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5506• L’entente toute nouvelle entre l’Iran et l’Arabie s’est bronzée à l’épreuve du feu et devient effectivement un fait géopolitique avec la visite du président iranien en Arabie lundi prochain. • Lorsque nous parlons d’une “froide colère”, c’est celle qu’on éprouve devant le gâchis et le chaos créés par l’incompétence et la folie de l’‘Empire’ désormais abandonné au papier mâché. • La folle et cruelle conduite d’Israël sous le regard vide des zombies de Washington D.C. suscitent l’indignation furieuse de tant d’infamie et d’usurpation.• Avec M.K. Bhadrakumar.
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On lira avec le plus grand intérêt l’analyse que fait ce 9 novembre le “sage indien” M.K. Bhadrakumar de la nouvelle situation géostratégique au Moyen-Orient à la lumière et avec les premiers effets de la crise-guerre de Gaza. On notera, également avec intérêt, combien cet éminent diplomate indien acquiert un langage d’une dureté extrême pour parler de ce que fut l’emprise “coloniale-moderniste” des USA et de ses acolytes du bloc-BAO sur la région, la façon dont cette emprise a déstructuré cette région, installé le chaos, suivi une politique aveugle de cupidité à effets immédiats sans aucune considération pour la recherche de l’équilibre et de la pacification des forces en présence. On mesurera le réalisme brutal avec lequel M.K. apprécie le cynisme, la brutalité et la volonté entropique de domination d’Israël. On parlera presque d’une “froide colère” d’un homme ennemi de tous les emportements, et à cause de cela si bon analyste des situations jusqu’à identifier souvent des vérités-de-situation.
On doit considérer ces remarques qui sont d’ordre personnel, presque intime, comme un élément objectif de jugement de la situation. La “froide colère” de M.K. reflète le sentiment d’un jugement absolument furieux et indigné sur la conduite des USA et d’Israël, – sans parler des clowns européens qui font de la figuration transparente dans le drame, tenant le rôle à peine bouffe de cette sanglante tragédie-bouffe. Ce jugement (celui de M.K. et des gens de sa sorte) est un facteur objectif important : nous sommes dans une situation où les masques gisent à terre, en mille morceaux crasseux, et où “le roi est nu” et il pue... (Tout cela, la même chose en Ukraine sans remonter au-delà où l’odeur est aussi pestilentielle, comme une épidémie de peste qu’on aurait voulu arrêter à l’aide de vaccin Pfizer-COVID.)
A part cela ou plutôt en plus de cela, l’analyse est vraiment excellente ! Il est vrai que cette crise met à l’épreuve de l’urgence et de la violence des accords très récents, qu’on pouvait juger fragiles et surfaits, et celui entre l’Iran et l’Arabie du fait de la Chine plus que tout autre. Au contraire, ces accords jouent à plein un nouveau rôle, celui de socle d’action sans les États-Unis ni Israël, et même contre les États-Unis et Israël ; et l’on ira encore plus loin : celui de socle d’action pour révéler le vrai visage des deux complices, en même temps que leur faiblesse, l’inutile brutalité du simulacre israélien et le vide consternant du simulacre américaniste.
Pour le reste de cette critique du front américaniste-sioniste, les deux acteurs concernés, Iran et Arabie n’ont qu’à suivre les jugements d’un mémo interne du département d’État, rédigé pour une fronde du personnel (surtout des rangs moyen et subalterne qui opérationnalisent directement la politique), ayant recueilli des centaines de signatures en interne, et classé “sensitive but unclassified”, donc offert à la publication après fuite, – dans ce cas vers ‘Politico’ repris par ‘ZeroHedge.com’ :
« Le mémo, classé “sensible mais non classifié”, était assuré de fuiter et c'était probablement le but. Il souligne sans ambages que la politique de Biden nuit à la position de l'Amérique dans le monde, car une grande partie de l'opinion mondiale a été consternée par le bilan des morts à Gaza cette semaine, dépassant les 10 500.
» Le mémo indique que l'écart entre les messages privés et publics des responsables de Biden “contribue à la perception du public régional selon laquelle les États-Unis sont un acteur partial et malhonnête, qui, au mieux, ne fait pas avancer, et au pire, nuit aux intérêts américains dans le monde entier”.
