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239119 janvier 2016 – Dans le Forum du texte Notes sur le silence du Système, du 15 janvier 2016, on trouve une intervention d’un de nos lecteurs, “josé ”, qui nous interroge à propos du “Système”, dans les termes suivants : « Il y a quelque chose que je ne comprends pas, quand vous parlez du Système.
» Je comprend que le silence des médias reflète bien leur irritation et le manque de “contes de fées” pour expliquer la réalité. Si je comprends bien, vous les comptez au nombre des zombies, tout comme les hommes (et femmes) politiques.
» Alors quand vous dite que le Système se pose des question quand à ses zombies, de qui parlez-vous en disant “il” si ce n'est d'abord les médias et les politiques (auxquels ont pourrait ajouter le CMI, le système financier...) ? En d'autres termes, n'est-ce pas les protagonistes principaux du système qui le font vivre, alors comment pourraient-ils en avoir marre d’eux-mêmes ? »
Nous pourrions purement et simplement renvoyer notre lecteur à nombre de textes présents sur ce site, qui abordent largement le problème que ses questions soulèvent en proposant constamment une réponse qui ne peut être qu’hypothétique par sa nature mais que nous tenons pour essentielle et impérative pour notre démarche générale. Comme on le comprend au travers de ces textes et, en général, de nos commentaires, cette question, ce problème, etc., – comme on voudra nommer cela lorsque nous parlons du “Système”, – substantifient la poutre-maîtresse de notre démarche intellectuelle au sens le plus large du qualificatif (c’est-à-dire nécessairement avec sa dimension spirituelle fondamentale).
Nous préférons reprendre sous une forme spécifique et selon un rangement spécifique, certains de ces textes ou extraits de texte, et en faire une présentation circonstanciée qui pourrait, au fil de la plume lorsqu’elle influence la pensée, montrer une évolution ou l’autre de notre “explication”. Lorsque nous employons ce terme comme nous le faisons dans notre chapeau-abstract (« parce que l’“explication” [terme très incertain et inapproprié mais il n’y en a pas d’autre] est en constant développement et ne peut jamais être considérée comme achevée dans le cadre intellectuel et spirituel où nous évoluons... »), il est évident que son aspect “très incertain et inapproprié” rend compte de l’extrême difficulté de présenter et d’exposer notre démarche. Si nous insistons pourtant, sans cesse et sans cesse, et notamment à l’occasion de l’interrogation de l’un ou l’autre que nous remercions pour cela (pour l’occasion), c’est non seulement parce que cette démarche est au cœur de notre posture générale et de nos conceptions, mais aussi parce que nous pensons qu’elle est l’expression du fondement même de la situation de notre civilisation, de sa transmutation en contre-civilisation, de la crise de l’effondrement qui la frappe.
Notre thèse a donc déjà été souvent dite : “le Système” est l’entité qui opérationnalise le courant de déstructuration-dissolution-entropisation (“dd&e”) né du déchaînement de la Matière. Il est par conséquent l’outil unique activant les forces à la fois malignes et de l’inversion selon le processus “dd&e” caractérisant l’époque que nous vivons. Nous écartons toute interprétation strictement mécanique, matérialiste, etc., de ce phénomène, et avons choisi l’approche métaphysique que nous interprétons au niveau historique par l’irruption de la métahistoire dans le cours de l’histoire (devenue histoire-Système à force de déformation et d’inversion, et réclamant pour devenir à nouveau compréhensible une intervention métahistorique). Cette irruption de la métahistoire explique notamment notre incapacité de donner avec la raison-subvertie dont nous disposons en général un sens rationnel équilibré et harmonieux aux évènements qui ont cours aujourd’hui, qui se présentent au contraire comme un immense désordre qui nous semble privé du moindre sens. Bien entendu, nous écartons comme complètement accessoires les diverses thèses et hypothèses de type “complotiste”, dans quelque sens que ce soit ; c’est-à-dire que nous ne nions pas leur existence, ni ne la confirmons d’ailleurs, mais nous les situons de toutes les façons dans une capacité marginale qui n’a aucune influence sur le fondement des choses, d'autant qu'elles sont le plus souvent “les conséquences des choses”.
