Prisonnier à la Maison-Blanche

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Prisonnier à la Maison-Blanche

Avec l’actuel président des États-Unis, aucun jugement sur sa situation n’est impératif, ni exclusif d’un autre. De même, sur le pouvoir “confisqué” par “ses généraux” (Mattis, Kelly, McMaster) qui est le sujet de cette analyse, “aucun jugement n’est impératif ni exclusif”. C’est dire que le texte de Justin Raimondo (*) qui nous sert ici de rapport sur le sujet doit être pris dans les limites relatives qu’on décrit ici : la situation générale qu’il décrit ne fixe rien d’assuré et les choses fluctuent continuellement, permettant à d’autres situtions, très différentes, de surgir de façon inopinée .

Ces réserves doivent impérativement être à l’esprit du lecteur et nous restons complètement sur le jugement, – général, celui-là, et impératif à notre estime, – que le personnage de Trump est trop fantasque, trop imprévisible, trop incontrôlable pour permettre de juger que telle situation, celle que décrit Raimondo pour le cas comme d’autres dans un sens très différent, est fixée et définitive. A tout instant, tout peut changer, et Trump échapper à ses “geôliers”... (Cela est déjà arrivé, à plus d'une reprise.)

En effet, il s’agit bien de “geôliers“. Raimondo, s’appuyant sur un texte du Washington Post, lui-même soumis à ce principe d’incertitude d’ailleurs, décrit un président entouré, encerclé, prisonnier d’une “garde prétorienne” paradoxale, constituée non pas pour le protéger mais pour « réduire à néant le mandat qu’il a reçu du peuple de retirer les USA des guerres extérieures et de suivre sa politique d’“America First”. » Ce n’est pas vraiment une surprise : l’on a vu la manœuvre se faire par étape (notamment Kelly passant du ministère de la sécurité intérieure au poste-clef de chef de cabinet du président), et sa signification était dès l’origine assez manifeste. Depuis, le poids des généraux s’est accru, surtout celui de Mattis qui évolue à la tête du Pentagone quasiment comme s’il était libre de toute autorité présidentielle.

Mais justement ce dernier cas (Mattis) est significatif : Mattis peut effectivement sembler pouvoir faire ce qu’il veut mais il ne montre certainement pas une vive intelligence et une grande originalité dans son action. Il poursuit et accélère la politiqueSystème belliciste et interventionniste, avec de moyens de plus en plus réduits, selon des conceptions aussi stupides que brutales, ce qui conduit à des situations extérieures où les USA continuer à accumuler les déboires et les déroutes et peuvent un jour se trouver dans l’une ou l’autre situation catastrophique. Plus encore, Mattis lui-même est sujet à des déboires dans la mesure où certains de ses chefs, dans les zones les plus dangereuses (Syrie) agissent souvent de leurs propres initiatives, et le mettent dans l’embarras. Il est vrai que ce n’est pas une tâche facile d’avoir à contrôler un président de cette dimension égocentrico-narcissique, en même temps qu’il faut contrôler la monstrueuse pieuvre pentagonesque, dans un temps où il faut contrôler un pouvoir complètement éclaté et donc incontrôlable. Plaignons donc le pauvre Mattis !

D’autre part, – et Raimondo ne souligne pas assez ce fait, – Trump n’a nullement une politique ferme et structurée, cela rejoignant l’avertissement fondamental que nous proposions plus haut. Sur certains points (favorable à Israël, hostile par intermittences à la Corée du Nord, hostile à l’Europe et à l’OTAN dans sa forme actuelle), il devient au moins momentanément et par impulsions imprévisibles plus maximaliste et belliciste que ses généraux eux-mêmes et précipite la situation des Etats-Unis, c’est-à-dire ces mêmes généraux qui prétendent tenir le rôle qu’on a vu, dans des cas extrêmement difficiles.

