Simulacre de l’inconnaissance

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Simulacre de l’inconnaissance

• Après une introduction sur Douguine et la Serbie, réflexion générale du professeur Andrea Zhok, de l’Université de Milan, sur le destin catastrophique de notre civilisation européenne. • Comment les pays européens qui prétendaient établir une démocratie universelle où ils seraient un peu plus démocrates que les autres se sont transformés en un ‘Empire’ exclusivement basé sur la force. • Triste histoire devenue n une pathétique et sanglante pantalonnade devant un miroir déformant dont nous attendons les compliments.

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29 juin 2025 (17H00) – Nous présentons aujourd’hui un texte qui nous expose la catastrophique situation que la perversion diabolique de la civilisation occidentale en état de désagrégation nous a imposé. Bien qu’il soit précis et complexe, ce texte expose un cas extrêmement simple, tant la responsabilité de la catastrophe de la modernité qui est notre enfant est une évidence éclatante. A cet égard, on peut dire que nous sommes “à l’aise” avec ce texte qui a la vertu de renforcer notre propre position vis-à-vis de nous-mêmes. En même temps, on remarque combien ce texte, dans l’extrême simplicité de son sujet, s’éloigne des crises présentes et de leur extrême complexité. Notre démarche est donc d’abord pour régulièrement prôner l’éclat et la vérité de le simplicité dont nous parlons, face à la complexité, mère de la confusion, qui ne cesse de nous assaillir.

Pour toutes ces raisons, nous développons en forme d’exemple  le paradoxe de commencer notre commentaire par un texte d’Alexandre Douguine illustrant cette “confusion qui ne cesse de nous assaillir”. Le texte de Douguine est très court et présente le constat d’une impuissance : « Il est très difficile de commenter les émeutes en cours en Serbie »

« Il est très difficile de commenter les troubles en Serbie. Le président Vucic a récemment pris plusieurs mesures clairement hostiles à la Russie concernant la question des livraisons d'armes à l'Ukraine et a soutenu Zelenski. De plus, sous la pression de l'Union européenne, il a expulsé du gouvernement la seule figure véritablement patriotique, Alexandre Vulin, qui défend héroïquement la souveraineté de la Serbie. Le régime de Vucic est un désastre en général : corruption, criminalité, hésitations constantes, concessions aux globalistes. Dans un tel contexte, pourquoi ne pas observer sereinement les Serbes indignés le renverser ? Et il semble que l'humeur des manifestants ne soit ni russophobe ni purement pro-européenne.

» Cependant, force est de constater que ces manifestations, comme cela s'est déjà produit dans l'histoire de la Serbie, agitent les réseaux de Soros. Vucic, malgré toute son incohérence, ne fait toujours pas le dernier pas vers l'UE : il ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo et ne rompt pas complètement avec la Russie, ce que l'UE exige strictement de lui. Ils ont donc décidé de l'éliminer par la révolution colorée, s'ils ne comprennent pas la situation autrement.

» C'est pourquoi il est difficile de commenter. Il est important de comprendre où en est Vulin aujourd'hui. Lorsqu'il était au gouvernement et vice-Premier ministre le plus influent, il était nécessaire de soutenir Vucic, aussi répugnant soit-il. Difficile de dire ce qu'il en est aujourd'hui. Soutenir un traître n'est pas particulièrement juste. Mais promouvoir quelque chose qui tombe si ses ennemis le font est également une vision à court terme. »

Cette présentation assez sincère, et remarquable de la part d’un intellectuel de la dimension de Douguine, rencontre notre position naturelle dans nombre, sinon la plupart des crises et ‘sub-crises’ qui agitent les relations internationales, les situations intérieures, les perceptions et les idéologies. Pour de telles occurrences, nous avons développé il y a une dizaine d’années un concept que les évènements n'ont cessé, à notre estime, de justifier et de renforcer. Il s’agit de l’inconnaissance, qui n’a rien à voir, ni avec  l’ignorance ni avec l’indifférence.