Tout cela implique que nous sommes conduits à reconnaître au Système une existence autonome sous une forme ou l’autre, se rapprochant de cette catégorie où l’on place par exemple les égrégores. Cette démarche n’est possible que si nous adoptons rationnellement une conception du monde qui dépasse la raison et accepte l’existence, ou dans tous les cas la présence de forces et de formes extrahumaines et surhumaines que certains esprits peuvent percevoir sinon reconnaître. Depuis que nous avons adopté cette posture, d’ailleurs plus selon une approche rationnelle que selon une forme de révélation, nous n’avons rient trouvé dans l’étude attentive des évènements quelque chose qui la contredise et la ridiculise ; au contraire, nous n’avons cessé d’identifier des évènements qui contredisent et ridiculisent la thèse de la maîtrise complète des choses, et donc du Système lui-même par conséquent, par l’espèce humaine, fût-ce sous la forme de telle ou telle conspiration, tel ou tel rassemblement “secret”, etc.
Lorsque nous faisons un texte comme celui qui est l’occasion de ce développement, lorsque nous parlons du “silence du Système” et laissons entendre qu’il y a une insatisfaction du Système par rapport à ses créatures (les sapiens-zombie), à cause de leur faiblesse, de leur médiocrité, de l’accumulation de leurs bévues et de leurs échecs, nous nous situons à peine dans la parabole. Nous pouvons parfaitement imaginer, si le Système est effectivement un égrégore disposant d’une autonomie de jugement, que tout se passe comme s’il pouvait et comme s’il devait évidemment se montrer immensément insatisfait de ceux qui, par aveuglement, couardise, stupidité, inconscience ou semi-conscience invertie (zombie), etc., prétendent ou font comme s’ils prétendaient le servir ; et comme s’il (le Système) le faisait savoir par ce que nous interprétons comme son silence, voire son inaction qui seraient de laisser aller les choses dans un sens favorable aux candidatures Trump et Sanders respectivement, causant une immense panique chez les sapiens-zombie...
Ce que nous constatons également ces dernières années, c’est le développement, essentiellement dans le camp antiSystème bien entendu, et essentiellement sous l’impulsion du développement de la politique russe, d’une tendance générale privilégiant le facteur général de “la spiritualité” qui va dans le sens que nous-mêmes suivons. Les Russes, surtout, sont fort disert dans ce domaine, y compris dans le chef de leur président qui ne se prive pas d’aborder ce sujet... Il est alors essentiel dans ce cas général qui est le plus intéressant de séparer complètement ce concept de “spiritualité” de la question générale des religions, même si bien entendu l’un et l’autre se rencontrent souvent. Cette séparation est pour nous essentielle parce qu’elle permet au concept de “spiritualité” d’échapper aux affrontements terrestres où il est fait largement usage des arguments des religions, et ces derniers temps d’une façon de plus en plus basse puisque servant à instrumentaliser dans tous les sens la stratégie du désordre terroriste avec les moyens avoués de déstructuration et de dissolution. Pour nous, le concept de “spiritualité” concerne une forme de la pensée, une façon de penser, de comprendre et d’interpréter les événements terrestres, et nullement un moyen, une idéologie, un moteur de ces évènements terrestres.
Ci-après, nous remettons en ligne le texte du Glossaire.dde (rubrique où l’on trouve rassemblées un grand nombre de définitions des concepts que nous utilisons) concluant l’article consacré au “Système”. Cette conclusion (“Comprendre le Système”) développe les indications que nous avons données ci-dessus concernant le Système lui-même.
