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319724 mars 2016 – Si l’on veut tenir une stricte comptabilité, il n’y a pas un mais plusieurs emailgate accrochés à Hillary Clinton comme autant de casseroles bruyantes. Nous voulons dire par là 1) qu’il y a plusieurs scandales possibles dans l’emailgate, et 2) qu’il y a plusieurs facettes dans chacune de ces affaires. D’une façon générale, moins polémique et plus minutieuse, emailgate pourrait figurer comme le matériel d’une puissante étude psychologique d’un dirigeant-Système type.
La production de messages courriel d’Hillary-Secrétaire d’État a été tout simplement prodigieuse puisqu’elle se chiffre en dizaines de milliers de messages dont certains sont extrêmement longs. On se demande où elle trouva le temps, en plus de ses discours, entretiens et profondes supputations sur la politique extérieure des USA, pour pondre toute cette correspondance. (Sans oublier l’extraordinaire légèreté qui la fit passer très souvent par son serveur personnel plutôt que d’utiliser ceux qui sont attribués à sa fonction, et qui sont puissamment cryptés.)
Ce qui justifie ce texte, c’est la diffusion sur internet d’une partie du fonds considérable d'e-mails clintoniens écrits durant la période du département d’État d’Hillary, de 2009 à 2013. (Le chiffre de 30.322 est cité dans cette occurrence, mais dans d’autres cas certains ont été jusqu’à 50.000 : on se trouve là devant une abondance diluvienne qui rend très difficile de justifier de décomptes précis.) Les messages en question semblent été mis en accès au public selon la législation du Freedom Information Act, par le département d’État et sans doute selon les procédures du FBI qui enquête sur l’ensemble de l’affaire emailgate. Il s’agit de messages à divers titres officiels et professionnels de la secrétaire d’État, mais distribués fautivement par le serveur privé d’Hillary Clinton, comme on l’a signalé plus haut. Il faut rappeler que c’est là le cœur de l’emailgate puisque cet usage représente une brèche considérable des procédures de sécurité dans sa fonction, et la cause des enquêtes ouvertes par le FBI contre elle ; en théorie, une telle faute peut être assimilée, dans la logique et la règle procédurières du gouvernement US, à un acte de trahison. C’est essentiellement l’action de Wikileaks, à partir de l’obtention des messages selon la procédure du Freedom Information Act, qui en assure la distribution.
Nous nous attachons à cette affaire pour des raisons évidentes de communication, mais aussi et surtout, comme nous l’avons suggéré plus haut, pour des raisons de psychologie. Cette correspondance nous en dit beaucoup, aussi bien sur Hillary Clinton (la Clinton du passé au département d’État, et la Clinton de l’avenir si elle devenait présidente des USA), que sur la politique des USA, que sur la psychologie des dirigeants et dirigeantes-Système, notamment sur leur attitude vis-à-vis des narrative qui présentent cette politique US.
Nous voulons parler ici de la question de leur franchise et de leur conviction. Dans ce cas, en plus, il s’agit d’une personne exceptionnellement corrompue et dont nous estimons que la première de ses corruption est sa psychologie et concerne le travers terrible de l’affectivisme. (C’est le comportement de Clinton durant la crise syrienne qui nous a conduit à ce concept.)
Il ne s’agit bien sûr pas d’un travail systématique dont nous n’avons pas les moyens ni la capacité. Nous nous arrêtons à un seul message, très long et très détaillé, sur la politique américaniste vis-à-vis de la Syrie telle que la conçoit, ou la concevait Clinton en 2012. Le message, qui n’est pas daté pour ce qui est de sa diffusion sinon la mention bureaucratique “2000-12-31 22:00”, peut être déterminé comme de la période de la fin du printemps 2012 puisqu’il contient la précision par l’auteur(e) elle-même : « The rebellion in Syria has now lasted more than a year ». (Effectivement diffusé par WikiLeaks, le message est désigné selon la date du 30 novembre 2015, qui semble évidemment être la date de sa déclassification pour la mise à disposition du public : “UNCLASSIFIED U.S. Department of State Case No. F-2014-20439 Doc No. C05794498 Date: 11/30/2015.”)
