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Article : Bye bye AAA, la pire menace depuis Pearl Harbor…

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De la fausse vertu occidentaliste

Ilker de Paris

  19/04/2011

Sur ce coup l’agence de notation a été plus honnête que les gouvernements des pays du BOA. En effet, après la crise (ou après la bataille) ces gouvernements, pris de soudaine vertu, ont hurlé contre les agences de notation pour leur travail mal ou malhonnêtement fait en donnant des bonnes notes a de États (Grèce par exemple) ou des actifs financiers (les subprimes par exemple) qui étaient loin de les valoir.

Aujourd’hui ces agences font leur travail, c’est a dire qu’elles notent en phase avec l’état de faillite dans lequel se trouve pas mal de pays de l’Ouest, dont les États-Unis, et ces mêmes gouvernements hurlent encore, cette fois parce qu’une vérité est dite.

Comme quoi, travail bien fait ou non c’est bien le Système qui est corrompu et repose sur un planché moisi.

Les vautours arrivent : la charogne est bien mourante

Alain Vité

  19/04/2011

Ci dessous le lien vers l’entretien de swissinfo avec une économiste suisse réputée, qui prédit l’effondrement prochain du dollar et de l’économie américaine.

Rien de nouveau pour les lecteurs d’ici.

Ce qui est intéressant, c’est qu’une experte officielle du Système sorte du bois pour attaquer sans pitié ni crainte ledit Système qui l’a pourtant nourrie, choyée et enrichie tout au long de sa carrière.

Ses serviteurs n’ont plus peur de la bête et commencent à la mordre aux jambes. Elle est une des premières à s’enhardir du coup porté par Standard & Poor, d’autres suivront très vite.

Les prédateurs sont aux chaîne alimentaires -télévisées ou non- ce que la gravité est à la chute libre : un accélérateur, et ça risque d’aller vite.

En résumé : quand les rats mangent le navire, c’est qu’il coule.

http://www.swissinfo.ch/fre/economie/Le_dollar_va_mourir,_vive_l_euro_%21.html?cid=30005786

L'Europe ne fait plus diversion

Bilbo

  19/04/2011

Pourquoi S&P n’a-t-elle pas lancé son avertissement plus tôt ? Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que la diversion européenne ne fonctionne plus.

Les grands quotidiens économiques en Occident sont tous pro-anglo-saxons. Les problèmes américains ou britanniques sont connus depuis belle lurette, mais il fallait préserver le plus longtemps possible le dollar américain et la livre sterling.

La zone euro étant le principal concurrent des zones économiques des USA et de GB, il fallait flinguer quelques uns de ses pays membres, ce qui était éminemment facile, tant les différences économiques et les divergences politiques sont fortes. Le Japon aurait constitué la diversion suivante s’il n’y avait eu la catastrophe du 11 mars.

A peu de frais (un peu de communication bien orchestrée), le Système anglo-saxon a ainsi gagné un an.

Mais maintenant l’Europe agit. Mal, certes quand on voit les conséquences sur la Grèce ou l’Irlande, mais elle agit. Les pays européens se mobilisent, s’entendent de gré ou de force, mais agissent pour tenter de résoudre les problèmes. Les membres de la zone euro voire de l’UE commencent même à anticiper les problèmes (Portugal et bientôt Espagne), ce qui n’est pas du tout le cas des USA qui ont gaspillé bêtement l’année de répit qu’ils ont si facilement gagnée.

Ce changement d’attitude des pays européens, les grands médias économiques occidentaux ne peuvent le masquer. Ils le critiquent donc dans ses effets et ses insuffisances; ils s’attardent sur les atermoiements allemands et les problèmes de souveraineté mais se gardent bien d’aborder le fond qui ne pourrait qu’être défavorable aux anglo-saxons.

Ainsi le Système est tombé à court de diversions. Le roi est nu. Et qu’il ne se plaigne pas que S&P ait eu la décence d’attendre le vote du Congrès sur le budget.

