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• Bombardement on prévoyait, bombardement on eut... • Ce qui en est résulté, bien malin qui peut le dire, y compris ce monstre de sophistication qu’est Washington, y compris ce monstre de complication incontrôlable qu’est Donald Trump. • Tandis que les divers mouvements de guerre, et des préparations prudentes de poursuivent, tandis qu’Israël continue à être bombardé et à manquer de missiles défensifs, tandis que l’“épicentre extérieur” se met en place, l’“épicentre intérieur”, l’épicentre tout court de la GrandeCrise agonise.
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C’est un fait indiscutable de la communication, qui est cette activité qui domine tout le reste aujourd’hui : l’Iran a remplacé l’Ukraine comme “épicentre extérieur” de la GrandeCrise. (Le rôle d’épicentre général et global en plus d’être “intérieur” est réservé, selon nous et chaque jour davantage, à la crise de l’américanisme que Trump entretient avec une maestria d’incendiaire pathologique.) Il y avait eu une première tentative de changement d’épicentre, – non pas “tentative” dans le jugement de fond mais dans l’appréciation de la communication, – avec la crise israélo-palestinienne commencée le 7 octobre 2023, mais l’Ukraine avec “repris le dessus”, les pauvres Palestiniens n’ayant pas les moyens dont dispose l’Iran de s’opposer aux gangsters israélo-américanistes.
Larry Johnson étant dans le cas actuel (comme dans beaucoup d’autres) un guide sûr qui nous permet de tenir nos idées en place, toujours selon notre point de vue, nous le suivrons encore aujourd’hui dans son commentaire très factuel, très net, qui montre combien l’ancien analyste de la CIA a conservé sa technique de travail. Ce commentaire commence par une mise en jambe où le “théâtre politico-médiatique” des fous de “D.C.-la-folle”, sous la direction éclaire d’un Trump proprement stupéfiant et hallucinant dans le maniement de la ‘Fantasy’ qui lui sert de jugement politique, est remis vertement à sa place :
« Ignorez le bruit et l'euphorie qui règnent à Washington après les frappes de Trump sur les sites nucléaires iraniens. L'administration Trump revendique une victoire éclatante, tandis que l'Iran et l'AIEA insistent sur le fait que les frappes américaines n'ont eu pour seul effet que de renforcer l'opposition iranienne à de nouvelles négociations avec Trump. Mission accomplie ! »
Ensuite, Johnson s’attarde à nous détailler toutes les possibilités de riposte de l’Iran autour de la question : l’Iran ripostera-t-il, – contre les USA spécifiquement, il faut bien le souligner , et contre des cibles générales comme la fermeture du détroit d’Ormouz ? Il partage un avis général chez les commentateurs indépendants et autres ‘Samizdat’, qui s’est très vite dégagé après 24-48 heures de réflexion : “Non”, et pour l’instant dans tous les cas, l’Iran devrait absolument éviter toute attaque contre des moyens américanistes et des facteurs de stabilité générale.
D’autre part, Johnson ne manque pas de souligner combien, dans certains cas, son probable comportement constitue un moyen d’usure de l’adversaire... Le moins qu’on puisse dire, et à l’immense colère des commentateurs les plus scandalisés que Poutine n’ait pas encore envoyé d’armes nucléaires sur Bruxelles et sur Washington, il s’agit d’une “tactique-stratégique” (tactique en accord direct et explicite avec la stratégie, ce qui n’est pas toujours le cas).
« Je pense que la décision finale de l'Iran dépend de plusieurs facteurs. Premièrement, il est peu probable que l'Iran coupe l'approvisionnement en pétrole, ce qui nuirait à l'Inde ou à la Chine, ce qui signifie qu'il est probable que l'Iran consulte ces gouvernements. Deuxièmement, l'Iran ne souhaite pas saboter ses relations avec l'Arabie saoudite et compte également discuter avec Mohammed ben Salmane avant de prendre cette mesure. »
Effectivement, tout cela nous amène à la Russie dans ses rapports avec l’Iran. Là aussi, des hurlements se sont faits entendre devant l’inconsistance de Poutine qui ne se précipite pas au secours de l’Iran. Poutine s’en est expliqué le 20 juin : la Russie a longuement négocié avec l’Iran dans les dernières années : elle proposait des mesures de coopérations de défense dans la traité stratégique qui a finalement été signé en janvier entre les deux pays : les Iraniens ont refusé. Les Russes ont également proposé une coopération pour établir un système global de défense aérienne en Iran, matière dans laquelle ils sont les meilleurs du monde : l’Iran a refusé. Mercouris-Christoforou nous en ont dit beaucoup sur cette question, notamment sur des confidences d’officiels russes jugeant que l’Iran était un pays avec lequel il était très difficile de négocier.