C’est au contraire une attitude réfléchie et mesurée dans la tactique du jugement de l’esprit, dans le but de préserver ce jugement pour identifier la vision stratégique et fondamentale de notre réalité (ou “vérité-de-situation”). Pour employer une image qui confine à la métaphore médiocre de la situation de notre triste époque : l’inconnaissance est l’arme nécessaire pour nous détourner de la vision du ‘miroir déformant’ qui exprime et projette une perception formidablement altérée de notre réalité.

Nous rappelons ce concept par une citation extraite d’un texte de la présentation et de la définition du concept d’“inconnaissance”, repris dans la rubrique dite ‘Glossaire.dde’, du 5 mars 2016 :

«  L’inconnaissance est une position de sagesse, de retenue de l’émotion trop vite excitée, et surtout une position d’ouverture pour saisir ce qui est essentiel et se dessinera de soi-même. L’inconnaissance fait que nous ne nous saisissons volontairement que de peu de choses dans le foisonnement de détails supposés avérés et d’orientations suggérées, et ne tenons pas à en saisir beaucoup plus, concentrés sur la possibilité de trouver dans ce “peu de choses” ce qui concerne le sort du Système, – et c’est pourquoi notre attention va à cette sorte de choses. Ce que nous voulons, et que nous permet l’inconnaissance, c’est libérer la perception pour une tâche plus essentielle, qui est d’observer et de suivre ce qui semble être le plus indicatif du sort général du Système, de ses fondements tectoniques en pleine tremblements, pour pouvoir mieux les identifier comme tels et les saisir lorsqu’ils se montrent en pleine lumière... »

Notre splendide satisfaction de nous-mêmes

Nous passons alors au texte du professeur de Philosophie Morale  Andrea Zhok de l’Université de Milan, – qu’il nous déjà arrivé de commenter, – sur « La fin de la prétendue supériorité morale de l’Occident ». (Original sur ‘ariannaeditrice.it’, traduction française sur ‘euro-synergies.hautetfort. com’.) Il est remarquable de constater que, dès le premier paragraphe, Zhok justifie la démarche de l’inconnaissance, notamment à la façon dont Douguine l’utilise à l’occasion des événements de Serbie :

« Alors que la tension monte au Moyen-Orient et que la possibilité d'une guerre totale, sans exclusion de coups inédits, devient de plus en plus réaliste, une réflexion culturelle d'ordre général pourrait sembler hors de propos, mais je pense qu'elle est néanmoins utile pour évaluer les développements à long terme. »

A peine cela est-il écrit qu’il est aussitôt affirmée qu’à la difficulté d’émettre un avis utile sur les circonstances décrite dans leur caractère vague et insaisissable, et propice à toutes les erreurs, on doit substituer une approche beaucoup plus générale sur le caractère opérationnel fondamental, et d’une extrême simplicité, de notre GrandeCrise. Ce caractère fondamental d’une extrême simplicité, qualifié d’“opérationnel”, désigne l’identification de l’élément actif, événementiel, constituant l’un des moteurs de l’immense bouleversement que nous vivons.

« Dans tous les principaux conflits en cours, nous assistons à une configuration oppositionnelle assez nette, avec peu de cas ambigus: la ligne de démarcation oppositionnelle est celle où un Occident, culturellement hégémonisé par les États-Unis d'Amérique, s'oppose à tous ceux qui ne sont pas directement ou indirectement soumis à lui. »

Il faut aussitôt noter que l’auteur prend bien soin, – et cela complète le schéma que nous avons proposé ci-dessus en le faisant basculer dans tous les azimuts, même antagonistes, – de préciser que ceux qui s’engagent contre l’hégémonisme culturel et psychologique occidental sont eux-mêmes caractérisés par une extrême diversité qui nous conduit à observer qu’ils sont, eux, passés au filtre de l’inconnaissance. Peu importent les différences, parfois radicales, entre les systèmes politiques des uns et des autres, les cultures, les orientations, etc. ; seule importe l’unité de leur opposition à l’hégémonisme occidental. Quant à leurs différences, la doctrine même qu’ils ont élaborée pour cette bataille qu’ils livrent, – multipolarité, souverainetés et cultures diverses, etc., – en fait bon marché en accordant une autonomie à chacune des cultures ou des civilisations, et s’arrange ainsi parfaitement de l’inconnaissance qu’ils ont choisie.

