Le rythme des Obama, – Barack et Michelle

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La campagne électorale du sénateur Obama a incontestablement acquis un rythme qui commence à sembler irrésistible dans l’interprétation médiatique qu’on en donne. Le constat est simple: «Obama scores 10th straight victory», le titre d’une dépêche AP du 20 février, à propos de ses victoires dans les primaires, en restitue le ton. Cette même dépêche rapporte les déclarations du candidat après cette dixième victoire, et le ton est plus que jamais celui du changement, à commencer par l’Irak.

«“The change we seek is still months and miles away,” Obama told a boisterous crowd in Houston in a speech Tuesday night in which he also pledged to end the war in Iraq in his first year in office.

»“I opposed this war in 2002. I will bring this war to an end in 2009. It is time to bring our troops home,” he declared.»

Les indications sur les intentions des votants poussent également à cette dialectique du changement dans le sens “populiste” que certains commencent à reprocher à Obama. Le renforcement et l’élargissement de la base populaire du sénateur Obama se marquent dans des catégories qui ont un potentiel contestataire important, comme on le voit dans cette analyse prévisionnelle des votes des grands Etats industriels de l’Ohio et de la Pennsylvanie. «In a race growing increasingly negative, Obama cut deeply into Clinton's political bedrock in Wisconsin, splitting the support of white women almost evenly with her. According to polling place interviews, he also ran well among working class voters in the blue collar battleground that was prelude to primaries in the larger industrial states of Ohio and Pennsylvania.»

L’incident intervenu à propos de Michelle Obama, la femme du candidat, renforce cette impression contestataire. Le compte-rendu qui est fait de cet incident, et de la façon dont Michelle Obama tente de le rattraper, concerne évidemment une déclaration à coloration nettement contestataire puisqu’elle semble avancer une critique fondamentale des USA jusqu’à ces élections: «For the first time in my adult life, I am really proud of my country...». Selon AP, le 20 février:

«On Monday, Michelle Obama told an audience in Milwaukee that “For the first time in my adult life, I am really proud of my country. Not just because Barack is doing well, but I think people are hungry for change.” Cindy McCain, wife of Republican presidential contender John McCain, later sought to capitalize on the remark, saying “I have, and always will be, proud of my country.”

»Asked by WJAR-TV if she would like to clarify her comment, Obama replied that she has been struck by the number of people going to rallies and watching debates, as well as record voter turnouts. “What I was clearly talking about was that I'm proud in how Americans are engaging in the political process,” she said.

»“For the first time in my lifetime, I'm seeing people rolling up their sleeves in a way that I haven't seen and really trying to figure this out — and that's the source of pride that I was talking about,” she added. When asked if she had always been proud of her country, she replied “absolutely” and said she and her husband would not be where they are now if not for the opportunities of America.»

Ces divers faits, autant que l’affirmation grandissante de la campagne Obama, montrent bien la convergence vers la tentation contestatrice de cette campagne. Les divers éléments de contestations sont réunis, que ce soit la contestation explicite de la politique extérieure (par Obama lui-même) ou la tentation implicite d’une contestation plus générale de la situation aux USA (par Michelle Obama, avec cette mise au point montrant qu’on apprécie le caractère risqué de cette évolution).

Il existe manifestement une orientation dans le rythme en train de s’établir de la campagne du sénateur Obama. Cette orientation est manifestement contestatrice, et il est d’ailleurs tentant, voire inévitable qu’elle le soit. Il y a une logique contestatrice dans le succès actuel d’Obama, la confirmation de ce sentiment que nous avons déjà exprimé que ce succès se construit sur une poussée populaire de type contestatrice (de différentes façons puisque cette poussée tend de plus en plus à réunir des types de contestation différents). En ce sens, on voit confirmée l’idée que la candidature Obama se construit sur une exigence populaire plus qu’elle n’exprime cette exigence à son origine, qu’Obama est plus un révélateur qu’un instigateur. A mesure que grandit le succès d’Obama, grandit la nécessité pour lui de prouver qu’il est “in charge” de ce succès, qu’il le contrôle. La tâche est d’autant moins aisée qu’il n’est justement pas du tout assuré qu’il le contrôle effectivement. C’est un des grands enjeux, sans doute le plus passionnant et le plus important de cette campagne, alors que naît le sentiment que la victoire d’Obama pour la désignation démocrate apparaît de plus en plus irrésistible.


Mis en ligne le 21 février 2008 à 05H43