Le document expose ce qui serait la “grande stratégie” des USA en Syrie, selon la secrétaire d’État, vis-à-vis de la crise syrienne. Toute l’attention est portée aux intérêts d’Israël par rapport à la puissance de l’Iran, qui peuvent être décisivement renforcés par la chute d’Assad et une opération de regime change. L’on y retrouve les diverses manœuvres, tromperies, montages, etc., de la part des USA, qui étaient à l’époque, lorsqu’elles étaient suggérées, dénoncées comme des théories “complotistes” ou des analyses malveillantes de dissidents et d’antiSystème concernant les intentions des USA. L’intérêt que Clinton montre pour ceux (les intérêts) d’Israël est certainement beaucoup plus important que celui d’Obama à cet égard ; en ce sens, l’on pourrait très certainement parler d’une “diplomatie personnelle” de Clinton, construite à grands coups de marteau, dont il n’est nullement assuré que le président l’eût approuvée si elle avait été sur la voire de la réussite, – ce qui ne fut jamais le cas... Outre Israël, les alliés principaux qui sont cités sont l’Arabie, le Qatar et la Turquie. Pas un mot des Européens, – même pas, ô ingratitude des dieux, de notre pétillant Laurent Fabius.
Le but est donc d’éliminer Assad, s’il le faut sur l’air du “We Came, We Saw, He Dies”, en le liquidant avec sa famille ; de changer le régime pour faire de la Syrie un vassal des USA aligné sur les “alliés” sur place, avec Israël en tête de peloton ; d’isoler complètement l’Iran et d’aller vers un étouffement du Hezbollah par rupture forcée de ses liens avec l’Iran. Dans toute cette description, la Russie est quasi-totalement ignorée, sinon pour observer avec un mépris à peine voilé que ce pays sera impuissant à faire quoi que ce soit. La seule “nuisance” de la Russie se trouve dans le fait que son veto obligera d’agir hors du cadre de l’ONU... Du point de vue opérationnel, le message détaille le plan qui apparaît dans l’esprit de Clinton comme bien plus qu’une simple hypothèse, mais bien comme une attaque US contre la Syrie.
La première partie du message expose la situation stratégique, et notamment entre Israël et l’Iran. Il apparaît pour la première fois d’une façon aussi explicite dans un message d’un officiel de ce niveau que le but d’Israël n’est pas tant d’empêcher l’Iran de disposer d’une bombe nucléaire que de conserver le monopole nucléaire dans la région. A aucun moment, cette idée n’est mise en cause, bien au contraire, alors que les USA ont toujours admis, d’une façon officielle, que la dénucléarisation de la zone moyenne-orientale était un objectif, sinon vertueux dans tous les cas acceptable et confirme à leur doctrine de non-prolifération.
(N.B. : dans les deux parties du message, nous indiquons en italique gras les passages qui nous paraissent importants et sur lesquels nous avons déjà fait des commentaires ou sur lesquels nous reviendrons plus loin pour des commentaires à leur sujet.)
» The best way to help Israel deal with Iran's growing nuclear capability is to help the people of Syria overthrow the regime of Bashar Assad.
» Negotiations to limit Iran's nuclear program will not solve Israel's security dilemma. Nor will they stop Iran from improving the crucial part of any nuclear weapons program — the capability to enrich uranium. At best, the talks between the world's major powers and Iran that began in Istanbul this April and will continue in Baghdad in May will enable Israel to postpone by a few months a decision whether to launch an attack on Iran that could provoke a major Mideast war.
