RapSit-USA2020 : Saveur du désordre

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RapSit-USA2020 : Saveur du désordre

Il y a un passage très intéressant, disons pour la chronique de notre connaissance du monde grâce à la communication et au professionnalisme de nos journalistes courants (presseSystème), dans une interview de John Rick MacArthur, président et propriétaire de Harper’s Magazine. L’entretien a lieu le 20 octobre 2020, dans l’émission de Spoutnik-France ‘Le désordre mondial’ de Rachel Marsden et le moment signalé (sur le podcast, autour de 03’30”-05’30”), rapporte une manifestation pro-Trump à New York il y a deux ou trois jours, décrite comme absolument impressionnante. Témoignage direct d’un démocrate antiTrump (MacArthur), absolument stupéfait de voir de telles agitations d’une foule aussi importante en plein cœur d’une ville progressiste, célèbre pour sa posture antiTrump.

Cette émission est intéressante parce qu’elle nous donne une ambiance immédiate (de quelques jours à peine) de la part de deux Nord-Américains, avec des situations  complètement ou en partie aux USA, très proches de la culture française et parlant parfaitement le français, de tendance plutôt antiSystème, etc. MacArthur est d’autant plus intéressant qu’il dispose depuis très longtemps du poste d’influence qu’on a vu, et qu’il est resté assez constamment adversaire de la politiqueSystème des présidents Bush et Obama, – ce qui ne déplaît manifestement pas à Marsden. Pour autant, les deux sont antiTrump, en  fonction de ce qu’on perçoit du personnage. (Marsden parle de l’“agenda” de Trump ; MacArthur rigole : « Quel agenda de Trump ?! Il n’est pas capable de suivre une idée plus de cinq minutes ! »).

... Ainsi, ce qui est remarquable c’est que les deux interlocuteurs, après divers échanges, se trouvent salués par cette exclamation de Marsden avec la réponse de MacArthur, à peu près à une minute de la fin de l’émission [autour de 15’00”] :

— Ainsi, et comme d’habitude, dans ce genre d’émission, Trump a réussi à bouffer tout le temps d’antenne ! Il reste une minute et on n’a pas dit un mot de Joe Biden ! Y a-t-il quelque chose à dire de Joe Biden ?
— Presque pas, presque pas... Et mieux vaut qu’il se taise parce que Biden a du mal à s’exprimer...

C’est à ce point que nous voudrions intervenir plus directement, après avoir salué les deux débatteurs, et redire encore, et leur professionnalisme, et leur connaissance des situations, et leur ligne de jugement qui permet d’écarter les débris épouvantables des narrative et des simulacres qui ne cessent d’être jetés en pâture aux journalistes, – surtout, dans ce cas, celui de la presse européenne/du bloc-BAO. Et cela doit donc être dans ce contexte éminemment favorable selon notre point de vue, après le dernier échange qu’on a mentionné plus quelques considérations sans véritables prolongements, qu’on peut faire ces constats :
1) qu’effectivement on n’a quasiment rien dit de Biden, dont la principale mission, dit MacArthur, était de démolir Sanders, puis Warren, puis Trump désormais ;
2) qu’on ne s’est même pas préoccupé, une fois constaté ce silence à propos de Biden, de savoir à quoi allait servir Biden une fois élu, qu’est-ce qu’il ferait, ou plutôt qu’est-ce qu’il lui serait permis de faire, etc. ;
3) qu’on ne s’est pas préoccupé non plus des perspectives de troubles civils, qui sont d’ailleurs en filigranes du témoignage de MacArthur sur l’énorme manifestation pro-Trump de New York dont personne n’a parlé...

Cela nous dit que même pour les professionnels les plus avisés et les mieux informés, avec le jugement le plus ouvert possible comme sont Marsden et MacArthur, il est difficile, sinon impossible d’acquérir assez de distance et d’esprit de synthèse pour constamment en appeler à tous les éléments du problème. Ce n’est pas ici faire œuvre de critique acerbe, mais simplement constater un fait qui nous touche également. L’élection USA2020 est un très grand événement historique, et c’est aussi un événement complètement insaisissable, où les acteurs principaux n’ont finalement qu’une importance secondaire, – Trump n’a pas d’agenda puisqu’il ne pense à quelque chose que pensant 5 minutes, il vaut mieux que Biden se taise, etc., –  où les événements eux-mêmes se chargent de l’essentiel des choses.

 

Mis en ligne le 22 octobre 2020 à 21H40