Va-t-on (enfin) intervenir (en Libye) ?

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Va-t-on (enfin) intervenir (en Libye) ?

... Effectivement, il faut bien lire, plutôt deux fois qu’une, le titre de l’article de Andrei Akoulov, sur Strategic-culture.org, le 17 mai 2013 : « Will US Intervene in Libya?» D’abord l’on croit lire Syrie, parce qu’on est au courant de l’actualité du monde qui va, puis l’on se frotte les yeux, puis la vérité écrite apparaît : il s’agit bien de la Libye, comme si l’on était de deux ans plus jeune.

Il faut dire : les USA peuvent dire qu’au contraire de leurs amis de l’OTAN, ils ne l’ont pas (encore) fait, ils ne sont pas (encore) intervenus en Libye, eux. Peut-être cette situation inégale demander-t-elle réparation, d’un point de vue démocratique... Quoi qu’il en soit, on ne peut accuser Akoulov de rumeurs malveillantes venues du coin russe de la planète, puisque son texte commence sur la citation d’une dépêche AP du 10 mai 2013, sans doute autorisée par le FBI, annonçant effectivement des mesures de précaution prises par les forces armées des Etats-Unis, pour une possible intervention...

«According to Associated Press reports, Marines and other U.S. forces in Europe are on a heightened state of alert in response to a deteriorating security situation in the Libyan capital of Tripoli, U.S. officials said on May 10. The combat readiness condition encompasses a U.S. special operations team based in Stuttgart, Germany and a Marine group of air and ground forces based in Moron, Spain, according to the officials, who, as the agency reports, were not authorized to discuss the matter publicly and spoke on condition of anonymity… These forces operate under US Africa Command (AFRICOM). The US embassy in Tripoli is guarded by a contingent of 70 Marines. As to AP, the military official said there is no plan to use any of the forces under current circumstances, but a portion of the approximately 500 Marines in Spain have been notified they might be repositioned for a quicker potential response to trouble in Tripoli. One of the missions for which Marines train is the emergency evacuation of US embassy compounds. No extra US naval or air forces are being moved into the region in response to the unrest in Libya, the official said as quoted by the agency.

»The Libyan cities of Tripoli, Benghazi and Tobrouk were plunged in mass protests on May 10. The crowds hit the streets denouncing the use of force by the country's unruly militias. The Muslim Brotherhood is accused of attempts to grab power by pushing through a contentious law that would prevent officials who had served under former country’s leader Muammar Gadhafi from working in government. For nearly two weeks Libya has been gripped by fear of new armed conflict after militias stormed and surrounded government buildings in Tripoli, blocking access to ministries in an attempt to push parliament to pass the contentious law.

»On April 10 militiamen descended on an anti-Islamist rally in the nation's capital in great numbers beating protesters. Militants from Misrtata, Suq Al-Juma and Tajoura surrounded the ministry of Foreign Affairs on preventing staff from entering the offices. They also blocked roads around the buildings with vehicles mounted with anti-aircraft guns. Libyan lawmakers approved the bill during the weekend, but tensions still remain high, guns still on the streets.

» The UK temporarily withdrew some staff from its embassy in light of growing political instability. On May 9 the US State Department said it was advising U.S. citizens against all but essential travel to Tripoli and all travel to Benghazi and other locations in Libya due to “ongoing instability and violence”. The Interior Ministry said it has 400 “highly trained” policemen to beef up security in Benghazi, and that around 2,000 police cadets are graduating in the coming days to help secure the city.

»According to Tripoli Post, Libyans have played down reports of possible foreign intervention. Speaking to Libya Al-Hurra TV on Saturday, Mr. Mohamed Abdul Aziz, the Libyan Foreign Minister, denied the reports of American intervention in Libya and that he was aware that the both the US and Britain withdrew some unessential members of staff in their embassies. A member of the General National Congress (GNC), the elected highest legislating authority in Libya, told The Tripoli Post he rules out any military intervention in the country at this point.