» “Nous devons critiquer publiquement les violations par Israël des normes internationales, notamment son incapacité à limiter les opérations offensives à des cibles militaires légitimes”, poursuit le mémo de dissidence. "Quand Israël soutient la violence des colons et les saisies illégales de terres ou recourt à un usage excessif de la force contre les Palestiniens, nous devons communiquer publiquement que cela va à l'encontre de nos valeurs américaines afin qu'Israël n'agisse pas en toute impunité”. »
Cet événement sans peu de précédent, même pendant la guerre du Vietnam où il n’y eut que des lanceurs d’alerte isolés (Ellsberg), mesure la perdition totale de l’appareil diplomatique de l’américanisme emporté par l’hystérie et la folie stupide des neocon, et sanctifié par le gâtisme de sa direction. Lorsque l’incompétence de la direction et de ses principaux acteurs conduit à la révolte des fonctionnaires assermentés et connus pour leur respect de l’autorité, c’est qu’alors, dans leur esprit, ces hommes qui les dirigent parce que désignés pour la direction des affaires sont si pervertis que l’esprit de la Constitution lui-même autorise et recommande la révolte et l’insubordination du jugement.
Mais il est trop tard... La conséquence se trouve alors dans ceci, – les deux paragraphes d’introduction de M.KK. Bhadrakumar :
« La première visite prochaine du président iranien Ebrahim Raisi en Arabie saoudite le 13 novembre marque une étape importante dans le rapprochement entre les deux pays sous la médiation de la Chine en mars. La relation est en train d’acquérir rapidement un niveau de solidarité qualitativement nouveau dans le contexte du conflit palestino-israélien.
» Cela marque un changement tectonique colossal dans la politique régionale, qui a longtemps été dominée par les États-Unis, mais qui ne l’est plus. La dernière initiative Chine-EAU lancée lundi pour promouvoir un cessez-le-feu à Gaza s’est achevée par un spectacle diplomatique extraordinaire au siège de l’ONU à New York, alors que les envoyés des deux pays ont lu ensemble une déclaration commune aux médias. Les États-Unis étaient introuvables. »
... La conséquence de l’incompétence de la direction du simulacre d’empire se trouve effectivement dans ces constats – comme demain elle se trouvera dans l’effondrement du simulacre Zelenski qui n’est plus qu’une question de trois-quatre mois avec comme effet un redoutable durcissement des conditions que réclameront les Russes conduits de main de maître par la discrétion et la mesure de l’homme que nous insultons depuis deux décennies... Là-dessus, les deux compères Christoforou-Mercouris nous en détaillent quelques morceaux de choix dans l’une de leurs dernières interventions :
« L’Occident s’étranglera lorsqu’elle prendra connaissances des exigences de Poutine pour parvenir à l’établissement d’un état de non-belligérance en Ukraine... »
... Il s’étranglera mais il devra suivre car il ne peut faire autrement, l’Occident-végétatif. On pourrait croire qu’en mentionnant cette affaire, on se trouve transportés loin de Gaza, de l’Arabie et de l’Iran, et de M.K. Bhadrakumar. En vérité, nous y sommes complètement car il s’agit bien de la même chose, divers éléments de la GrandeCrise qui poursuit la pente vertigineuse de l’effondrement du Système.
Voici donc, conduits dans une visite du musée des horreurs américanistes-occidentalistes, le texte du 9 novembre de M.K.
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La première visite prochaine du président iranien Ebrahim Raisi en Arabie saoudite le 13 novembre marque une étape importante dans le rapprochement entre les deux pays sous la médiation de la Chine en mars. La relation est en train d’acquérir rapidement un niveau de solidarité qualitativement nouveau dans le contexte du conflit palestino-israélien.
Cela marque un changement tectonique colossal dans la politique régionale, qui a longtemps été dominée par les États-Unis, mais qui ne l’est plus. La dernière initiative Chine-EAU lancée lundi pour promouvoir un cessez-le-feu à Gaza s’est achevée par un spectacle diplomatique extraordinaire au siège de l’ONU à New York, alors que les envoyés des deux pays ont lu ensemble une déclaration commune aux médias. Les États-Unis étaient introuvables.
Les événements survenus depuis le 7 octobre montrent clairement que les tentatives américaines d’intégrer Israël dans leur voisinage musulman sont, selon leurs termes, une chimère – à moins qu’Israël ne veuille transformer son épée en socs de charrue. La férocité des attaques de vengeance israéliennes contre la population de Gaza – des “animaux” – sentent le racisme et le génocide.
