RapSit-USA2025 : “God Saves America 

Brèves de crise

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RapSit-USA2025 : “God Saves America 

Le journaliste et analyste russe Youri Podolyaka a choisi dans un texte publié en traduction anglaise dans ‘usa.news-pravda.com’ de s’intéresser à la prospective courte de la situation interne des USA. On sait que c’est pour nous le véritable nœud central de la GrandeCrise ; les autres ‘sub-crises’ en cours (Ukraine, Israël-Iran, Chine-Taïwan, situation interne des pays d’Europe occidentale) ne sont que des événements secondaires qui importent d’abord par leurs effets sur la situation interne des USA, – y compris le plus grave d’entre eux, une guerre nucléaire, parce que cette guerre nucléaire, par son caractère absolu, met absolument en cause l’existence même des USA comme de la plupart des autres pays.

L’analyse de Podolyaka est centrée, d’une façon opérationnelle, autour de la question soulevée par Elon Musk de la création d’un nouveau, d’un troisième parti. Cela implique, – et à notre avis c’est bien le cas, – une rupture politique complète entre Musk et Trump, d’ores et déjà bien amorcée et sans aucun doute conduite à se mettre en place structurellement très rapidement. Cette rupture, autant que les intentions potentielles de Musk, s’appuient sur une situation que Podolyaka définit de la sorte :

« La raison en est la dégénérescence totale des élites politiques américaines actuelles et la demande de la société américaine pour de nouvelles idées et des politiciens d’une nouvelle formation.

» Cette tendance est clairement visible dans les électorats “républicain” et “démocrate”. Le premier devient de plus en plus “conservateur”, et le second, socialiste radical de gauche.

» Même un président aussi radical que Donald Trump, en apparence, pour la politique américaine, paraît déjà trop libéral et non radical aux yeux de son électorat “ardent” dit MAGA. Ainsi, le mois dernier, le vice-président J. D. Vance s'est marginalisé et s'éloigne de plus en plus du président actuel. Il se prépare déjà ouvertement aux élections de 2028, où il sera clairement le principal candidat des “Républicains”. Mais pas ceux d'il y a 4 ou 5 ans. Vance est le candidat de l'électorat MAGA, ce qui entraînera les “Républicains” (s'ils ne se divisent pas d'ici là) vers un parti beaucoup plus à droite et “isolationniste”.

» D'autre part, les campagnes municipales de New York et de Minneapolis montrent que les jeunes socialistes de gauche gagnent en popularité dans le camp démocrate, face auquel Bernie Sanders, qui se retire de la politique et était auparavant le chef informel de cette aile des “Démocrates”, n'est qu'un conservateur invétéré. »

Podolyaka estime que l’enjeu est capital, c’est-à-dire existentiel pour les États-Unis. Il prend en compte la situation de terrible décadence des cadres dirigeants des deux partis et autres personnes d’importance, une situation qui est mise en évidence d’une façon obscène par divers scandales, dont l’affaire Epstein est l’exemple le plus éclatant et le plus accablant.

C’est dire qu’il existe des conséquences et des nécessités particulièrement graves et pressantes.

« Ceci représente deux menaces majeures pour les élites politiques des États-Unis (et du pays tout entier). Premièrement, cette polarisation de l'électorat est l'un des signes les plus importants d'une tempête politique imminente menaçant de plonger le pays dans la guerre civile. Deuxièmement, avec l'exode massif des “Républicains” et des ”Démocrates” radicaux dans les cercles politiques, un vide se crée au centre. Ce vide sera certainement comblé. »

Qu’est-ce qui comblera ce vide ? Une seule alternative : une nouvelle force politique ou la guerre civile. Les récentes déclarations d’Elon Musk sont évidemment le signe le plus clair de la nécessité de cette “nouvelle force politique”. Il est le mieux placé pour tenter de la mettre en place, sans aucune certitude d’aucune sorte en raison du caractère un peu fantasque de l’homme, des forces politiques et financières qui lui sont opposées, etc.

Podolyaka donne à Musk des chances acceptables de réussir sa tentative, également pour des raisons objectives, des nécessités vitales de la situation, et aussi l’attente, non l’exigence du public américain pour des structures et des politiques complètement nouvelles. S’il y en a un qui dispose d’avantages réels dans ce sens, c’est Musk, et cela alors que l’enjeu, l’alternative est terrible :  

« La tentative d'Elon Musk de créer une troisième force dans la politique américaine actuelle repose sur des bases solides. De plus, c'est sa création qui peut empêcher les États-Unis de sombrer davantage dans la guerre civile. C'est précisément un tel projet qui peut devenir un lien stabilisateur empêchant les “Républicains” et les “Démocrates” en pleine radicalisation de se déchirer. »

On va à la conclusion de Podolyaka, conclusion à la fois évidente et extrêmement claire. Il faut absolument, dans la situation de pourrissement épouvantable que nous connaissons aujourd’hui, faire quelque chose ou bien le destin s’en occupera...

