Qui a peur de l’Allemagne ?

Ouverture libre

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

Qui a peur de l’Allemagne ?

• Une image précise, détaillée, sans la moindre volonté de dissimuler par complaisance les vérités les plus catastrophiques : l’image de l’Allemagne dans sa chute par Constantin von Hoffmeister. • Les restes d’une grande nation, d’une haute puissance et la désolation du commentateur. • Mais aussi quelques remarques de notre part : cette catastrophe n’est pas le fait de l’Allemagne seule, mais du Système dans son entièreté. • Cela éclaire d’un jour différent la catastrophe allemande. • La GrandeCrise ne nous laisse aucune autre issue.

_________________________
 

Comme à l’habitude, Constantin von Hoffmeister présente un excellent texte sur  l’était excellemment catastrophique de l’Allemagne, – en chute libre, économiquement, psychologiquement, ethniquement, – et nous dirions même, par habitude de notre péché mignon : métaphysiquement. Tout y est méthodiquement analysé et l’ensemble se termine par une oraison funèbre d’une belle hauteur...

Mais la question qui se pose est bien celle-ci : s’il s’agit des Allemands, s’agit-il seulement des Allemands, et cette catastrophe spécifique n’entraîne-t-elle une fermeture définitive du monde sur la catastrophe générale ? Lorsque von Hoffmeister écrit ceci, par exemple, en conclusion finale :

« Et c'est ainsi qu'un nouvel ordre fut tissé comme un filet, fin et solide, fait de serments, de dettes et de signes écrits dans l'écriture des peuples de l'Atlantique. Les hommes d'Allemagne baissèrent la tête et enseignèrent à leurs enfants à parler comme les étrangers et à se souvenir toujours du péché de leurs grands-pères, qui aurait assombri les étoiles. Ainsi, ils n'étaient pas liés par des chaînes de bronze, comme à l'époque de Darius, mais par des contrats, des programmes scolaires et des codes. Et j'ai entendu dire par des sages parmi les Slaves et les Hellènes qu'une nation qui oublie les chants de ses pères parlera un jour la langue de ses geôliers et construira des temples à sa propre disparition. »

Enlevez le terme d’“Allemand” et d’“Allemagne”, et ce texte a-t-il encore une raison d’être ? Mais oui, mille fois oui ! C’est à ce point que ce texte montre à la fois toute sa justesse et toute son ambiguïté. Pour débroussailler ce jugement et lui donner quelque clarté, il faut d’abord poser un principe comme logique de réflexion, à l ‘image d’un fait que nous jugeons indéniable sans nécessité de jugement, en l’exposant en deux parties. Il découle du constat, né de l’évidence de la GrandeCrise, que cette crise allemande est à peu près commune à tous les pays puisqu’il s’agit du Système dans son entièreté qui se trouve plongé dans une crise terrible.

Nous décomposons ce constat en deux remarques :

• Certains pays connaissent une crise assez similaire à celle de que connaît l’Allemagne, bien que les causes spécifiques soient souvent différentes. Nous parlons des pays essentiellement de l’Europe (de l’UE et de l’OTAN), avec les USA dans une crise assez proche.

• Les autres pays, surtout ceux du Sud Global, connaissent des crises conséquentes, crises secondaires si l’on veut, des crises des pays de l’Occident-poussif, – et au-delà, de la GrandeCrise. Ce sont des situations crisiques secondaires, mais parfois bien aussi vives.

RIP Germania : qui a peur de l’Allemagne ?

Le résultat premier de la description que fait von Hoffmeister, c’est bien : que reste-t-il de l’Allemagne ? Que reste-t-il de quelques-unes des affirmations les plus fondamentales faites dans les domaines économiques, géopolitiques et même dans les domaines les plus mystico-dementia jusqu’à la Fantasy’ ?

• Pour ce dernier cas, que reste-t-il de l’Allemagne “moteur de l’Allemagne” comme on la jugeait il y a cinq ans encore, et par conséquent de ses ambitions de passer de l’économique au politique, et d’affirmer un IVème Reich dominateur de l’Europe ?

• Que reste-t-il de la Grande Politique anglo-saxonne, – du Royaume-Uni qui se croit encore impérial comme des USAqui le disent également, – de la crainte d’une puissance allemande s’alliant à la Russie pour former une coalition au cœur du Rimland et mettre en cause la domination anglo-saxonne du monde par les mers ?

