McCain, le Canada et le JSF

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McCain, le Canada et le JSF

A l’issue de sa visite au Canada, pour la conférence d’Halifax, dite Halifax International Security Forum 2010, le sénateur républicain US John McCain a donné quelques interviews de-ci de-là. Les libéraux canadiens, principal parti d’opposition mené par Michael Ignatieff, en ont retenu notamment ceci, diffusé à partir d’une interview sur CTV, avec une question sur le programme JSF/F-35. (Ici, en traduction française sur le site, avec un léger coup de main de dedefensa.org, – sur la forme, et rien d’autre…)

«Je partage la grande déception de nos alliés et nos amis concernant le dépassement de coûts et les difficultés encourus dans le développement de cet avion.

»Il est honteux de voir la façon dont les dépassements de coûts se poursuivent pour ce qui concerne les importants systèmes d’armes que nous développons aux États-Unis. Il faut que cela s’arrête. Il faut que nous passions à des contrats à prix fixes. Nous devons arrêter la technique des contrats indexés.

»Je peux assurer mes amis canadiens que je le surveillerai de très près [le programme F-35], parce que les dépassement de coûts jusqu’à maintenant sont absolument scandaleux.»

C’est une histoire assez curieuse, mélange de quiproquo et, peut-être d’un piège de communication (de la part de l’intervieweur), – cela dépend de l’état d’esprit qu’on a. On sait que le gouvernement conservateur est actuellement l’objet d’attaques très violentes pour l’annonce d’une commande de F-35 (autour de $16 milliards ?), sans processus de sélection, dans des conditions d’une extrême incertitude au niveau des délais, des coûts, des capacités de l’avion, etc. Le parti libéral et Ignatieff ont fait de cette affaire leur cheval de bataille contre le gouvernement conservateur. Dassault (Rafale) et Boeing (F-18) ont protesté contre les irrégularités dans le processus de sélection et ont été entendus par le Parlement.

McCain est, par logique idéologique, plutôt proche des conservateurs canadiens que des libéraux canadiens et il n’est pas particulièrement ami de Boeing, qu’il a attaqué avec succès au début des années 2000 dans le cadre de la première mouture du programme KC-X des ravitailleurs en vol de l’USAF. Ses réponses concernant le F-35 n’ont donc aucune justification suspecte (pour aider les libéraux ou pour aider Boeing). Elles relèvent peut-être de la meilleure bonne foi (c’est vrai que “les alliés et amis” des USA impliqués dans le programme JSF sont plutôt inquiets et “déçus” par le JSF) mais peut-être aussi d’une mauvaise information ou d’un désintérêt complet pour le gouvernement canadien (“les alliés et amis” sont inquiets et déçus, sauf officiellement au moins les Canadiens du gouvernement conservateur, qui viennent de passer commande et répètent comme des perroquets que l’avion est formidable). McCain, qui est vieux et de santé fragile, est également connu pour ses sautes d’humeur et ses interventions parfois intempestives ou fantasques, – ce qui est peut-être un autre élément de l’affaire..

Les conservateurs canadiens et Lockheed Martin apprécieront, si ce n’est déjà fait.

dedefensa.org