« Nous terminons par un point de méthodologie qui aurait aussi bien pu figurer en forme d’avertissement, qui est une répétition de nombreuses affirmations déjà faites dans ce sens, dont nous sentons qu’il faut que nous le répétions avec constance, qui est le problème de la forme du destin du Système. Nos lecteurs, s’ils veulent nous lire, doivent accepter nos conceptions formelles et conceptuelles très précisément et comprendre les conclusions que nous en tirons pour nos analyses. (Ensuite, la chose lue, ils sont tout à fait libre de conclure pour leur compte : “cet homme est fou/malade/faussaire/et ainsi de suite”.)
» En effet, nous constatons très souvent, dans les remarques amicalement critiques qui nous sont faites, et dans les arguments qui nous sont opposés, la très grande difficulté sinon l’absence complète de la prise en compte de notre argument fondamental, sinon exclusif : la mort du Système est dans le Système et nulle part ailleurs ; et sa mort passe par sa (sur)puissance (c’est le fameux binôme, ou la fameuse équation c’est selon, surpuissance-autodestruction). Il est inutile de nous opposer des défaites conjoncturelles de forces qualifiées (à tort ou à raison) antiSystème, ou bien encore l’atonie du public, l’absence de réaction, d’organisation de tel fait antiSystème, les fausses “révolutions” avortées, etc. Là n’est ni l’enjeu ni le sort de la bataille, qui ne s’expriment en aucun cas par des notions de “victoires” ou de “défaites” ; ces “victoires” ou “défaites” se feraient nécessairement, dans les cas envisagés, dans le cadre du Système puisque le Système est partout, et donc nécessairement contrôlées ou récupérées par le Système à son avantage.
» Il se trouve comme un élément fondamental pour nous que, dans notre système de pensée, nous croyons, pour notre compte, par intuition sans nul doute mais aussi par confirmation rationnelle selon une réflexion suivie et argumentée, voire éventuellement par expérience selon notre point de vue, à l’existence de forces supérieures échappant à la maîtrise humaine. Par ailleurs, tout dans notre perception, notre réflexion, notre expérience, et bien sûr notre intuition, nous conduit à avancer très fermement le jugement qu’aujourd’hui, le sapiens, guidé en cela par son hybris producteur notamment de narrative faussaires sans nombre, n’a jamais, – nous disons bien jamais, – été aussi peu maître de son destin, et du destin de la part du monde qui lui est attribuée, par rapport à l’Histoire que nous connaissons, et même, et surtout, dirions-nous, par rapport à l’histoire de ce qu’on nomme les Temps Anciens (l’antiquité). Ce n’est pas une question de conquête ni de puissance technologique, etc., mais une question de mesure de l’esprit, qui est le clef de la perception structurée du monde. Sapiens a perdu tout sens de la mesure du monde au profit de cette hybris diabolique, par conséquent tout ce qu’il croit maîtriser est pure illusion.
» ... Par conséquent, ces “forces supérieures” absolument hors de la maîtrise humaine dont nous parlons sont effectivement plus actives et influentes que jamais, comme cela est le cas lors des “époques” de rupture fondamentale et métahistoriques ; elles le sont sans qu’il soit nécessaire à ce point que nous les identifions et les habillions d’acronymes type-Pentagone et traduisions leurs pensées et objectifs grâce au brio des trillions de trillions de tristes mégabits de la NSA. Cette conviction s’appuie, chez nous, sur ce que nous considérons être un arsenal intuitif et rationnel. Ainsi sont nos règles du jeu, et elles doivent être respectées pour appréhender complètement nos textes, – encore une fois jusqu’à ce qu’un verdict d’internement psychiatrique soit prononcée contre nous. Mais, jusque là, lisez ce que nous écrivons exactement. Le destin du Système est en lui-même ; la seule dynamique qui importe pour le résultat final est ce subtil déplacement si bien aidé par le phénomène antiSystème, en train de se faire inégalement selon les domaines mais toujours selon la même tendance, cette dynamique transversale faisant donc évoluer, et quasiment transmutant cette dynamique fondamentale de la surpuissance en cette autre dynamique fondamentale de l’autodestruction.
