RapSit-USA2024 : Vers l’inéluctable énigme

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RapSit-USA2024 : Vers l’inéluctable énigme

Les commentaires de la presseSystème, surtout hors-USA et selon les consignes, était de n’accorder guère d’importance à la victoire de Trump dans le caucus de l’Iowa. « Pas de surprise : Trump en tête », lit-on en général, ce qui revient effectivement à n’accorder guère d’importance, ni à ce résultat, ni à ceux qui suivront dans le même sens, ni s’il le faut à l’élection de Trump elle-même dont on aura pour mission de la tenir comme nulle et non avenue parce qu’insupportable et fraudée ; en même temps, et pour ajouter à la cohérence qui caractérise si bien notre position politique, on s’en fera une terrorisation catastrophique dans le sens de “Hitler, le retour”.

Tout cela importe peu : nous ne savons pas (nous, en Europe) ce qui se passe aux USA, nous n’y comprenons rien, nous continuons à lustrer les bottes yankees et les quelques obus encore disponibles à destination de Kiev pour continuer à entretenir l’impression d’exister. Il reste que, si, il y a bien eu une surprise avec le résultat de l’Iowa dans le fait qu’il n’y ait pas eu de surprise. Il fallait en effet que ce premier scrutin marquât le vacillement de l’irrésistible toute-puissance dont on pare le diable trumpiste pour continuer à avoir très-très-peur. Ce ne fut donc pas le cas, nous continuons à avoir très-très-peur et sa victoire est surprenante par son ampleur, c’est-à-dire par sa conformité aux prévisions des entreprises de statistique politique qui ne sont pas sous la coupe des lobbies progressistes et démocrates. Elle montre d’autre part une bien meilleure efficacité de l’équipe de campagne de Trump qu’en 2016.

« L’ancien président Donald Trump a remporté une victoire écrasante lors de la première primaire républicaine de la course présidentielle de 2024, remportant trois fois plus de délégués que son plus proche adversaire et plus de 50% du vote populaire.

» Avec plus de 95% des votes comptés à l'issue du caucus de lundi dans l'Iowa, Trump disposait de 51% de l'électorat et de 19 délégués, loin devant ses rivaux républicains Ron DeSantis et Nikki Haley, qui ont obtenu respectivement 21,3% et 19,1%. DeSantis a remporté huit délégués et est resté à la deuxième place, tandis que Haley en a marqué sept.

» La victoire de Trump dans l’Iowa fait suite à une campagne électorale importante dans l’État, surpassant largement sa performance lors de la course de 2016, que le sénateur du Texas Ted Cruz a finalement remportée. Selon l’Associated Press, l’équipe de Trump « a accordé une attention particulière à la mise en place d’une opération numérique et de données sophistiquée pour dialoguer régulièrement avec des partisans potentiels ».

» Depuis 1972, l’Iowa – traditionnellement considéré comme un bastion républicain – a été le premier État des États-Unis à tenir son caucus avant les élections et ses résultats sont souvent interprétés comme un signe de l’influence que d’autres États pourraient avoir avant les élections de novembre. Les candidats se rendront au New Hampshire pour le prochain tour de scrutin, et Trump devrait organiser un rassemblement dans l'État après avoir assisté à une audience au tribunal de New York. »

Mais en fait et si l’on arrête de faire de la rhétorique, ce résultat de l’Iowa est effectivement une surprise pour le DeepState, qui avait choisi son (sa) candidate, – l’ex-gouverneure Nikki Haley, – qui l’avait couverte de donations ($75 millions en annonces publicitaires, largement devant tout le monde) et qui avait écouté avec délice ses discours de campagne, les plus bellicistes de tous les neocon imaginables. Les démocrates avaient choisi leur slogan : « Soyez républicain pour un jour » en soutenant Haley. Les antiTrump espéraien un solide n°2 (autour de 35%, disons) pour Haley, voire la divine surprise d’une victoire. Elle n’est même pas n°2 ; elle n’a pas l’allant, la foi, l’illusion nécessaires.

Le quatrième résultat va à Ramaswamy, le jeune candidat (38 ans) milliardaire, entrepreneur et d’origine indienne, avec 8% des voix. Il a quitté la campagne en ayant atteint ses buts principaux : se faire un nom et une image avec son intention affichée de quitter l’OTAN, et se placer en soutien, réserve et éventuellement participant à une administration Trump 2.0 :

«  Notre campagne n’a pas réussi à créer la surprise que nous voulions ce soir”. “Il n'y a aucun moyen pour moi d'être le prochain président sans les choses que nous ne voulons pas voir se produire dans ce pays”, a-t-il déclaré. “A partir de maintenant, nous allons suspendre cette campagne présidentielle”.