Note de PhGBis : « Quoi qu’il en soit, nous découvrons dans ces lignes le concept de “tactique-stratégique” (tactique en accord direct et explicite avec la stratégie, ce qui n’est pas toujours le cas). C’est effectivement un concept qui accompagne en s’y opposant à une situation classique où la tactique produit un nombre très élevé de victoires pour aboutir finalement à son contraire stratégique. On lit le 5 octobre 2013 :
» “Voir le 23 mars 2013 : “Le ‘plan Schlieffen’, tel qu’il avait été appliqué [en août 1914], fut une impressionnante succession de victoires tactiques achevées par un désastre stratégique à La Marne.»
Revenons à Johnson nous parlant de la Russie et de l’Iran, après nous avoir fait réaliser que les Iraniens suivent parfaitement la “tactique-stratégique” des Russes :
« Le facteur le plus important est la Russie. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Araghchi, est à Moscou et doit rencontrer le président Poutine. Ce dernier a clairement indiqué ces derniers jours que la Russie était prête à fournir tout le soutien demandé par l'Iran pour renforcer ses capacités de défense aérienne, fournir des renseignements et intensifier ses efforts visant à développer la capacité de l'Iran à produire de l'énergie nucléaire. La balle est dans le camp de l'Iran.
» L'attaque américaine a offert à l'Iran une importante victoire en termes de communication, qui trouve un écho auprès des pays islamiques et des autres pays du Sud. L'Iran, s'il est intelligent, privilégiera la stratégie à long terme plutôt que des représailles motivées par l'émotion. Si l'Iran continue de frapper Israël avec succès, l'euphorie américaine quant au “succès” des attaques contre les sites nucléaires iraniens s'estompera et Trump subira une pression accrue pour frapper à nouveau. Si l'Iran accepte l'offre d'assistance de la Russie, par exemple le déploiement de plusieurs systèmes S-400 autour de sites stratégiques en Iran, les États-Unis seront confrontés à un défi plus redoutable s'ils décident de renouveler leurs frappes en Iran. »
Et de l’autre côté, comment se porte-t-on ? Le bruit court que l’Israël du triomphant Netanyahou, est à bout de souffle, – c’est-à-dire de missiles et de dollars. Et Larry Johnson de nous asséner le découpage d’une comptabilité bien ordonnée pour donner une bonne mesure du coût d’une défense israélienne qui n’a pourtant perdu aucun F-35.
Note de PhGBis : « Tout le monde le répète, y compris les amis du ‘Rafale’ et jusqu’à Mercouris qui ne cesse de le répéter, signe qu’on a partie liée : “Pas un seul F-35 n’a été abattu par l’Iran”. Cette insistance finirait par être suspecte : serait-on en présence de l’avion invisible qui a juste besoin de trente heure de nettoyage-rinçage, essorage, époussetage-dépoussiérage, en un mot d’asepsie-pasteurisation, – pour voler, ma Doué, durant une seule heure et dans le ciel ? Et ne jamais être abattu ? Une âme tourmentée, qui lit Dante mais sait ce qu’était le P-51 ‘Mustang’, surnommé assez justement par Spielberg “La Cadillac du ciel !”, – en devine ainsi bien assez pour suspecter qu’un avion de combat qui va au combat bien plus qu’à son tour puisqu’il est destiné à être de tous les combats, et qui n’essuie aucune perte jusqu’à la fin des temps, cela fait un peu ... HolywoodLand, non ? Médiocres soupçons dit-on pour seule réponse, nous laissant comprendre que, pour la civilisation occidentale arrivée au terme de son iceberg nomme ‘Titanic’, le F-35 est l’une des preuves ultimes sinon finales que la civilisation exista bel et bien. »
Enfin, après une description aussi poétique, passons à quelques lignes de comptabilité par Larry Johnson :
« Les intercepteurs Arrow coûtent environ 2,5 à 3 millions de dollars chacun. La semaine dernière, Israël a tiré au moins deux Arrow pour chaque missile iranien lancé contre Israël. On estime qu'IAI produit environ 20 à 50 intercepteurs Arrow par an, pour les programmes Arrow 2 et Arrow 3. Faites le calcul… Israël sera à court de ces missiles si l'Iran continue de lancer de multiples missiles balistiques, et ni Israël ni les États-Unis n'ont la capacité de production nécessaire pour remplacer son approvisionnement. Ah, j'ai oublié de préciser… certains missiles iraniens ne coûteraient que 500 000 dollars. Autrement dit, Israël tire pour au moins 6 millions de dollars d'Arrows pour tenter de détruire un missile iranien de 500 000 dollars. Les craintes à Tel-Aviv et à Washington qu'Israël épuise ses stocks de missiles sont fondées. »
C’est cela qui fait dire, comme on l’a lu plus haut, que « Trump subira une pression accrue pour frapper à nouveau »... Et encore, “frapper” suffira-t-il ? C’est alors qu’apparaît une autre possibilité, que d’aucune ne se gênent pas, depuis plusieurs jours, d’évoquer. Cela nous vient directement de Jupiter-Tonnant qui a écrit sur un très récent tweetX dans son réseau ‘Truth Social’
« Il n'est pas politiquement correct d'utiliser le terme “changement de régime”, mais si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE L'IRAN GRAND, pourquoi n'y aurait-il pas de changement de régime ? MIGA !!! », – Ainsi parlait Trumpathoustra.