Le problème, leur problème, est qu’on ne peut réduire tous les pouvoirs d’un président et le réduire à un rôle de potiche ; une potiche ne tweete pas comme fait Trump, dans une époque où un tweet peut provoquer une tempête de communication entraînant des conséquences concrètes considérables. On ne retrouve aucune de ces réserves sous la plume de Raimondo, lui qui se montre pourtant dans d’autres textes extrêmement critiques de Trump, – souvent à juste cas, tant ce président peut devenir par instants plus neocon que les neocons. C’est là une excellente chance parce que nous ne sommes aucunement dans le cas manichéen d’un homme exceptionnel empêché d’agir par une cabale de brutes agissant au nom d’un Système impitoyable de puissance et aveugle de stupidité. Il y a toutes les nuances de position et de rapports qu’on a vues, et dans ce cas le pouvoir que se sont arrogé les généraux peut se retourner contre eux car ils sont de facto responsables en grande partie de la politique suivie, y compris des foucades du président.

De ces diverses considérations, on peut retirer trois remarques :

• La première remarque est que l’actuelle situation est plus génératrice de l’instabilité d’un désordre permanent où le pouvoir exécutif dans une situation très instable ne parvient nullement à imposer un ordre, mais tend constamment à se diluer vers des centres de pouvoir illégitimes, y compris ceux des généraux de la soi-disant “Garde Prétorienne”, qui doivent constamment tenter de restaurer leur légitimité factice et par conséquent constamment mise en cause. Il s’agit d’un ferment de désordre permanent.

• La seconde remarque est que cette situation de désordre est dépendante de tels facteurs extrêmes qu’il apparaît que rien ne pourra être fixé au moins jusqu’à la fin du mandat actuel, – sans aucune certitude de la suite, sinon, si Trump qui se serait maintenu se représente, la promesse d’une campagne présidentielle bien pire que celle de 2016. Le désordre va se poursuivre, nécessairement en augmentant à mesure que les conséquences de ces concurrences de pouvoir s’accumulent, et cela avec le risque d’une occurrence ou l’autre extrêmement dangereuse pouvant ébranler le régime.

• La troisième remarque poursuit en un sens la précédente, en envisageant des cas de crise très aigues où la rapidité des événements empêchent les généraux d’assurer pleinement leur contrôle, et donne au contraire au président la possibilité d’exercer dans l’urgence ses droits constitutionnels. Le cas très possible d’une crise extérieur aigue devrait donc d’abord être l’occasion d’une affrontement interne entre ces pouvoirs concurrents, avec la possibilité de conséquences très graves, peut-être décisives pour la situation du régime.

Le texte de Raimondo, sur Antiwar.com le 12 février 2018, est sous le titre complet de « A President Held Hostage – They've got him surrounded ».

dedefensa.org

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A President Held Hostage

As Vice President Mike Pence made a fool both of himself and the country he is supposed to be representing at the Olympic Games by refusing to stand for the athletes of any nation other than the US, back at home the Washington Postwas reporting on a President Trump who appears to have nothing in common either with Pence or with the White House staff. The piece, entitled “Trump’s favorite general: Can Mattis check an impulsive president and still retain his trust?” tells a story that pits a President inclined to challenge the War Party against a Praetorian Guard determined to nullify his electoral mandate to keep out of foreign wars and put “America first”:

“Although Trump has given the military broad latitude on the battlefield, he also has raised pointed questions about the wisdom of the wars being fought by the United States. Last year, after a delegation of Iraqi leaders visited him in the Oval Office, Trump jokingly referred to them as ‘the most accomplished group of thieves he’d ever met,’ according to one former U.S. official.”

Truer words were never spoken, but of course this leak is designed to embarrass Trump and put him at odds with those very thieves. Mattis was presumably horrified by this truism, since the General is an even bigger thief, having successfully manipulated Congress into appropriating 15.5 percentmore money for the military than Trump asked. The Post piece goes on to detail the President’s many heresies:

He has repeatedly pressed Mattis and McMaster in stark terms to explain why US troops are in Somalia. ‘Can’t we just pull out?’ he has asked, according to US officials.