Démentellement avant restructuration

Thierry Cheverney

  19/04/2011

Tout fonctionne donc selon le plan.  Peut-être même un peu plus vite que d’aucun ne l’aurait espéré.
Car, avant de mettre en oeuvre la feuille de route du gouvernement mondial, de la monnaie unique mondiale, il faut un précédent.

Nous y voilà avec la faillite de l’entreprise US, le coeur de la structure capitaliste selon les préceptes du XX° siècle.  Comme nous entrons dans le XXI°, il faut moderniser tout cela. Les Etats Unis, ensuite l’Europe déclarera sa faillite et nous pourrons parler restructuration planétaire.

Le projet de l’hyper classe est donc en bonne voie. Avancer dans la déstructuration de l’économie mondiale pour d’une part accélérer la casse de ce qui reste de l’Etat providence, démanteler les blocs continentaux, à commencer par les Etats-Unis pour justifier l’instauration d’une superstructure planétaire, le gouvernement mondial et l’instauration d’une monnaie unique mondiale afin de sortir de la crise.

Le capitalisme passera ainsi de ses structures existantes à sa phase mature: la dictature économique, bancaire et militaro-industrielle planétaire conservant l’anglais comme langue véhiculaire, bien entendu.  Le système ne pouvant plus survivre sans une méga centralisation avec les méga institutions qui vont avec, mais avec une géographie restructurée, fragmentée en régions.

Le loup est en train de sortir du bois et vous allez voir que très vite, l’on va commencer à pérorer sur ce fameux gouvernement mondial, avec bien sûr son corollaire, la monnaie unique mondiale, laquelle,  s’il faut en croire S&P, qui aurait du réagir il y a plusieurs années déjà, est sur le point d’être prête et va sortir de la boite tel un petit diable.

S&P, annonciateur inversé de l’avènement du capitalisme du 3° millénaire.

Le chaos organisé par l’hyper classe est en train de prendre forme pour son plus grand intérêt, à moins que nous ne transformions ce chaos partiel et induit en un chaos universel, total et destructeur de la superstructure capitaliste dans son intégralité.

Tout qui se fera sans nous se fera contre nous ! Rien de se qui se fera pour nous ne se fera sans nous.

Des agences de notation dans la ligne de mire de l'UE

Bilbo

  20/04/2011

Le site Ria Novosti apporte un nouvel éclairage à cette affaire : les agences de notation anticiperaient une loi en cours d’élaboration au sein de l’UE qui les viseraient en particulier (source : http://fr.rian.ru/discussion/20110419/189208893.html).

“L’Europe élabore actuellement une législation spéciale destinée à noter les agences de notation elles-mêmes. Et elle va établir une échelle de responsabilité pour l’impartialité du produit final. Avec des sanctions appropriées.

Lorsque les principales agences de notation ont appris ce projet, elles ont toutes annoncé que cela compliquerait leur activité et pourrait conduire à l’absence totale de cotations. L’adoption de la loi (elle devrait être terminée vers la fin de l’année) pourrait aboutir à ce que la majorité des possesseurs et des acheteurs des titres d’Etat et d’instruments bancaires aient la possibilité de poursuivre les agences de notation si leurs prévisions ne se traduisaient pas par l’augmentation des bénéfices, mais par la perte de capitaux. Dans ce cas, il s’agirait de milliards de dollars.”

Il ne faut pas se leurrer dans cette affaire. Les sommes en jeu (emprunts d’Etat) dépassent largement les capacités des agences de notation. Les investisseurs ne pourraient jamais être remboursés de toutes leurs pertes.

Il s’agit en fait de créer un écran de fumée et de faire évoluer les agences de notation du statut de bourreau des finances publiques à celui de bouc émissaire. Car il est clair que plusieurs états finiront par faire défaut sur leur dette et les acquéreurs des emprunts d’Etat pour le moment surprotégés devront assumer une partie des pertes (pour le moment les Etats de la zone euro viennent à l’aide des plus faibles donc le risque de défaut à court terme nul et pourtant les taux d’intérêt explosent, permettant un bénéfice conséquent et surtout indu sur le dos des contribuables).

