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888• Les États-Unis de Trump se trouvent à un moment difficile et insaisissable. • Doivent-ils suivre les Euro-Occidentaux qu’ils ont dénoncés, dans leur croisade pro-Zelenski qui lance un ultimatum au cessez-le-feu ? • Douguine montre que s’il fait cela, Trump se trouve embarqué dans une guerre dont il devait se débarrasser de son arrivée à la Maison-Blanche. • Poutine, de son côté, confronté à l’ultimatum des demeurés euro-occidentaux répond par une proposition de réunion pour définir les conditions de la paix, dès le 15 mai à Istamboul.
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10 mai 2025 (10H00) – Effectivement, comme l’écrit Alexandre Douguine, qui voit tous les espoirs qu’il avait mis en Trump s’évanouir :
« En attendant, tout cela n'est qu'un “micro-événement”, quelque chose de très petit et de pathétique. »
Effectivement (suite), Trump n’est qu’une suite de hauts triomphants et de bas “pathétiques” dans la réalisation de ses conceptions, une sorte d’exercice de montagnes russes où alternent le pire et le meilleur. Hier, on le découvrait éventuellement capable de renvoyer Netanyahou à ses fantasmes de Fin des Temps. Aujourd’hui, on le voit soutenir une “initiative” européenne connue sous le nom d’“ultimatum à la Russie”, qui ne peut mener en cas de poursuite de l’exercice qu’à l’embourbement de Trump et la fin de MAGA dans le cloaque ukrainien, avec la perte de popularité aux USA qui s’ensuivrait.
... Tout cela, à moins qu’éventuellement Poutine ne parvienne à trouver une formule qui fasse voler en éclats l’exceptionnelle trouvaille des quatre mousquetaires européens, Macron-Starmer-Merz-Tusk. Il s’y est mis dès hier : puisqu’on lui propose comme un “ultimatum” un plan qu’il a déjà refusé dix fois, il propose à son tour un plan de paix que les Ukrainiens ont passé leur temps, avec soutien démocratique et euro-démocratique, à refuser.
« Le président russe Vladimir Poutine a proposé à Kiev de reprendre les négociations directes à Istanbul, auxquelles elle s'était retirée unilatéralement en 2022, malgré le non-respect par l'Ukraine de la trêve du Jour de la Victoire et ses tentatives d'« intimidation » des dirigeants mondiaux réunis à Moscou pour les célébrations.
» S'adressant aux médias tôt dimanche matin, après une journée de rencontres avec des chefs d'État étrangers, Poutine a réitéré l'offre russe de reprendre les négociations abandonnées par Kiev peu après l'escalade du conflit actuel.
» “Nous proposons aux autorités de Kiev de reprendre les négociations interrompues en 2022 – de reprendre les négociations directes, et j'insiste, sans aucune condition préalable. Nous proposons de les commencer sans délai jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré Poutine.
» “Notre proposition est, pour ainsi dire, sur la table. La décision appartient désormais aux autorités ukrainiennes et à leurs responsables. Nous n'excluons pas la possibilité que lors de ces négociations, il soit possible de se mettre d'accord sur de nouvelles solutions, sur des cessez-le-feu, sur une nouvelle cessation des hostilités, et une véritable paix qui serait respectée non seulement par la Russie mais aussi par la partie ukrainienne”, a ajouté M. Poutine. »
Ce jeu s’appelle “A vous de dire, la balle est dans votre camp, à vous de répondre”. Les Russes ont eu l’habileté, coutumière chez eux, de ne pas répondre à l’ultimatum de l’Occident-catastrophique, comme s’il n’existait pas, – une sorte de “cancellation” si l’on veut, – pour ouvrir sur une autre voie déjà exploré autant de fois que l’idée d’un cessez-le-feu sans conditions, – celle d’une conférence définissant la paix et s’opérationnalisant effectivement par un cessez-le-feu.
Les Russes, Poutine particulièrement, veulent laisser le temps à la partie américaniste de réfléchir, éventuellement au camp anti-neocon de se regrouper pour riposter et faire pression sur Trump pour qu’il respect ses positions de la campagne présidentielle. Nombre de commentateurs (Mercouris, Macgregor) déplorent absolument la voie qu’a prise Trump de vouloir résoudre la guerre en jouant les intermédiaire, – mais finalement en étant obligés de s’y impliquer du côté ukrainien.
