RapSit-USA2023 : Qui faut-il assassiner ?

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RapSit-USA2023 : Qui faut-il assassiner ?

Aux USA, on a sans doute atteint le blocage complet, total, absolu des institutions en tant que cadre de direction de ce pays. Le vote des républicains, au Sénat autant qu’une consultation de ceux de la      Chambre, donnent une unanimité totale contre la demande de l’administration d’autoriser une aide de 61 $milliards à l’Ukraine, – pourtant conflit typique, machiné par la propagande et la subversion américanistes, avec tous, absolument tous les ingrédients de la corruption, des milliers de morts inutiles, de violation des engagements, de nihilisme d’un hubris de pacotille, etc. Cette prise de position est absolument historique dans l’actuel contexte, lui-même absolument historique mais nous forçant à la métapolitique et à la métahistoire pour en juger pleinement : le “parti unique” à la dérive, le DeepState impuissant et bégayant, – un DeepState parvenu au “stade Joe Biden”, – le complexe militaro-industriel ne sachant plus à quel mode de corruption se vouer, ni comment fabriquer le matériel qui lui est demandé...

Pour la première fois dans ces temps incertains, il y a un désaccord aux gravissimes conséquences sur le financement d’une guerre scélérate, illégale et inutile pour laquelle les deux ailes du “parti unique” montraient un enthousiasme égal.

Note de PhG-Bis : « Pour aider à l’attaque roborative de ce RapSit-USA2023, je signale les explications à mourir de hoquets de rire du très-digne sénateur républicain Lindsey Graham, le plus faucon de tous les faucons, – ou le plus ‘neocon’ de tous les ‘neocon’, cela n’irait-il pas mieux ? Combien de fois n’a-t-il pas tartiné Zelenski de promesses et engagements en tous genres, jurant que l’Ukraine, c’est-à-dire le fric pour l’Ukraine, était la première de toutes les premières priorités des USA ? Eh bien, le voici à CNN, sur présentation des farceurs de ‘Dissidence Due’, disant qu’il ne soutiendra une aide à l’extérieur (Ukraine) pour défendre des frontières de cet ‘extérieur’ que lorsque les frontières des USA seront elles-mêmes protégées. »

Cette présentation d’une situation sans précédent de blocage sur un point précis du pouvoir US (on attend plus sur le sujet de PhG dans son ‘Journal’) se greffe sur une situation “sans précédent de blocage” sur tous les points possibles du pouvoir US. C’est évidemment le cas pour les élections présidentielles de 2024, dont on sait que l’avis général sur son déroulement et son issue (les deux choses) est bien que personne n’en sait rien. Même un Tucker Carlson n’hésite pas à le dire, à le proclamer, pour bien montrer la sorte de “jurisprudence politique” de la chose dans la mécanique de la communication.

Alors, les issues les plus baroques et folles sont envisagées, ce qui est le cas ici pour deux issues complètement folles par rapport aux normes, – mais qui deviennent tout à fait possibles tant les normes n’ont plus rien de commun avec la normale. L’intérêt, l’argument est celui de la coïncidence : le même jour, le même auteur envisage, dans deux articles de deux publications différentes, les deux cas les plus extrêmes :

• L’assassinat de Trump.

• L’élection de Kennedy, RFK Jr. (RFK) :

 • En appendice, on note qu’on peut aussi bien envisager l’assassinat de RFK, hypothèse secondaire dans l’offre des probabilités chronologiques, mais tout à fait du même type puisqu’envisagée par Kennedy lui-même lorsqu’il observa qu’en tant que candidat il ne bénéficiait pas de la protection légale du Secret Service. Plus encore, cette protection légale qui lui est refusée est d’autant plus justifiée qu’il se juge directement menacé à cet égard, avec de nombreuses lettres de menaces, lui et sa famille – en tant que Kennedy, en tant que candidat antiSystème, etc.

Un acte de foi, l’assassinat de Trump

Il peut paraître assez surprenant d’envisager un tel événement, – l’assassinat d’un candidat à la présidence, –, disons sur un ton rationnel, comme s’il s’agissait d’une matière politique classique. C’est pourtant le climat actuel à Washington, tel que décrit par Robert Bridge dans ‘Strategic-Culture.org’, ce 6 décembre :

« Alors que les sondages montrent que Donald Trump a pris une large avance sur le président américain Joe Biden dans les cinq États de combat” [traditionnellement les plus disputés et dont le résultat détermine celui de l’élection], les médias libéraux sont passés en mode panique totale, tout en lançant des appels pas vraiment subtils à “l’élimination” de l’Homme orange.