L’Occident, c’est tout l’inverse. Zhok observe que les pays de l’Occident, constitués en ‘Empire’, sont devenus autoritaires en affirmant un pouvoir de coercition face à la contestation montante. Ils ont dû avoir recours à une “couverture idéologique” (« car tout pouvoir [autoritaire, impérial] nécessite un certain degré d'adhésion généralisée de ses subordonnés ») qui refuse la démarche de l’inconnaissance du fait de la nécessité de cette couverture idéologique agrégeant quasiment “de force” pour lui-même également la complexité de ses composants que l’inconnaissance aurait permis de laisser de côté.  La “couverture idéologique” qui est connue depuis les Lumières devra donc s’arranger d’une affirmation impériale qui est essentiellement sinon exclusivement basée sur la force.

« La situation paradoxale est que le seul élément vraiment fondamental pour l'unité idéologique de l'Occident n'a rien à voir avec la raison ou le droit, mais tout à voir avec l'idée de légitimation conférée par la FORCE. L'idéologie réelle de l'Occident est forgée d'une part sur l'idée de la force anonyme des capitaux, qui s'exprime par exemple à travers les mécanismes d'endettement international, et d'autre part sur l'idée de la force industrielle et militaire, justifiée comme le gendarme nécessaire pour “faire respecter les contrats” et “faire payer les dettes”.

» Le paradoxe de la situation réside dans le fait que l'Occident se présente au reste du monde, mais aussi en son sein, sous une forme qui ne peut être qualifiée que de MENTALEMENT DISSOCIÉE. »

Nous avons donc une “double pensée” parfaitement antagoniste qui s’épand dans une sorte de grand domaine de la perception parfaitement manipulée, à grands coups de simulacres et de pressions de mensonges dont le poids ne cesse de grandir et de de devenir insupportables. Comme d’autres veulent le beurre et l’argent du beurre, nous nous sommes réservés un usage intégral de la connaissance avec l’extrême diversité que cela suppose, contre un simulacre d’inconnaissance qui nous permet de croire que nos villes décastées et nos psychologies sombrant dans la perversion et la dépression sont bel et bien un superbe jardin à la française qui contient aisément la “jungle” haletante et envieuse qui nous entoure selon la perception aiguisée de l’ancien Haut Représentant de la glorieuse UE.

Et nous devons effectivement porter cette connaissance sous une sorte de “couverture idéologique” de l’inconnaissance, puisque le simulacre ainsi construit nous permet de façonner une perception du  monde qu’il est inutile de soumettre à notre connaissance puisqu’il ne peut être que nous-mêmes, le double de nous-mêmes, l’image que nous renvoie le “miroir déformant” que nous avons joyeusement peint aux couleurs des LGTBQ, etc. Et nous y croyons absolument, que diable ! Si bien que les comploteurs et les “Maîtres du monde” que tant de plumes indépendantes cherchent partout n’ont qu’à suivre le pointillé pour indiquer une voie qui est déjà tracée. Et nous sommes ainsi... 

« Ce qui est à la fois terrible et déstabilisant, c'est que nous avons tellement intériorisé cette forme de “double pensée” que nous pouvons continuer à tenir un discours public délirant selon lequel, pour permettre aux femmes iraniennes de se promener tranquillement les cheveux au vent, il est raisonnable de bombarder leurs villes. Ou bien il est sensé, et on ne perçoit aucun double standard, de justifier qu'un pays rempli de bombes atomiques clandestines en bombarde préventivement un autre pour éviter que, tôt ou tard, ce dernier en possède également. »

Fin de séquence-cycle

Mais qu’on se rassure, nous autres de la tradition du ‘samizdat’, les vrais résistants à l’image de leur modèle des temps soviétiques, n’avons besoin ni de “comploteurs ni de ‘Maîtres du monde’” pour comprendre la catastrophe où nous précipitons le monde. Malgré tout ce bel outillage-arsenal qu’on nous décrit, tout est déjà fini. Car Zhok nous décrit enfin, pour terminer et en quelques lignes, l’état pitoyable où nous sommes arrivés, là où l’inconnaissance que nous avons refusée se révèle être un inconnaissable de la fin d’une civilisation.

