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Tulsi Gabbard a établi une première pour la fonction de Director of National Intelligence (DNI) créée en 2002 sur instruction du Congrès. Il s’agissait de tenter d’améliorer la coordination entre les divers services de sécurité (renseignement, contre-espionnage, police secrète, etc.) après que les premières observations sur la situation avant l’attaque du 11 septembre 2001 aient montré d’énormes lacunes conduisant à l’échec prévisionnel de prévention de l’attaque. Que cette attaque ait été ou non favorisé, organisé de l’intérieur, etc., n’entre pas en ligne de compte sur la question de cet échec technique et humain.
Jusqu’ici, les DNI successifs ont joué un rôle très effacé, montrant l’extrême difficulté, sinon la volonté des différents services de refuser cette sorte d’intervention.
Note de PhGBis : « C’est un classique de toutes les alliances, coalitions et autres organisations de coopération, surtout politiques et militaires. La présence du phénomène de “deux casquettes” (deux autorités) favorise les acteurs en place et mis sous une nouvelle autorité, au détriment de cette nouvelle autorité. Gabbard prend un poste de directions d’agences et de services qui fonctionnent depuis des décennies selon une autonomie qu’ils se sont eux-mêmes forgée. L’“autorité suprême” (le président) l’est pour tous d’égale manière malgré les arrangements théoriques. Même chose pour les alliances. Réflexion de Foch après avoir été nommé généralissime des armées alliées en février 1918 : “Depuis cette nomination, j’ai beaucoup moins d’admiration pour Napoléon” (qui se battait contre des coalitions). Les trois commandants (France, UK, USA) que Foch avait sous son autorité dépendaient d’abord de leurs autorités civiles (premier ministre, président) auxquelles ils référaient lorsqu’ils étaient en désaccord avec un ordre [une “recommqandation”] du généralissime. »
Tulsi Gabbard, la nouvelle DNI depuis janvier, a mené une lutte interne extrêmement vive, y compris contre les sautes d’humeur du président, pour affirmer son autorité et sa capacité d’imposer de telles mesures. Elle a ordonné, et jusqu’ici sans être contrecarré, la disgrâce de 37 officiers du renseignement en les privant de l’autorisation d’accès aux documents classifiés (‘security clearance’), ce qui revient à les empêcher de poursuivre leurs missions. Parmi les personnes sanctionnées, selon ‘The Economist’, un officier de haut rang (femme) responsable du service qui a mis en place les diverses procédures instituant le simulacre désigné sous le nom de ‘Russiagate’, dans le but de mettre le président Trump en accusation comme étant un agent russe.
Ce qui est remarquable dans l’action de Gabbard, c’est le fait d’une décision passant au-dessus de l’autorité des directeurs en place, dans ce cas le directeur de la gigantissime CIA. Ainsi en est-il de la première opération d’envergure symbolique contre le DeepState de Tulsi Gabbard dans la fonction de DNI :
« L'une des plus importantes analystes de la CIA sur la Russie a perdu son poste dans le cadre de la campagne du président Donald Trump visant à dépolitiser les services de renseignement, a rapporté jeudi ‘The Economist’.
» L'agente, dont l'identité n'a pas été révélée, a supervisé la rédaction d'un rapport accusant la Russie d'ingérence dans l'élection présidentielle de 2016 en faveur de Trump [le ‘Russiagate’]. ‘The Economist’ l'a décrite comme “la plus haute responsable du renseignement du pays pour la Russie et l'Eurasie”, qui coordonnait les opérations liées à l'ex-Union soviétique. Selon le média, son habilitation de sécurité a été révoquée le 19 août, tout comme celles de 36 autres responsables, actuels et anciens.
» Alors que le Kremlin a nié les allégations d'ingérence électorale, Trump et les Républicains les ont dénoncées comme une campagne de “calomnies” menée par l'ancien président Barack Obama et les Démocrates pour délégitimer la première victoire électorale de Trump et compromettre sa présidence. Depuis la mi-juillet, la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard, a publié plusieurs documents qui, selon elle, révèlent une action coordonnée de hauts responsables de l'ère Obama visant à accuser faussement Trump de collusion avec la Russie.
