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577• La vitesse des événements, le swing tournoyant de la GrandeCrise , voilà bien l’illustration parfaite de notre époque. • Vendredi, tout le monde (chez les dissidents) jugeaient amèrement l’accord signé entre les USA et l’Ukraine zélenskiste. • Aujourd’hui, la fureur trumpiste (Rubio, Vance, Musk) éclate devant le comportement des dirigeants allemands, via leur SR, pour se débarrasser de l’AfD, désormais premier parti allemand. • Berlin dénoncé à Washington comme vile dictature pendant que Gabbard nous parle des labos US en Ukraine.
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Le fait est qu’avec l’administration Trump, on ne s’ennuie jamais. Vendredi, après la signature d’un accord obscur et tarabiscoté sur les investissements partagés USA-Ukraine pour l’exploitation très colonial du sous-sol ukrainien, les commentateurs amis qui nous sont sympathiques étaient très pessimistes. Mercouris-Christoforou enterraient déjà Trump dans un enchaînement où il serait obligé de revenir sur le terrain ukrainien pour des années alors qu’il avait fait du retrait US la promesse sine qua non de son quinquennat. Une des trumpistes les plus zélées de la Chambre, la redoutable Marjorie Taylor Green, est mécontente sur nombre d’actions de l’administration et au-dessus de tout cet accord cauchemardesque.
Voici ce qu’elle dit (tiens, elle parle aussi de l’Iran...) :
« Je représente la base et, lorsque je suis frustrée et contrariée par la tournure des événements, il faut être clair : la base n’est pas contente.
» J’ai fait campagne pour la fin des guerres à l’étranger.
» Et maintenant, nous sommes soi-disant sur le point d’entrer en guerre avec l’Iran.
» Et là-dessus, on nous apprend que nous avons signé un accord sur les droits miniers en Ukraine... »
Bref, tout allait mal pour le parti des tradi-révolutionnaires qui soutient Trump et attend de lui une complète rupture... Et badaboum ! Aujourd’hui, tout, absolument tout est changé.
Les Allemand, extrêmement finauds même lorsqu’il porte haut et fort l’étendard de l’anti-hitlérisme, ont cru justement très finaud de trouver une voie tortueuse et vertueuse pour avoir le peau du parti AfD, deuxième aux élections nationales, désormais premier parti allemand dans les sondages. Les Allemands représentant le Système avec son DeepState de luxe comme leurs voitures, donc Allemands doublement allemands, ont jugé extrêmement finaud, – on vous l’assure puisqu’on vous le répète, – de faire condamner secrètement mais publiquement, c’est-à-dire au terme d’une procédure secrète proclamée officiellement, l’AfD par le service de renseignement et de sécurité intérieure BfV. Désormais, on va pouvoir les écouter, les surveiller, les tourmenter le plus officiellement et démocratiquement du monde !
« Vendredi, le BfV, l'agence de renseignement intérieure allemande, a classé l'AfD, une organisation anti-immigration, comme une organisation “extrémiste”, citant des “déclarations xénophobes, anti-minorités, islamophobes et antimusulmanes de la part de ses dirigeants”. Cette qualification permet à la police de surveiller étroitement les activités du parti. »
L’effet, ce fut comme si Moscou avait tiré une volée d’‘Orechnik’ hypersoniques sur le centre de Washington D.C., autour de la Maison-Blanche, avec une petite pincée sur le Pentagone ! A part que cela n’avait rien de russe et tout de l’Allemand porte-drapeau de l’UE... Alors, la réaction des gros bras de l’administration a été instantanée et absolument furieuse.
Dans l’ordre, on prend Marco Rubio, secrétaire d’Etat et conseiller du président par intérim (Waltz a été expédié à l’ONU) :
« Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a vivement critiqué Berlin pour avoir qualifié d'“extrémiste” l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), le parti le plus populaire du pays selon de récents sondages. “Ces actions n'ont rien à voir avec la démocratie”, a-t-il averti.
» L'Allemagne vient de doter son agence de renseignement de nouveaux pouvoirs pour surveiller l'opposition”, a écrit Rubio sur X vendredi. “Ce n'est pas de la démocratie, c'est de la tyrannie déguisée”.