» Ramaswamy a indiqué qu'il soutiendrait Trump, qu'il a décrit comme le seul autre “candidat de America First”, ajoutant qu'il l'avait déjà félicité pour sa victoire. “Dorénavant, il aura mon soutien total pour la présidence”. »

Donc, et s’il est de bon ton d’affirmer que “ce n’est pas une surprise”, la puissante victoire de Trump est une horrible surprise, aussi bien pour les centres de pouvoir de Washington que pour les Européens. Les ‘DeepStaters’ de ‘D.C.-la-folle’ espérait, contre toute attente, que quelque chose se passerait, que par exemple Haley sortirait de sa comète pour bloquer l’immonde, que l’immonde enfin se dissoudrait en balbutiements insensés. Ils croyaient cela comme ils croyaient que Poutine allait être balayé par Zelenski, exactement comme les dirigeants européens eux-mêmes. Ce sont des choses qui ne s’expliquent pas ne se raisonnent. Il y a la haine du cocu du simulacre idéologique comme il y a la foi du charbonnier avec sa croyance qu’ll lui importe peu d’expliquer. Mais le charbonnier ne se la joue pas grandiose tandis que le cocu ne fait que cela.

Désormais, il va donc falloir passer aux choses sérieuses : peaux de bananes, vidéos malencontreuses, procès faussés, témoignages de confiance arrosés de faux serments, avec des compagnies parfois de bien mauvaises fréquentations, – 

... Comme cette avocate générale Fani Willis du comté de Fulton, en Géorgie, qui a mis en cause devant le tribunal le décompte-2020 des votes pro-Trump et empoché avec son amant, nommé adjoint pour l’occasion, $700 000 de la part des démocrates et des vacances de rêve sur quelque rivage offshore, – 

... Et là-dessus, pour marquer la vertu complète de la gauche-Woke et tout son train antiTrump, sa déclaration dimanche, à l’occasion d’une journée de célébration d’un Martin Luther King qui doit plutôt se sentir à l’étroit dans sa tombe :

« On ne peut pas attendre des femmes noires qu’elles soient parfaites et qu’elles sauvent le monde... Il faut comprendre que nous puissions nous laisser aller à quelques écarts... »

Certes, nous comprenons, mais pas trop pour ne pas couper court et tomber sous le coup de la guillotine antiraciste.

.... Encore n’en avons-nous pas fini

La non-surprise très surprenante de la victoire complète de Trump en Iowa s’est aggravée d’une autre nouvelle qui fait frémir le DeepState. En fait de “nouvelles”, il s’agit d’une avalanches d’entrées en scène de personnalités qui ont été chassées du champ de la communication d’une façon ou l’autre, par la presseSystème et le DeepState et réapparaissent, par le biais d’accords avec Elon Musk et son tweetX pour des shows et des chaînes d’information sur l’énorme réseau, à l’image de ceux (shows et chaîne d’info) de Tucker Carlson.

On retiendra, autour de la personnalité de Tulsi Gabbard essentiellement, quelques-unes de ces nouvelles qui témoignent de ces réapparitions, mais aussi des conflits implicites existant à l’intérieur même du camp des antiSystème et autres. Gabbard est intéressante dans le contexte des présidentielles dans la mesure où elle bénéficie d’une forte approbation et d’une grande publicité pour la position de candidate vice-présidente, autant pout Trump que pour Robert Kennedy. Les deux candidats ne sont pas sur la même ligne sur divers problèmes, mais ils sont très proches sur de très grands principes comme celui du non-interventionnisme extérieur. On voit ci-après trois situations qui définissent cette question, aujourd’hui fortement débattue puisqu’il y a eu l’annonce de l’installation d’un show Tulsi Gabbard sur tweeterX.

• Une remarque de Roger Stone, personnage washingtonien assez mystérieux et que certains vous décriront comme ambigu, mais en général jugé proche ou très proche de Donald Trump. Stone a fait ces remarques sur l’idée d’une Gabbard colistière de Trump, avec nombre de commentaires et reprises par divers abonnés de tweeterX, – dont celui-ci, un parmi d’autres...

« J'aime l'idée d'un ticket Donald Trump, Tulsi Gabbard.

» Vétéran du combat en Irak… une championne surfeuse… une ancienne membre du Congrès, une ancienne démocrate, aujourd'hui indépendante, quelqu'un qui a écrasé Kamala Harris dans les débats.

» Gabbard a été une ardent défenseure de Trump contre le ministère de la “Justice” de Biden. Au cours de l’été, Gabbard a fustigé son ancien parti pour avoir utilisé le système judiciaire comme une arme contre ses opposants politiques ».

• L’émission quotidienne ‘Rising’ de la chaîne ‘The Hill’, très suivie et populaire, a repris ce matin une rumeur concernant la possibilité que Tulsi Gabbard devienne colistière VP de Robert Kennedy. Là aussi, l’idée à été amplifiée par l’arrivée de Tulsi Gabbard sur tweeterX, pour son show personnel. La rumeur s’attache notamment à une communication d’un des organisateurs d’un groupe de soutien de RFK, Bryce Lipscomb, à propos de l’annonce possible du choix de son candidat VP par RFK lors d’un voyage à Honolulu.