» Iran’s nuclear program and Syria’s civil war may seem unconnected, but they are. For Israeli leaders, the real threat from a nuclear-armed Iran is not the prospect of an insane Iranian leader launching an unprovoked Iranian nuclear attack on Israel that would lead to the annihilation of both countries. What Israeli military leaders really worry about – but cannot talk about – is losing their nuclear monopoly. An Iranian nuclear weapons capability would not only end that nuclear monopoly but could also prompt other adversaries, like Saudi Arabia and Egypt, to go nuclear as well. The result would be a precarious nuclear balance in which Israel could not respond to provocations with conventional military strikes on Syria and Lebanon, as it can today. If Iran were to reach the threshold of a nuclear weapons state, Tehran would find it much easier to call on its allies in Syria and Hezbollah to strike Israel, knowing that its nuclear weapons would serve as a deterrent to Israel responding against Iran itself.
» Back to Syria. It is the strategic relationship between Iran and the regime of Bashar Assad in Syria that makes it possible for Iran to undermine Israel’s security — not through a direct attack, which in the thirty years of hostility between Iran and Israel has never occurred, but through its proxies in Lebanon, like Hezbollah, that are sustained, armed and trained by Iran via Syria. The end of the Assad regime would end this dangerous alliance. Israel’s leadership understands well why defeating Assad is now in its interests. Speaking on CNN’s Amanpour show last week, Defense Minister Ehud Barak argued that “the toppling down of Assad will be a major blow to the radical axis, major blow to Iran.... It’s the only kind of outpost of the Iranian influence in the Arab world...and it will weaken dramatically both Hezbollah in Lebanon and Hamas and Islamic Jihad in Gaza.”
» Bringing down Assad would not only be a massive boon to Israel's security, it would also ease Israel’s understandable fear of losing its nuclear monopoly. Then, Israel and the United States might be able to develop a common view of when the Iranian program is so dangerous that military action could be warranted. Right now, it is the combination of Iran's strategic alliance with Syria and the steady progress in Iran's nuclear enrichment program that has led Israeli leaders to contemplate a surprise attack — if necessary over the objections of Washington. With Assad gone, and Iran no longer able to threaten Israel through its, proxies, it is possible that the United States and Israel can agree on red lines for when Iran's program has crossed an unacceptable threshold. In short, the White House can ease the tension that has developed with Israel over Iran by doing the right thing in Syria.
» The rebellion in Syria has now lasted more than a year. The opposition is not going away, nor is the regime going to accept a diplomatic solution from the outside. With his life and his family at risk, only the threat or use of force will change the Syrian dictator Bashar Assad's mind... »
La deuxième partie du message aborde les aspects opérationnels d’une opération militaire contre la Syrie, qui verrait l’implication au niveau de l’offensive aérienne des forces armées US.
« The Obama administration has been understandably wary of engaging in an air operation in Syria like the one conducted in Libya for three main reasons. Unlike the Libyan opposition forces, the Syrian rebels are not unified and do not hold territory. The Arab League has not called for outside military intervention as it did in Libya. And the Russians are opposed.
» Libya was an easier case. But other than the laudable purpose of saving Libyan civilians from likely attacks by Qaddafi’s regime, the Libyan operation had no long-lasting consequences for the region. Syria is harder. But success in Syria would be a transformative event for the Middle East. Not only would another ruthless dictator succumb to mass opposition on the streets, but the region would be changed for the better as Iran would no longer have a foothold in the Middle East from which to threaten Israel and undermine stability in the region.
» Unlike in Libya, a successful intervention in Syria would require substantial diplomatic and military leadership from the United States. Washington should start by expressing its willingness to work with regional allies like Turkey, Saudi Arabia, and Qatar to organize, train and arm Syrian rebel forces. The announcement of such a decision would, by itself, likely cause substantial defections from the Syrian military. Then, using territory in Turkey and possibly Jordan, U.S. diplomats and Pentagon officials can start strengthening the opposition. It will take time. But the rebellion is going to go on for a long time, with or without U.S. involvement.
» The second step is to develop international support for a coalition air operation. Russia will never support such a mission, so there is no point operating through the UN Security Council. Some argue that U.S. involvement risks a wider war with Russia. But the Kosovo example shows otherwise. In that case, Russia had genuine ethnic and political ties to the Serbs, which don't exist between Russia and Syria, and even then Russia did little more than complain. Russian officials have already acknowledged they won't stand in the way if intervention comes.