» “Ce qui est véritablement extrémiste, ce n'est pas l'AfD populaire… mais plutôt les politiques d'immigration meurtrières de l'establishment, à l'ouverture des frontières, auxquelles l'AfD s'oppose”, a affirmé Rubio, appelant Berlin à “inverser la tendance”. »
Puis on passe à JD Vance, qui a trouvé une remarque très créatrice en notant que les Allemands doublement allemands (l’être-allemand et l’Allemand-Système) avaient tout simplement, avec cette mesure anti AfD, ressuscité le Mur de Berlin, mais à l’envers, – puisque les communistes avec leur Stasi, c’est eux :
« Le vice-président américain J.D. Vance a comparé le traitement réservé par le gouvernement allemand au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) à la reconstruction du mur de Berlin.
» “L'AfD est le parti le plus populaire d'Allemagne et de loin le plus représentatif de l'Allemagne de l'Est. Aujourd'hui, les bureaucrates tentent de le détruire », a écrit Vance sur X.
» “L'Occident unie a abattu le mur de Berlin. Mais il a été reconstruit – non pas par les Soviétiques ou les Russes, mais par l'establishment allemand”, a-t-il ajouté. »
Il faut mesurer l’ampleur de l’événement par rapport aux relations habituelles entre “alliés” du bloc-BAO, et cet écho renversant le jour d’après l’impression désastreuse suscité par le marché ukrainien. (Lequel reste encore très nébuleux, si nébuleux qu’on peut se demander s’il n’est pas une concession de forme de Trump donnée aux neocon républicains type-Graham, plutôt qu’un engagement sérieux, – sans savoir ce qu’il en restera finalement.)
Mais la palme dans cette affaire germano-US qui relance l’antagonisme Washington-UE, revient à l’étonnante lourdeur allemande et son sens complètement inverti de l’opportunité qui pervertit gravement son DeepState tissé par la hyène à Bruxelles. Il y a deux domaines qui peuvent ainsi être distingués :
• Le passage (le “blanchiment” de l’accusation ou du simulacre si l’on veut) par le SR allemand constitue une très lourde preuve d’“objectivité”, capable de soulever l’hilarité générale par son poids étouffant. On sait ce que valent aujourd’hui les SR occidentaux, après 20-30 ans d’essorage ultralibéral-Woke, et c’est se faire grande illusion de croire que le blanchiment via le BfV entraînera automatiquement la croyance populaire, collective et washingtonienne à une innocence avérée des politiciens. On en est même à se demander si le BfV ne s’est pas fait piéger par la fraction trumpiste de la CIA, faisant une mission de provoc’, facilitée par les liens de soumission des Allemands vis-à-vis des USA, pour tenter de reprendre la main sur la base populiste-trumpiste après l’épisode ukrainien.
• Quoi qu’il en soit, l’utilisation du BfV dans l’affaire a toutes les chances d’exacerber la colère des dirigeants US, désormais habitués à ne plus prendre de gants avec les Allemands pour ce qui concerne l’ingérence manifeste. En vérité, on croirait même qu’ils font de cet antagonisme une cerise sur leur gâteau, ou de l’Allemagne leur punchingball de prédilection.
• En même temps, faire éclater cette affaire la veille même du jour du premier tour de la nième version des élections présidentielles roumaines qui ont déjà provoqué des attaques extrêmement vives, notamment de JD Vance, n’est pas la marque de la plus grandes finesse.
Une cible de la critique va alimenter l’autre et vice-versa, et d’ores et déjà la querelle ouverte par Vance dans son discours de Munich est puissamment relancée. On sait qu’il s’agit pour nous d’une querelle qui porte sur les matières essentielles de la crise, dans les domaines culturels et métapolitiques. C’est dire l’importance que nous accordons à cette passe d’armes vociférant, avec les multiples possibilités et conséquences sur la formation du nouveau gouvernement allemand.
L’affaire AfD-BfV vient opportunément rappeler qu’à côté des difficultés sinon des maladresses de Trump en Ukraine, – à moins que Trump ne soit un neocon mais dans ce cas les pirouettes des deux mois derniers ainsi que la pourriture des rapports avec l’Europe n’ont aucune nécessité, que du contraire... – il y a tout un aspect tradi-révolutionnaire qui est en marche dans l’administration Trump. C’est un aspect intérieur et transatlantique, disons touchant le monde ultra-libéral.