No comment, game is over

michel BESCOND

  24/04/2011

From Xinhua:

  China’s foreign exchange reserves increased by 197.4 billion U.S. dollars in the first three months of this year to 3.04 trillion U.S. dollars by the end of March.

  Xia Bin, a member of the monetary policy committee of the central bank, said on Tuesday that 1 trillion U.S. dollars would be sufficient. He added that China should invest its foreign exchange reserves more strategically, using them to acquire resources and technology needed for the real economy.

And as if the public sector making it all too clear what is about to happen was not enough, here is the private one as well:

  China should reduce its excessive foreign exchange reserves and further diversify its holdings, Tang Shuangning, chairman of China Everbright Group, said on Saturday.

  The amount of foreign exchange reserves should be restricted to between 800 billion to 1.3 trillion U.S. dollars, Tang told a forum in Beijing, saying that the current reserve amount is too high.

  Tang’s remarks echoed the stance of Zhou Xiaochuan, governor of China’s central bank, who said on Monday that China’s foreign exchange reserves “exceed our reasonable requirement” and that the government should upgrade and diversify its foreign exchange management using the excessive reserves.

  Tang also said that China should further diversify its foreign exchange holdings. He suggested five channels for using the reserves, including replenishing state-owned capital in key sectors and enterprises, purchasing strategic resources, expanding overseas investment, issuing foreign bonds and improving national welfare in areas like education and health.

  However, these strategies can only treat the symptoms but not the root cause, he said, noting that the key is to reform the mechanism of how the reserves are generated and managed.

D'un frédéric Lordon en verve

GEO

  27/04/2011

Les deux gros cochons
mardi 26 avril 2011, par Frédéric Lordon

http://blog.mondediplo.net/2011-04-26-Les-deux-gros-cochons

Ainsi donc il va falloir envisager d’agrandir la porcherie… Car deux fameux gorets tapent du groin à la porte.

Au commencement, ils étaient trois petits – les cochons. Grèce, Portugal, Espagne. Et comme il fallait un « I » (pour bien faire PIGS), on eut d’abord l’idée de l’Italie – puisque les crottés sont nécessairement les Méditerranéens. Sauf que ce fut l’Irlande. Et la théorie financière des types et des climats connut un premier accident. La pauvre se prépare des lendemains scientifiques difficiles. Car voici que les Etats-Unis – et bientôt sans doute le Royaume-Uni – commencent à faire parler d’eux. Evénement dans le landerneau des marchés, Standard & Poor’s, le 18 avril, a confirmé le triple-A de la dette souveraine étasunienne, mais en la plaçant sous surveillance négative (outlook negative), avec probabilité d’un tiers d’une dégradation ferme à horizon de deux ans. Se peut-il que la race des seigneurs finisse se roulant dans le purin et poussant grognements ?...

Comme par un effet d’habitat préféré, la finance, culturellement anglo-saxonne, a toujours eu un faible pour ses appartenances. Seule en tout cas une sorte de privilège d’anglo-saxonnité parvenait à rendre compte de certaines distorsions du jugement financier, comme par exemple celle qui cloue le Portugal et l’Espagne au pilori quand la situation objective du Royaume-Uni et des Etats-Unis n’est pas beaucoup plus reluisante (si elle n’est pas plus mauvaise). Les Etats-Unis ont des déficits et des dettes plus dégradés que le Portugal ; l’Espagne, qui est le « meilleur » des quatre (sur la base de ces deux ratios), fait mieux que le Royaume-Uni. Seule la croissance met les Anglo-saxons en position avantageuse, et pour cause : les Britanniques, hors de l’UEM (Union économique et monétaire), ont fortement dévalué la livre (presque 30% contre l’euro), quant aux Etats-Unis, en général grands pourvoyeurs d’anathèmes théorico-idéologiques mais à l’usage des autres, eux n’ont pas eu la bêtise de se mettre sur le dos l’invraisemblable carcan des Européens et mènent depuis trois ans une politique économique puissamment expansive avec déficits à gogo et monétisation à peine dissimulée (quoique encore recouverte de l’aimable euphémisme de Quantitative Easing…)