» Arming the Syrian rebels and using western air power to ground Syrian helicopters and airplanes is a low-cost high payoff approach. As long as Washington’s political leaders stay firm that no U.S. ground troops will be deployed, as they did in both Kosovo and Libya, the costs to the United States will be limited. Victory may not come quickly or easily, but it will come. And the payoff will be substantial. Iran would be strategically isolated, unable to exert its influence in the Middle East. The resulting regime in Syria will see the United States as a friend, not an enemy. Washington would gain substantial recognition as fighting for the people in the Arab world, not the corrupt regimes. For Israel, the rationale for a bolt from the blue attack on Iran's nuclear facilities would be eased. And a new Syrian regime might well be open to early action on the frozen peace talks with Israel. Hezbollah in Lebanon would be cut off from its Iranian sponsor since Syria would no longer be a transit point for Iranian training, assistance and missiles. All these strategic benefits and the prospect of saving thousands of civilians from murder at the hands of the Assad regime (10,000 have already been killed in this first year of civil war).
» With the veil of fear lifted from the Syrian people, they seem determine to fight for their freedom. America can and should help them — and by doing so help Israel and help reduce the risk of a wider war. »
Outre l’intérêt documentaire du message sur les méthodes et les machinations américanistes, l’intérêt historique de confirmation des hypothèses courantes de l’antiSystème face à la narrative du Système durant la période, il y a d’autres aspects qui méritent encore plus notre attention. En effet, nous voulons parler ici de ce qu’ils nous disent de la psychologie de Clinton (et, en général d’une manière conforme, des élites américanistes), et d’une façon indirecte de sa culture politique, de sa perception de la communication et du niveau de son information ; d’une façon générale si l'on veut, ce qu’ils nous disent autant de son caractère que de son intelligence.
Les deux caractères fondamentaux de la psychologie américaniste, l’inculpabilité et l’indéfectibilité, sont parfaitement manifestés, aussi bien dans le chef d’Israël qui est quasiment incorporé comme une partie intégrante des USA pour la défense de ses intérêts, que pour les USA eux-mêmes. A aucun moment n’est mis en question la valeur morale et politique de la prétention israélienne au monopole nucléaire dans la région («...it would also ease Israel’s understandable fear of losing its nuclear monopoly »). A aucun moment n’est discuté le fondement de l’intervention américaniste, sinon pour la trouver complètement justifiée au nom d’une morale supérieure («...is to help the people of Syria overthrow the regime of Bashar Assad... », «In short, the White House can ease the tension that has developed with Israel over Iran by doing the right thing in Syria », « ...of saving thousands of civilians from murder at the hands of the Assad regime... »)
Cette intervention ne peut être que victorieuse, et d’autant plus victorieuse qu’elle sera appréciée comme une chose bonne, magnanime, généreuse et libératrice par les peuples concernés. Elle consacre la vertu fondamentale de l’américanisme : la force et l’usage de la force au nom du Droit et de la Morale : « The resulting regime in Syria will see the United States as a friend, not an enemy. Washington would gain substantial recognition as fighting for the people in the Arab world, not the corrupt regimes » [...] « With the veil of fear lifted from the Syrian people, they seem determine to fight for their freedom. America can and should help them — and by doing so help Israel and help reduce the risk of a wider war. »
Nous ne croyons pas une seconde que ces passages soient de pure forme et de pure conformité. Au contraire, ils constituent l’essence même de la politique américaniste, telle qu’elle est présentée par celle qui la conçoit et telle qu’elle doit être perçue par ceux qui la mettent en œuvre. Il s’ensuit nécessairement que ce que nous nommons “narrative”, qui est le nécessaire anéantissement de la réalité au profit d’une fabulation construite avec la puissance de la communication dans le sens évoqué ici, est perçue comme la réalité elle-même, quand elle est, en plus, une Vérité Morale et la Vérité du Droit.