• D’un même souffle mais à l’envers, que reste-t-il de la crainte mille fois répétée de la Russie face à une Allemagne retrouvant sa puissance de l’ère hitlériennes et menaçant la Russie d’anéantissement total ?

Avec cette dernière sous-question, on passe à la deuxième série de questions sans réponse, ou avec des réponses grotesques, qu’inspire l’effondrement allemand que décrit von Hoffmeister.

L’Allemagne comme modèle de la GrandeCrise 

• ... En effet, cet état épouvantable vers lequel roule l’Allemagne, état qu’il n’est pas question de nier une seule seconde, autorise-t-il une seule seconde de prendre au sérieux les intentions du chancelier Metz de lancer une guerre contre la Russie ? Certes, le calibre intellectuel de ce Metz, son ignorance abyssale des réalités de l’actuelle crise, et singulièrement de la guerre en Ukraine et de la puissance russe, permettent d’envisager que ce personnage soit sérieux à défaut d’être responsable ; mais justement, sérieux et irresponsable, prêt à lancer l’Allemagne dans seulement les prémisses d’une telle aventure? Même réduite à un état zombifié généralisé, la population allemande ne pourrait accepter cela, et également l’Europe, sous peine de mourir au moins de rire..

• Par ailleurs, ce que von Hoffmeister nous décrit de l’Allemagne, nous l’avons dit, se retrouve dans la plupart des autres pays européens, et d’une façon moins spécifique dans le reste du monde. La catastrophe allemande n’est alors plus une singularité allemande mais bien un symptôme parmi d’autres (d’autres pays). Ce symptôme est d’abord d’ordre psychologique et renvoie directement à la GrandeCrise qui nous dévaste tous. Il se marque principalement par une poussée de démence autoritariste renvoyant à la panique des directions-zombie devant les remous des divers publics concernés.

Salut, « dernier homme »

La description de Constantin von Hoffmeister concerne donc d’abord l’état psychologique des directions politiques, essentiellement celles qui sont de type globaliste et ont pris pour objectif de réduire l’entièreté du monde à une situation d’égalitarisme démentiel qui répond à l’utopie nihiliste de la Fin des Temps. C’est bien un Allemand, Nietzsche, ô combien pourfendeur de l’Allemagne, qui a défini pour cette Fin des Temps l’apparition du « dernier homme », dont nous ne cessons de croiser des exemplaires standards dans les arcanes des pouvoirs restants, entraînant le reste du troupeau jusqu’à l’abîme commun.

Dès lors, la catastrophe ainsi décrite n’agresse pas en premier les structures normales des différents composants nationaux et autres, mais bien l’équilibre psychologique des directions dans la totalité de la structure-Système. Cela ne laisse aucun espoir de stopper la chute en cours, en Allemagne comme ailleurs. Cela implique par conséquent une accélération constante de la GrandeCrise, qui est la voie radicale d’autodestruction du Système. L’Allemagne subit cela, mais comme les autres.

La critique de von Hoffmeister reste absolument valable, mais nullement comme perspective pessimiste, et plutôt comme perspective catastrophique qui est la seule issue possible à la situation présente, lorsque le pessimisme se renverse en un dispositif de contre-feu poyr détruire l’incendie du simulacre utopiste. Cela signifie bien des souffrances, bien des conflits : compte tenu de l’état du monstre que nous avons créé, ce passage par cette terrible phase est inéluctable.

Le texte de Constantin von Hoffmeister est annexé à son site ‘eurosiberia.net’ et disponible en traduction sur ‘euro-syneregies.hautetfort.com.’.

dedefensa.org

________________________

 

 

La spirale mortelle de l'Allemagne

• Réflexions sur un déclin orchestré par des moyens bureaucratiques • Malheur aux vaincus, car leurs enfants parleront la langue de leurs geôliers et construiront des temples à la gloire de leur propre effacement. • Censure, effondrement et mort silencieuse d'une nation autrefois leader

Internet était censé libérer la parole, mais en Allemagne, il n'a fait que rendre la censure plus systématique. L'article 130 du code pénal — la principale disposition relative aux « discours de haine » — englobe désormais non seulement la négation de l'Holocauste et les symboles nazis, mais aussi de larges catégories de « discours incendiaires », où l'immigration, l'identité et la politique mémorielle sont souvent dans le collimateur. Les chiffres sont kafkaïens: des dizaines de milliers de publications signalées en vertu de la loi relatives aux réseaux sociaux et des milliers de cas déposés chaque année pour Volksverhetzung (incitation du peuple), un terme qui, bien que fondé sur la loi, devient élastique dans la pratique.