« Le véritable grand problème que l'Occident paiera dans les décennies à venir est que toute la grande tradition culturelle occidentale, son rationalisme, son universalisme, son appel à la justice, à la loi, etc. s'est révélée, à l'épreuve de l'histoire, être purement et simplement du vent, des masques, de la verbosité, tous incapables de construire une civilisation où l'on peut se fier à la parole.

» De l'extérieur de cette tradition même, on ne peut que parvenir à une conclusion simple: toutes nos belles paroles de garçons bien élevés, nos appels à la rigueur scientifique, à la vérité, à la raison, à la justice universelle, ne valent finalement pas l'air chaud avec lequel elles sont prononcées. Ce ne sont que des couvertures pour l'exercice de la Force (l’“Ideenkleid” marxiste). »

dedefensa.org

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Fin de notre prétendue suprématie morale

Alors que la tension monte au Moyen-Orient et que la possibilité d'une guerre totale, sans exclusion de coups inédits, devient de plus en plus réaliste, une réflexion culturelle d'ordre général pourrait sembler hors de propos, mais je pense qu'elle est néanmoins utile pour évaluer les développements à long terme.

Dans tous les principaux conflits en cours, nous assistons à une configuration oppositionnelle assez nette, avec peu de cas ambigus: la ligne de démarcation oppositionnelle est celle où un Occident, culturellement hégémonisé par les États-Unis d'Amérique, s'oppose à tous ceux qui ne sont pas directement ou indirectement soumis à lui.

Il s'agit donc d'une opposition franche le long des LIGNES DE POUVOIR, dans laquelle un « empire » consolidé s'oppose à d'autres pôles de pouvoir influents mais non soumis (Russie, Chine, Iran, etc.).

Mais tout pouvoir a toujours besoin d'une COUVERTURE IDÉOLOGIQUE, car tout pouvoir nécessite un certain degré d'adhésion généralisée de ses subordonnés: le pouvoir ne peut s'exercer sous forme de contrôle et de répression que jusqu'à un certain point, mais pour la grande majorité de la population, une adhésion idéologique générale doit prévaloir.

La couverture idéologique des pôles de résistance anti-occidentale est variée. À l'exception d'une certaine méfiance générale à l'égard de l'idée d'un « marché autorégulé », il n'y a pas d'idéologie commune entre la Chine, la Russie, l'Iran, le Venezuela, la Corée du Nord, l'Afrique du Sud, etc. Leur seule « idéologie » commune est le désir de pouvoir se développer de manière autonome, sur une base régionale, selon leurs propres lignes de développement culturel, sans ingérence extérieure. Cela ne fait pas nécessairement d'eux des porte-drapeaux de la paix, car il existe toujours des divergences de projet, même au niveau des relations régionales, mais cela rend néanmoins tous ces blocs réfractaires aux projections agressives et mondiales.

Cela représente une limite en termes de projection pure et simple de puissance par rapport au « bloc occidental » qui, dans le cadre de l'OTAN ou non, continue d'agir de manière concertée dans tous les scénarios conflictuels. Tout comme en Ukraine, la Russie affronte de fait les forces de l'Occident unifié, même si c'est indirectement, il en va de même pour l'Iran ces jours-ci (des fournitures militaires en provenance d'Allemagne, ainsi que des États-Unis, viennent d'arriver en Israël). En revanche, les alliances et les liens de soutien mutuel entre les blocs de la « résistance anti-occidentale » sont beaucoup plus occasionnels, éventuellement avec des accords bilatéraux limités.