» Là-dessus, nous ne prétendons pas avoir raison, comme s’il s’agissait d’un débat du Café du Commerce, entre qui a tort et qui a raison. Pour nous, il y a une conviction (certains diraient “une foi”) basée sur l’intuition et la raison, qui nous dit que cela est, et cette conviction ou cette foi est le limon essentiel de notre travail. Nous affirmons que ce “limon” n’entrave en rien ni n’influence en rien, dans leur mécanique paradoxalement libérée certes, ni notre jugement de raison, ni notre esprit critique qui sont alors les outils de l’intelligence.
» Que nos lecteurs soient peinés par telle nouvelle du monde, découragés par telle autre, conduits à des conclusions de défaite irrémédiable par telle autre encore, n’a aucune importance pour notre propos, – même si nous compatissons à leur sentiment d’abattement. Nous-mêmes subissons les mêmes assauts de cette sorte de faiblesse, qu’il nous faut à chaque fois écarter. Le doute nous habite chaque jour, mais, finalement, nullement à propos de l’objet central de notre pensée mais à propos de notre capacité à être digne et à hauteur de cet objet dans nos analyses, – et c’est un exercice bien plus épuisant que le “j’ai raison” ou le “il a tort”. Cette idée fondamentale est la clef de notre liberté...
» La complexité de l’exercice que nous proposons est de confronter immédiatement, en “temps réel” comme ils disent, c’est-à-dire en temps courant et banal, cette conception fondamentale qui ne peut être que métaphysique avec le cours de ce même temps courant/banal, en tentant d’identifier les événements souvent vulgaires et très bas selon cette référence incontestablement d’une très grande hauteur ; rechercher les signes épars de cette hauteur dans la bassesse générale... (De là l’importance de l’emploi que nous faisons du terme “opérationnaliser” : il s’agit d’activer, de faire agir une perception métaphysique dans les événements courants, à propos de ces événements courants.)
» Cette méthodologie est notre choix et elle est essentielle, et la lecture qu’on fait de nos textes ne peut en faire l’économie une seconde, pour une seule phrase. C’est ainsi et ce ne peut être autrement. Encore une fois, au bout du compte, vous pouvez toujours passer à autre chose en conseillant à l’auteur de ces lignes “va jouer avec ta poussière...”. A chacun sa liberté intellectuelle, ce qui est la vraie valeur de la liberté de l’esprit ; un fardeau bien plus qu’une licence, parce que la liberté ne se définit dans toute sa puissance qu’à travers un certain nombre de contraintes qu’elle est dans l’obligation de respecter. »
Nous proposons maintenant un deuxième extrait d’un texte publié le 27 septembre 2012, lui-même avec un extrait du deuxième tome (non encore publié) de La Grâce de l’Histoire plaidant pour une forme de pensée qui, notamment, permettrait d’envisager le Système comme nous le concevons. (En fait, l’argument de cette méthodologie ne concerne pas le Système lui-même, bien sûr, mais la forme de pensée qui permet de comprendre, entre autres multiples choses, le Système comme nous le percevons.) Cela pourrait être considéré comme un complément méthodologique de ce qui précède, c’est-à-dire pour notre compte une méthode qui permet une “libération” de l’esprit permettant de mieux appréhender les phénomènes extraordinaires qui secouent notre époque, et donc de mieux comprendre notre époque, sa Grande Crise, le Système et ainsi de suite.
