysique, Thermodynamique) laisse penser qu'il a baigné toute sa vie professionnelle dans le quantitatif, sa carrière tardive (retraite) lui offrant la possibilité de tenter d'audacieuses analogies entre sciences dures et sciences molles, comme on le voit dans le billet 120 (qui, pour moi, résume une bonne partie de sa pensée tardive) : http://francois-roddier.fr/Mines-2018.pdf .

PhG : "Roddier, et quelques autres, avait largement développé cette approche catastrophique-nécessaire dans son travail théorique. Il s’était ainsi retrouvé, avec certains de ces “quelques autres” venus d’autres horizons et sans consultations d’aucune sorte, à estimer que l’évolution thermodynamique de la civilisation aux abois conduirait à une période effectivement catastrophique dont il fixa l’émergence à l’année 2023.".

Je trouve les analogies thermodynamique/biologie/économie qu'il fait à la fin d'autant plus convaincantes que leur dynamique évolutive est celle que Thom associe à la catastrophe "fronce", Thom dont je rappelle à ce propos l'une de mes citations préférées :

"Les situations dynamiques régissant l'évolution des phénomènes naturels sont fondamentalement les mêmes que celles qui régissent l'évolution de l'homme et des sociétés [et des espèces, c'est moi qui rajoute]".

Ceci dit les approches de Roddier et de Thom sont fondamentalement différentes (et c'est tant mieux car susceptibles de convaincre un plus large public) : il suffit de parcourir le billet 120 de Roddier et le début de la conférence  de Thom "Déterminisme et innovation" pour s'en convaincre ( disponible sur internet ).

[ Aparté. En reparcourant la fin du billet 120, je découvre l'importance du rôle des colonies pour le fonctionnement thermodynamiquement correct d'un monnaie d'échanges ( monnaie chaude) et d'une monnaie de services (monnaie froide) selon Roddier. Question peut-être pas stupide au moment où la France semble être en train de perdre ce qu'il reste de son empire colonial africain (franc CFA). Pour moi la décolonisation en cours va imposer aux nations coloniales (actuellement typiquement les USA -avec l'UE comme principale colonie-) de repenser leur organisation sociale en opposant à la toute puissante et unique organisation top-down (jacobine pour nous français) une organisation bottom-up (girondine pour nous). Je viens de lire "Jacobinisme ou fédéralisme?" d'Alain de Benoist qui parle de ça en des termes qui me conviennent ( https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/alaindebenoist/pdf/jacobinisme_ou_federalisme.pdf ). Ceci posé il ne faut pas s'attendre à une partie de plaisir pour arriver à mettre sur pied une telle réorganisation sociale :

"En ce qui me concerne, je préfère croire à un réel – non globalement accessible parce que de structure stratifiée – dont l'herméneutique de la TC [Théorie des Catastrophes] permettrait de dévoiler progressivement les « fibres » et les « strates ». Mais tout progrès dans la détermination d'une telle ontologie stratifiée en « couches » d'être exigera : i) L'emploi de mathématiques pures spécifiques – parfois bien difficiles – dans les théories jusqu'ici purement conceptuelles des sciences de la signification ; ii) La reprise d'une réflexion philosophique sur la nature de l'être que les divers positivismes et pragmatismes ont depuis bien longtemps occultée." (René Thom)

Je rappelle à propos des la fin de la citation que Thom ne fait pas grand cas du pragmatisme et du positivisme :

- "La science moderne a eu tort de renoncer à toute ontologie en ramenant tout critère de vérité au succès pragmatique. Certes, le succès pragmatique est source de prégnance, donc de signification. Mais il s'agit alors d'un sens immédiat, purement local. Le pragmatisme -en ce sens- n'est que la forme conceptualisée d'un certain retour à l'animalité. Le positivisme a vécu de la peur de l'engagement ontologique. Mais dès qu'on reconnaît aux autres l'existence on s'engage ontologiquement.". ]   
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2023, année du grand renversement

Dominique Muselet

  03/09/2023

Je considère que le renversement promis par Roddier n'est plus à attendre, pour moi il a eu lieu au sommet des Brics. Le début de la fin de l'empire du mal a commencé avec la guerre en Ukraine. La victoire russe a été couronnée en 2023, donc l'année charnière dont parle Roddier, par le sommet des Brics, avec le basculement du monde civilisé (hors Occident) vers les Brics, l'entrée de 6 pays dans les Brics avec en liste d'attente un grand nombre d'autres pays et les révoltes africaines contre la néocolonisation française. Les années qui viennent verront la continuation et le développement de la société multipolaire, plus saine, plus pacifique et plus égalitaire, que les Brics veulent mettre en place. Evidemment l'empire du mensonge et de pillage et ses sbires vont essayer de les en empêcher et cela suscitera pas mal de troubles. Mais comme je l'ai dit à mes amis, en leur envoyant ma dernière revue de presse, les jeux sont faits… L'empire a raté sa mondialisation (j'ai cru au moment du Covid et le dévoilement triomphant de leur projet par Schwab qu'ils avaient réussi et que nous étions cuits).
On peut dire que Poutine nous a sauvés. Et maintenant les Brics triomphent en Ukraine et dans la majorité mondiale. 
Le salut vient toujours de l'est….