Une résolution de plus, mais pas de solution

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Une résolution de plus, mais pas de solution

Un peu d’arithmétique

D’après le Center for International Policy,  l’administration Obama a vendu pour 190 milliards de dollars d’armements à la Séoudie de 2008 à 2014. Les ventes se sont accélérées depuis l’accord sur le nucléaire avec l’Iran conclu en novembre 2015. Tous ces volumes, selon le Département d’Etat, renforcent la sécurité d’un allié stratégique qui prend une part majeure dans la ‘stabilité’ de la région. Comme dernière petite pincée, en août 2016, pour alimenter le foyer allumé au Yémen, une commande de chars Abrams et de véhicules Hercule avec quelques munitions a coûté la bagatelle de 36 $milliards.

Les Séoud sont devenus les premiers acheteurs mondiaux d’armement en 2015, devançant l’Inde.

En septembre 2016, les Usa ont rehaussé l’aide militaire à Israël. Elle sera de 38 milliards de dollars pour la période de 2019 à 2028. Ce protocole est le plus important engagement de coopération militaire jamais signé dans l’histoire des Etats-Unis. L’aide décennale précédente expire en 2018, elle s’élevait à $30 milliards.

Les Likoudniks ont fait valoir les risques imaginaires encourus par leur régime en raison de ce même accord avec l’Iran. Leurs arguments ont eu raison des réticences molles qui leur furent opposées alors qu’elles sont solidement étayées, déficit budgétaire majeur et dette explosive.

Dans le paquet cadeau, une cinquantaine de F35, la dernière génération d’avions si furtifs qu’ils ne s’exposent qu’en maquette modèle réduit. Les F35 prévus absorbent allègrement dix $milliards, plus du quart de la dotation. Deux exemplaires été livrés  en grande pompe le 10 décembre.

Les comptes semblent corrects

Les Arabes, débiles comme il se doit, donnent plus de 7 fois au CMI ce que les Israéliens, intelligents à mesure, reçoivent comme aide.

L’Etat aux mains des Seoud s’endette pour acheter de la ferblanterie. Il enrichit des sociétés de gestion d’actifs mondiaux américains non cotées en bourse qui investissent dans l’industrie de l’armement et l’aéronautique.  Le nom des actionnaires ainsi que leurs parts ne sont pas divulguées au public. Les 3000 princes de la pétromonarchie achètent des Rolls Royce mais sont aussi (grosse) partie prenante dans des groupes comme Carlyle.

La dotation de $38 milliards octroyée à Israël est conditionnée par l’achat d’armements  au CMI étasunien. Cette dépendance technologique avec vente forcée est considérée comme un frein au développement du CMI local par plus d’un stratège sioniste.

Une contrepartie est tout de même consentie. Six entreprises israéliennes participent au programme F35 pour près de $780 millions de commande et parmi elles, le spécialiste en électronique Elbit Systems.

Ainsi, les Séoud creusent la dette du royaume pour voir monter leur dividende dans des fonds d’armement. Ils maintiennent aisément alors leur zone d’influence au Bahrein. Mais fallait-il 200 milliards de camelote pour détruire et affamer le Yémen, le plus pauvre  des pays arabes,  sans être assurés d’en réduire la résistance?

Les Usa de leur côté approfondissent leur dette en soutenant leur CMI national, mais ils favorisent aussi le développement d’entreprises de Défense israéliennes.

Tout ce bruit et cette fureur se découpent sur un horizon hérissé de ridicules dessins d’une bombe avec une mèche allumée (celui exhibé par Netanyahu à la tribune des Nations unies  en 2012 fut du plus bel effet).

Cela fait plus de vingt ans au moins que l’Iran est tout près de produire voire de faire exploser sa bombe nucléaire.

L’argument est évidemment faux.

Ou bien l’Iran dispose de la bombe et constitue une menace réelle, alors l’accord sur le nucléaire est dérisoire.

Ou bien, et c’est ce qu’ont affirmé plusieurs agences de renseignement étasuniennes, le nucléaire développé par Téhéran est uniquement civil et toutes ces manœuvres de grossière propagande ne sont menées que pour promouvoir la quincaillerie. Sans cet artifice, elle ne trouverait pas preneur.