» Que cela soit réel ou imaginaire, Washington D.C. semble se diriger vers son propre “moment césarien” alors que les grands médias évoquent la perspective d’une dictature s’abattant sur le monde juste qu’ils ne cessent de promouvoir et de défendre si une restauration Trump devait se concrétiser.

» “Avez-vous peur d'une dictature de Donald Trump”, a demandé Greg Sargent dans un article d'opinion paru dans le Washington Post. “Eh bien, sachez ceci : la seule chose dont vous devez avoir peur est la peur elle-même de Tyrannus Trumpus”.

» Préparez-vous, cher lecteur, car le reste de cette sorte de narrative est jonché d’hypothèses non moins absurdes pour décrire le gouvernement de Donald Trump, sans jamais fournir la moindre preuve pour étayer les affirmations : “régime autoritaire”, “autocratie à part entière”, “tyrannie trumpienne”, “intentions dictatoriales”, “despotisme”, “menace pour la démocratie”, “menace antidémocratique”, “coup d’État violent”. et “menace autocratique”. »

Le “projet” est absolument avéré, de la manière la plus vile et la plus hautement médiatisée. Le député républicain Matt Gaetz, leader des pro-Trump à la Chambre, a signalé un article de Robert Kagan dans le Washington ‘Post’. Il s’agit d’un des fleurons de cette prolifique famille de ‘neocon’ (les Kagan), qui a tous les accès et  les influences depuis le 11-septembre, soit depuis près de quart de siècle, avec strictement rien de positif à son actif et une extraordinaire résilience, quasiment religieuse, dans l’action négative, entropique et sataniste qui sous-tend la politiqueSystème. Nous employons ce terme (“satanique”), à dessein dans le sens que lui donne Lionel Obadia.

« Le satanisme est la forme moderne de la sorcellerie. »

« Il est caractéristique de l’imaginaire occidental d’associer la figure du sorcier avec celle du Malin. Le sorcier est généralement celui qui a des accointances avec le démon : satanisme et sorcellerie se confondent donc en grande partie dans le contexte occidental. Le fait est historiquement attesté : la “démonomanie” a envahi une grande partie de l’Europe entre le XVème et le XVIIème siècle. Les forces du mal se trouvent alors personnifiées à travers la figure diabolique, et les auteurs du XVIIème siècle rivalisent d’imagination pour voir se manifester un peu partout des “diableries” et autres “choses espouvantables”. »

L’article que Getz dénonce sur tweeterX ( « Il s’agit évidemment d’une recommandation d’assassinat », dit-il) est du 30 novembre, dans WaPo donc. Il est doublé d’un autre le 7 décembre, où Kagan revient sur le texte du 30 novembre, d’une manière qui montre bien qu’il y eut certaines inquiétudes du WaPo et des milieux antiTrump “légaux”, le conduisant à prendre certaines précautions, devenant plus pratique et proclamant qu’il laisse son Colt dans son étui. Cela montre a contrario combien Geitz avait vu juste, et combien le satanisme si exalté peut parfois devenir imprudent :

« A Trump dictatorship is increasingly inevitable. We should stop pretending. » (30 novembre 2023)

« The Trump dictatorship: How to Stop it » (7 décembre 2023)

On s’est attardé à ce nom (Kagan) et au qualificatif (satanique) parce que la bataille antiTrump est sans le moindre doute, chez nombre de ses acteurs les plus actifs, absolument d’essence religieuse dans le sens le plus radical et que la nébuleuse proliférante Kagan en représente le grand’prêtre collectif dans le sens évidemment démoniaque comme en témoigne toute sa foisonnante carrière au sein de sa famille sur la même voie (Victoria Nuland est son épouse, après tout). Ce fait religieux du satanisme est parfaitement défini dans la présentation universitaire d’Obadia :

« [Obadia est] une personne de référence pour tous les doctorants et chercheurs qui travaillent sur le fait religieux dans une approche anthropologique ou en ayant recours à des concepts et méthodes inspirés par l’anthropologie. »

Bref, si l’ambiance est folle, le contexte est on ne peut plus sérieux, – comme nous disions, d’une rationalité devenue folle. 

