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• Dans le texte que nous présentions, Alastair Crooke passe en revue les divers points de crise qui font trembler le monde. • L’essentiel qu’il met en évidence concerne est l’effet de l’affaire Epstein sur les soutiens de Trump (les MAGA). • On retiendra surtout le ton de cet article et la perception qu’il nous renvoie d’une atmosphère d’une affreuse décadence dans le satanisme. • Nous ne résistons pas à la tentation de comparer cette époque avec la terrifiante description de ‘L’Enfer’ que Dante Alighieri nous donne dans ‘La Divine Comédie’. • Cette description correspond parfaitement au nihilisme contemporain.
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Nous nous arrêtons à un texte d’Alastair Crooke (sur ‘UNZ.com’, ce 29 juillet 2025) à propos d’un sujet (?) qu’il est difficile de déterminer précisément, et avec l’impression que Crooke lui-même ressent cette même difficulté. Mais c’est justement cette difficulté qui nous intéresse, chez un auteur de la rigueur et de l’expérience de Crooke.
Le texte n’attire peu de commentaires tant il en est plein lui-même, qui n’ont nul besoin d’être complétés. L’intérêt du texte, nous semble-t-il, est qu’il s’agit d’une succession de questions concernant toutes nos “subcrises” comme nous les nommons, – concernant toutes ces crises qui nous font bondir d’un théâtre l’autre, sans qu’il faille railler le terme de “théâtre” qui implique le spectacle et donc le simulacre, – mais en rappelant que le théâtre est aussi le lieu et la machinerie de la tragédie, de ‘La naissance de la tragédie’ selon le titre du premier ouvrage majeur de Nietzsche. Cette fois, sans rejeter l’expression de tragédie-bouffe, qui a toute son authenticité grotesque tant que dureront nos grotesques élitesSystème, il s’agit de se concentrer sur le terme seul de “la tragédie”.
La seule question qui attire chez Crooke une réponse à peu près assurée n’est pas du domaine politique mais du domaine finalement moral dans le sens du satanisme sans retour, qui nous fait penser avec lui que tant de péchés et de sacrilèges infâmes ne pourront plus être ni oubliés ni impunis. Il est temps que chacun veuille bien apprécier le monde en se munissant de ‘La Divine Comédie’ du Dante (on aura remarqué qu’elle est actuellement bien souvent présente par allusion directe ou indirecte dans nos colonnes, – c’est notre livre de chevet du temps présent)... Et notre époque ressemble alors, par certains côté et essentiellement par con nihilisme, au voyage du Dante dans “l’Enfer”.
« Par moi on va dans la cité dolente
Par moi on va dans l’éternelle douleur
Par moi on va parmi la gent perdue« Cette ouverture célèbre du chant III de “L’Enfer” marque le véritable début du voyage. Les paroles se gravent pour toujours dans la mémoire selon la volonté du poète : les trois premiers vers commencent par la même formule “Per me si va” qui résonne comme un son de cloche funèbre. Ils introduisent la “cité dolente” , celle du diable, puis l’atmosphère spirituelle, “l’éternelle douleur”, enfin les ombres qui s’y meuvent, ; “la gent perdue”... Les derniers mots sont une phrase terrible :
» Vous qui entrez, laissez toute espérance. » (*)
Cette dernière phrase est une marque ancienne mais indélébile de ce qui pourrait être le nihilisme définitivement maudit de notre époque. En un sens, Alastair Crooke l’illustre sur un ton presque prophétique en faisant un compte-rendu rapide, – nous re-voici en pleine actualité, sans espérance aucune dans la déstructuration morale actuelle du monde – de ce qui caractérise le scandale Epstein et sa dimension universelle de perversion des élitesSystème entourées de leur soldatesque-neocon ; et cette désespérance portant la conviction de Crooke que l’effet produit sur le mouvement MAGA impliquant effectivement, malgré le point d’interrogation du titre, une sorte de fureur révoltée sans possibilité d’oubli, et donc un pas définitif dans la rupture des peuples avec leurs directions maudites par leur satanisme.
Ce long extrait du début du texte d’Alastair Crooke marque, selon notre point de vue, un jugement général sur la catastrophe satanique à laquelle a abouti notre civilisation.
« Le scandale Epstein se propage et devient le point de ralliement d'une profonde aliénation populaire envers certaines couches dirigeantes. L'opinion publique s'était résignée, à contrecœur, à accepter que ses “dirigeants” mentent et volent régulièrement, mais elle (notamment au sein de la faction MAGA) a néanmoins commencé à comprendre vaguement qu'il pouvait exister au sein de la population des vices qu'elle considère comme trop détestables pour être imaginés. Les gens ont compris que Trump était, d'une manière ou d'une autre (même en tant que spectateur), lié à toute cette culture dégradée.
» Il est peu probable que cela passe facilement, voire pas du tout. Trump a été élu pour démanteler tous ces réseaux obscurs d'oligarchie, de structures de pouvoir et de services de renseignement agissant pour des intérêts invisibles. C'est ce qu'il avait promis : l'Amérique d'abord.