Cette première partie du texte référencé est écrit à propos d’une de ces innombrables querelles que nous expérimentons ces dernières années, dans la confusion la plus complète, entre les domaines religieux et laïc, les domaines de l’athéisme et de la spiritualité, les domaines de l’opérationnalisation et de la manipulation du terrorisme, etc. Ce texte suivait les évènements de septembre 2012, avec la diffusion du film Innocence of Muslims sur les réseaux, les manifestations dans les pays musulmas qui avaient suivi, l’attaque terroriste du 11 septembre (2012) à Benghazi qui avait coûté la vie à l’ambassadeur US en Libye, l’affaire des caricatures du Prophète venues du Danemark, relayées par Charlie-Hebdo, après l’affaire des Pussy Riots, etc. Nous laissons quelques paragraphes de la première partie du texte (sous le titre “De la pensée-blasphème à la pensée de la spiritualité”) argumentant du besoin d’une méthodologie de la pensée pour bien envisager et tenter de comprendre les forces et les enjeux en présence ... Puis, nous enchaînons sur un extrait de La Grâce de l’Histoire développant l’argumentation pour cette méthodologie d’une pensée que nous estimerions “libérée” à cet égard. (Il faut signaler que cet extrait fait partie de la dernière version revue-corrigée du “manuscrit”, à jour au 20 décembre dernier, et diffère donc sensiblement de l’extrait qui a été publié en 2012.)
« ...Nous sommes incapables de “comprendre” les musulmans parce que nous raisonnons avec un esprit séculariste certes, mais beaucoup plus encore un esprit qui rejette absolument la question de la spiritualité ; c’est-à-dire une question qui n’est nullement, ni la question de la religion, ni la question de la tolérance, qui sont des sous-questions faisant partie de la bataille interne au Système. Pour comprendre les musulmans, – mais aussi la spiritualité russe, mais aussi nous-mêmes finalement, et surtout nous-mêmes, avec le fondement de notre propre crise qui est la crise du sens, – il faut raisonner en intégrant le facteur de la spiritualité dans le raisonnement, c’est-à-dire en acceptant ce facteur comme une vérité de l’intelligence. C’est bien cela que nous ne pouvons nous autoriser à faire parce qu’alors, nous n’abordons plus seulement la question de la spiritualité musulmane ou celle de la spiritualité russe, mais surtout et d’abord la question de notre absence de spiritualité, donc de notre civilisation en crise d’effondrement par son absence de sens, – et nous nous mettons en cause nous-mêmes, citoyens “indignés” et parfois antiSystème, braves sapiens-standards lecteurs de la presse-Système, dirigeants zélés du bloc BAO. Cette mise en cause-là, la dernière de la liste, le Système ne peut l’accepter et c’est bien pour cela qu’il veut tuer la spiritualité chez les autres, – pour que nous ne nous posions pas, nous, la question de la spiritualité.
» En un sens, cela n’a rien à voir avec l’existence de Dieu ou non, qui est une question de spéculation philosophique complètement théorique, n’impliquant nullement la nécessité de la prise en compte de la dimension de la spiritualité dans la pensée, donc dans la raison. Certes, cela a tout à voir, au contraire, avec la question de l’intégration de la dimension de la spiritualité dans la réflexion, dans l’organisation et le fonctionnement de la raison. (…Laquelle intégration peut effectivement conduire, par des voies détournées mais évidentes, – ou bien dira-t-on “impénétrables”, pour faire bref et significatif, – à la possibilité d’une conviction rationnelle de l’existence d’un cadre principiel originel, dit également “existence de Dieu”, qui remet sapiens et ses prétentions à leur place véridique.)
» C’est cela, cette question de l’intégration de la dimension de la spiritualité dans notre intelligence et dans notre raison, qui “nous” affole… Lorsque le Premier ministre français courant [Jean-Marc Ayraud] nous dit, à propos des grandes affaires en cours (Charlie Hebdo, les caricatures du Prophète, la liberté de parole à ce propos et toute cette sorte de choses hautes), «Nous ne voulons pas vivre sous la contrainte de la spiritualité», cet homme aux yeux vides et au regard extraordinairement ennuyeux, ces yeux et ce regard résumant 200 ans de dictature absolue de l’esprit bourgeois comme le comprenaient bien Balzac, Baudelaire et Flaubert, – cet homme-là nous dit en vérité, et d’ailleurs sans penser à mal mais simplement trop faible pour repousser l’empire du Mal : “Nous voulons vivre sous la contrainte de la médiocrité absolue” (ou “de la modernité absolue”)... Effectivement, il ne peut dire “…sous la contrainte du Mal”, parce qu’il n’ose concevoir une chose si considérable, qui suppose pour être conçue, a contrario, une dimension spirituelle intégrée par l’intelligence et sa raison. Et il nous montre, d’un geste ample, l’extraordinaire paysage de la catastrophe que son empire (celui du Premier ministre de rencontre ou celui du Mal), enfin libéré des contraintes de la spiritualité, nous a légués ; et il aimerait bien que la foule crie “on-a-ga-gné ! On-a-ga-gné !”, et que le cas soit enfin tranché ; que la “réflexion” s’arrête là, enfin. L’on sent bien qu’à aller plus loin, la glace devient horriblement mince.