« Je pense que c’est devenu “la guerre de Trump” parce qu’il a été assez imprudent de s’y laisser entraîner. Si vous écoutez Trump pendant les élections et après, il disait tout ce qu’il fallait dire. Mais tout de suite après son installation, il a été assiégé par des personnes qui l’ont convaincu de plusieurs choses. Tout d’abord, on lui a dit “Vous ne pouvez rien faire, président Trump, à moins que cela ne ressemble à une victoire pour vous”... Tout est conçu en termes compétitifs. C’est comme un vendeur immobilier qui doit gagner à tout prix... Vous savez, je lui avais conseillé de tout arrêter, retirer tous nos hommes, toute notre aide, notre renseignement, et sortons, et disons aux Européens : “Nous partons, nous serons ravis d’accueillir une conférence de paix où vous et les Russes discuterez des futures frontières, mais nous, nous ne restons pas”.
» Maintenant, il a complètement changé de cap, il va complètement dans la direction opposée. »... (colonel Macgregor)
Cette évolution est, comme le dit Douguine dont nous reprenons un texte ci-dessous [du 9 mai 2025, sur ‘euro-synergies.hautetfort.com’], « très petite et pathétique ». Le philosophe russe, qui fut un fervent admirateur du nouveau président, déplore cette évolution de Trump qui est surtout une sorte d’encalminage dans un processus qui a montré jusqu’ici sa capacité à durer dans un océan de simulacres et de mensonges.
Comme d’habitude mais de façon de plus en plus pressante, la question qui se pose en arrière-plan est bien de savoir jusqu’où les Russes accepteront d’aller dans cette voie du piétinement. En effet, pour eux la guerre va continuer et, très rapidement, elle rendra son verdict du terrain guerrier où il n’y aurait plus grand’chose pour justifier que Poutine retienne les coups de l’armée russe, – laquelle va atteindre le point d’ébullition de son impatience.
C’est alors, – si rien n’arrête cette dynamique, – que se poseront les vrais problèmes à cette Europe si complètement épuisée et arrogante. Et même, alors-encore et pas moins, le sort de l’Amérique sera confronté à sa crise décisive pendant que MAGA sombrera inéluctablement.
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“Je donne l'Ukraine à Poutine et je fais taire tout le monde” : Douguine a répondu à la question de savoir pourquoi Trump fait marche arrière.
Pour commencer, il convient de rappeler que la guerre n'a effectivement pas été déclenchée par Trump. Et elle n'a pas seulement été déclenchée par Trump lui-même, mais bien par ses ennemis immédiats et ses opposants idéologiques qui cherchent toujours à poursuivre cette guerre contre la Russie. Ses adversaires idéologiques actuels en Europe sont Starmer, Macron et Merz. Ses anciens adversaires américains - Biden, Blinken et Victoria Nuland - ont, eux, bel et bien déclenché la guerre.
Et si nous parlons de Trump non seulement en tant qu'homme politique, mais aussi en tant qu'idéologue du trumpisme, il doit aujourd'hui sauver non pas l'Ukraine, mais son propre projet MAGA (« Make America Great Again »). Et c'est très difficile, car les vestiges des systèmes mis en place par les fondamentalistes globalistes tentent systématiquement de lui barrer la route. Ce sont eux qui cherchent à lancer une contre-attaque, à s'emparer de Trump, à supprimer sa volonté de changer les choses et à le forcer à participer à une guerre qui est essentiellement dirigée contre lui-même.
L'idée de sauver l'Ukraine alors qu'il n'est tout simplement plus possible de la sauver (d'autant plus que l'Ukraine elle-même, en tant que projet, n'est qu'une abstraction russophobe, chère aux mondialistes, qui s'est transformée en régime terroriste); c'est donc un faux objectif. Et si Trump est sérieux à ce sujet, ce seul fait le conduira déjà à des conséquences très fâcheuses. S'il tente de le mettre en pratique, ce qui est irréaliste, il sera entraîné dans une longue guerre sans fin, et en fait sa politique ne sera pas différente de celle de son prédécesseur: le marais engloutira Trump, et ce ne sera pas Trump qui drainera le marais.
Bien sûr, j'espère que les mots « sauver l'Ukraine » ne sont rien d'autre qu'une excuse. Une phrase qui ne veut rien dire en réalité, mais qui vise à apaiser ses ennemis. Si Trump essaie vraiment d'entrer dans une sorte de dialogue et de plaire à ceux qui sont ses principaux ennemis, les globalistes (et l'Ukraine est un projet des globalistes), alors il va clairement à l'encontre de sa propre logique.
