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Article : Comment une automatisation inexorable tuera l'emploi

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Tittytainment

Bilbo

  09/02/2011

Bonjour,

Cet article m’a fait penser à la théorie du tittytainment 20% de personnes faisant vivre toute l’humanité (et donc 80% de chômeurs) qui est apparue au milieu des années 90.

Le père de ce terme est Zbigniew Brzezinski, conseiller de plusieurs présidents américains (Carter, Reagan, Obama…).

Pour avoir une petite idée de ce que cache ce terme, un article :
http://blogs.mediapart.fr/blog/roger-evano/280710/le-piege-de-la-mondialisation

Cordialement
Bilbo

Technologies, chômage et comment évoluera le monde

Jean-Paul Baquiast

  09/02/2011

Merci à Bilbo de cette référence que je ne connaissais pas. Je pense que Martin Ford et ZB disent la même chose, en termes différents. Le problème est effectivement de savoir comment les chômeurs futurs vont réagir.
Beaucoup sur ce site Dedefensa prévoient le collapse du Système. Peut-être?  Peut-être pas ? Il n’est pas inutile d’en discuter. Donc longue vie, non au Système, mais à Dedefensa.

L'autre option

Solsys

  10/02/2011

Article très intéressant, toutefois il occulte l’autre option, qui est encore plus “in-imaginable” mais pourtant bien plus logique, et qui trouve des exemples dans l’histoire.

A savoir celle du génocide des non-productifs.

La seule histoire de la colonisation pourrait amplement illustrer la validité répétée de cette option pour les décideurs du système technologique. On pourrait même évoquer jusqu’au nazisme génocidaire, qui est un des aboutissements possibles de la pensée technologique.

La population humaine n’est tolérable dans un tel système que si elle n’intervient pas dans la relation symbiotique que vous évoquez. Il ne s’agit même pas d’une possible rébellion anti-technologique, mais d’une croissance de l’effectif et des aspirations de ces populations, que le “symbiote” technologique ne pourrait plus nourrir.

Il ne s’agit pas uniquement d’une question malthusienne, mais une question d’espoir. Si la richesse n’est pas partagée, alors en effet les 70% de chômeurs de ces 10 milliards d’humains pourraient soit devenir un facteur de désordre, soit par leur simple existence devenir un poids (ressources physiques, nécessité d’un contrôle) trop lourd à porter pour les 30% restants. Ces restants aspirent aussi à l’élévation et au progrès, et donc à l’inégalité par rapport à un monde actuel qui est dès lors nécessairement insatisfaisant, puisqu’on doit progresser pour y échapper.

En sus d’un génocide qui me paraît inévitable (sous quelque forme que ce soit) car lié à la question des ressources, se pose le problème de la croissance de cette population humaine. A terme, un monde hypertechnologique est un monde où chaque naissance a été examinée puis validée par le système. La politique antinataliste chinoise montre que cela a déjà été mis en place il y a longtemps, d’une manière primitive. Gageons qu’un management “tailor-made” saura proposer un système plus fin.

Un génocide ne serait pas nécessairement total et aveugle. Un option est le “zoo humain”, où les paysans malgaches dépossédés mentionnés ici pourraient en effet être employés à maintenir une “biodiversité technologique”, sorte d’Amish involontaire et sous tutelle. Mais nul besoin d’en entretenir trop. Reste à savoir si ce Malgache 100% bio sera livré à lui même (le “Malpais” de Aldous Huxley), s’il sera rémunéré pour jouer la comédie (ce que propose Martin Ford, somme toute), se connectant à Facebook une fois sa journée de dur labeur achevée, où si comme dans un zoo il sera véritablement sous tutelle. (Nous parlons des malgaches enfermés dans une sorte d’époque technologique, en gros le XVIIème siècle, on peut aussi imaginer d’autres “zoos” comme un “bienvenue chez les Chtis” années 1950 etc.

Il est intéressant de lire un article de 2000 à propos de Théodore Kaczynski, écrit par un des fondateurs de Sun Microsystems, et qui s’insère bien dans ce thème : http://www.wired.com/wired/archive/8.04/joy.html

La question d’un génocide appelle immédiatement la question du “comment”, et ce dans l’ “espoir désespéré” de pouvoir invalider la chose par la question des moyens.