La supériorité de la coordination occidentale dans l'usage de la force va toutefois de pair avec un autre processus, éminemment culturel, dont nous avons du mal à prendre conscience depuis l'intérieur même de l'Occident. Pendant longtemps, l'Occident post-Lumières s'est présenté au monde et à lui-même comme l'incarnation d'une rationalité universaliste, d'une légalité internationale, de droits généralement étendus à tous les humains. La lecture opposée à l'Occident comme seul lieu de la raison et du droit, lequel se profile par opposition à la “jungle” que serait le reste du monde où prévaudraient la violence et l'abus de pouvoir, est encore aujourd'hui un élément standard de l'endoctrinement occidental: on la retrouve partout, des journaux aux manuels scolaires.

La situation paradoxale est que le seul élément vraiment fondamental pour l'unité idéologique de l'Occident n'a rien à voir avec la raison ou le droit, mais tout à voir avec l'idée de légitimation conférée par la FORCE. L'idéologie réelle de l'Occident est forgée d'une part sur l'idée de la force anonyme des capitaux, qui s'exprime par exemple à travers les mécanismes d'endettement international, et d'autre part sur l'idée de la force industrielle et militaire, justifiée comme le gendarme nécessaire pour « faire respecter les contrats » et « faire payer les dettes ».

Le paradoxe de la situation réside dans le fait que l'Occident se présente au reste du monde, mais aussi en son sein, sous une forme qui ne peut être qualifiée que de MENTALEMENT DISSOCIÉE.

D'une part, il se présente comme le défenseur des faibles, des opprimés, comme le gardien mondial des droits de l'homme, comme le protecteur sévère des libertés, comme l'incarnation d'une justice aux prétentions universelles.

Et d'autre part, il adopte constamment des doubles standards scandaleux (« ce sont peut-être des fils de pute, mais ce sont nos fils de pute »), rompt les promesses faites (voir l'avancée de l'OTAN vers l'est), fomente des changements de régime (liste interminable), ment internationalement sans pudeur et sans jamais s'excuser (la fiole de Powell), utilise la diplomatie pour faire baisser la garde de l'adversaire et ensuite le frapper (négociations de Trump avec l'Iran), exerce également en interne toutes les formes de surveillance et de répression qu'il juge utiles (mais toujours « pour une bonne cause »), etc. etc.

Ce qui est à la fois terrible et déstabilisant, c'est que nous avons tellement intériorisé cette forme de « double pensée » que nous pouvons continuer à tenir un discours public délirant selon lequel, pour permettre aux femmes iraniennes de se promener tranquillement les cheveux au vent, il est raisonnable de bombarder leurs villes. Ou bien il est sensé, et on ne perçoit aucun double standard, de justifier qu'un pays rempli de bombes atomiques clandestines en bombarde préventivement un autre pour éviter que, tôt ou tard, ce dernier en possède également.

Le véritable grand problème que l'Occident paiera dans les décennies à venir est que toute la grande tradition culturelle occidentale, son rationalisme, son universalisme, son appel à la justice, à la loi, etc. s'est révélée, à l'épreuve de l'histoire, être purement et simplement du vent, des masques, de la verbosité, tous incapables de construire une civilisation où l'on peut se fier à la parole.

De l'extérieur de cette tradition même, on ne peut que parvenir à une conclusion simple: toutes nos belles paroles de garçons bien élevés, nos appels à la rigueur scientifique, à la vérité, à la raison, à la justice universelle, ne valent finalement pas l'air chaud avec lequel elles sont prononcées. Ce ne sont que des couvertures pour l'exercice de la Force (l'« Ideenkleid » marxiste).

Nous avons beau nous efforcer de dire que cela n'a pas toujours été ainsi, que ce n'est pas nécessairement ainsi, notre perte de crédibilité vis-à-vis du reste du monde est colossale et difficilement récupérable (elle ne pourrait l'être que si ces appels à la raison et à la justice démontraient qu'ils ont les rênes du pouvoir dans les démocraties libérales occidentales, mais nous sommes à des années-lumière de cette perspective).

Andrea Zhok

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