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une bonne stratégie intertemporelle, en politique économique comme en n’importe quelle autre matière, est une affaire de patience, c’est-à-dire de tolérance à des inconvénients transitoires. Or, si l’on autorise cette aimable litote, la patience n’est pas le fort des marchés à qui la propriété de liquidité a donné l’habitude des ajustements instantanés et de la satisfaction immédiate du désir patrimonial. Avec parfois l’ombre d’un doute, tel qu’il se manifeste dans les invraisemblables revirements par lesquels les marchés en viennent à reprocher aux gouvernements les effets de ce qu’ils les ont forcés à appliquer… Pour l’heure en tout cas, la finance, dont les agences sont en quelque sorte la voix, a pris son parti – on sait lequel il est. Or cette prise de parti, loin d’être la seule expression d’une opinion comme feignent de le croire les agences (qui s’abritent systématiquement derrière le premier amendement (freedom of speech) de la Constitution étasunienne pour ne jamais encourir la moindre conséquence des inénarrables boulettes qu’elles commettent à répétition), cette prise de parti, donc, est un acte d’immixtion politique qui ne prend même plus la peine de se cacher.

Sous ce rapport, la lecture de la note de Standard & Poor’s est des plus édifiantes [11]. Il y est presque exclusivement question des péripéties parlementaires qui voient s’affronter le plan Obama et le plan Ryan… l’un et l’autre bien d’accord sur l’objectif d’une réduction de déficit cumulé de 4 trillions de dollars à horizon de dix ans, mais toujours divergents quant aux moyens d’y parvenir. Et la note entière n’est qu’une grande exhortation à sortir de ces stériles querelles pour enfin « régler le problème » raison revenue et tous enfantillages mis à part. Voilà donc finalement quel était l’objectif de Standard : peser directement sur le processus politique et, par un coup de cymbales, mettre un terme aux tergiversations et forcer l’accord bipartisan – puisque les Etats-Unis sont en situation de cohabitation.

La palabre parlementaire, ses longueurs, ses atermoiements, tout ça énerve la finance. La démocratie est dispensable puisqu’on sait déjà très bien ce qu’il faut faire – il n’y a qu’à le faire ! Des épisodes tels que celui du 18 avril, mais on en trouverait centaines d’équivalents, ont au moins le mérite de faire percevoir distinctement à quel degré intense la finance fait de la politique : elle se pose en tiers intrus au contrat social, y impose ses réquisits au point d’évincer ceux du peuple, pour finir à la limite par s’ériger en corps politique de substitution – comme en témoignent assez les politiques publiques désormais implicitement ou explicitement (la réforme des retraites !) agencées pour son seul bon plaisir (« conserver à la France son AAA… ») On aurait grand tort de voir là une regrettable mais réversible dérive de la finance – on se demande d’ailleurs what on earth pourrait la convaincre de renoncer aux formidables conquêtes que lui a permis un rapport de force (structurellement armé) ultra-favorable. Sauf miraculeux accès de sainteté, on n’a jamais vu groupe de puissance abandonner de lui-même ses ressources de pouvoir. Le plus caractéristique dans le cas présent tient à l’objectif de l’accord bipartisan poursuivi par les agences, objectif de l’extinction du dissensus politique (trop générateur d’instabilité), de la cessation du conflit des opinions (toujours susceptible de faire renaître des idées indésirables), bref de la négation même de la démocratie en tant qu’elle est essentiellement controversée… et par là source d’incertitude. L’idéal de la finance est unanimitaire : que le peuple se range comme un seul homme ! – derrière les « bonnes » idées bien sûr.

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