Les autorités allemandes exhortent les plateformes à supprimer ce qu'elles appellent la « désinformation nuisible », en particulier pendant les campagnes électorales. L'ironie ? Le même État qui finance la « liberté artistique » par le biais d'institutions publiques — comme l'exposition de la Biennale de Berlin 2025 sur « l'art de la résistance décoloniale », qui comprend des œuvres traitant des récits israélo-palestiniens — poursuit les créateurs de contenu nationalistes, qui risquent des peines de prison pour « incitation à la haine et diffusion de symboles émanant d'organisations anticonstitutionnelles », une punition qui convient davantage à un hérétique qu'à un citoyen. La Cour constitutionnelle salue l'article 5 de la Loi fondamentale (« liberté d'expression »), mais la loi réelle n'est pas écrite: vous pouvez vous exprimer comme vous le souhaitez, tant que vous vous conformez au consensus.

Les trains ne circulent plus à l'heure, voire ne circulent plus du tout. Le système ferroviaire allemand, autrefois symbole de l'efficacité prussienne, est devenu une farce faite de retards, d'infrastructures délabrées et de mauvaise gestion, due à des élucubrations idéologiques. En 2024, seuls 62,5% des trains longue distance sont arrivés à l'heure (définie généreusement comme un écart de six minutes par rapport à l'horaire), tandis que 5% des trains régionaux ont été purement et simplement annulés — des chiffres qui feraient honte à un État des Balkans, pour ne pas parler du moteur économique autoproclamé de l'Europe.

Les causes sont systémiques: des décennies de sous-investissement (95 milliards d'euros de retard dans l'entretien), des fantasmes d'électrification motivés par des considérations écologiques (alors que les ponts s'effondrent) et des grèves incessantes amorcée par les syndicats du secteur public qui réclament des augmentations salariales pour compenser l'inflation que leurs propres politiques ont contribué à créer.

Le Deutschlandtakt, un plan directeur pour des liaisons nationales toutes les heures, n'existe que sur des transparents PowerPoint, alors que les gares rurales ferment et que les hubs urbains mal gérés croulent sous la surpopulation. Pourtant, le ministre des Transports tweete à propos de « la signalisation des toilettes neutres en termes de genre » dans les gares, comme si les pronoms pouvaient rattacher les câbles aériens sectionnés. Une nation qui ne peut pas maintenir ses rails en état a déjà perdu le nord. Les voies ne mènent nulle part aujourd'hui, tout comme l'avenir de l'Allemagne.

L'Allemagne se trouve dans un état de souveraineté suspendue, une anomalie géopolitique où les apparences formelles de l'État masquent des chaînes de contrôle plus profondes. La victoire des Alliés en 1945 n'a pas seulement établi une occupation militaire, mais aussi un réalignement permanent de la conscience politique allemande. Ce qui a commencé comme une dénazification s'est transformé en quelque chose de bien plus insidieux: la suppression systématique de toute volonté d'action nationale. La République fédérale d'Allemagne, malgré toute sa puissance économique, a toujours fonctionné dans des limites fixées par d'autres.

La révélation de la surveillance exercée par la NSA en 2013, y compris l'écoute du téléphone personnel de la chancelière Merkel, n'était pas une aberration, mais la confirmation d'un état de fait. Aucune nation souveraine ne tolère de telles intrusions sans conséquences. La réponse de l'Allemagne – des protestations modérées suivies d'un retour à la normale – a mis à nu la réalité: il ne s'agit pas d'un partenariat, mais d'une vassalisation.

La présence continue de bases militaires américaines, l'intégration des services de renseignement allemands dans les structures de l'OTAN et l'alignement de la politique économique sur les exigences de Washington indiquent tous une vérité simple. L'occupation n'a jamais pris fin. Elle s'est simplement habillée d'un autre costume.

Le modèle économique allemand, autrefois envié par l'Europe, est en train d'être délibérément démantelé. Les chiffres de 2025 témoignent d'un déclin contrôlé.