» ...Tout cela dit et écrit pour, entre autres choses, introduire un extrait du livre insaisissable et omniprésent qui devient le “carnet de bord” de ce site, – La Grâce de l’Histoire. Il s’agit d’un passage [de la Deuxième Partie du Tome II], qui est une appréciation critique du christianisme, jusqu’au XVIIème siècle, en ouverture du XVIIIème siècle, sous le titre de “la passerelle de l’eschatologisme”. Au début de cette partie, nous réclamons le droit de penser le destin terrestre du Christianisme que nous soumettons à notre critique aiguë, non pas en restreignant notre raison aux seuls éléments acceptés par notre époque laïque et athée, mais en intégrant dans le cadre de notre pensée critique la dimension spirituelle de l’existence du cadre divin dont le Christianisme prétend dépendre absolument, avec bien des arguments. Dans le passage ci-dessous, nous plaidons d’une façon générale pour cette forme de pensée, et nous pensons qu’elle permettrait, dans les temps présents, de bien mieux comprendre les tensions et les affrontements, prétendument autour de la religion, en vérité autour de la question de la spiritualité. [...] »
« ...Aussitôt, il nous faut compléter ce qui précède par un autre développement que nous jugeons essentiel, qui fonde un point d’une extrême importance de notre méthodologie, – là où la méthodologie, lorsqu’elle est développée dans son fondement, devient métaphysique pure... (Mais nous nous en tenons pour l’instant à la nécessité de la définition de la méthodologie.) On a déjà évoqué sans nous y attarder le sujet de ce développement, dans la Partie précédente, lorsqu’il fut question d’Agrippa ; on rappelle ce passage qui met la question impliquée dans ses vraies dimensions, – cela, après avoir évoqué certains tourments d’Agrippa sur la fin de sa vie, lui-même après avoir suivi diverses autres voies pour l’esprit…
» “ … Mais nous sommes [nous, gens du XXIème siècle], comme nous l’avons déjà noté, dans une terrible situation par rapport à celle du XVIème siècle (Agrippa), même si l’une et l’autre ont tant de similitudes. La différence est de l’ordre de l’essence même de l’esprit, d’une telle évidence qu’elle est rarement notée. Nous sommes dans cette situation où nous ne pouvons même pas renouveler dans un débat avec nous-mêmes “les doutes et les incertitudes” qu’Agrippa agite pour lui-même, pour représenter le malaise de son temps. Son biographe Nauert observe, à son propos, à propos de la fin de son odyssée intellectuelle et tragique : ‘Plus de vingt ans plus tard, en écrivant une dédicace pour le Livre Trois de ‘De occulta philosophia’, Agrippa réaffirma que l’esprit ne saurait accomplir son ascension vers Dieu, l’ultime vérité, s’il se fie à des choses uniquement terrestres plutôt qu’aux choses divines.’