« Une source avec des connexions avec l’équipe de campagne de Robert Kennedy Junior a affirmé à un groupe  tweeterX de @Kennedy24 que l’annonce du nom de son colistier vice-président se fera lors de son voyage à Honolulu, à Hawaï.

» Si c’est le cas, on peut absolument assumer que @TulsiGabbard sera le choix de Robert Kennedy pour sa colistière vice-présidente... »

• Un point important, du point de vue politique, que partagent Robert Kennedy et Tulsi Gabbard (qui ont tous deux refusé une interview de Glenn Greenwald sur le sujet) est leur engagement forcené derrière Israel dans le crise de Gaza, avec les engagements connexes (hostilité à l’Iran, condamnation de l’action des Houthis, etc.). La position de Trump est moins affirmée, ou plus vague à cet égard, dans tous les cas moins audibles, – à bas-bruit, comme on dit dans les salons-plateaux, sans préciser dans quel sens va le bruit si bas....

Dans tous les cas, si l’on peut assumer que l’une des caractéristiques des engagements des trois est une commune condamnation des guerres extérieures et de l’interventionnisme, il est assuré que leur position sur la crise de Gaza leur pose et leur poserait un problème si l’un ou l’autre, ou deux des trois venaient aux affaires. Bien entendu ;, il reste neuf mois avant l’élection et les choses peuvent changer d’ici là, mais il n’est nullement assuré, bien au contraire, que la crise de Gaza sera terminée ; on peut même, plus volontiers, arguer du contraire.

On peut lire ci-après un extrait d’une intervention de Gabbard sur FoxNews, avec Laura Instagram le 15 janvier. On voit bien sa position qui l’amène à juger les Houthis comme des terroristes, et l’Iran comme un pays soutenant les terroristes, ce qui rencontre la position des neocon et de la politiqueSystème. D’autre part, elle évoque la nécessité absolue de défendre la frontière Sud (Mexique) contre l’immigration illégale de masse, ce qui constitue une position clairement ‘America First’ partagée par les anti-interventionnistes et très peu appréciée des neocon qui suivent dans ce cas les positions progressistes et wokenistes.

« L’administration Biden/Harris porte atteinte à notre sécurité nationale et nous place dans une position dangereuse. Ils ont supprimé la désignation de terroriste pour les Houthis en 2021, ont canalisé des milliards de dollars vers l’Iran qui finance des groupes mandataires comme les Houthis, et ont laissé des milliers de personnes traverser quotidiennement notre frontière sans contrôle, y compris des terroristes. Ils font preuve d’une dangereuse myopie, mettant chaque jour davantage le peuple américain et nos troupes en danger. »

On mesure la complexité des problèmes et des positions qui attendent la nouvelle administration, que ce soit celle de Biden poursuivie ou une autre, de Trump ou de Kennedy. Ce qui est par ailleurs extraordinaire, c’est la prolifération grandissante de personnages jusqu’ici identifiés comme antiSystème, éventuellement traîtres et prorusses, et tenus complètement en-dehors du jeu politique. On a l’impression de l’approche d’un basculement tellurique, non seulement de génération, mais de type de politiciens et par conséquent de politiques, – ou plutôt d’interrogations forcenées sur les politiques en cours.

Dans ce cas, on peut continuer à se demander, et de plus en plus se demander comment les puissances bureaucratiques et structurelles du système de l’américanisme, – et encore, jusqu’aux organes de sécurité nationale impliqués dans nombre d’interventions pour garder verrouillé le pouvoir aux USA, – comment tout ce joli monde va réagir devant cette tendance. On peut encore plus se le demander que, eux aussi, ces centres de pouvoir qui ne sont pas contrôlés d’une façon ferme et autorisée par les neocon, sont intérieurement extrêmement déchirés par la politique suivie par l’administration Biden de soutien total à Israël.

On reconnaîtra volontiers qu’on a rarement vu un tel embrouillement, un tel labyrinthe, au sein de la puissance énorme des pouvoirs de l’américanisme, vis-à-vis d’une crise extrêmement brutale et dangereuse, et qui ne cesse de s’aggraver. Si certains peuvent se permettre de lier le sort d’Israël et des États-Unis, nous pourrions admettre cette idée du point de vue de la déstabilisation, voire de la survie de ces deux entités dans leurs formes actuelles. Mais l’on comprend bien que nous parlons ainsi du phénomène de l’américanisation essentiellement militaire qui est le lien essentiel entre les deux pays ; bref que nous parlons de la politiqueSystème et du Système Itself/Himself (selon l’orientation de son transgenrisme, au Système).

 

Mis en ligne le 16 janvier 2024 à 17H30