La fermeture définitive des centrales nucléaires en 2023, associée à la rupture politiquement imposée des liens énergétiques avec la Russie, a laissé l'industrie allemande à bout de souffle. Les prix de l'électricité restent 30% supérieurs aux niveaux d'avant 2022, rendant l'industrie lourde de plus en plus non viable. Le transfert des activités principales de BASF vers la Chine en 2024 n'était que le premier domino; Siemens et Volkswagen ont depuis accéléré leur production offshore. La « transition verte » tant vantée n'a pas abouti à l'innovation, mais à une régression: l'utilisation du charbon a bondi à 25% de la production totale d'énergie, une ironie sinistre pour l'Europe qui se proclame « leader climatique ».

Le taux de fécondité, qui s'élève actuellement à 1,46, garantit que chaque génération successive sera moins nombreuse que la précédente, ce qui soulève des questions fondamentales sur la viabilité démographique à long terme.

Dans le même temps, l'immigration reste à des niveaux historiquement élevés, contribuant à une transformation rapide des centres urbains. Dans de nombreux quartiers, les changements linguistiques et culturels sont évidents, changements qui sont souvent décrits dans les rapports officiels par des termes abstraits tels que « ajustements démographiques » et « flux démographiques vitaux ». La réponse politique dominante combine des programmes sociaux expansifs et une réticence à engager un débat ouvert sur l'intégration et l'identité. Une société confrontée à une contraction démographique tout en gérant une immigration à grande échelle sans stratégie claire de cohésion risque de se fragmenter à terme.

La démocratie allemande en 2025 est un théâtre de l'absurde, où l'opposition n'existe que dans des limites strictement imposées. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qui recueille 23% des voix, fonctionne comme une soupape de pression contrôlée, une « menace » juste assez importante pour justifier la consolidation du pouvoir, partagé entre les partis traditionnels. Le virage à gauche de l'Union chrétienne-démocrate sous la direction du chancelier Friedrich Merz, l'adhésion du Parti social-démocrate à l'ouverture des frontières et les politiques énergétiques dogmatiques des Verts ont effacé les distinctions significatives. Il n'y a donc plus que deux partis dans l'Allemagne d'aujourd'hui: l'AfD et l'Uniparty (tous les autres).

L'Allemagne gèle le financement des partis grâce à des mécanismes constitutionnels prévus par l'article 21 et la loi sur les partis politiques, qui sont utilisés chaque fois qu'un parti est qualifié d'« anticonstitutionnel » par les services de renseignement intérieurs. En 2025, ces outils ont été renforcés lorsque l'AfD a été soumise à une surveillance accrue et à un étranglement financier potentiel après avoir été classée comme « menace extrémiste confirmée ».

Dans la pratique, la « résilience démocratique » signifie réduire l'opposition au silence grâce à un travail d'une précision bureaucratique masquée sous le couvert de l'hygiène morale. Lorsque la dissidence doit être réprimée légalement plutôt que combattue politiquement, la façade du pluralisme se fissure. La vérité est crue: 77% des Allemands continuent de voter pour des partis qui offrent des différences mineures quant au fond mais avec des politiques identiques en matière d'immigration, de soumission à l'UE et favorisant implicitement le déclin économique.

Aucune nation n'a autant retourné son histoire contre elle-même. La politique mémorielle reste au cœur de l'identité de la République fédérale. L'Holocauste est à juste titre considéré comme une tragédie historique d'une ampleur sans précédent. Pourtant, sa place dans le discours public a évolué, passant du souvenir à une force réglementaire. Les expressions de l'intérêt national, de l'identité culturelle ou du scepticisme à l'égard de la gouvernance supranationale sont souvent filtrées à travers le prisme du traumatisme historique. Dans l'éducation, les médias et la politique, l'accent mis sur la culpabilité passée peut parfois éclipser l'articulation des objectifs futurs.

Le discours public s'inscrit dans des limites étroites:

- Toute critique de l'immigration massive est accueillie par des accusations de « xénophobie ».

- Toute défense des intérêts nationaux est qualifiée de « revanchisme ».

- Tout scepticisme envers la centralisation de l'UE est qualifié de « populisme ».

Il en résulte une société paralysée par la culpabilité, incapable d'articuler l'instinct de conservation comme un objectif légitime. Lorsque le Sénat de Berlin alloue plus de fonds aux « ateliers sur la diversité » qu'au recrutement de policiers, lorsque les programmes scolaires mettent l'accent sur la « culpabilité coloniale » plutôt que sur les compétences mathématiques, lorsque le ministre de la Défense appelle à une Bundeswehr (forces armées allemandes) plus « diversifiée », embrassant l'identité de genre et les origines migrantes comme piliers de sa force, il ne s'agit pas d'échecs politiques. Il s'agit de l'aboutissement logique d'une civilisation qui considère sa propre existence comme un accident historique nécessitant une correction.