Cela signifie que cette Clinton, sans aucun doute la plus corrompue et la plus menteuse de tous les hommes et femmes politiques de pouvoir à Washington, n’est en rien une menteuse selon son point de vue, qu’elle est complètement sincère et qu’elle ne ment jamais à proprement parler. Simplement, elle est certainement hystérique et éventuellement schizophrénique, et produit sa perception de la réalité à partir du matériel qui lui est fourni, comme s’il s’agissait de la Vérité pure et simple. Sa psychologie profondément affaiblie est ouverte à toutes les influences, évidemment prioritairement les plus déstructurantes et les plus dissolvantes, et elle n’est donc mauvaise que par proximité du Mal et nullement par essence. (Voir Plotin : «...Mais les autres, ceux qui participeraient de lui [du Mal] et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi. »)
Il s’ensuit encore, dans le même ordre de la situation générale où elle évolue, que Clinton est totalement sous-informée ou mésinformée, sinon inculte dans le sens de l’impuissance à cultiver son expérience et sa connaissance. Affirmer comme elle le fait, à peu près un an après l’affaire, et sans doute à quelques mois de l’assassinat de l’ambassadeur US à Benghazi, que la crise libyenne n’a pas de conséquences à long terme pour la région relève d’une totale culture de l’incompétence comme avers de son impuissance à cultiver expérience et connaissance. (« But other than the laudable purpose of saving Libyan civilians from likely attacks by Qaddafi’s regime, the Libyan operation had no long-lasting consequences for the region. ») Lorsqu’elle ajoute : « Syria is harder », on a l’impression qu’elle pourrait aussi bien dire, d'une façon plus simple et plus compréhensible : “la connerie sera plus dure à faire en Syrie...”
Il nous est bien difficile de croire qu’il y a du machiavélisme dans tout cela, comme on en prête souvent de bonnes doses aux actions de la politique américaniste, car ce serait tout de même faire injure à l’intelligence de Niccolo di Bernardo. Il s’agit d’un travail de somnambule, où les opérations illégales et extrêmement complexes, maniant les cultures et les mentalités de peuples dont on ne connaît ni les cultures ni les mentalités, ne donnent comme effet qu’une déstructuration et une dissolution aveugles, dont on peut alors conjecturer puisqu’elles sont accomplies qu’elles répondent au dessein d’évènements supérieurs dont les dirigeants-Système eux-mêmes s’avèrent les premières victimes après en avoir été les exécutants inconscients et dociles.
Le sommet de l’inculture satisfaite est atteint avec l’évaluation de la position russe, pleine de mépris et d’une complète mésinformation pour la Russie, en prenant comme référence opérationnelle et politique de l’attitude russe en Syrie, en 2012, le Kosovo de 1999 ! (Hillary ne s’est jamais vraiment relevée de l’ivresse d’avoir, par l’intermédiaire du très-impressionnable Bill qu’elle a influencée tout du long du conflit, pratiquement dirigé la première guerre d’agression postmoderne du bloc-BAO.) Comme si, entretemps, rien ne s’était passé, y compris l’invasion de la moitié de la Géorgie par la Russie en août 2008, sans que les USA ne lèvent le petit doigt ni ne fassent passer un seul de leurs destroyers de la Méditerranée vers la Mer Noire...
« The second step is to develop international support for a coalition air operation. Russia will never support such a mission, so there is no point operating through the UN Security Council. Some argue that U.S. involvement risks a wider war with Russia. But the Kosovo example shows otherwise. In that case, Russia had genuine ethnic and political ties to the Serbs, which don't exist between Russia and Syria, and even then Russia did little more than complain. Russian officials have already acknowledged they won't stand in the way if intervention comes... »
Il faut dire qu’en 2012, c’est à peu près ce que les militaires du bloc-BAO et leurs armées d’experts pensaient de la “puissance” russe. C’est évidemment avec cette évaluation à l’esprit que toute la “stratégie hollywoodienne” des USA en Syrie a été déployée. Récemment, les militaires US ont commencé à envisager qu’il s’est passé quelque chose du côté de la puissance militaire russe.
