Les terres rares sont les plus rares

Les terres rares sont les plus rares

Depuis la signature supposée de l’accord supposé entre les États-Unis et les dirigeants supposés de ce qui était autrefois l’Ukraine, accordant aux États-Unis un accès total aux ressources naturelles, y compris les terres rares, présentes sur ce qui reste du territoire ukrainien, j’attendais un signal de la part d’une source officielle occidentale indiquant que quelqu’un reconnaissait à quel point cet « accord » était éphémère. Et ce signal est enfin arrivé sous la forme d’un article du Financial Times intitulé « Pourquoi l’accord de Trump sur les ressources ukrainiennes ne portera pas ses fruits avant une décennie ». Peut-être les rédacteurs du FT attendaient-ils eux aussi un signal officiel, tel que la signature de l’accord par Vladimir Zelensky, dont le mandat de président de l’Ukraine a expiré il y a un an et deux jours, mais il n’y a rien de plus officiel que cela pour le régime actuel de Kiev.

Remplacez « pendant une décennie » par « jamais » pour atteindre le fond de la réalité, mais, comme M. Trump aime à le dire, « ne jamais dire jamais ». Examinons donc très brièvement ce qu’impliquerait le lancement de la production de terres rares en Ukraine. Attention, « pendant une décennie » n’est pas gravé dans le marbre. Eric Rasmussen, qui a eu une carrière riche et diversifiée à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et, surtout, qui est aujourd’hui à la retraite (les personnes à la retraite sont en général beaucoup moins susceptibles de mentir que celles qui tentent encore de conserver leur emploi), a déclaré que « cela pourrait prendre 10 à 15 ans ». Mais cela pourrait aussi prendre beaucoup plus de temps, voire ne jamais se produire.

Considérez ce qui suit, sur la base des chiffres moyens de l’industrie. La première tâche consiste à trouver une source de minerai de terres rares suffisamment riche et abondante pour être exploitée pendant toute la durée de vie prévue d’une usine de traitement qui doit être construite à proximité, car l’exploitation de longues chaînes de camions-bennes sur les routes ukrainiennes, généralement en très mauvais état, sur de longues distances devient prohibitive. Supposons que vos équipes de géologues chevronnés aient localisé une telle ressource. Cependant il est inutile de commencer l’exploitation minière tant que le minerai n’a pas de destination. Une fois fait, il est alors temps de s’atteler à la construction d’une usine de traitement. L’usine vous coûtera un milliard de dollars, plus les frais logistiques (qui, dans le cas de l’ancienne Ukraine, peuvent être assez compliqués). Elle doit comprendre les éléments suivants :

• Complexe de concassage et de tri
• Usine d’enrichissement (flottation, séparation magnétique)
• Complexe hydro-métallurgique (lixiviation, extraction)
• Nettoyage et séparation des métaux rares (traitement chimique)
• Logistique et stockage, y compris la sécurité
• Contrôles environnementaux (installations de traitement, élimination des déchets).
• Énergie, ce qui, dans le cas de l’Ukraine, implique de dériver une ligne à haute tension (330 kV) de l’une des centrales nucléaires restantes et de construire un parc de transformateurs abaisseurs.

Le 13 Mai 2025, Club Orlov – Traduction du ‘Sakerfrancophone’

Note du Saker Francophone

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