L'élection présidentielle américaine de 2024, qui a ramené Donald Trump au pouvoir, a accéléré la transformation de l'Allemagne en dernier bastion du libéralisme mondialiste. Avec la France qui vacille vers le Rassemblement national de Le Pen et l'Italie placée sous le gouvernement nationaliste de Meloni, Berlin est devenu le garant idéologique de l'UE. Le gouvernement allemand soutient ouvertement les ONG qui luttent contre « l'extrémisme de droite » en Europe de l'Est, un renversement remarquable où l'Allemagne, autrefois divisée, cherche désormais à façonner le consensus politique dans les États voisins.

L'ironie est palpable. Une nation qui ne peut pas sécuriser ses propres frontières donne des leçons à la Hongrie sur « l'État de droit ». Un pays qui se désindustrialise à une vitesse vertigineuse dicte sa politique économique à la Pologne. Une armée qui dépend des armes nucléaires américaines reproche aux autres de ne pas dépenser suffisamment pour l'OTAN. Ce n'est pas du leadership. C'est le réflexe spasmodique d'un patient qui ignore que son cerveau est déjà mort.

Trois facteurs expliquent la passivité de l'Allemagne :

- L'élite des baby-boomers, enrichie par la mondialisation, ne vivra pas assez longtemps pour voir les conséquences de ses politiques. Son mantra – « Après nous, le déluge » – est la trahison ultime.

- De Der Spiegel à Deutsche Welle, le discours est uniforme : la dissidence est illégitime, les alternatives impensables.

- Le génie allemand pour l'ordre est devenu son talon d'Achille. Lorsque le déclin est géré par des technocrates compétents, il ressemble moins à un effondrement qu'à une fatalité.

Les 23% de l'AfD ne représentent pas une marée montante, mais un bassin de confinement: ceux qui ne sont pas encore totalement pacifiés par le système. Les 77 % restants ont accepté, activement ou passivement, que le rôle de l'Allemagne n'est plus de diriger, mais de servir.

L'Allemagne de 2025 est un exemple édifiant pour l'ère postmoderne. Il est possible pour une nation d'être riche mais vide, ordonnée mais en déclin, « libre » mais enchaînée. L'occupation se poursuit non pas avec des chars, mais à coups de manuels scolaires, non pas par décret, mais par une honte instillée goutte à goutte.

Lorsque les historiens futurs retraceront le moment du point de non-retour, ils ne pointeront peut-être pas 1945, mais cette année tranquille où les Allemands ont cessé de demander « pourquoi ? » et ont appris à dire « oui » à perpétuité.

La tragédie n'est pas que l'Allemagne soit en train de mourir. La tragédie est qu'elle a oublié comment vouloir vivre.

Vae victis. Et ceux qui sont revenus du feu ont raconté que la terre des Allemands, autrefois fière et nombreuse, n'avait pas été abattue par la lance ou la famine, mais par la loi de l'étranger gravée dans leur langue. Car après la Grande Guerre, que certains appellent la Seconde et d'autres la Dernière, les vainqueurs ne sont pas venus comme des pillards, mais comme des prêtres, portant des parchemins et des fils, et ils ont planté leurs temples au cœur des villes: Stuttgart, Francfort et l'ancienne citadelle de Bonn. Et ils ont dit au peuple: « Vous ne parlerez plus du sang, ni de la terre, ni de la volonté qui meut les cieux, car ce sont là des choses interdites. »

Et c'est ainsi qu'un nouvel ordre fut tissé comme un filet, fin et solide, fait de serments, de dettes et de signes écrits dans l'écriture des peuples de l'Atlantique. Les hommes d'Allemagne baissèrent la tête et enseignèrent à leurs enfants à parler comme les étrangers et à se souvenir toujours du péché de leurs grands-pères, qui aurait assombri les étoiles. Ainsi, ils n'étaient pas liés par des chaînes de bronze, comme à l'époque de Darius, mais par des contrats, des programmes scolaires et des codes. Et j'ai entendu dire par des sages parmi les Slaves et les Hellènes qu'une nation qui oublie les chants de ses pères parlera un jour la langue de ses geôliers et construira des temples à sa propre disparition.

Constantin von Hoffmeister