Parallèlement, nous pouvons immédiatement constater que la cote de Trump aux États-Unis commence à baisser. Et cette cote ne doit pas être très élevée chez ses opposants ; elle y était déjà proche de zéro. Mais chez ses partisans, que Trump a beaucoup séduits à la veille de l'élection et après le premier défilé triomphal du trumpisme (MAGA), les premiers signes de déception commencent à apparaître.
Ils ne sont pas encore aigus, pas encore critiques. Mais on ne peut s'empêcher de constater l'absence d'une politique cohérente d'arrestation et de jugement des élites libérales globalistes. Le thème du Canada et du Groenland a disparu. On parle de moins en moins d'Elon Musk. DOGE existe-t-il encore ou non ? Les droits de douane annoncés ont-ils été reportés ? Et Trump ne commence-t-il pas à écouter Macron et Starmer, qui, dans la logique du trumpisme politique, sont ses ennemis, les ennemis de MAGA, au lieu de les écarter, comme la CIA est parfaitement capable de le faire ?
L'ensemble de ces éléments suggère que Trump commence à vaciller et à marquer une pause dans la progression triomphale de ses réformes. Jusqu'à présent, il ne s'agit pas de défaites stratégiques, mais seulement d'ajustements tactiques, mais ils sont aussi extrêmement douloureux. En effet, les globalistes commencent à croire qu'ils ont réussi à orienter Trump sur la fausse voie du « sauvetage de l'Ukraine », c'est-à-dire de la guerre avec la Russie. Dans ce contexte, les États-Unis pourraient bien appliquer de nouvelles sanctions contre la Russie. Surtout après les écœurants discours antirusses des sénateurs républicains John Neely Kennedy et Lindsey Graham. Cette rhétorique est tout à fait inacceptable et incompatible avec l'idéologie cohérente de Trump.
En même temps, pour Trump lui-même, l'Ukraine, au fond, est absolument sans importance. Il pourrait éliminer et annuler ce projet, s'en retirer. Et ce serait la meilleure solution. La seule chose qui puisse apporter un plus, c'est la prise de conscience directe que l'Ukraine nous appartient. Donnez-la nous et c'est tout. Dire: je suis un homme politique fort, je fais ce que je veux. Je donne l'Ukraine à Poutine et tout le monde se taira.
Quant à nous, nous étions en guerre avec l'Amérique en Ukraine, et nous le sommes encore aujourd'hui. Nous sommes prêts à continuer, mais nous sommes aussi prêts à la paix, si l'Occident fait preuve de bonne volonté. Et nous n'avons pas perdu cette guerre, malgré le fait que l'Occident tout entier a armé jusqu'aux dents le régime terroriste, une bande d'extrémistes, de nazis et de maniaques meurtriers qui se font appeler « Ukrainiens ». Dans le même temps, Trump semble ignorer totalement que si l'Ukraine n'existait pas, la Russie de Poutine serait un pays neutre, voire amical, à ses yeux. Alors que Trump lui-même a déjà beaucoup d'adversaires sans nous.
Mais si Trump favorise la guerre, il ne nous reste plus qu'à la poursuivre. Mais ce n'est pas un possédé du démon, c'est un réaliste, même s'il est aujourd'hui, je crois, dans la première impasse de son second mandat. En fait, il faut le reconnaître, Trump est pire pour les globalistes que Poutine ou n'importe qui d'autre. C'est pourquoi ils cherchent maintenant, ayant compris que la résistance frontale est futile, à l'entraîner dans des processus qui seront suicidaires pour Trump lui-même. Un tel processus est l'idée de « sauver l'Ukraine », conçue pour amener Trump dans cette fosse septique de terroristes fous, avec lesquels toute interaction est toxique.
L'Ukraine est une bombe sale posée par les globalistes sous les pieds de Trump. Et cette bombe sale fonctionne, empoisonne la politique, le perturbe. Trump lui-même pourrait vouloir conclure une trêve, mais il est tout simplement impossible de le faire avant la victoire russe. Par conséquent, un signal positif sera s'il admet que toute cette rhétorique sur le cessez-le-feu n'a pas fonctionné, s'il se dit “je n'ai pas commencé cette guerre, je suis désolé pour les Ukrainiens, mais faites-là vous-mêmes, les gars”. Vous là, les Slaves, les Russes, les Petits Russiens, occupez-vous de vous et de l'Europe, c'est votre affaire, pas la mienne. Moi, je m'occupe du Groenland et du Canada, de l'Amérique d'abord. Ce serait la solution la plus sensée.
Ce serait le MAGA. En attendant, tout cela n'est qu'un « micro-événement », quelque chose de très petit et de pathétique.