»When asked if this means that the unstable situation in the country is to continue indefinitely, Dr. Mohamed Betru, a member of the National Security Committee of the General National Congress, said that the government is very soon to be taking daring decision to quell the unrest in the capital including the presence of armed civilians. He pointed out that “What is going on in Tripoli has nothing to do with what is been mentioned in the United Nations’ Charter as a basis for foreign intervention in sovereign countries and Libya is a sovereign country.” Perhaps it is so for the time being, but it servers the purpose to view the background of the happenings.»

Il est toujours rassurant pour l’estime de notre grande civilisation-du-Système d’entendre que la Libye, après tout, «is a sovereign country». Akoulov poursuit sur les perspectives de rétablissement de l’ordre en Libye, qui sont à peu près nulles, et par conséquent sur les perspectives d’intervention US en Libye. Entretemps, une brève revue de la situation faite par Antiwar.com (le 13 mai 2013) nous avait appris que les milices impliquées dans l’opération de “revendication démocratique” consistant à établir le siège de la capitale libyenne, avaient effectivement “levé le siège” de Tripoli après un accord avec le gouvernement et certaines de leurs revendications rencontrées. Jason Ditz poursuivait en observant combien ce précédent, la situation générale en Libye, l’attrait de ce genre d’occupation (dans le sens de “divertissement”) pour ces milices qui aiment l’action, promettaient très rapidement de nouveaux épisodes du genre.

«...But while it may be back to work for employees at those ministries, the siege underscores the Libyan government’s weakness, and its inability to resolve situations even in the capital city, let alone elsewhere nationwide. Multiple attacks on police stations in Benghazi, Libya’s second largest city, further the narrative that the post-revolution government simply can’t get a handle on the situation.

»Much of the violence stems from the revolution itself, and the hodge-podge collection of militias which joined forces tentatively to oust Gadhafi. After the regime change, the militias didn’t really go anywhere, and the ones who didn’t join the national government have been engaging in factional fighting virtually from the beginning. Random villages going to war with one another was bad enough, but now the larger militias have discovered that they can essentially march into Tripoli and issue demands when the mood strikes them. With so many militia leaders disillusioned by the post-Gadhafi government, this may be just the first of many such sieges.»

Bien entendu, l’on comprend bien que cette spéculation sur une néo-intervention du bloc BAO en Libye n’a pas sa source à Tripoli mais à Washington D.C. Là-bas aussi, à Washington D.C., le gouvernement est assiégé... Il l’est par trois “scandales” dans un épisode paroxystique qu’on qualifierait de “scandaliste” plutôt que de “scandaleux”, si la doctrine existait, qui fait qu’on a baptisé l’épisode Scandalgate, – comme si l’on arrivait à l’archétype référentiel du domaine. On décompte donc l’affaire de l’IRS, l’affaire des listes d’appels téléphoniques de dizaines de journalistes d’AP saisies par le FBI et l’affaire des suites de l’affaire de Benghazi. (Celle d’aujourd’hui suivant celle de septembre 2012, – voir notamment le 17 septembre 2012 et le 24 septembre 2012.)

Bien entendu, c’est le troisième tiers de Scandalgate qui nous intéresse. Diverses révélations, auditions, témoignages, etc., ont mis en évidence, ces dernières semaines, le comportement extraordinaire du gouvernement US, notamment le département d’État, dans cette affaire de l’assassinat de l’ambassadeur Stevens, le 11 septembre 2012 à Benghazi. Littéralement pour les considérations électorales les plus viles, le gouvernement US a refusé toute aide sérieuse qui aurait sans doute permis de sauver l’ambassadeur ; il était impératif de ne pas risquer d’impliquer les USA dans une “intervention” en Libye alors que le sort du monde se jouait puisque le Saint-président avait entamé la campagne pour sa réélection et qu’une géguerre postmoderniste de plus aurait fait mauvais effet. (On notera l’extraordinaire faiblesse en plus de la bassesse, pour ne pas dire la dérision des causes de décisions qui entraînent des conséquences sanglantes et qui prennent une importance considérable : ainsi survit dans ces temps étranges la pseudo-substance de la politique dans le cœur du bloc BAO.)