» “Cela, cette décision ultime de l’ascension vers l’‘ultime vérité’, ne nous est plus permis ni possible, dans le débat intellectuel et spirituel entre esprits indépendants des chapelles, en ce début de XXIème siècle. Pour accéder à l’‘ultime vérité’, dit Agrippa, il faut s’appuyer sur des ‘choses divines’ parce que les ‘choses terrestres’ n’y suffisent pas ; comment pourrions-nous faire, si nous voulions suivre cette exhortation quant à nous, dans un univers où il a été décrété que les ‘choses divines’ n’existent pas, leurs références et leurs symboles classés sans crédit ni considération, objets de plaisanteries méprisantes, relégués au sombre magasin des accessoires de la superstition. ”
» Dans notre ouvrage, et de plus en plus précisément à mesure que nous progressons, et très précisément bien sûr avec ce travail sur le Christianisme, nous tentons ceci dans la substance et la forme même de l’esprit : accepter, et même réclamer pour nourrir la puissance de ce travail la conception générale même, la conception cosmique qui baignerait toute une pensée (toute notre pensée dans ce cas) de l’élément divin comme une évidence de la vérité du monde. Il s’agit de penser, ici et aujourd’hui, comme lorsqu’on pensait effectivement de cette façon dans un cadre non contraint et complètement naturel, comme une chose allant de soi, sans étiquette agréée ni autorisation nécessaire, notamment des autorités chargées de notre liberté de pensée, ni d’ailleurs des autorités religieuses. (Pour suivre la référence et aller jusqu’à son terme, sans restriction parce qu’on ne restreint ni n’encadre cette sorte de démarche : il s’agit de penser le XXIème siècle et au XXIème siècle, avec l’esprit complet d’un Agrippa du XVIème siècle, ou d’un Plotin, ou d’un Platon, certes, avec les “choses divines” baignant cet esprit sans l’accabler par l’affirmation continuelle qu’il est libre de le faire comme s’il s’agissait d’une grâce.)
» Dans le cas qui nous occupe présentement, il s’agit de penser le Christianisme comme si la divine origine de ce phénomène constituait une vérité acquise et admise sans énervement de l’esprit, pour notre façon de penser, pour mieux embrasser ce qu’il nous importe de décrire. Si cette latitude ne nous est pas impérativement accordée, à quoi sert de juger ? Comment juger avec la légèreté céleste qui convient, avec aux pieds les boulets que nous nous sommes attachés ? Comment prendre son envol ? A cause d’une telle restriction, l’esprit de la chose, le langage même, interdisent un jugement équitable en rendant par avance le verdict. Il nous semble, enfin, que nous n’avons, somme toute, aucune raison de moins présenter cela comme une évidence, que le contraire ; en d’autres termes, il nous paraît moins évident et impératif de faire ce qu’on nomme audacieusement quoique dans une langue courante et suspecte d’approximation “la preuve de l’existence de Dieu”, que de faire la preuve de la non-existence de Dieu. (Mais cette affaires de “preuves”, comme devant un tribunal, me lasserait aussi vite, je l’avoue... Passons outre, comme dirait Jeanne.) [...]
» Sans nous dévoiler nous-mêmes en aucune façon, dans un sens ou dans l’autre, de notre croyance ou de notre absence ou refus de croyance, pour aller d’un extrême à l’autre, nous voulons avancer ceci d’une façon complètement objective : sans être religieux (Chrétien) de quelque façon que ce soit, ni “pratiquant” d’une foi religieuse, ni ardent illuminé ou même raisonnable croyant de cette méthode de la foi, sans même rien de tout cela, nous voulons qu’on puisse penser, que tel sujet puisse penser, presqu’avec l’état de l’esprit d’un athée s’il le faut et pour nous faire bien entendre jusqu’aux plus sourds à cet égard, avec comme centralité du dispositif l’idée si puissante, si enrichissante, de l’existence de l’Unique, du Principe éternel, de l’Ineffable, – ou bien celle de “l’existence de Dieu”, si vous voulez, pour faire bref selon le langage convenu… Nous préférons cette voie royale de l’intelligence et de l’intuition haute à la fausse liberté et au soupçon policier impliqués par la surveillance vigilante de la sauvegarde de l’hypothèse de Sa non-existence. Nous croyons que l’esprit s’en porte bien mieux, qu’il hume haut, qu’il ne craint pas les cimes, qu’il n’a nul besoin de se contempler dans un miroir pour s’étalonner et mesurer sa propre gloire, et continuellement arguer de sa propre grandeur acquise sans l’aide de quiconque.