« Je ne sais pas si Musk créera son propre parti, mais s'il ne le fait pas, d'autres pourront le faire. Mais il fera certainement mieux. [...] Selon moi, tôt ou tard, cette nécessité se concrétisera. Sinon les États-Unis ne s’en sortiront pas bien dans les conditions actuelles.

» Si cela n’est pas fait du tout dans les conditions actuelles, alors, comme disent les Américains, “Dieu sauve l’Amérique”. »

Le nœud de la GrandeCrise du monde (refrain)

Oui, c’est bien notre propos, toujours et encore : la crise américaniste comme centre, matrice, cause, influenceuse, déclencheuse et irrésistible entraîneuse de la crise du monde. Cela, nous le savons, ou croyons le savoir, et le disons depuis longtemps, – depuis le  printemps 1992 et les émeutes de Los Angeles pour la séquence actuelle. Ce qui a  peut-être changé, – une fois de plus, une correction prospective, – c’est, depuis quelques semaines, un mois et des poussières, à peine plus, la sensation, – un sentiment intuitif puisque rien n’est assuré, – que Trump est irrésistiblement emporté dans ses humeurs délirantes et tombe évidemment dans le piège grossier et gros comme la Statue de la Liberté tendu par simple réflexe d’automatisme robotisé par les zombies que sont les neocon, menés par un Lindsey Graham parfait dans le rôle de la pom pom girl (ou boum boum girl ?).

Pour nous, Trump dans ses pires élucubrations n’a strictement rien à voir avec une manœuvre grossière et absurde d’un DeepState en complète déliquescence. C’est simplement une pathologie de narcissique Formule 1, doublé d’un pervers grossier sans la moindre parcelle de dextérité à-la-Sade sinon le maniement du dollar. Nous pensions qu’il pouvait renverser tout cela et utiliser ses qualités de fouteur de bordel au détriment du DeepState, emporté par un élan de populisme habilement manipulé.

Rien du tout, semble-t-il. Il est ‘unhappy’ du comportement de Poutine qu’il voudrait punir en lui faisant écrire 500 fois “J’obéirais désormais au maître de la classe globale”, mais Poutine ne mange pas de ce pain-là. Trump devra donc se contenter du couple Zelenski-Netanyahou : du grand cru. Il n’a même pas su profiter de la formidable trouvaille en train d’être constituée par une Gabbard au courage magnifique (« Tulsi Gabbard has cemented herself a place in history », écrit Robert Brtidge), qui finira par lui offrir sur un plateau la tête d’Obama-le-traître, le Claudius oncle et beau-père incestueux de Hamlet, – il (Trump) n’y verra que du feu, uniquement préoccupé de calculer la durée de son prochain et nième ultimatum, – sans doute adressé à Hamlet, car Trump, en raison d’une culture fort dispersée,  se trompe facilement d’ennemi, d’époque et d’interlocuteur.

Pour cette raison principalement, si les choses se poursuivent dans ce sens comme c’est sans doute assez probable semble-t-il, Trump s’est installé dans le rôle d’un super-Joe Biden, enchaînant la catastrophe sur la catastrophe déjà en cours. A cette lumière sinistre et lugubre, dispensée par les lampes de veille de l’hôpital psychiatrique, effectivement le schéma de Podolyaka a du sens. Et parce que n’avons qu’une confiance limitée dans la capacité de l’Amérique d’absorber un Musk en calmant ses ardeurs désordonnées et en en faisant son sauveur, l’on  rejoint alors les pires prédictions des plus pessimistes de quelques personnages historiques si souvent cités ici :

 « Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant »(le président Lincoln).

 « Les États-Unis sont destinés à remplacer et à surpasser l’histoire merveilleuse des temps féodaux ou ils constitueront le plus retentissant échec que le monde ait jamais connu… » (Walt Whitman, poète).

Enfin, et pour se consoler,, ce n’est pas si mal comme destin  catastrophique : se suicider en entraînant avec soi la catastrophique civilisation que nous connaissons, qui avait réussi à détruire « l’histoire merveilleuse des temps féodaux » en croyant ainsi en être quitte avec le destin métahistorique du monde.

God Saves America” ? Mais Dieu a beaucoup à faire, il est passé à autre chose, vous savez...

 

Mis en ligne le 30 juillet 2025 à 11H15

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