RFK Jr., ou l’impromptu inattendu

Le second texte de Bridge auquel nous nous référons, également du 6 décembre dans RT.com, prend un tout autre angle d’analyse. Il insiste sur ce phénomène, – impromptu et inattendu à la fois, – que représente l’entrée en lice de RFK Junior, véritablement effective lorsqu’il abandonna le parti démocrate où tout était mis en place pour qu’il ne puisse participer à la sélection pour la nomination, pour se déclarer comme indépendant. Le titre et le sous-titre de Bridge sont volontairement neutres sinon ambigus, plaçant RFK comme concurrent des deux autres mis dans une position similaire :

« Cet homme peut-il détrôner les deux grands partis américains ?

» Les politiques de Robert F. Kennedy Jr. sont un mélange de celles de Trump et de Biden, mais sans les réalisations effectives. »

Le texte détaille combien l’entrée en lice d’un troisième candidat de poids dans la compétition présidentielle est rare et peu appréciée, et la victoire quasiment impossible jusqu’ici (dans tous les cas, depuis 1853 avec la victoire de Willard Fillmore, du parti Whig, – mais auparavant les deux grands partis actuels n’étaient pas réellement établis). On savait tout cela et Bridge met bien en situation ce phénomène.

Là où il est moins convaincant, – ou bien dirions-nous, plus prudent en s’en tenant à la seule officialisation des candidats pour ne pas défavoriser Trump qu’aucun officiel démocrate ne mettrait jamais sur le même plan “officiel” que Biden, – c’est justement en faisant de RFK un adversaire aussi affirmé de Trump que de Biden. Le détail des programmes politiques le montre d’une façon évidente, et là Bridge ne dissimule rien. On l’a déjà vu à diverses reprises, si RFK diffère de Trump dans certains domaines non négligeables, il en est proche dans les plus importants, ceux qui font l’essentiel. En fait, si l’on ne s’attache pas aux détails de programme, RFK et Trump sont deux candidats antiSystème, et leur objectif est le Système bien plus que l’avatar en cours de dissolution Joe Biden. Leurs visions sont différentes, leurs personnalités aussi, mais peu importe : l’attaque est nécessairement, ne peut être autre qu’antiSystème, et elle est similaire chez les deux.

On devrait s’en apercevoir avec le parcours de RFK, qui a beaucoup de soutiens financiers hors des appareils des partis et s’affirme de façon étonnante dans les sondages (le dernier en date, fin novembre : 25% contre 32% et 31% à Biden et Trump, RFK prenant plus d’électeurs à Trump qu’à Biden, et montrant qu’on est dans les mêmes eaux antiSystème). Notre sentiment est ainsi que, si RFK parvient à tenir sa place et à travailler à son renforcement, s’il parvient à occuper une place importante dans la course, il deviendra pour le simulacre démocrates-Système un adversaire aussi haï que l’est Trump ;  – notamment, parce qu’il est “complotiste” anti-vaccin, adversaire des guerres extérieures, ennemi affirmé de la bureaucratie du Système et du complexe militaro-industriel, de la prépondérance des puissances d’argent, etc.

D’où notre conviction, dans une telle hypothèse où l’incertitude ajoutera au chaos général en mettant de toutes les façons en évidence la médiocrité, la corruption et la dégénérescence sénile de Biden. Il n’y aura plus, pour la contre-Eglise des Kagan un mais deux hommes à abattre : sacré travail ! C’est pourquoi nous reprenons un autre extrait du texte de Bridge sur l’assassinat pour le faire correspondre à RFK, – à cause du nom, bien entendu, qui est son atout-maître et la clef de sa démarche vengeresse...

« Ce n’est pas la première fois qu’un démocrate américain profère des menaces grossières qui auraient dû justifier une visite à domicile tôt le matin du FBI ou du SWAT, et qui l’auraient certainement été si cet imbécile avait été républicain. Début 2017, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Charles Schumer, déclarait à Rachel Maddow de MSNBC que le président élu Donald Trump était “vraiment stupide” de mettre en cause la communauté du renseignement et ses évaluations sur les cyber-activités de la Russie.