» Enfin, après toutes ces considérations de conviction, il nous apparaît qu’il y a dans tous les cas, dans la voie que nous proposons, la nature même ; nous voulons dire que la nature même de la pensée à l’origine, par le fait de son imperfection évidente, fait que l’esprit, pour chercher, s’élève et suppose l’existence d’une puissance supérieure ; choisir comme méthodologie de la pensée l’hypothèse de l’existence de cette puissance supérieure (de notre point de vue humain) est la nature même. Cela signifie que nous refusons de considérer le théisme et l’athéisme, – selon les termes employés dans cette sorte de débat, – comme des doctrines, des idéologies, etc., – des “choix”, des “engagements”, etc. Nous tenons ces deux attitudes intellectuelles d’abord, et exclusivement à moins de l’indication expresse qu’elles sont considérées et étudiées pour leurs contenus, comme des cadres de la pensée, des références essentielles et, pourrait-on dire, principielles, envisagée avec une sorte de neutralité. Dans ce cas, il va de soi que le cadre infini du théisme est un territoire infiniment fécond, la liberté même de l’esprit, avec l’absence de ces bornes et de ces contraintes que l’on trouve nécessairement dans le cadre de l’athéisme, qui vous obligent à une révérence sans fin devant l’imparfait humain, avec les contorsions sans fin pour se convaincre qu’un de ces jours, un de ces “lendemains qui chantent”, sa perfection jaillira enfin… Vous choisissez le cadre référentiel de votre réflexion, théiste avec l’idée d’un monde qui est création divine, d’une puissance supérieure et d’une Unité fondamentale, c’est-à-dire l’athéisme à l’inverse. Cela doit être considéré d’une façon très objective ; cela pourrait aller jusqu’à une sorte de sophisme d’apparence absurde mais qui devrait pouvoir être soutenu : s’affirmer non-croyant à l’intérieur d’un cadre de réflexion qu’on a choisi théiste. Si l’on se place de ce point de vue complètement objectif, hors de toute opinion, croyance ou non-croyance, le cadre théiste apparaît alors préférable pour sa plus grande richesse, indubitablement selon mon appréciation que je dépouille à cet instant de toute intuition pour n’en garder que la raison.
» L’usage de cette méthodologie apparaît évident dans ce passage où nous tentons de donner une approche nouvelle de l’histoire, du rôle, de la gloire et de la chute du Christianisme. Le phénomène terrestre et temporel nous importe essentiellement, mais il nous importe tout aussi essentiellement de l’envisager avec son incontestable accointance divine, sa dimension ineffable qui font aussi partie de son histoire. (Dire cela, c’est-à-dire s’imprégner, accepter cette accointance divine dans l’histoire, n’est pas abaisser la première mais grandir la seconde en métahistoire, bien évidemment.) Cette méthodologie implique sans nécessité de démonstration ni embarras de l’esprit, à aucun moment, que la divinité du monde habite tout notre propos comme tronc central et inspiration inégalable et infinie de notre pensée. (“Notre propos” et “notre pensée” : est-ce les nôtres, ceux de l’auteur, les miens quoi ? Ou bien, sont-ce ceux du débat en général dont nous faisons la promotion ? La question est ouverte, lecteur...) Bref, tout ce qui précède, c’est le principe même de notre méthodologie ; cela ne doit pas émouvoir plus qu’il ne faut, ni trop susciter d’emportement, éventuellement d’indignation ; cela est et cela suffit. Il n’est pas assuré que je sois pour autant un barbare sacrilège ni un esprit pêcheur par évidence de l’attentat contre le tabou principal que notre pensée libérée dresse sur la voie de la méditation ; je fais même la chose (le sacrilège, le péché) avec un naturel déconcertant, comme si je disais à ces beaux esprits : au fait, belles âmes vigilantes de la modernité, je vous défie, je vous dénie et vous oublie à la fois... »
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