» Plus tôt cette semaine, Gabbard a annoncé que le Bureau du directeur du renseignement national, qui supervise 18 agences, serait réduit de près de 50 %. La communauté du renseignement est “en proie à des fuites de renseignements non autorisées, à la politisation et à l'instrumentalisation du renseignement”, a-t-elle déclaré. Gabbard a également annoncé que le Centre d'influence étrangère malveillante (FMIC), créé par le Congrès à la suite des allégations russes, serait considérablement réduit et privé de certaines de ses fonctions essentielles. »
...Là-dessus, et pour faire bon poids, ; on peut ajouter que Tulsi Gabbard avait pris les mesures appropriées, le 20 juillet, pour bloquer le partage des informations US avec ses alliés sur les négociations en cours avec la Russie, concernant l’Ukraine.
La directive a classé tous les documents et informations disponibles dans le processus au nom poétique de NOFORN (“No Foreign Nations”), sans aucune exception, – c’est-à-dire, précise CBS News, que les alliés dits des ‘Five Eyes’, le réseau établi en 1947 de partage d’information des cinq pays anglo-saxons, – font partie de la liste. Là également, c’est une mesure jamais vue, même si elle n’est que temporaire...
« CBS News affirme que la directrice du renseignement national américain, Tulsi Gabbard, a ordonné que tous les renseignements relatifs aux négociations en cours avec la Russie sur la résolution du conflit ukrainien ne soient pas partagés avec les plus proches alliés des États-Unis. La directive, publiée le 20 juillet, classifie tous ces documents NOFORN (« interdit de diffusion à l'étranger »), ce qui signifie qu'ils ne peuvent être partagés, même avec l'alliance des « Five Eyes » (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande).
» Des responsables ont déclaré à CBS News que seules les informations déjà rendues publiques peuvent être partagées, tandis que les rapports de renseignement internes doivent rester au sein des agences d'origine. Cette restriction ne s'applique pas aux données opérationnelles diplomatiques ou militaires sans rapport avec les négociations.
» La Maison Blanche n'a pas commenté la directive, a ajouté le média. »
Cet ensemble de mesures annoncées par Gabbard ont une grande signification symbolique. Ce n’est pas tant l’importance des renseignements qui est en cause, que l’attaque contre les processus, les procédures et les personnes manipulant ces renseignements. Après un démarrage très lent de son action, qui a fait douter certains d’une part des intentions de l’administration Trump, d’autre part des capacités de la DNI à accomplir sa mission, Tulsi Gabbard s’affirme avec une force inattendue comme une attaquante féroce de certaines des citadelles les plus symboliques du DeepState.
Il est évident que toutes les mesures annoncées sont des premières pour l’activité d’un/une DNI, dans ses pleines capacités. Il est tout aussi évident que les mesures prises sont certainement sans précédent dans l’histoire du ‘National Security State’ depuis sa création en 1947 (année de la création de la CIA, de l’USAF, du NSC autour du président, du département de la défense regroupant les ministères de la guerre et de la marine).
• Jamais, une action directe extérieure à une Agence de la puissance de la CIA n’a abouti à de telles mesures contre des personnes comme la directrice du service chargé de manipuler le ‘Russiagate’. Tout, jusqu’ici, et les purges en priorité, passait par le filtre du directeur de la CIA, sauf bien entendu sa nomination propre par le président.
• Jamais le fonctionnement des alliances fondamentales du renseignement (les ‘Five Eyes’, “mère de toutes les alliances du genre, directement issue de la Deuxième Guerre mondiale) n’a été mis en cause par des agences US qui la composent (la NSA et la CIA dans le cas des ‘Five Eyes’).
• Jusqu’ici, toutes les purges internes, réformes fondamentales, etc., des agences ont été laissées à la responsabilité de la hiérarchie de ces agences (comme, par exemple, celles de l’amiral Turner en 1977, après le massacre de la CIA de Colby, de Helms et d’Angleton provoqué indirectement par les actions contre Cuba, les grands attentats et troubles intérieurs des années 1960 et par le Vietnam).
On vous laisse donc juge de l’importance de ces événements. On ne préjuge de rien pour la suite, ni de la continuité de la réforme-purge, bien entendu. On constate les mesures, sans savoir si elles seront appliquées à fond, et on observe qu’il s’agit au moins d’une formidable offensive de communication par le caractère inédit extrêmement audacieux, presque en forme de défi lancé au DeepState, – avec les risques brutaux y afférant. Il est difficile de n'y pas voir des gages-maxi donnés par l’administration Trump aux Russes. Quant aux Européens... ‘Bye bye Love, Bye bye Hapiness’.
... Et dans le collimateur, selon les aléas des choses et des faits, l’ouverture éventuelle d’une formidable carrière gouvernementale pour Tulsi Gabbard, – enfin, justement récompensée...
Mis en ligne le 22 août 2025, à 13H45