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Article : 2007, première année de la Grande Crise

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Ouille ! ... ALAIN FAUJAS

Lambrechts Francis

  02/01/2007

Cela décevra Al Gore, l’ancien vice-président américain qui mène une croisade contre le réchauffement climatique, mais le charbon-vapeur grand émetteur du principal coupable, le gaz carbonique (CO2), a de beaux jours devant lui.

Quand on compare les prix en équivalent énergétique du pétrole, du gaz et de la houille, on comprend pourquoi la Chine a installé, en 2005, des centrales électriques au charbon d’une capacité de 70 gigawatts, plus que le parc nucléaire français.

Ce n’est pas fini : la compagnie minière Anglo American étudie la possibilité d’investir 4 milliards de dollars (3,2 milliards d’euros) dans un projet de ” charbon propre” dans la province du Shanxi.

L’Italie convertit au charbon ses centrales.

Les Etats-Unis, qui sont l’Arabie saoudite de la houille, se mettent à en importer de Colombie.

La France parle d’ouvrir une mine près de Nevers.

Le Kremlin voudrait convertir au charbon le chauffage domestique des Russes pour réserver à l’exportation son pétrole et son gaz.

” Le charbon est imbattable, commente Jean-Marie Martin-Amouroux, ancien directeur de l’Institut de l’énergie de Grenoble. Après avoir chuté de 33 % en 2005 sur le marché atlantique, son prix a repris 23 %. Le charbon sud-africain fluctue autour de 50 dollars la tonne, après 25 dollars en 2002 et 70 dollars en 2004. C’est un bon prix d’équilibre pour les producteurs.” A la mi-novembre, le prix (à l’embarquement) était de 47,75 dollars.

Qu’est-ce qui pourrait dégrader la compétitivité de l’anthracite ? Pas la lutte contre la pollution : ” Les droits d’émission de CO2 se négocient aux environs de 10 dollars la tonne, ce qui n’est pas grand-chose”, dit M. Martin-Amouroux. La taxe de 1,19 euro par mégawatt/heure fabriqué à partir du charbon entrera en vigueur le 1er janvier 2007, en France ? ” Elle n’a pas de sens”, juge-t-il.

Le fret ne pourrait-il pas alourdir le prix de la houille ? ” Entre l’Afrique du Sud et l’Europe, son prix est passé de 9 dollars la tonne à 18 dollars d’août 2005 à août 2006, mais les cours devraient demeurer raisonnables, car les commandes de navires vraquiers laissent augurer des capacités croissantes”, explique M. Martin-Amouroux.

Les écologistes n’ont plus qu’à militer pour que la recherche trouve vite les moyens de rendre ” king coal” moins calamiteux pour la Terre. ( LE MONDE 18.11.06 Ouille ! ALAIN FAUJAS )

Inertie : l'alerte donnée le Titanic n'a pu éviter l'iceberg ...

Lambrechts Francis

  02/01/2007

Quelques mesures symboliques (promotion des véhicules mixtes essence/électricité, énergie éolienne, biocarburants issus des dérivés de produits agricoles) ne font pas oublier les spectaculaires gâchis de kilowatts/heure (provenant de centrales thermiques brûlant des millions de barils de pétrole) causé par l’obsolescence du réseau de distribution : lignes à haute ou moyenne tension peu étanches, transformateurs qui chauffent, ou encore re-routages ubuesques allongeant de milliers de kilomètres le parcours des kilowatts (et autant de déperdition à la clé) au gré des contrats de livraison négociés auprès d’opérateurs privés ou de ‘grossistes’ en perpétuelle concurrence sur l’ensemble du territoire.

Il y aurait un moyen d’économiser, en quelques mois, des millions de barils de pétrole ou des milliards de mètres cubes de gaz… Et tout ça sans se lancer dans la construction de nouvelles centrales atomiques, sans convertir massivement le parc automobile à la technologie mixte ou réduire de moitié l’usage des engrais à base de dérivés carbonés aux USA : il suffirait de moderniser certaines installations électriques obsolètes et de rationaliser le circuit de distribution du courant.

Cela apparaît tout simple en effet sur le papier, mais quasi-impossible en pratique : cela impliquerait que des entreprises privées investissent spontanément dans une rénovation du matériel ou acceptent de modifier leurs pratiques commerciales (pour celles qui font du trading de ressources énergétiques). De quoi plomber leurs comptes et mécontenter au plus haut point leurs actionnaires. Le gouvernement (républicain en l’occurrence) qui se risquerait à pénaliser les distributeurs les plus réfractaires à l’amélioration de leur outil—seul moyen de les contraindre à moderniser le réseau—s’aliènerait le soutien de généreux contributeurs à la prochaine présidentielle.

Les Etats-Unis vont donc demeurer le pays au monde qui relâche—en pure perte—autant de kilowatts dans l’atmosphère que l’Europe et l’Asie réunies, non content de consommer quotidiennement la moitié de l’essence produite sur la planète.

( La Chronique Agora Philippe Béchade 2006-01-17 Les Etats-Unis n’envisagent guère de réduire leur consommation en 2006.—NB notamment…)