“Last summer, Trump was weighing plans to send more soldiers to Afghanistan and was contemplating the military’s request for more-aggressive measures to target Islamic State affiliates in North Africa. In a meeting with his top national security aides, the president grew frustrated. ‘You guys want me to send troops everywhere,’ Trump said, according to officials in the Situation Room meeting. ‘What’s the justification?’”

Oh, the shocked silence in that room must have lasted for what seemed like forever. Then Mattis came up with the same old bullshit:

“‘Sir, we’re doing it to prevent a bomb from going off in Times Square,’ Mattis replied.”

Trump didn’t fall for it: “The response angered Trump, who insisted that Mattis could make the same argument about almost any country on the planet.” And the President wasn’t alone in his skepticism: “Attorney General Jeff Sessions echoed Trump’s concerns, asking whether winning was even possible in a place such as Afghanistan or Somalia.”

Here’s the scary part, which concludes the piece:

“It was Mattis who made the argument that would, for the moment at least, sway Trump to embrace the status quo – which has held for the past two presidents.

“‘Unfortunately, sir, you have no choice,’ Mattis told Trump, according to officials. ‘You will be a wartime president.’”

Really? Why is that? And which war is Mattis specifically referring to? Afghanistan? We’re largely out of Iraq. Syria – the latest addition to our interventionist folly? We aren’t told, but in my view it’s not any foreign war Mattis is referring to, but – perhaps unconsciously – he’s referencing the war at home, i.e. the one being conducted by his own government against the President of the United States.

We read about it every day in the media: the Russia-gate hoax is still being flogged, despite growing evidence of its utter falsity. Robert Mueller is still on the prowl, looking for a pretext to take Trump down. The media, a longtime adjunct of the national security bureaucracy, is openly working in tandem with the intelligence services to take out Trump – and if you want to know why, just re-read the reporting on Trump’s reluctance to go along with the War Party’s murderous agenda. 

So once they take him down, who will be Trump’s replacement? It’ll be Mike Pence, of course, the same person doing everything in his power to destroy the possibility of peace on the Korean peninsula – quite against Trump’s expressed hope that “we can make a deal” with North Korea.

The War Party cannot tolerate a President who questions the most basic premises of the American Empire: “You guys want me to send troops everywhere!” Of course they do. However, Trump was elected to carry out a very different mandate: to start putting America first. He railed against regime change. And now the regime-changers want to carry out a change of regime against him.

Just look at the reporting by James Risen in The Intercept: the FBI/CIA/NSA cabal paid a Russian operative $100,000 as a down payment on a total of a million to get compromising material on Trump. Isn’t this kind of thing only supposed to happen in places like Tadjikistan? Oh, it was all done under the pretext of getting back our stolen cyber-war tools, but really – how valuable are they if the Russians already have them? Sure, we could find out what was stolen – we still don’t know – but the long involved process described by Risen is really about getting rid of Trump. That’s all they really care about right now, and they’ll stop at nothing – including, I believe, assassination – to pull it off.

There’s too much money riding on the continued existence and expansion of our worldwide empire to let Trump ruin their scam. Too many careers are based on it, too much prestige is at stake, too many “allies” are dependent on the largesse it affords them. They’re boxing him in, despite his noninterventionist instincts, and they’re compiling “dossiers,” and they’re mobilizing all their forces for the final assault on the Oval Office. In an important sense, Trump is being held hostage: they have limited his policy options in every important sphere of the national security/foreign policy realm, The “swamp” Trump talks about is an international miasma, and swamp creatures of diverse nationalities are crawling out of the muck, their claws aimed straight for the presidential throat.

The War Party plays for keeps. The question is: does Donald Trump? We shall see.

Justin Raimondo

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