» Schumer craignait-il secrètement que Trump, dans son nouveau rôle de commandant en chef, finisse par faire la lumière sur le scandale du ‘Russiagate’ – et potentiellement bien plus encore? C’est très plausible, et ce que Schumer dit ensuite devient facile à comprendre.

» “Laissez-moi vous dire que si vous affrontez la communauté du renseignement, ils ont au moins six façons dans une semaine à partir du dimanche pour revenir vers vous [pour se débarrasser de vous]”, a déclaré Schumer, qui sait probablement que de nombreux Américains soupçonnent que ce sont les agences de renseignement américaines, et non Lee Harvey Oswald, qui “sont revenus” vers JFK un jour de l’hiver 1963 à Dallas... »

Nous y sommes, retour à Dallas-1963. Robert Kennedy Junior n’a jamais caché sa conviction que la CIA et autres groupes de la communauté du renseignement sont responsables de l’assassinat de son oncle et de son père. Il n’a pas caché qu’un de ses projets était, outre de faire la lumière sur ces assassinats, d’envisager de reprendre le projet de son oncle d’une refonte complète de la CIA : la diviser en plusieurs entités, séparer les domaines de l’analyse et du renseignement pur des domaines des actions secrètes et illégales. Ce n’est pas pour couper les ailer à “la Compagnie” et ses manigances, c’est la tuer bel et bien telle qu’elle est et fonctionne... Et là, vraiment, et alors qu’il n’y a pas de domaine plus important qu’une telle folle entreprise ménageant une intérieure guerre totale, RFK est du côté de Trump, contre Biden.

Bridge écrit encore ceci :

« De telles déclarations imprudentes [de Schumer] portent la marque précise de la culture de la cancellation [de l’annulation] à un tout autre niveau. Considérant que les assassinats présidentiels américains (Abraham Lincoln, James A. Garfield, William McKinley, John F. Kennedy) et les tentatives d’assassinat (Theodore Roosevelt, Ronald Reagan) constituent un chapitre important des annales de la politique américaine, ces commentaires peu judicieux sont inacceptables et méritent une réprobation appuyée, voire une enquête pure et simple. Qui sait? Peut-être que Trump, s’il était réélu, concentrerait son attention sur le harcèlement médiatique. En attendant, il semble s’amuser à défier ses adversaires. »

Qui sait ? Trump, s’il l’emporte, nommera peut-être RFK Jr. procureur spécial chargé d’enquêter sur la mort de JFK-RFK, sur les crimes de la CIA et de préparer son démantèlement. Enfin, – même si Sacha conseille de “rêver un peu”, ne rêvons pas trop.

Autant l’on trouve de réelles déterminations chez ces deux candidats dans ce domaine où ils risquent d’être assassinés, autant l’on imagine impossible que “les forces de l’ombre” qui nous occupent laisseront faire et ne décideront pas qu’au bout du compte ils doivent être assassinés. Autant l’on ne peut concevoir que de tels projets figurent sérieusement dans l’agenda de tels présidents sans risquer l’explosion du Système, autant l’on ne peut envisager que des actes brutaux de cette sorte contre eux puissent être réalisés sans entraîner des réactions de chaos furieux et, cette fois véritablement, de guerre civile.

C’est une des nombreuses raisons et hypothèses, – il y en a tant d’autres, surtout en présence de cette incroyable situation d’un Biden restant candidat, – qui font de l’année 2024 une énigme colossale, écrasante, hyper-eschatologique si l’on veut. Nous ne savons rien de ce qu’elle sera, sinon qu’elle devrait être l’année où la culture de la cancellation  aura atteint la limite catastrophique de ses ambitions : annulation de candidats, annulation de l’histoire de la CIA et de ses crimes, annulation de l’assassinat de JFK ; autant dire l’annulation de la poutre-maîtresse de l’infamie qui fonde le Système... Ce que nous voulons dire pour conclure est tout entier dans ce paradoxe : si le Système parvenait à l’annulation de toutes ces infamies qui le dénoncent, il aboutirait également à sa propre annulation... L’auto-annulation comme chute de l’‘Empire’.

 

Mis en ligne le 9 décembre 2023 à 13H45