» Il est peu probable que détourner l'attention de l'affaire Epstein fonctionne. L'exploitation, les abus et la destruction de la vie d'un nombre incalculable d'enfants, dans la quête du pouvoir, de la richesse et d'une débauche diabolique, touchent au plus profond de la morale. On ne peut détourner l'attention en pointant du doigt d'autres vils jeux de pouvoir et d'argent de l'élite. Les abus (et pires encore) infligés aux enfants constituent une catégorie à part, infernale. »
Le reste est une suite de variations sur ce thème central de la malédiction, avec ces spectacles des diverses ‘subcrises’ de chaos, de mensonges, de tromperies et de simulacres sans fin et sans but, de l’Ukraine à Gaza, de Zelenski à Netanyahou. C’est un constat affreux d’un monde devenu “L’Enfer”, dont nous ne pourrons sortir qu’en imitant, adaptée aux conditions de notre situation présente, le long et terrible voyage du Dante pour conquérir sa rédemption. Nous ne devons pas hésiter à mélanger cette mémoire mythique du plus grand texte de la littérature poétique de notre civilisation avec les actualités les plus brûlantes et les plus cruelles de nos temps. Le premier annonce le reste.
Et la seule question tristement divertissante est celle-ci : les Woike people ne vont-ils finir, en se finissant eux-mêmes, par “annuler”, “canceler” le Dante, pour avoir écrit un récit de haine non conforme aux canons des temps maudits ?
(*) Préface de Jacqueline Risset, pour la nouvelle édition de 2021 de ‘La Divine Comédie’, avec une nouvelle traduction d’elle-même, saluée en Italie comme extrêmement brillante par les érudits du Dante. Risset constate que nous avons atteint les horreurs de ‘l’Enfer’ au XXème siècle, avec les camps d’extermination ; son devoir de conformité étant rempli, elle pourra rajouter dans une nouvelle édition le XXIème avec, – entre autres horreurs, – Epstein et Gaza. « Mesure pour mesure », comme disait le grand Will.
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Le scandale Epstein se propage et devient le point de ralliement d'une profonde aliénation populaire envers certaines couches dirigeantes. L'opinion publique s'est résignée, à contrecœur, à accepter que ses « dirigeants » mentent et volent régulièrement, mais elle (notamment au sein de la faction MAGA) a néanmoins commencé à comprendre vaguement qu'il pouvait exister au sein de la population des vices qu'elle considère comme trop détestables pour être imaginés. Les gens ont compris que Trump était, d'une manière ou d'une autre (même en tant que spectateur), lié à toute cette culture dégradée.
Il est peu probable que cela passe facilement, voire pas du tout. Trump a été élu pour démanteler tous ces réseaux obscurs d'oligarchie, de structures de pouvoir et de services de renseignement agissant pour des intérêts invisibles. C'est ce qu'il a promis : l'Amérique d'abord.
Il est peu probable que détourner l'attention de l'affaire Epstein fonctionne. L'exploitation, les abus et la destruction de la vie d'un nombre incalculable d'enfants, dans la quête du pouvoir, de la richesse et d'une débauche diabolique, touchent au plus profond de la morale. On ne peut détourner l'attention en pointant du doigt d'autres vils jeux de pouvoir et d'argent de l'élite. Les abus (et pires encore) infligés aux enfants constituent une catégorie à part, infernale.
Trump peut bien affirmer n'avoir commis aucune infraction juridique. Mais le fait est qu'il est désormais gravement entaché. Il pourrait donc entrer dans une phase de transition présidentielle, à moins d'un événement deus ex machina suffisant pour détourner l'attention du public.
Soyons clairs : Trump a pour habitude de résister farouchement à l'idée de devenir un président « canard boiteux ». Et c'est là que réside le danger géopolitique. Trump a besoin de distractions médiatiques et de victoires.
Cependant, il est désormais affaibli, l'État sécuritaire [le DeepState] et ses alliés accroissant leur contrôle du Congrès. De même, de nombreux acteurs du réseau qui lie les politiciens et les responsables aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Israël à des liens étroits avec les milieux d'affaires et de renseignement seront extrêmement réticents à leur dénonciation. Des individus, dont Ghislaine Maxwell, emprisonnée, pourraient se révéler dangereux, telle une personne en train de se noyer qui, prise de panique, s’accroche à une autre personne la plus proche et l’emporte dans sa noyade.
L'équipe de politique étrangère de Trump, à l'esprit étroit, a enfermé les initiatives de politique étrangère du président dans une cage dont les barreaux portent des noms tels que “arrogance et arrogance”.
Concernant l’Ukraine, Trump a donné à Moscou 50 jours pour capituler devant l’ultimatum de cessez-le-feu de Kellogg, ou pour en subir les conséquences.
