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De nombreux journalistes tentent de couvrir en direct la guerre entre Israël et l’Iran. Les commentateurs ne manquent pas non plus pour donner leur avis sur l’attaque israélienne contre l’Iran et sur la réponse de ce dernier, certains allant même jusqu’à prédire l’issue du conflit. Pour ma part, je préfère prendre du recul et laisser les événements se dérouler. En attendant, voici quelques similitudes et différences à prendre en considération, au cas où vous décideriez de choisir votre camp dans ce conflit en vous basant sur des données concrètes plutôt que sur la propagande ou vos caprices.
L’Iran et Israël sont les deux dernières théocraties de la planète. L’Iran est une république islamique présidée par un ayatollah et, à ce titre, est un retour à une époque révolue depuis plusieurs siècles. Israël est un État ethno-religieux qui se définit comme un « État juif », la judéité étant à la fois une ethnicité et une religion. En tant que tel, il s’agit d’un retour à une époque remontant à plusieurs millénaires, où les dieux tribaux, comme le dieu juif Jéhovah, faisaient fureur.
Cela fait de la guerre israélo-iranienne une sorte de combat de dinosaures : deux reliques anachroniques s’affrontant, non pas avec des crocs et des griffes (ou des lances et des épées), mais avec des drones et des roquettes high-tech (nous sommes après tout au XXIe siècle). La grande majorité de la population mondiale, qui croit en la laïcité, la liberté de religion (même pour les juifs) et la séparation de l’Église et de l’État, devrait être pardonnée si elle décide de rester en retrait et de laisser ces deux fossiles politiques s’entre-détruire.
Mais là s’arrêtent les similitudes. Les différences, en revanche, sont assez frappantes. L’Iran ne possède pas d’armes nucléaires. Il est signataire du TNP (Traité de non-prolifération). Il autorise l’AIEA à inspecter ses installations nucléaires. Il rend compte des mouvements d’uranium enrichi. Et pour tout cela, il est soumis à une pression internationale constante, à des sanctions et déclaré comme une menace uniquement en raison de sa capacité purement théorique à fabriquer des armes nucléaires. Pendant ce temps, les ingénieurs nucléaires iraniens travaillent sous le poids d’une « fatwa »(déclaration religieuse ayant force de loi) qui rend les armes nucléaires « haram », c’est-à-dire interdites.
Passons maintenant à Israël : ce pays possède un arsenal nucléaire estimé entre 80 et 200 ogives. Celles-ci ont plusieurs décennies et pourraient ne plus être efficaces en raison des effets de la désintégration radioactive. Israël n’a pas signé le TNP, n’autorise pas les inspecteurs internationaux et garde son programme nucléaire totalement secret. Mais au lieu de subir une pression internationale constante et des sanctions, il bénéficie du soutien et de l’aide militaire de l’Occident. De plus, les dirigeants occidentaux le qualifient avec ironie de « bastion de la démocratie » et prétendent qu’il est la victime.
Ne soyons pas ridicules et ne nous mettons pas dans tous nos états à la moindre mention des « armes nucléaires ». Ces armes sont extrêmement utiles pour maintenir la paix, à condition qu’elles restent sous un contrôle strict et (c’est là la condition essentielle) qu’elles ne soient jamais, au grand jamais, utilisées. Posséder des armes nucléaires est une chose, et tout à fait acceptable dans des conditions raisonnables ; utiliser des armes nucléaires est strictement interdit et vous rend automatiquement coupable de crime de guerre et passible de destruction, au moyen d’armes nucléaires si nécessaire. Les États-Unis ont commis une grave erreur en larguant des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, ce qui a valu à Harry Truman une place au premier rang dans un tout nouveau cercle de l’enfer (si tout se passe bien, il y restera seul pour l’éternité).
En matière de maintien de la paix, les armes nucléaires sont les plus efficaces. Il suffit de se procurer quelques bombes atomiques pour que tout le monde ait peur de vous toucher. La pire position dans laquelle on puisse se trouver est d’avoir un programme nucléaire et de se laisser convaincre de ne pas développer d’arme atomique. Mouammar Kadhafi a choisi d’abandonner son programme nucléaire et a fini par être tué et sa Libye détruite. Kim Jong-il n’a pas commis cette erreur, il a développé et testé quelques bombes nucléaires, son fils Kim Jong-un a construit des fusées capables de les envoyer en Californie, et maintenant il peut se permettre de renvoyer les lettres d’amour parfumées à la rose de Donald Trump sans les ouvrir et sans subir aucune conséquence.
L’Iran a fait la chose la plus stupide qui soit, à savoir avoir un programme nucléaire avec des centrifugeuses d’enrichissement d’uranium qui ont failli atteindre des concentrations d’U235 suffisamment élevées pour fabriquer une bombe, mais en se montrant timide et en refusant de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire et de fabriquer quelques bombes atomiques. La raison en est la « fatwa » mentionnée plus haut. Cela peut sembler très moral aux fidèles d’un ayatollah, mais cela semble très suspect du point de vue de toute personne réellement impliquée dans la politique nucléaire. C’est un comportement doublement suspect dans un pays dont les dirigeants continuent de répéter le mantra « Mort à Israël », Israël qui, soit dit en passant, possède bel et bien des armes nucléaires.
Le 19 Juin 2025, Club Orlov, – traduction du ‘Sakerfrancophone’
Depuis quelques temps, des gens indélicats retraduisent “mal” en anglais nos propres traductions sans l’autorisation de l’auteur qui vit de ses publications. Dmitry Orlov nous faisait l’amitié depuis toutes ses années de nous laisser publier les traductions françaises de ses articles, même ceux payant pour les anglophones. Dans ces nouvelles conditions, en accord avec l’auteur, on vous propose la 1ere partie de l’article ici. Vous pouvez lire la suite en français derrière ce lien en vous abonnant au site Boosty de Dmitry Orlov.