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Article : Farce ou force de l’incantation

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O-DINKINS ∫

Francis

  30/07/2008

La situation actuelle aux Etats unis ressemble beaucoup à celle de New-York à la fin de la décennie quatre vingt : En 1975,  la ville était en faillite ; en 1977, eut lieu une panne géante d’électricité accompagnée d’émeutes raciales et de pillages.  En 1980, la criminalité était montée à 1.800 meurtres par an pour 7 millions de personnes. Un boom immobilier et boursier, dans les années 1980 s’acheva dans le krach de 1987 et une nouvelle faillite de la ville ;  En 1990, faute de policiers,  il y eut plus de 2,000 meurtres   pour une population inchangée. C’est à ce moment,  qu’un maire noir, David Dnikins, fut élu avec les voix des blancs. Il lança une politique de rigueur, mais ne put engager de grandes réformes : il ne pouvait ni aller dans le sens des noirs ni favoriser les blancs. Il renvoya de nombreux employés, mais sans succès : la ville resta en faillite. 

Devant cet échec, en 1994, Dinkins fut battu par Rudolph Giuliani, qui informatisa les commissariats et en tripla les effectifs. La ville réussit à sortir de sa torpeur. Un quasi absence de contrôle de l’immigration augmenta la population d’un million d’habitants et le progrès informatique provoqua un boom économique qui s’arrêta en 2000 avec l’éclatement de la bulle internet. Après les attentats de 2001 et son corollaire, le crédit quasi gratuit, l’expansion reprit de plus belle jusqu’à la crise actuelle. Aujourd’hui, New York est une ville touchée de plein fouet par la crise financière. dominée par les hispaniques, remarquablement intégrés et   généralement très conservateurs. 

L’Amérique pourrait etre à l’image de New York : l’Etat fédéral est en faillite, comme l’était New-York ;  Les hispaniques sont désormais   plus nombreux que les noirs ;  le conflit racial n’est plus le principal enjeu ; la crise oppose les gens solvables et les insolvables. 

Si ce qui s’est passé à New York il y a 18 ans avec David Dinkins   se renouvelait à Washington avec Barack Obama un président noir pourrait etre élu avec voix des blancs, pour régler les problèmes nés de la crise. Il aurait le plus grand mal à agir, totalement paralysé  entre des exigences contradictoires, à un moment où sa communauté est encore plus faible que par le passé. Il prendrait les mesures les plus impopulaires, puis laisserait le pouvoir à un blanc ou à un hispanique.  Une fois de plus, les plus faibles auraient servi d’alibi aux réformes voulus par les plus forts. 

le 23 juillet 2008 par Jacques Attali
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