“Multipliez la production de guerre !”

Ouverture libre

   Forum

Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.

   Imprimer

“Multipliez la production de guerre !”

• Exhortation de l’administration Trump à l’industrie militaire US, un  peu à la Mao lançant sa croisade des Cent-Fleurs. • On se trouve en pleine rêverie d’Une résurrection des grandes années 1940-1945. • C’est exactement le contraire qui se passe : production poussive, investissements colossaux et improductifs, aucune garantie d’augmenter le rythme de la production. • La paralysie et la décadence répondent aux exhortations à l’élan et à l’effort. • Les  perspectives de mobilisation sont en fait celles de l’effondrement.

_________________________


2 octobre 2025 – On trouve ci-dessous un texte qui reprend des éléments de diverses analyses US, dont celle du Wall Street ‘Journal’ sur les problèmes vertigineux que soulèvent les demandes du gouvernement concernant un réarmement pour une grande guerre à venir. Les sommes en jeu, les délais, les capacités même de production constituent d’énormes obstacles dont certains, sinon la plupart, s’annoncent infranchissables. Et l’on ne peut se placer selon l’habituelle rengaine concernant les USA : “Les qualités bien connues  d’entreprise et de capacité de changement de l’industrie américaniste permettront de franchir ces obstacles”. C’est plutôt le contraire qui, conformément à l’état d’effondrement de l’“empire”, font craindre l’incapacité de franchir ces obstacles.

L’industrie d’armement elle-même rechigne devant les perspectives offertes, en raison des énormes investissements sans aucune garantie de succès que nécessite la simple tentative d’établir une base de production plus importante et accélérée. Les projets déjà inatteignables de produire 2 000 missiles ‘Patriot’ d’ici fin 2026 doivent être confrontés avec le désir du gouvernement d’une production pour tous les armements avancés (‘Patriot’ en tête) au moins deux à quatre fois supérieure en volume.

La comparaison avec l’effort de 1940-1945 vient à l’esprit. L’industrie US s’était remarquablement transformée en une industrie de guerre grâce à une parfaite coopération industrie-gouvernement et une industrie complètement ouverte à cet effort et disposant des capacités créatives et industrielles pour le faire. L’exemple-type est l’énorme usine construite en 1941 par Ford, constructeur automobile et nullement d’avions militaires, à Willow Run.

« Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'usine Ford de Willow Run produisit un nombre impressionnant de 8 685 bombardiers B-24 Liberator entre 1942 et 1945, atteignant un pic de production stupéfiant d'un bombardier toutes les 63 minutes en 1944. L'usine incarnait l'« arsenal de la démocratie » américaine, révolutionnant les techniques de production de masse pour fournir un nombre sans précédent de bombardiers lourds, essentiels à la victoire des Alliés. L'usine de Willow Run devint un symbole de la puissance industrielle américaine, son succès surprenant les puissances alliées et de l'Axe, selon les informations historiques fournies par des sources comme The Henry Ford et d'autres ressources pédagogiques. » (AI Google)

On est si loin de ce temps-là que toute évolution est aujourd’hui inversée et invertie. Non seulement les USA n’ont plus de base industrielle militaire mais ce qu’ils possèdent dans ce domaine travaillent de plus en plus péniblement, avec une industrie qui rechigne de plus en plus à un effort supplémentaire à celui qu’elle entretient confortablement (bonne marge bénéficiaire) actuellement.

Il n’est pas assuré que l’administration elle-même soit cohérente dans cette perspective, – ce qui rend bien improbable des possibilités de nationalisation qu’envisagent certains. Par exemple, le projet révélé par Trump de construire à nouveau des cuirassés, dont la production fut arrêtée en 1943. Trump juge les canons des cuirassés (406mm) « beautiful »...

