La Suisse, du paradis bancaire au paradis informatique

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La Suisse, du paradis bancaire au paradis informatique

Voici une éventuelle conséquence de la crise Snowden/NSA dans le domaine du stockage et de la protection des données. La chose est présentée d’une manière assez généraliste mais significative par le journal suisse Le Matin, ce 5 décembre 2013. Elle concerne un domaine dont les caractéristiques, pour assurer son développement et son succès aux dépens des diverses puissances US du domaine, sont la confidentialité, la discrétion, la solidité et la sécurité des structures d’accueils et de protection, y compris au niveau juridique et législatif. Toutes ces qualités s'appliquent évidemment à la Suisse, et l’on peut alors ajouter l’atout de la topographie, déjà présent au niveau des organismes de sécurité et de défense, d’une nature assurant une défense particulièrement efficace contre des possibilités d’agression.

... D’où le thème général de l’article : la Suisse, qui est un “paradis bancaire” dont les caractères d’efficacité commencent pourtant à être écornés par diverses mesures et contraintes internationales, pourrait s’orienter vers le complément ou le substitut d’un “paradis informatique”. Les données et divers datas informatiques y trouveraient, argumentent l’article et diverses sources intéressées à cette perspective, un niveau de fiabilité équivalente au domaine bancaire du temps de sa splendeur, face aux diverses puissances prédatrices US révélées et mises à jour par la crise Snowden/NSA. Il y a déjà des effets appréciables de cette crise dans le volume d’activité des sociétés suisses agissant dans ce secteur.

Quelques extraits de l’article...

• «Visite guidée dans le complexe d’Attinghausen, dans le canton d’Uri. Un vrai repère à la James Bond, dont l’adresse est un code GPS secret. Le bunker de 15 000 m2 est aujourd’hui aux mains de la société Deltalis, qui y gère depuis 2011 un centre de données informatiques qui n’occupe pour l’instant que 600 m2. Seules 12 personnes travaillent dans ce gigantesque dédale de couloirs où l’on découvre sur les murs d’anciennes cartes militaires de la Guerre Froide et d’immenses bassins recueillant les eaux souterraines.

»Pour y entrer, la procédure est longue: laisser sa carte d’identité, vérification de l’empreinte veineuse, encore plus fiable que l’empreinte digitale, passage par un sas de sécurité. On franchit ensuite une porte anti-nucléaire qui donne sur un long couloir dont les parois ondulées en béton évoquent une caverne. Au bout, comme dans un monde futuriste surveillé par des caméras, un couloir immaculé, une porte, une pièce blanche, où se trouve du matériel informatique branché en permanence. Ces machines hébergent et actualisent en permanence les données numériques de toute personne ou entité qui souhaitent garder un double de leurs informations pour parer à une panne informatique ou électrique, un tremblement de terre ou une attaque terroriste. Les données doivent être protégées des dégâts extérieurs ou de tout risque d’intrusion.»

• « A l’ère de l’espionnage électronique, les 55 centres de données suisses (selon le site ‘Datacentermap’), qu’ils soient en plaine ou en montagne, profitent de l’image de sécurité et de stabilité de la Suisse. »

« “J’ai deux choses à dire: comme citoyen européen, je trouve incroyable ce que font les Américains. Deuxièmement, tout cela est très positif pour nous car cela a triplé notre business dans un laps de temps très court”, explique sans détours Christoph Oschwald, un des dirigeants de ‘Mount10’. La société qui propose aussi des centres de données sous les Alpes, héberge notamment les données du Parlement suisse. Après le scandale de la NSA, dit-il en souriant, “c’est fantastique. Je n’ai plus besoin d’expliquer aux clients pourquoi il faut payer”. Même constat pour Susanne Tanner de ‘Greendata’, un autre centre de données : “Les entreprises helvétiques qui utilisaient des serveurs à l’étranger veulent revenir en Suisse”, explique-t-elle. »

• « Selon Dominik Hauri, de l’Institut d’études économiques de Bâle (IWSB), la Suisse, outre sa stabilité et ses excellentes infrastructures électriques et informatiques, peut devenir un “refuge sûr” grâce à ses dispositions restrictives en matière de protection des données.

» Sur le plan légal, la réputation helvétique en termes de confidentialité et de sécurité reste un atout maître, même si elle a été ternie par l’abandon du secret bancaire. “Dans les autres pays, toutes sortes d’institutions ont accès à ces données, chez nous il faut avoir la permission d’un juge. Ce qui est un grand avantage comparatif par rapport par exemple aux Etats-Unis”, explique le président de l’association suisse des télécommunications, Peter Gruter. [...] Pour beaucoup, la Suisse a déjà trouvé un nouvel eldorado, au moment où l’abandon du secret bancaire met à mal ses traditionnelles activités financières. »

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