Aujourd’hui, la pression (le “siège”) sur le gouvernement US, dans Washington D.C. encerclé par lui-même (Washington D.C.), est intense, notamment à propos de cette affaire. Nombre d’hommes politiques, de commentateurs et de spécialistes du droit institutionnel estiment que le président a failli à ses obligations sacrées de protection des citoyens des USA, et surtout de ses hauts fonctionnaires, et que le cas mériterait une procédure de destitution. Affolée, la Maison-Blanche a rendu publics ses milliers d’e-mails au moment de l’affaire de l’assassinat de Stevens, pour bien montrer que sa responsabilité dans la décision méprisable n’est pas engagée. (C’est “ni responsable, ni coupable”, partition venue de l’“homme le plus puissant du monde” nous dévoilant toute la grandeur de l’exercice de sa haute fonction à cette occasion.)

... D’un autre côté, il est bien entendu qu’on ne peut plus désormais, en conséquence de ce qui précède, prendre le moindre risque avec la Libye. Cela signifie que la moindre menace intérieure en Libye, qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses, même indirectement, pour un citoyen US, doit être traitée prioritairement et avec tous les moyens possibles. Par conséquent et puisqu’on s’est avisé entretemps que Tripoli avait été “assiégé”, on se tient prêts et une néo-intervention du bloc BAO en Libye, partition USA, est désormais une chose très, très possible. Le commentaire d’Akoulov a toute sa pertinence.

On ne daubera pas sur le ridicule extraordinaire de cette situation, entre les rodomontades du bloc BAO au printemps 2011, les voyages du couple Sarko-BHL à Tripoli, la déroute sanglante et grossière du 11 septembre 2012, et les préparatifs d’aujourd’hui face aux caprices des milices assiégeant Tripoli puis levant le siège, avant d’envisager un nouveau siège en cas d’ennui causé par l’inaction d’elles-mêmes. Le ridicule, dans ce cas, s’exprime de lui-même, jusqu’à la nausée, et l’on regrette le temps où il tuait encore. On s’intéressera plutôt à l’extraordinaire extension du domaine de l’infrastructure crisique, avec les liens directs établis entre des crises distantes de milliers de kilomètres et de nombreux mois, et qui se trouvent rassemblés jusqu’à se confondre, – entre les diverses crises libyennes qui nous montrent les ambitions globales et grotesques et leurs conséquences du bloc BAO, et le Scandalgate qui nous montre la faiblesse et la paralysie impuissante de tous les centres de pouvoir du bloc BAO, section US. Le gouvernement de Washington D.C. et des USA, avec ses acolytes du Congrès et du Système en général, est donc prisonnier de son passé, de sa puissance et de son impuissance, et condamné à poursuivre la chaîne sans fin de réactions fautives et faiblardes par opportunité politique, et de sur-réactions catastrophiques (comme serait une intervention en Libye) par nécessité des conséquences de l’opportunisme politique. Le Système est un cercle vicieux et verrouillé de toutes parts, qui tourne au rythme de l'enchaînement surpuissance-autodestruction, dans lequel les figurants-sapiens se débattent dans la contrainte de politiques qui ne sont plus que des tentatives dérisoires de réagir à des actions fautives précédentes d’eux-mêmes, déjà imposées par les pressions du Système. Ainsi se poursuit le processus d’épuisement et littéralement de dissolution de ce qu’il reste de substance à l’opérationnalité des substituts terrestres du Système, par la technique qui a fait ses preuves des termites.


Mis en ligne le 17 mai 2013 à 05H55

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