On peut observer à cet égard le travail de gens comme le secrétaire à la Santé Robert Kennedy et la directrice du renseignement national (DNI) Tulsi Gabbard. Mercouris remarquait hier que, pour la première fois, une évaluation complète de la guerre en Ukraine venue des services de renseignement et destinée au président, estime que le but initial des Russes n’était pas l’invasion de toute l’Ukraine mais la sécurisation de sa partie russophone. Au départ de l’Opération Militaire Spéciale, la réintégration dans la Russie des quarte régions aujourd’hui accomplie n’était pas prévue. Bien entendu, selon la situation, la Russie pourrait investir toute l’Ukraine, mais il s’agirait d’une nécessité tactique. Mercouris notait alors que ce changement important au niveau de l’évaluation et de l’analyse dans le renseignement était sans aucun doute dûe à l’action de Tulsi Gabbard depuis son installation comme DNI.
Effectivement, on voit et entend par ailleurs la DNI donner ès qualité la première interview d’un Directeur du renseignement dans ses bureaux depuis la création de ce poste en 2004, une heure sur la chaîne de la journaliste indépendante Meggy Kelly qui est une sorte féminine de Tucker Carlson. Gabbard nous donne notamment beaucoup de nouvelles inédites sur le COVID-faussaire, sur les laboratoires financé par les USA dans le monde (notamment en Ukraine, à Wuhan, en Chine), qui répandent diverses calamités pandémiques. Ses propos, s’ils étaient écoutés, entendus et médités, donneraient le frisson au souvenir de ce que nous avons fait face au COVID dans les années 2020-2021, de l’extraordinaire simulacre planétaire qui a été déployé pour justifier tant d’absurdes et de sottes décisions de tant de psychologies corrompues.
Cela nous conduit à observer que la DNI Tulsi Gabbard fait un travail remarquable qui renforce une carrière politique exceptionnelle. D’ores et déjà, on s’interroge sur une candidature en 2028, éventuellement un “ticket” Vance-Gabbard.
« L’actuelle directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard, pourrait bien être la successeure probable du président américain Donald Trump à l'élection présidentielle de 2028. “Cela a été évoqué dans une interview avec Lenta”,, a déclaré Grigori Yarygine, politologue et professeur associé au département d'études américaines de l'Université d'État de Saint-Pétersbourg.
« Tulsi Gabbard a été à la fois démocrate et républicaine et, au début de sa carrière politique à Hawaï, elle était la plus jeune femme politique (...). Une telle candidate, une jeune femme non blanche, pourrait devenir une figure inattendue et novatrice pour le système politique américain en tant que présidente. »
On observera donc que l’administration Trump est (ou continue d’être) productrice de politiques qui peuvent provoquer des effets et des perceptions contradictoires. D’où une impression de désordre qui semble se développer sous nos yeux, et d’ailleurs d’une façon tout à fait justifiée puisque nous passons d’un “jeudi noir” avec la signature de l’accord ukrainien, – même si rien de sûr à cet égard n’est encore fixé, – à un “vendredi furieux” où les USA dénoncent le pseudo-DeepState de l’UE dans sa presque-île germanique..
La question est bien de savoir ce que vaut ce désordre : s’il est seulement agitations contradictoires, furieuses et sans but, ou bien une seule agitation réalisée en différentes poussées dans un but unificateur qui se révélera à mesure ? Il est d’ailleurs tout à fait possible que ceux qui sont dans des positions productrices de ces désordres, s’il s’avérait qu’ils travaillent pour la construction d’un nouvel “ordre” au bout de ce désordre, ne soient absolument pas conscient de cette dynamique. On se doute bien sûr que cette hypothèse a toute notre préférence.
Il reste tout à fait possible, sinon probable dans le fond de notre pensée, que Trump reste bien cet agitateur, ce “cocktail-Molotov”, dont l’effet final pourrait mettre en cause la structure fondamentale du pouvoir en Amérique, DeepState ou pas, et pousser vers un certain éclatement qui achèverait de transformer cette ‘hyperpuissance’ en plein effondrement en une structure multipolaire. Il nous semble, là aussi plus que jamais, que cette dynamique soit fondamentalement nécessaire pour l’évolution de la GrandeCrise vers une issue ouvertement constructive.
Mis en ligne le 3 mai 2025 à 19H00