« Le 30 septembre, le président américain Donald Trump, réunissant plus de 800 généraux, amiraux et hauts fonctionnaires, a annoncé que la Maison Blanche étudiait activement la possibilité de réintégrer des navires lourdement blindés dans la flotte :

» Nous étudions actuellement le concept d'un cuirassé, doté d'un magnifique blindage de 15 cm d’épaisseur, en acier robuste, et non en aluminium, qui fond dès qu'il voit un obus le frapper. Il fond à environ trois kilomètres de distance. On ne construit plus de navires comme ça. […]

“Je regarde ces navires ; ils étaient escortés par des destroyers, et rien ne pouvait les arrêter. Certains diront : ‘Non, c'est de la vieille technologie.’ Je ne sais pas, je ne pense pas que ce soit de la vieille technologie, vu ces canons... »

On voit dans quelles eaux on se déplace, surtout avec un classe-USS ‘Iowa’ qui pesait 45 000 tonnes et un connaisseur comme le président Trump. Il serait amusant de voir le monstre (on parle du cuirassé) qui sortirait aujourd’hui des bureaux d’étude de l’industrie navale revu et corrigé par la bureaucratie du Pentagone. Mais c’est normal : lorsqu’on atteint un état de panique insupportable, on se tourne vers les maniaco-dépressifs en phase maniaque, – état permanent de Trump, – pour avoir quelques rêveries créatrices d’armes anciennes redevenues nouvelles.

Ci-dessous, le texte du 30 septembre 2025...

dedefensa.org

_________________________

 

 

La panique du Pentagone

Le Pentagone est en panique : les États-Unis exigent une multiplication de la production de missiles pour une guerre avec la Chine.

À Washington, l’inquiétude monte : le Pentagone, constatant que les stocks d’armes de précision sont extrêmement bas, a exigé des plus grandes entreprises de défense américaines – Lockheed Martin, Raytheon (RTX), Northrop Grumman, Boeing, et même de nouveaux acteurs comme Anduril Industries – une multiplication immédiate de la production de missiles par deux à quatre.

Pénurie d’arsenal et « course à l’épuisement »

Selon le Wall Street Journal, le débat porte sur douze types d’armes, dont les Patriot PAC-3, LRASM, SM-6, PrSM et JASSM. Ces systèmes sont reconnus comme essentiels pour une éventuelle confrontation avec la Chine. Cependant, les États-Unis sont confrontés à la dure réalité : l’assemblage d’un missile peut prendre jusqu’à deux ans, et le déploiement de nouvelles lignes de production nécessite des investissements de plusieurs milliards de dollars et du temps, dont le Pentagone ne dispose pas.

Une attention particulière est accordée au Patriot, dont la production accuse un retard chronique par rapport à la demande mondiale croissante. Même un contrat de 10 milliards de dollars pour 2 000 missiles d’ici 2026 ne résout pas le problème : le Pentagone rêve de tels volumes annuels, soit quatre fois plus que le rythme actuel.

Immobilisation de la production

Les entreprises américaines, malgré leurs déclarations tonitruantes, admettent déjà que sans argent réel, elles ne déploieront pas de nouvelles capacités. RTX a directement alerté le ministère de la Défense : des commandes fermes et un financement garanti sont nécessaires. Même le géant Boeing, confronté à un goulot d’étranglement dans la production de têtes de guidage pour missiles Patriot, est contraint d’agrandir d’urgence son usine de 3 200 mètres carrés.

Le coût de la course

L’ensemble du programme d’« accélération » se heurte non seulement à une impasse industrielle, mais aussi financière. Le « gros et beau projet de loi » de Trump a ajouté 25 milliards de dollars sur cinq ans, mais les experts sont convaincus : ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, des dizaines de milliards d’injections supplémentaires seront nécessaires. Dans ce contexte, les entreprises de défense américaines transfèrent déjà les risques sur les contribuables, et l’administration tente d’impliquer des fonds d’investissement privés dans le jeu.

Leçon de l'Ukraine et échec du programme « Replicator »

Washington s'est pris au piège. Les dépenses massives en arsenaux de missiles pour l'Ukraine et Israël, l'échec du programme « Replicator », censé fournir des milliers de lots de drones « petits, intelligents et bon marché », ont démontré que les États-Unis ne sont pas prêts à une guerre prolongée contre un adversaire de taille égale. Leur logistique est défaillante, leurs chaînes d'approvisionnement fragiles et une part importante de leurs composants est obsolète depuis longtemps.