Les derniers exercices de l’OTAN, vers les pays de l’OTAN frontaliers de l’URSS, notamment les pays baltes qui ne cessent de menacer Moscou en dénonçant les menaces russes contre eux, ont mis en évidence l’extraordinaire impuissance de l’OTAN vis-à-vis de la possibilité d’une action russe. Non seulement il faudrait au moins trois semaines pour que les premiers renforts sérieux puissent être mis en place dans les pays de première ligne, mais en plus les militaires de l’OTAN reconnaissent que les Russes ont créé d’immenses zones dite A2/AD (Anti-Access/Area Denial), c’est-à-dire des “bulles” de contrôle électronique et de communication qui interdisent quasiment à l’adversaire l’accès d’un espace aérien, sinon d’un théâtre d’opération complet. De telles zones, maîtrisées par les Russes et aveuglant complètement les moyens d’intervention de l’OTAN, existent en Pologne et dans la Mer Baltique en cas de conflit. Instruits des résultats des manœuvres, les dirigeants des pays baltes ont commencé à mesurer le confort qu’il y a à s’appuyer sur le soutien de l’OTAN pour mieux défier la Russie.
Encore Hillary-2012 est-elle bien loin d’Hillary-2016, dans le domaine de l’A2/AD devenue pour son cas A2/RD (Anti-Access/-Reality Denial). Nous voulons dire par là que la trajectoire de la candidate à la présidence n’a cessé de s’éloigner des vérités-de-situation, dont elle déjà si lointaine en 2012. Dans le dernier CrossTalk de Peter Lavelle, sur RT, Daniel McAdams, de l’Institut Ron Paul, a qualifié l’attitude de Clinton concernant Israël et l’Iran, dans la perspective de sa possible élection : « Clinton is stridently pro-Israël and she could attack Iran. » (McAdams qui, comme Ron Paul et contrairement à d’autres libertariens comme Justin Raimondo, n’aime guère Donald Trump, juge qu’avec Clinton, « il y a 97% de [malchance] pour qu’il y ait une guerre, contre 75% avec Donald Trump ».)
Il y a peu d’illustration aussi exceptionnelle de l’effroyable chute que subissent les esprits des dirigeants-Système dans cette phase catastrophique, que celui d’Hillary Clinton. Le document qu’on a pu lire mesure effectivement l’emportement de folie furieuse que serait sa politique, en imaginant ce qui se serait passé s’il n’y avait pas eu une autorité au-dessus d’elle, fameuse pour son indécision et son refus de prendre des risques. Clinton représente sans doute une sorte de terminal de la dégradation du caractère, et cette vision ne cesse de se préciser à mesure qu’on se rapproche de l’élection qu’elle pourrait emporter. Si l’on veut une image symbolique de cette situation, on dira qu’avec elle son caractère A2/RD se trouve confronté à la procédure A2/AD symbolique de l’avancement des capacités militaires des Russes qui fait si peur aux chefs militaires US dans les possibilités de conflits qu’on évoque aujourd’hui, – A2/RD ou déni de réalité, contre A2/AD ou déni de puissance...
Hors de toutes les supputations de conjecture à propos de la candidature Trump et tout ce qui l’accompagne, il est très difficile d’envisager, dans les circonstances présentes, une présidence d’Hillary Clinton qui ne serait pas promise, non à se terminer en catastrophe mais à commencer en catastrophe ; si ce n’est l’emailgate qui se constituerait en Watergate postmoderne, ce serait une aventure militaire qui constituerait une telle folie qu’elle verrait se lever contre elle une insurrection des chefs militaires, – et ainsi, à chacun son insurrection. On ne peut qu’abonder dans le sens d’Eric Margoulis lorsqu’il dit à propos de Trump, le 18 mars sur LewRockwell.com, ceci qui vaudrait aussi bien pour Trump-Clinton : « C’est le pire des candidats, – à part que les autres sont pires que lui... »
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