Trump a encore des réflexes d’homme d’affaires en prises avec des contraintes d’économie dite réelle, c’est-à-dire ne relevant pas d’activité purement spéculative.

Il a annoncé son intention de réviser voire d’interrompre le très coûteux programme du fictif avion furtif.

Les généraux de l’armée d’occupation sioniste encore en activité sont plus que réticents vis-à-vis de cet avion de combat. Il n’a nulle part donné ses preuves et surtout il sera de toutes les façons inadapté à la guerre asymétrique que sait très bien livrer le Hezbollah. La petite milice fatiguée de son engagement en Syrie y a acquis une expérience exceptionnelle.

L’infestation par des  milliers de lobbyistes des couloirs et des salons du Congrès et du Pentagone a rarement laissé triomphé le bon sens.

Quand le spectre persan aura pâli, le péril jaune retrouvera de sa vigueur.

Le Rhétoriqueur placide

Obama, Barak Hussein, le Rhétoricien, aura passé beaucoup de son temps sur ses 18 trous.

Beau parleur, brillant, il agace ses interlocuteurs en balançant toute proposition par son contraire, semblant ne vouloir jamais trancher nettement les questions en débat.

Avec ses airs de dilettante, il a mené à bien sa mission. Maintenir à flot le lourd paquebot USA aux prises avec une crise financière systémique et planétaire, sans précédent dans l’histoire.

Il sait un  peu compter.

Pour continuer à saigner le contribuable étasunien en faveur d’Israël, les Us(a) ont besoin des fonds des Séoud et autre Qatar.

La coopération sécuritaire entre les princes du pétrole et les dirigeants sionistes est désormais ébruitée. Des militaires israéliens travaillent sur le site de la base aérienne Saoud Al Fayçal.

Les Séoud ne peuvent continuer de se  disqualifier totalement de la sorte. En tant que nation arabe, ils se devaient de faire valoir leur poids de bon client des Us(a).

La résolution  du Conseil de Sécurité de l’ONU du vendredi 23 décembre 2016 résulte de tractations  nouées depuis de nombreux mois.

Que dit-elle ?

Elle réitère le caractère illégal de la colonisation et « réclame » sans se donner les moyens d’obtenir des résultats l’arrêt de celle-ci. Pas même la restitution de ce qui a déjà été spolié. Ainsi,  les Séoud agissant par l’entremise de Sissi rachètent à vil prix une réputation d’alliés de la Palestine toujours sous occupation militaire et de plus en plus rognée pour la partie en deçà du Jourdain occupée et toujours sous blocus pour la mince bande de Gaza.

Obama le Placide a choisi un bon timing  pour la réponse donnée à la chutzpah du Premier Ministre de Tel Aviv. Netanyahu était venu en mars 2015 mettre en garde le Congrès contre l’accord sur le nucléaire iranien en préparation. Il n’a pas rendu visite au chef de l’Etat hôte. Les Représentants, fous de gratitude pour l’argent de l’AIPAC et son aide à leur élection,  se sont levés pour des ovations debout  tout au long du discours. L’effet comique a été des plus assurés.

Bien sûr, l’équipe au pouvoir en Palestine occupée (*) ne pouvait que reprendre avec véhémence verbale le tracé du sillon entrepris à Bâle en 1897. Occuper, harasser, chasser l’indigène et annexer. Des sionistes vivant en dehors de la Palestine financent cette Disparition et en gèrent les modalités médiatiques..

1000 nouveaux logements vont être construits à Jérusalem.

Cette hubris co-substantielle au mouvement sioniste vient une fois de plus, bientôt une fois de trop, entamer le capital bien rétréci de sympathie occidentale pour une démocratie certes, mais réservée à une ethnie fondée sur une tradition religieuse réinventée.

Des Salafistes en somme au service d’un projet colonial affectant la cause d’un judaïsme rabbinique où la Prêtrise était devenue héréditaire.

La solution à « deux Etats » s’éloigne à jamais de l’imaginaire des deux parties.

Tant mieux, le peu d’illusion qu’avait fait naître la formidable entreprise  de manipulation  d’Oslo s’est dissipé.

Badia Benjelloun

 

Note

(*) Les Territoires Occupés sont une désignation ambiguë à souhait. Certains imaginent qu’ils sont occupés de façon illégale par une horde de Palestiniens venus envahir Israël.

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