La question des moyens est un simple choix technologique, à une époque où les possibilités techniques et leurs combinaisons sont très vastes.
Si l’on prend l’exemple nazi, la chambre à gaz n’ont été que le maillon ultime d’une chaîne de techniques et de mesures qui graduellement tuèrent la volonté, l’âme, le corps, l’avenir. Le système de cartes de rationnement volontairement incompréhensible du ghetto de Varsovie a tué en lui-même, et a préparé les survivants aux étapes ultérieures de leur génocide.

La question des moyens ne peut trouver de réponses, c’est un choix entre différentes options, différents calculs techniques dont nous ignorons jusqu’à la substance.

Là où il ne faut plus se leurrer, à notre époque de la déshumanisation des conditions de travail puis de vie, et à l’obsolescence technologique humaine, c’est sur l’inéluctabilité de la chose.

"Le piège de la mondialisation".

BA

  10/02/2011

Du 27 septembre 1995 au 1er octobre 1995, à San Francisco, le grand hôtel Fairmont accueille 500 membres de l’élite mondiale : chefs d’Etat, hommes politiques, dirigeants d’entreprises multinationales, universitaires, chercheurs, etc.

Cette réunion du Fairmont se déroule dans le cadre de la fondation de Mikhaïl Gorbatchev. Elle a une grande importance historique. Elle fait intervenir George Bush père, George Schultz, Margaret Thatcher, Ted Turner de l’entreprise CNN, John Gage de l’entreprise Sun Microsystems, des dizaines d’autres personnalités de tous les continents. Elle a pour thème « l’avenir du travail ».

Je recopie un passage du livre “Le piège de la mondialisation” :

« L’avenir, les pragmatiques du Fairmont le résument en une fraction et un concept : « Deux dixièmes » et « tittytainment ».

Dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. « On n’aura pas besoin de plus de main d’œuvre », estime le magnat Washington Sycip. Un cinquième des demandeurs d’emploi suffira à produire toutes les marchandises et à fournir les prestations de services de haute valeur que peut s’offrir la société mondiale. Ces deux dixièmes de la population participeront ainsi activement à la vie, aux revenus et à la consommation – dans quelque pays que ce soit. Il est possible que ce chiffre s’élève encore d’un ou deux pour cent, admettent les débatteurs, par exemple en y ajoutant les héritiers fortunés.

Mais pour le reste ? Peut-on envisager que 80 % des personnes souhaitant travailler se retrouvent sans emploi ? « Il est sûr, dit l’auteur américain Jeremy Rifkin, qui a écrit le livre La Fin du travail, que les 80 % restants vont avoir des problèmes considérables. »

Le manager de Sun, John Gage, reprend la parole et cite le directeur de son entreprise, Scott McNealy : à l’avenir, dit-il, la question sera « to have lunch or be lunch » : avoir à manger ou être dévoré.

Cet aréopage de haut niveau qui était censé travailler sur « l’avenir du travail » se consacre ensuite exclusivement à ceux qui n’en auront plus.

Les participants en sont convaincus : parmi ces innombrables nouveaux chômeurs répartis dans le monde entier, on trouvera des dizaines de millions de personnes qui, jusqu’ici, avaient plus d’accointances avec la vie quotidienne confortable des environs de la baie de San Francisco qu’avec la lutte quotidienne pour le survie à laquelle doivent se livrer les titulaires d’emplois précaires. C’est un nouvel ordre social que l’on dessine au Fairmont, un univers de pays riches sans classe moyenne digne de ce nom – et personne n’y apporte de démenti.

L’expression « tittytainment », proposée par ce vieux grognard de Zbigniew Brzezinski, fait en revanche carrière. Ce natif de Pologne a été quatre années durant conseiller pour la Sécurité nationale auprès du président américain Jimmy Carter. Depuis, il se consacre aux questions géostratégiques.