L’Iran connaissait depuis toujours la bestialité du régime sioniste. L’Arabie Saoudite doit elle aussi être d’humeur rassurée après avoir appris qu’elle doit avant tout apprendre à vivre dans sa région.
Raïssi se dirige vers l’Arabie saoudite dans un contexte de changement historique dans la dynamique du pouvoir. Le roi Salmane a invité Raïssi à s’exprimer sur les crimes commis par Israël contre les Palestiniens à Gaza lors d’un sommet spécial des États arabes, qu’il organise à Riyad. Cela signifie que l’Arabie saoudite réalise profondément que même sa volonté de s’impliquer dans les accords d’Abraham sous la persuasion américaine lui a aliéné le public arabe.
Il existe une erreur dans le discours occidental sur un axe Russie-Chine-Iran en Asie occidentale. C’est une interprétation erronée et absurde. Un triple principe de politique étrangère cohérent que l’Iran a poursuivi dès la Révolution islamique de 1979 est que, premièrement, son autonomie stratégique est sacrée ; deuxièmement, les pays de la région doivent prendre leur destin en main et résoudre eux-mêmes les problèmes régionaux sans impliquer les puissances extra-régionales, et, troisièmement, il faut favoriser l’unité musulmane, aussi longue et sinueuse que puisse paraître cette route.
Ce principe présentait de sévères limites en raison de la force des circonstances – principalement dans les conditions engendrées par la politique coloniale de diviser pour régner poursuivie par les États-Unis. Des circonstances ont même été délibérément organisées, comme lors de la guerre Irak-Iran, où les États-Unis ont encouragé les États de la région à collaborer avec Saddam Hussein pour lancer une agression contre l’Iran afin de contrecarrer la révolution islamique à ses balbutiements.
Un autre épisode douloureux a été le conflit syrien. Là encore, les États-Unis ont activement mené des démarches auprès des États de la région en faveur d’un changement de régime à Damas, dans le but ultime de cibler l’Iran en utilisant les groupes terroristes que Washington a incubés dans l’Irak occupé.
En Syrie, les États-Unis ont brillamment réussi à dresser les États de la région les uns contre les autres, et le résultat est évident dans les ruines de ce qui était autrefois le cœur palpitant de la civilisation islamique. Au plus fort du conflit, plusieurs agences de renseignement occidentales opéraient librement en Syrie pour aider les groupes terroristes à saccager le pays dont le péché capital était que, comme l'Iran, il avait systématiquement donné la primauté à son autonomie stratégique et à sa politique étrangère indépendante tout au long de la guerre froide et dans l’après-guerre froide.
Il suffit de dire que les États-Unis et Israël ont connu un grand succès dans la fragmentation du Moyen-Orient musulman en exagérant les perceptions de menace et en convainquant plusieurs États arabes du Golfe qu’ils étaient confrontés à des menaces directes, voire à des attaques de la part de mandataires iraniens, ainsi qu’à un prétendu soutien iranien à des mouvements dissidents.
Bien sûr, les États-Unis en ont profité en vendant d’énormes quantités d’armes et, plus important encore, en transformant le pétrodollar en pilier clé du système bancaire occidental. Quant à Israël, il a directement profité de la diabolisation de l’Iran afin de détourner l’attention de la question palestinienne, qui a toujours été au cœur de la crise du Moyen-Orient.
Mais il importe d’observer que la mise en œuvre de l’accord Iran-Arabie Saoudite-Chine a réduit l’hostilité qui existait entre Riyad et Téhéran pendant la majeure partie des dernières décennies. Les deux pays ont cherché à tirer parti de l’élan généré par le succès des pourparlers secrets de Pékin en ce qui concerne leur engagement en faveur de la non-ingérence. Il faut toutefois noter que les relations entre les pays arabes du Golfe et l’Iran se sont déjà considérablement améliorées au cours des deux dernières années.
Ce que les analystes occidentaux oublient, c’est que les riches États du Golfe en ont assez de leur vie subalterne d’acolytes des États-Unis. Ils veulent donner la priorité à leur vie nationale dans les directions qu’ils choisissent et avec des partenaires qui les respectent, évitant toute mentalité de jeu à somme nulle, contrairement à l’époque de la guerre froide, pour des raisons d’idéologie ou de dynamique de pouvoir.
C’est pourquoi l’administration Biden ne peut pas accepter que les Saoudiens travaillent aujourd’hui avec la Russie sur la plateforme OPEP+ pour remplir les objectifs de l’OPEP+.