Alors que les sanctions à 100 % imposées par des tiers – affectant principalement la Chine et les importations d’énergie de l’Inde en provenance de Russie – ont été totalement rejetées par la Chine (et le seront probablement aussi par l’Inde), Trump sera sous la pression de ses faucons au Congrès pour faire quelque chose pour faire souffrir la Russie.
Le problème est que le trésor de guerre est vide. Ni les États-Unis ni l'Europe ne disposent d'un stock d'armes d'une quelconque importance pour la guerre. Même s'ils payaient et commandaient des missiles ou d'autres armes maintenant, il faudrait des mois avant qu'ils ne soient livrés.
Trump a cependant besoin de victoires rapides et de diversions.
En l'absence de tout inventaire significatif, Trump ne peut qu'intensifier efficacement sa pression en utilisant des missiles à longue portée ciblant Moscou ou Saint-Pétersbourg. Des missiles Tomahawk d'une portée de 2 000 km figurent dans l'inventaire américain (et ont été évoqués par l'équipe Trump, a rapporté David Ignatius ).
Et si ces vieux missiles Tomahawk étaient facilement abattus par les forces russes ? Eh bien, il y a un vide. Un vide considérable. Car rien ne sépare la fourniture d'armes symboliques (une poignée de missiles Patriot) des armes nucléaires tactiques prépositionnées par les États-Unis, qui pourraient être lancées depuis des avions d’attaque stationnés en Grande-Bretagne.
À ce stade, Trump se précipiterait vers une grande guerre avec la Russie.
Existe-t-il un plan B ? Eh bien… oui. Il s’agit de bombarder à nouveau l’Iran, comme alternative à une escalade contre la Russie.
Les Iraniens pensent qu'une nouvelle frappe contre l'Iran est probable, et Trump a déclaré qu'il pourrait le faire. L'Iran se prépare donc activement à une telle éventualité.
Il est tout à fait possible que Trump ait été informé que la conséquence de frappes majeures contre l’Iran serait la démilitarisation effective d’Israël par missiles – entraînant de profondes conséquences sur le système politique américain, ainsi que dans la région.
Il est également tout à fait possible que Trump ignore un tel briefing, préférant voir Israël comme « tellement bon » (l’exclamation qu’il a lancée alors que l’attaque surprise israélienne du 13 juin était en cours).
Et au Moyen-Orient en ce moment ? On dirait que Netanyahou tire les ficelles pour Trump. Gaza est déjà un scandale – un scandale de crimes de guerre, qui risque fort de s'aggraver.
Max Blumenthal rapporte que « lorsque Tucker Carlson a allégué qu'Epstein avait des liens avec les services de renseignement israéliens [et que cela expliquait] pourquoi Trump dissimulait [l'affaire Epstein], les Israéliens ont apparemment pris peur. Naftali Bennett, l'ancien Premier ministre israélien, a été sommé de déclarer qu'il avait traité quotidiennement avec le Mossad et que Jeffrey Epstein ne travaillait pas pour le Mossad et n'était pas un agent israélien. Il a ensuite menacé Carson en disant : "Nous ne tolérerons pas cela". Le ministre israélien des Affaires de la diaspora a également dénoncé Tucker Carson. C'est comme si les relations entre le mouvement conservateur américain et Israël se dégradaient à cause d'Epstein »,suggère Blumenthal.
Netanyahou pressent peut-être des problèmes à venir pour Israël aux États-Unis, alors que les jeunes Américains et les partisans de MAGA se retournent contre Trump pour avoir trahi « l'Amérique d'abord » ; pour être “co-responsable” du massacre de Gaza ; de la guerre civile sectaire menée par Israël et les États-Unis en Syrie ; du bombardement de l'Iran ; et du pillage du Liban.
Selon les sondages, 81% des Américains souhaitent la publication de tous les documents relatifs à Epstein. Deux tiers d'entre eux, dont 84% des Démocrates et 53% des Républicains, pensent que le gouvernement dissimule des preuves concernant sa “liste de clients” et sa mort. Le taux de désapprobation de Trump s'élève actuellement à 53%.
Netanyahou s'empresse (peut-être par conséquent) d'imposer le “Grand Israël”. “Imposer”, car les accords d'Abraham initiaux étaient ostensiblement un accord de normalisation avec Israël. Aujourd'hui, sous la menace militaire, les États arabes sont contraints d'accepter les conditions israéliennes – et de se soumettre à Israël.
Il s'agit d'une parodie de l’ancienne conception israélienne d'une alliance des minorités. Aujourd'hui, les “minorités” (parfois des majorités fracturées) sont délibérément dressées les unes contre les autres. Les États-Unis et Israël ont réintroduit l'EI 2.0 au Moyen-Orient. Les exécutions d'Alaouites, de Chrétiens et de Chiites en Syrie en sont la conséquence directe.
La perspective est celle d’un Moyen-Orient dévasté, où seules les monarchies du Golfe serviraient d’îlots obéissants au milieu d’un paysage plus vaste de guerres intestines, de massacres ethniques et de régimes politiques balkanisés.