Tittytainment, selon Brzezinski, est une combinaison des mots entertainment et tits, le terme d’argot américain pour désigner les seins. Brzezinski pense moins au sexe, en l’occurrence, qu’au lait qui coule de la poitrine d’une mère qui allaite. Un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettrait selon lui de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. »

(Hans-Peter Martin, Harald Schumann, “Le piège de la mondialisation”, Solin Actes Sud, p.12)

techniques et technologiques

Fydryss

  11/02/2011

Le problème avec des personnes qui établissent ce type d’hypothèse, est leur manque de connaissances des métiers autres que ce qu’ils cotoient à longueur de journée. Ils avancent des pourcentages sans fondements réels. Ils prennent en exemples les paysans malgaches, radiologues, caissières, quid des maçons, chaudronniers, charpentiers, électriciens, et j’en passe.

Les paysans sont une profession à part car elle a souffert de plusieurs facteurs qui ont fait qu’elle est à un niveau désastreux actuellement.

A l’heure actuelle et dans encore quelques décennies les métiers dit “d’extérieur” ne sont pas voués à être remplacé par l’automatisation (ce mot ne correspond pas au mal de demain, l’informachinisation serait plus appropriée). Je me permet d’inventer un mot car ma machinisation date de la machine à vapeur

Contrairement à ce que dit Ford, il n’y aura pas de monter exponentiel de la technologie, actuellement nous arrivons à des limites techniques. Nous n’avons rien inventer de révolutionnaire depuis le moteur à explosion et les instruments de contrôles. Depuis ce temps, nous n’avons fait qu’améliorer, adapter.

La seule chose qui a réellement révolutionné le monde depuis 40 ans c’est l’informatique/électronique qui, jumelé à la machinisation est deveniue une sorte d’informachinisation au même titre que la machine à vapeur c’était jumélée à la mécanique lors de la 2ème révolution industrielle est devenue la machinisation.

Pour certains domaines d’activités la R&D est beaucoup trop coûteuse, il en découle une valeur d’achat trop importante et l’entretien de ces machines serait hors de prix pour l’utilité, donc non rentable.
Des constructeurs automobiles vont dans les pays à bas coût pour économiser 1 million € de R&D pour des robots de manutentions qui sont de toute façon obligé de coupler à un homme qui les manipule. En France cela n’est pas possible à cause de notre législation du travail. Par exemple un bâti moteur qui derait plus de 25kg ne peut pas être manipuler par un homme seul, dans les pays de l’Est oui. Vous économisez le R&D, la fabrication, la mise en place, la maintenance et le recyclage de cette machine. Ca vaut largement plus qu’une vie de salaire dans les pays de l’Est ou ailleurs.
Si toutefois ces pays à bas coût devaient avoir les mêmes législations que nous. il faudrait encore que le prix de la main d’oeuvre explose, ce qui veut dire que les prix de R&D, la fabrication, la mise en place et la maintenance vont également exploser augmentant de facto le prix de vente.

Ce qui doit en revanche incquitéter les entreprises avec cette informachinisation ce sont les pertes de compétences des employés donc de l’entreprise. Nous commençons à observer ce phénomène sur des projets comme l’EPR, l’A400M… les entreprises commencent également à tirer le signal d’alarme, mais nous venons d’hériter de 20 ans d’éducation et de formation au rabais.

Avec l’explosion des écoles d’ingénieurs qui n’ont que le nom, des formations de techniciens qui sont devenus des ouvriers spécialisés, nous le voyons bien, la baisse du niveau technique est à tous les niveaux.
L’éducation supérieure de masse a apporter l’incompétence de masse, tout comme la production agricôle de masse a apporter la baisse de la qualité. Le fait d’avoir maintenant plus d’ingénieurs formés que de techniciens participe à un nivellement des salaires vers le bas, et oui ce que faisait un technicien avant est maintenant fait par un ingénieurs, ils ne peuvent pas tous devenir manager ou chef de projet, il faut bien des mains.

Certains pans de la sociétés vas s’informachiniser c’est innévitable mais se seront plus les secteurs de la gestions, la finance, des métiers “répétables”. Nous ne pouvons pas complètement “automatiser” des métiers qui effectuent des prototypes, mais nous l’informachinisons par des logiciels (CAO/DAO, GPAO, machines à commandes numériques…).