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Ce titre mérite aussitôt une mise au point : le chaos n’est point celui du mouvement ‘America First’, bien qu’il en fasse partie. Nous voulons dire que, dans la chaos général qu’est devenu le monde, l’Amérique, et particulièrement dans sa situation intérieure et celle de sa direction, est de loin la première puissance opérationnelle de ce chaos. La journée d’avant-hier (hier pour nous) à Washington fut une journée historique de plus avec une situation insaisissable, insondable et indéfinissable, incompréhensible et inintelligible, incroyable et extraordinaire. A vous de choisir la qualificatif qui a le mieux sa place.
Il ne faut pas compter sur nous pour le faire. Il ne faut pas compter sur nous pour faire un rapport précis de cette journée, que même les commentateurs les plus chevronnés, à Washington D.C., sont incapables de dresser. Bon an mal an, Trump a “réussi” à faire exploser un détonateur qui a remporté tout le reste dans une folle fantasia, avec son accrochage avec la députée Marjorie Taylor Greene (MTG) qui fut de tout son temps politique depuis 2015 l’un des plus fidèles soutiens. Cela ne plaide pas pour l’habileté de Trump mais qui a jamais demandé à Trump d’être habile, lui qui fut choisi par ses électeurs, en 2016, pour qu’il soit « un cocktail Molotov lancé à la figure du système ».
Mais nous n’en sommes plus là, mais à cette journée “historique”, – une de plus, mais “historique d’entre les historiques”, – d’avant-hier. Nous jetons ici et là quelques nouvelles telles que nous les avons saisies sans y rien comprendre de leur logique, de leur justification, de leur enchaînement sur un rythme échevelée.
• Par exemple, lorsqu’on nous annonce que le chaos règne au Congrès après le nouvelle qu’un ordre fédéral, – couvert ou non par une décision brutale et inattendue de samedi de la Cour Suprême limitant les pouvoirs de la présidence, – décide la saisie de tous les biens aux USA du président Trump. La séquence pourrait se terminer, disent certains, par l’arrestation de Trump : qu’en dites-vous ? Effacé, le piètre Sarkozy !
• Lorsqu’on nous précise que le Sénat est en folie et qu’une coalition bipartisane (démocrates-républicains !) s’est formée pour demander au président de démissionner et ainsi éviter une destitution inévitable et humiliante...
• Alors que même des partisan de Trump, comme un des leaders de la droite extrême de ‘America First’, Nick Fuentès, se trouve curieusement sur la même ligne que les sénateurs en estimant qu’après ce qu’il a fait à MTG, « Trump doit partir ».
• Quant à Trump, ne doutant de rien et paniquant plutôt pour faire comme tout le monde, il fait un de ses tournants à 180° dont il a le secret et demande que le GOP républicain, majoritaire à la Chambre, rende publics les Epstein files... Allons, allons, semble-t-il dire, il est temps d’être raisonnable et de tenir mes promesses, et nous montrer ces sacrés documents qui montreront ma vertu, – scrogneugneu ! Ainsi va l’histoire récrite par Trump :
« Les Républicains de la Chambre devraient voter pour rendre publics le dossier Epstein, parce que nous n’avons rien à cacher et il est temps de laisser derrière nous cette tromperie démocrate réalisée par les lunatiques de la Gauche Radicale pour discréditer les Grands Succès du Parti Républicain.»
Si l’on se demande, avec une certaine naïveté je trouve, comment l’on en est arrivé là, il importe d’écouter Danny Haïphong animateur de sa chaîne de géopolitique, analysant, – cette fois dans la situation de l’interviewé par George Galloway, – « Comment Trump a tué MAGA ». Haïphong fait une synthèse éblouissante de l’amoncellement extraordinaire d’erreurs, de mensonges, d’aveuglements, d’absurdités dont furent constitués les huit premiers mois de la présidence Trump, – en même temps que ce qui avait précédé, certes. En un sens, ce qui arrive en ce moment est la conclusion logique de ce qui a précédé, comme si Trump avait méthodiquement travaillé à massacrer son gouvernement et à trahir systématiquement ses électeurs. Ainsi se retrouve-t-il aujourd’hui en ayant fait contre lui une certaine unanimité : ses adversaires de toujours, qui le restent, et ses partisans qui mesurent la profondeur et l’infamie de ses trahison.
« En ce qui concerne la présidence de Donald Trump, elle est en crise, elle est en ruine à bien des égards. J'écoutais tout à l'heure les nouvelles et l'affaire Jeffrey Epstein ne disparaît jamais.
» Le New York Times publie des informations sur ses contacts directs avec Jeffrey Epstein, ce qu'il a nié. Tout cela n'a été qu'une vaste supercherie. Elle a été perpétrée par les démocrates et certains républicains stupides et insensés tombent dans le piège. Ils finissent donc par faire le travail des démocrates. » (Haïphong)
Pour autant, on ne peut rien dire de ce qui va survenir car ce qui a été créé ces jours derniers à Washington, c’est une certaine forme de chaos tout à fait extraordinaire, évidemment métahistorique, qui supplante évidemment tout ce qui a existé dans le genre auparavant. Ainsi, justement, cette unanimité suscitée par Trump contre Trump n’a rien pour se rassembler en une force cohérente, et chacun des groupes de partisans se retrouvent avec des problèmes qui leur sont propres. Le parti démocrate est déchiré entre des tendances de plus en plus opposées, avec des radicaux qui sentent bien combien les événements les favorisent. Les restes de MAGA peuvent-ils abandonner Trump, ou les restes de Trump, sans savoir à quoi s’amarrer et comment se regrouper ?
Nous entrons évidemment dans des eaux inconnus baignant une terra incognita. Qui peut dire ce qu’il restera de l’Amérique au terme d’une telle crise qui demande pour être résolue quelque chose qui entre dans l’ordre contextuel d’une re-création d’un monde ? Dans tous les cas, on peut être assuré d’une chose qu’on a déjà suggéré plus haut (le cocktail Molotov”) : Trump a été mis là où il a été pour faire éclater en mille et mille morceaux cette énorme barque pourrie qu’est devenue l’Amérique.
Mis en ligne le 17 Novembre 2025 à 19H50