C’est effectivement cette expression paraît-il politiquement incorrecte (‘regime change’) qui attire l’attention sur la position de certains dans l’équipe Trump, qui est sens dessus-dessous devant une furia politica d’un président qui piétine allègrement son programme en postant ses tweetX la nuit, comme un fantôme déchaîné dans les couloirs de la Maison-Blanche. Faut-il y voir une chose préméditée depuis près de vingt ans, comme le dit Brian Berletic interviewé par Glenn Diesen ? Décidément, nous ne pouvons nous faire à ces visions ordonnées de neocon complotistes et producteurs extraordinaires de désordre jusqu’au Rien dégrongolant dans le Néant, – tant Trump est véritablement cet homme incontrôlable que décrit Chas Freeman, – étant comme un acteur formidablement naturel, comme s’il jouait lui-même son propre rôle, insultant Carlson et Gabbard.
Par contre, que pensez-vous que soit la réaction de JD Vance, qui est paraît-il l’un du dernier cercle dont Trump écoute encore les avis ? (Le dernier cercle : Rubio, JD Vance, Netanyahou.) Interrogé samedi, Vance, sans doute faut-il noter “affreusement gêné” pour caractériser son attitude, a déroulé diverses affirmations qui vont dans le sens du politiquement correct trumpiste du moment d’avant mais qui risque bien d’agacer l’oreille trumpiste du moment venu, provoquant agacements et fureurs purgistes...
« Répondant aux inquiétudes concernant l'éventualité d'un nouveau conflit prolongé pour les États-Unis, Vance a déclaré que la différence résidait dans le leadership. “Je compatis pleinement avec les Américains épuisés après 25 ans d'implication étrangère au Moyen-Orient”, a-t-il déclaré.
» Mais la différence réside dans le fait qu'à l'époque, nous avions des présidents incompétents, et aujourd'hui, nous avons un président qui sait réellement comment atteindre les objectifs de sécurité nationale des États-Unis. “Nous ne sommes pas intéressés par un conflit prolongé. Nous ne sommes pas intéressés par une présence militaire sur le terrain”, a-t-il ajouté.
» Vance a également insisté sur le fait que les États-Unis ne cherchent pas à renverser le gouvernement iranien. “Nous avons clairement indiqué que nous ne voulons pas de changement de régime”, a-t-il déclaré. “Nous ne voulons pas prolonger cette situation ni la prolonger davantage.” »
Mais quelle importance et quelle signification, tout cela ? Lorsqu’on écoute Michael Wolff, biographe vraiment très critique de Trump, on se dit qu’il ne s’agit que d’ « un moment » de la folie washingtonienne et trumpiste, car il est impossible de savoir, au moment où il exprime sa “pensée du moment trumpiste”, ce que pensera et dira Trump dans le moment suivant.
Cette folie extraordinaire nous éloigne ontologiquement, comme feraient deux planètes distinctes, de ce que nous voyons et entendons “de l’autre côté”, disons en Iran, à Moscou, par ici et par là dans le Sud global, et même dans telle ou telle capitale européenne, hors du continent washingtonien et de son attraction maléfique. Il faut alors le constater et conclure : là, à la Maison-Blanche, est bien l’épicentre de la GrandeCrise.
Mis en ligne le 23 juin 2025 à 19H30