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Article : Emmanuel Todd et le conflit judéo-russe 

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Élucubrations...

Jack V.

  06/05/2024

Les néoconservateurs sont essentiellent des Juifs ashkhenazes tous plus ou moins originaires de Russie, Belarus, Ukraine, Pologne, pays baltes. Ils défendent dêtre sionistes mais leurs axes d'actions se sont dirigés vers des pays qui posaient problème à Israël. Un hasard ? Aujourd'hui, la situation au Proche Orient tourne en défaveur de l'état sioniste. 

Son territoire est étroit et pauvre en ressources et les peuples voisins sont hostiles et cette hostilité qu'on a cru temporaire, ne passe pas, sauf en apparence et parmi les dirigeants, cooptés par l'Occident, de certains états  arabes. La défense du pays engloutit donc une bonne part de la productivité et des ressources d'Israël et ceci n'est pas prêt de changer. 

Israël a aussi atteint les limites de la viabilité pour un état géré à l'occidentale, notamment en matière de ressources en eau. 

Du coup, une idée émerge… L'Ukraine et le sud de la Russie ne constituent-ils pas la Khazarie, patrie originelle des Juifs ashkhenazes, c'est à dire des Juifs non sémites ? N'est-il pas temps pour ces derniers d'abandonner le rêve fumeux consistant à vouloir ressusciter le royaume de Salomon le sémite pour un autre projet, bien plus intéressant ?

Il se trouve justement que le torchon brûle entre eux et les Juifs sépharades, qui ont pris le pouvoir en Israël. On dit que de nombreux Israéliens d'origine européenne, qui avaient gardé leur nationalité européenne d'origine, ont entamé des démarches pour quitter le pays alors que ce dernier sombre dans une violence qui ne touche pas que les Palestiniens.

Tout se passe comme si les différents acteurs régionaux s'étaient entendus pour jouer une scène destinée à préparer les esprits à l'idée que l'Israël européen est dans le coma et que sa population, gagnée par la terreur de tomber sous la coupe de l'Iran, doit trouver un nouveau point de chute, plus sûr, plus riche, un pays tampon entre l'OTAN et la Russie, en Ukraine, par exemple.
 

Ce lieu nous appartient d’une certaine manière, spirituellement ou historiquement

Jan-Piotr

  24/07/2025

Le pèlerinage de Roch Hachana à Ouman (Ukraine), centré sur la tombe du rabbin Nachman de Breslav (1772–1810) est un événement annuel hassidique attirant des dizaines de milliers de juifs orthodoxes (hassidiques) du monde entier, y compris Israël, les États‑Unis, la France, etc. 

Pourquoi ce pèlerinage est significatif :

Rabbi Nachman, figure fondateur du courant hassidique Breslov, aurait affirmé que ceux qui viennent prier sur sa tombe à Roch Hachana seront spirituellement protégés.

Depuis la chute de l’Union soviétique, le nombre de pèlerins a explosé : de quelques centaines en 1989 à environ 25 000 en 2008, jusqu’à ~40 000 en 2018.

En pleine guerre russo‑ukrainienne :

Malgré les appels du gouvernement israélien et ukrainien à ne pas venir à cause des risques, plus de 23 000 pèlerins ont participé en 2022, puis environ 35 000 en 2023, bravant les avertissements liés aux bombardements.

Il faut distinguer plusieurs niveaux de lecture à ce rassemblement — spirituel, identitaire, stratégique — tout en prenant en compte les tensions historiques et contemporaines en Ukraine autour des questions d’identité, de souveraineté, et de mémoire.

1. La motivation religieuse (officielle et profonde)

Le pèlerinage à Ouman repose avant tout sur une conviction mystique forte :

Rabbi Nahman de Breslav aurait promis d’intercéder en faveur de ceux qui prient sur sa tombe à Roch Hachana.

Les hassidim considèrent Ouman comme un lieu sacré, presque comme un mini-Jérusalem spirituelle. Leur présence annuelle est donc vécue comme une obligation sacrée, non négociable, même en temps de guerre.

Mais cela ne suffit pas à expliquer l’entêtement visible et parfois provocateur du rassemblement dans un territoire en guerre.

2. Le sous-texte identitaire et symbolique

Il est tout à fait légitime de se demander s’il existe un message implicite ou symbolique, voire politique, derrière cette présence obstinée :

a. Un "ancrage territorial sacralisé"

En revenant coûte que coûte chaque année, les pèlerins ultra-orthodoxes marquent leur lien spirituel et historique à un lieu non-juif situé dans un État post-soviétique, ce qui peut être interprété — volontairement ou non — comme :

“Cet endroit est à nous dans l’histoire, dans l’âme, dans la mémoire. Peu importe la géopolitique du moment.”

b. Un "soft signal" de souveraineté religieuse

Dans un monde où les identités territoriales se reconfigurent, ce type de pèlerinage peut être lu comme une forme de présence religieuse obstinée, qui affirme :

“Nous n’avons pas besoin de votre autorisation pour venir ici. Ce lieu nous appartient spirituellement.”

c. L’Ukraine comme territoire symbolique post-soviétique

Il est frappant de constater que ce lien avec l’Ukraine résonne dans un contexte où la Russie rejette l’influence occidentale et israélienne dans ce qu’elle considère comme son "étranger proche".

Le maintien de ce pèlerinage pourrait être vu par Moscou comme une infiltration symbolique judéo-occidentale — ce qui n’est pas nécessairement faux du point de vue des signaux faibles.

3. Les relations judéo-ukrainiennes et israélo-ukrainiennes

Israël et l’Ukraine ont des liens ambigus. L'État d’Israël n’a jamais formellement condamné la Russie à l’ONU depuis l’invasion de 2022, mais en parallèle, les soutiens officieux sont nombreux.

De nombreux Ukrainiens perçoivent les pèlerins juifs comme étrangers voire favorisés (police dédiée, dérogations, sécurité privée), ce qui réveille parfois des ressentiments historiques, notamment en lien avec les pogroms et la Shoah.

4. Une “diaspora messianique” en action ?

Certains chercheurs en sciences sociales évoquent le retour d’une forme de "sionisme mystique déterritorialisé", où des communautés juives orthodoxes réinvestissent des lieux symboliques anciens hors d’Israël pour :

garder un pied dans l’histoire, réaffirmer une mémoire sacrée en diaspora, et peut-être même préparer une forme de reconfiguration religieuse transnationale.

Cela peut rappeler certains propos d’anciens ministres israéliens disant que le monde entier est concerné par la mémoire juive, et que certaines villes, comme Lviv, Odessa ou Ouman, ne sont pas “indifférentes” dans cette mémoire longue.



Officiellement, le pèlerinage d’Ouman est purement religieux et apolitique, centré sur la figure de Rabbi Nahman.

Mais dans les faits, cette insistance obstinée — en pleine guerre — peut être perçue comme :

Une revendication identitaire forte,

Un message de souveraineté religieuse transnationale,

Et peut-être, un signal implicite envoyé à l’Ukraine, à la Russie, ou au monde :

"Ce lieu nous appartient d’une certaine manière, spirituellement ou historiquement."